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Charmante Catin;
Attendant la gloire,
Prenons le plaisir,
Sans lire au grimoire
Du sombre avenir.

Si la hallebarde
Je peux mériter,
Près du corps de garde
Je te fais planter;
Ayant la dentelle,
Le soulier brodé,
La blouque à l'oreille,
Le chignon cardé.

Narguant tes compagnes,
Méprisant leurs vœux,
J'ai fait deux campagnes
Rôti de tes feux.
Digne de la pomme,
Tu reçus ma foi;
Et jamais rogomme
Ne fut bu sans toi.

Tiens, serre ma pipe,
Garde mon briquet;
Et si la Tulipe
Fait le noir trajet,
Que tu sois la seule,
Dans le régiment,
Qu'ait le brûle-gueule
De ton cher z'amant.

Ah! retiens tes larmes,

Calme ton chagrin ;

Au nom de tes charmes, Achève ton vin.....

Mais quoi de nos bandes J'entends les tambours !

Gloire, tu commandes,

Adieu, mes amours.

MANGENOT.

Commissaire des guerres dans l'armée du maréchal de Saxe; les Adieux de la Tulipe font allusion à la célèbre bataille de Fontenoy.

LE BUVEUR LATINISTE

AIR Malgré la bataille.

CLEF DU CAVEAU : 22.

Bacchus, cher Grégoire,
Nobis imperat ;
Chantons tous sa gloire,
Et quisque bibat.
Hâtons-nous de faire

Quod desiderat:

Il aime un bon frère

Qui sæpè libat.

Ce coup-là m'apaise,
Et me reficit;

Mais, ne vous déplaise,
Hoc non sufficit:
Puisque l'abondance
Hic ridet nobis,
Que l'on recommence ;
Faciamus bis.

Ce verre deuxième
Nondùm est satis,
Et sans un troisième,
Redibit sitis.

C'est toi que j'implore,
Care mi frater!

Verse, verse encore,

Et bibamus ter.

Quand je suis à table
Cum fratre bono ;
Qu'avec dame aimable
Læte propino,

Et qu'où tout abonde
Regnat libertas,

Il n'est point au monde
Major voluptas.

Dans ce doux asile

Diù potemus:
L'aimable et l'utile

Sunt quod habemus.
Trouver mieux à boire
Quàm ubi sumus,

C'est ce que, Grégoire,

Numquàm possumus.

Ami, pour me rendre
Plenè contentum,

Tes mains ont su prendre

Nectar selectum.

Vive un homme aimable

Cujus cor rectum

Nous fournit à table

Vinum non mixtum!

D'un jus homicide
Fabricatores,

Que la mort vous guide,
Jam nunc ad patres!
Que votre sequelle

Procul abeat;

Et plaise aux dieux qu'elle Numquàm redeat!

A tout honnête homme
Places ut mihi;

Partout on te nomme
Patrem gaudii ·
Le souci respecte
Tuam virtutem;

Ta douceur délecte
Corpus et mentem.

Grands dieux! quel bien-être!
Quænam fortuna!

D'être avec tel maître,
Tali Domina!

Que par nous leur gloire
Crescat ubique.
Hâtons-nous de boire,
Fratres utrique.

O toi que la Seine

Ad nos perduxit;

Toi par qui Silène
Sæpè revixit,

Viens dans ma poitrine,
Burgunde liquor;

Toute humeur chagrine

Linquet meum cor.

Ta charmante chaîne.

Amicitia,

Ici nous amène

Cum lætitia;

Sois toute la vie

Nostrum solamen:

Au nœud qui nous lie

Faveas. Amen.

PANARD.

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Vous qui du vulgaire stupide
Voulez écarter le bandeau,
Prenez Épicure pour guide
Et la nature pour flambeau :
Qu'accompagné de la tendresse,
L'amour soit fils du sentiment;
Et que Bacchus, laissant l'ivresse,
Ne garde que son enjouement.

La nature, prudente et sage,
N'a jamais rien produit en vain :
Nos sens ont chacun leur usage,
Et nous devons tendre à leur fin.
Pour nous l'enseigner la nature
Nous a fait présent du désir :
Suivons sa route toujours sûre,
Nous arriverons au plaisir.

Mais le plaisir cesse de l'être
Quand il cesse d'être goûté :
La débauche ne peut paraître
Sans faire fuir la volupté.
Qu'accompagné de la tendresse,
L'amour soit fils du sentiment,
Et que Bacchus, laissant l'ivresse.
N'ait avec lui que l'enjouement.

Ton cœur est épris de Thémire, Thémire est sensible à son tour: Tous deux, dans un commun délire, Cueillez les roses de l'amour :

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