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CE QUE JE DESIRE ET QUE J'AIME

CLEF DU CAVEAU: 1570.

1797

Ce que je désire et que j'aime,
C'est toujours toi;

Pour mon âme le bien suprême,
Ce n'est que toi.

Si j'ai de beaux jours dans la vie,
Ah! c'est par toi,

Et mes larmes, qui les essuie?
C'est encor toi.

Si je place ma confiance,
Ce n'est qu'en toi;

Si je prends leçon de constance,
Ah! c'est de toi;

Au doux plaisir si je me livre,
C'est près de toi;

Si je veux encor longtemps vivre.
C'est bien pour toi.

Quel autre objet pourrait me plaire,

Autant que toi?

L'air à ma vie est nécessaire

Bien moins que toi.

Je sens trop que mon existence

Est toute à toi;

Avec toi tout est jouissance,

Et rien sans toi.

DE SEGUR.

Alexandre, vicomte de Ségur, homme du monde, auteur d'une foule de chansons spirituelles et de pièces données aux Français, à

l'Opéra-Comique, au grand Opéra, qu'il faut bien distinguer toutefois de son frère aîné le comte Philippe de Ségur, ancien grand maître des cérémonies de l'Empereur, homme supérieur à plus d'un titre.

Toi

LA FEUILLE SÈCHE

que

les vents ont détachée

Des arbres du coteau voisin,

O feuille pâle et desséchée,

Que viens-tu chercher sur mon sein?
Ce sein, hélas! où tu t'arrêtes

Est plus agité mille fois

Que le ciel où tu fus le jouet des tempêtes,
Quand tu quittas tes sœurs des bois.

Aux jours de la saison nouvelle,
Tu ne connais point les autans;
Comme toi, jeune, fraîche et belle,
J'ai vu les beaux jours du printemps.
Toute joie, hélas ! m'est ravie;

Je sens ma beauté se flétrir;

Le vent de l'infortune a soufflé sur ma vie,
Et comme toi je vais mourir.

Mon sein n'est point un sûr asile
Contre l'orage et son courroux;
Va chercher un lieu plus tranquille
Pour être à l'abri de ses coups;
Va sur ce tertre solitaire,
Couvert de funèbres tombeaux,

C'est là, fille des bois, qu'est la paix de la terre;
C'est là qu'on trouve le repos.

Mais d'une vie infortunée
Si tu viens m'annoncer la fin,
Jusqu'à ma dernière journée,

Ah! reste, reste sur mon sein.
C'est alors que, bravant l'injure
Des aquilons et du destin,

Nous trouverons la paix qu'à toute la nature,
Hélas! je demandais en vain.

J. MICHAUD.

Écrivain honorable et distingué, membre de l'Académie. Ses meilleurs ouvrages sont l'Histoire des Croisades et le Printemps d'un proscrit; il a fondé deux grandes publications: les Mémoires pour servir à l'histoire de France et la Biographie universelle. Né en 1767, mort en 1829.

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Il est trop tard pour qu'amour nous engage,
Quand des beaux ans pâlit déjà la fleur.
Écoute, Églé, cet avis doux et sage,

Et n'attends pas, pour songer au bonheur,
Qu'il soit trop tard.

De mille attraits brillante à ton aurore,
Au tendre amour ouvre ton jeune cœur ;
Tu le voudrais et tu n'oses encore;

Crains son courroux s'il se rend ton vainqueur,
Un peu plus tard.

Retiens ceci : pour gentille fillette,
Il n'est, Églé, qu'une heureuse saison;
Quand est passé joli temps d'amourette,
A ses soupirs l'enfant malin répond:
Il est trop tard.

Las des rigueurs d'une beauté rebelle,
Lorsque l'amour commence à s'envoler,
C'est pour jamais qu'il fuit à tire-d'aile,
On le regrette, on veut le rappeler;
Il est trop tard.

DE COUPIGNY.

Romancier tenant le premier rang parmi les plus aimables poëtes de l'Empire; d'ailleurs homme du monde fort distingué.

VIVRE LOIN DE SES AMOURS

AIR de Boieldieu.

CLEF DU CAVEAU 538.

1800

S'il est vrai que d'être deux
Fut toujours le bien suprême,
Hélas! c'est un mal affreux
De ne plus voir ce qu'on aime.
Vivre loin de ses amours,
N'est-ce pas mourir tous les jours?

Chaque instant vient attiser
La flamme qui vous dévore,
On se rappelle un baiser,
Et mille baisers encore.
Vivre loin de ses amours,
N'est-ce pas mourir tous les jours?

La nuit en dormant, hélas!
Victime d'un doux mensonge,
Vous vous sentez dans ses bras;
Le jour vient, c'était un songe.
Vivre loin de ses amours,
N'est-ce pas mourir tous les jours?

Un tissu de ses cheveux

Est le seul bien qui me reste;
ll devrait me rendre heureux,

C'est un trésor bien funeste.
Vivre loin de ses amours,

N'est-ce pas mourir tous les jours?

ANONYME.

Le nom de l'auteur de cette jolie romance est toujours demeuré inconnu; l'air délicieux de Boïeldieu a fait la fortune de ce petit chant élégiaque.

LE BAISER

CLEF DU CAVEAU 1038.

De ton baiser la douceur passagère
M'occupe encore et fait mon seul bonheur;
Je veux en vain l'arracher de mon cœur ;
Je t'aimerai, mais je saurai me taire.

C'est vainement que la bouche sévère,
De t'oublier me prescrit le devoir;
Cesser d'aimer n'est plus en mon pouvoir;
Je t'aimerai, mais je saurai me taire.

Si quelque jour, plus sensible et moins fière,
Tu recevais mes serments et ma foi,
Dans l'univers je ne verrais que toi;
Et je saurais être heureux et me taire.

ANONYME.

Cette romance, très-populaire, a dù tout son succès à l'air char

mant qu'elle a inspiré:

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