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N'ai p'us que la coffrette
Où gardais ce trésor.
Ah! j'ai perdu la marmotte,
La marmotte en vie.
C'en est fait, pauvre Javotte,
D'la marmotte en vie;

Ah oui, j'ai perdu la marmotte,

La marmotte en vie.

Ah! c'en est fait, pauvre Javotte,

D' la marmotte en vie.

DUCRAY-DUMINIL.

Auteur fécond, ingénieux, naturel, dont les romans ont, trente années durant, de 1780 à 1809, joui d'un succès immense et fait verser bien des larmes à la génération de cette époque. Ici l'allusion de la Marmotte en vie de la pauvre Javotte est aisée à saisir. Peu de chansons ont joui d'une vogue plus populaire.

L'ATTENTE

AIR connu.

Depuis une heure je l'attends :
Conçoit-il mon impatience?
A-t-il compté tous les instants
Qui s'écoulent dans notre absence?
Comment peut-on le retenir
Si longtemps loin de ce qu'il aime?
Ah! si j'en juge par moi-même,
Qu'il doit souffrir!

Comme moi, tout l'attend ici.
J'ai pris la parure qu'il aime;
Voici son livre favori;

Ces fleurs, je les tiens de lui-même.
Ce siége, qui le recevait,

A mes yeux encor le retrace;

Et c'est là que serait sa place,
S'il arrivait.

Mais pour occuper ses loisirs,
Mon cœur, privé de jouissances,
S'entoure en vain de souvenirs,
En vain se berce d'espérances,
Dans ces soins même il se déplaît;
Oui, pour ceux que la peine accable,
Le souvenir le plus aimable

N'est qu'un regret.

L'attendre et puis le regretter,
Voilà quelle est mon existence :
Faut-il, quand tout vient m'agiter,
Qu'il m'afflige par son absence!
Du mal qu'il me fait aujourd'hui,
Ah! ce n'est pas moi qui l'accuse;
J'ai besoin qu'il ait une excuse
Bien plus que lui.

Mais dans la crainte ou dans l'espoir,
Le temps également s'avance:

Voici la nuit, et de le voir

Chaque instant m'ôte l'espérance :

N'importe; j'ai beau m'assurer

Qu'il ne peut plus vers moi se rendre,
Il m'est encor doux de l'attendre,

Sans l'espérer.

CAMPENON.

Connu par de jolies poésies fugitives, surtout par ses deux poëmes de la Maison des champs et de l'Enfant prodigue. Nommé de l'Académie en 1814. Né en 1772, mort en 1843.

LEÇONS D'AMOUR

Quinze ans, Myrra, sont à peine votre âge;
Et cette bouche où repose l'amour,
Ce sein naissant et ce corps fait au tour,
De tout cela vous ignorez l'usage.
Pauvre Myrra!

Suivez Tircis; Tircis vous l'apprendra.

Votre sein bat et votre cœur soupire,
Votre regard est souvent égaré,
A des pensers votre esprit est livré;
Vous ignorez ce que cela veut dire.
Pauvre Myrra!

Tircis le sait; Tircis vous l'apprendra.

Sur une branche où l'amour les attire,
Vous avez vu deux oiseaux se percher,
Leurs ailes battre et leurs becs s'approcher;
Vous ignorez ce que cela veut dire.
Pauvre Myrra!

C'est un secret; Tircis vous l'apprendra.

Si quelquefois seule vous osez lire

Un roman tendre, où de tendres amants
Font en soupirs parler leurs sentiments,
Vous ignorez ce que cela veut dire.
Pauvre Myrra!

Tircis écrit; Tircis vous l'apprendra.

Sous ces ormeaux dont le mobile ombrage
Vous garantit des feux de la saison,
L'Amour exprès fit verdir ce gazon:
D'un lit si doux vous ignorez l'usage.

Pauvre Myrra!

Suivez Tircis; Tircis vous l'apprendra.

LEGOUVÉ.

Auteur de tragédies estimées, mais surtout de petits poëmes charmants de style, de pensées, de sensibilité exquise; le plus célèbre d'entre eux est le Mérite des femmes. Legouvé fut reçu à l'Institut en 1798 et suppléa pendant bien des années l'abbé Delille au Collège de France. Ce poëte aimable, gracieux, plein d'aménité, était né en 1764, il est mort en 1812. Nous nous rappelons ici avec plaisir avoir été, en 1826, l'éditeur littéraire de ses œuvres en trois volumes in-8°. Le nom de Legouvé périra d'autant moins que son digne fils, M. Ernest Legouvé, en soutient et perpétue l'éclat par ses propres œuvres.

JE T'AIMERAI

Musique de Gatayes.

CLEF DU CAVEAU 1038.

Je t'aimerai, je chérirai mes chaînes
Tant que la rose aura sa douce odeur,
Le ciel ses feux, la terre ses fontaines,
L'onde son cours et les bois leur fraicheur;
Je t'aimerai, j'adorerai mes chaînes
Tant que la rose aura sa douce odeur

Je t'aimerai, je te serai fidèle,
Tant que l'épine armera les buissons,
Que du caillou jaillira l'étincelle,
Tant que l'écho répétera les sons.
Je t'aimerai, je te serai fidèle
Tant que l'épine armera les buissons.

Je t'aimerai tant que dans la nature
Succéderont les roses aux boutons,
Aux noirs frimas une aimable verdure,

Les fruits aux fleurs, les saisons aux saisons.

Je t'aimerai tant que dans la nature
Succéderont les roses aux boutons.

ANONYME.

Le joli air de Gatayes a beaucoup contribué au succès de cette

romance.

PETITS OISEAUX

AIR de Rigel.

CLEF DU CAVEAU: 448.

Petits oiseaux, le printemps vient de naître,
Assemblez-vous dans les bois d'alentour;
Chantez le Dieu qui vous a donné l'être,
Oiseaux, chantez le printemps et l'amour.

Choisissez-vous une tendre fauvette,
Par vos chansons cherchez à l'enflammer,
Et répétez sans cesse à la pauvrette
Que le printemps est la saison d'aimer.

A tout moment bénissez votre chaîne,
Chantez le Dieu qui comble vos désirs;
Oiseaux, chantez le Dieu qui vous ramène
Printemps fleuris, espérance et plaisirs.

Si vous charmez, soyez toujours fidèles,
En voltigeant on échappe au bonheur;
Petits oiseaux, dans vos ardeurs nouvelles,
N'oubliez pas que vous n'avez qu'un cœur.

BALZAC.

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