Un air pur, un lait salutaire,
De doux fruits, un ombrage frais. Que ton enfance, etc.
Renonce au rang, à l'opulence, L'honneur t'en fait la dure loi.
Ne crains pourtant pas l'indigence, L'amour l'écartera de toi. Que ton enfance, etc.
Souvent une main inconnue T'offrira quelque don nouveau; En secret une mère émue Viendra pleurer sur ton berceau. Connais ta mère, L'honneur sévère
Lui défend de se découvrir;
Mais par tendresse,
Mais par faiblesse,
Une mère aime à se trahir.
D'un air plus touchant et plus tendre, Peut-être un jour tu la verras, Tour à tour dans ses bras te prendre, Et te remettre entre mes bras. Connais ta mère, etc.
Ni souvenir de tes appas,
Ni d'étincelles de ma flamme: Sois infidèle, j'y consens,
Va, ne crains pas que j'en gémisse! Si tu le veux, change d'amants,
De mes rivaux fais le supplice.
Ce n'est pas le besoin d'aimer Qui fait que l'on change sans cesse ; Et le cœur qui sait s'enflammer N'a qu'un objet de sa tendresse. Un cœur peut-il aimer deux fois? L'amour ne fait qu'une blessure; S'il a deux traits dans son carquois, C'est une erreur de la nature.
Doris, ne va pas t'alarmer : Va, ne crains pas que je t'accuse. C'est ton cœur que je veux armer Contre ton esprit qui t'abuse. De ce cœur formé pour l'amour Si l'inconstance est le partage, Il est l'image d'un beau jour Que vient obscurcir un nuage.
J'oublie enfin que je t'aimai, Qu'autrefois tu fus ma maîtresse, Que le premier je te formai
Aux doux transports de la tendresse ; Mais si tu voulais revenir
Me consoler par ta présence, Je suis prêt à m'en souvenir, Et j'oublierai ton inconstance.
JOSEPH LAVALLÉE.
O lit charmant où ma Myrthé Dort en paix, quoique sans défense; Temple secret de la beauté,
Va, ne crains rien de ma présence; Je puis trouver la volupté
Au sein même de l'innocence.
Laisse-moi poser cette fleur Au chevet de ma bien-aimée; Qu'elle en respire la fraîcheur, Et qu'une vapeur embaumée Prête une nouvelle douceur A son haleine parfumée.
O sommeil! laisse-moi jouir Du calme heureux où tu la plonges; Laisse mon image s'unir
Aux tendres erreurs de ses songes; Et que, sans avoir à rougir,
Elle se plaise à leurs mensonges!
Mais quel transport en ce moment Agite son âme attendrie? Dieux! pour qui ce soupir charmant, Qui meurt sur sa bouche fleurie? O ma Myrthé! c'est ton amant, Qui fait la douce rêverie!
Que tu dois me voir amoureux Dans ce songe qui te caresse! Mais un songe, au gré de mes vœux, Te peindrait-il donc ma tendresse,
Lorsque moi-même je ne peux T'en exprimer toute l'ivresse ?
Si jusqu'au retour du soleil, Baigné de l'air qu'elle respire, J'osais ici de son sommeil Partager l'aimable délire! Si je pouvais à son réveil Surprendre son premier sourire!
Mais non, de ces vœux indiscrets Loin de moi l'ardeur égarée. Dors, ma Myrthé, repose en paix : Qu'en cette retraite sacrée
Tout soit pur comme tes attraits, Timide comme ta pensée !
S'il m'en coûte quelques soupirs A m'arracher de ta présence, Je n'y perds pas tous mes plaisirs : Sans offenser ton innocence, J'emporte avec moi mes désirs, Et les douceurs de l'espérance.
Eh bien, au gré de vos désirs, La voilà consumée,
Et j'ai vu mes plus doux plaisirs S'exhaler en fumée.
Un spectacle aussi douloureux Eût enchanté votre âme; Mais pour moi quel revers affreux Que votre lettre en flamme! Interprète de mes douleurs, Et ne sachant pas feindre, Mes yeux ont tant versé de pleurs, Qu'ils ont failli l'éteindre.
Tel que doive être mon destin Dont vous êtes l'arbitre, Si je reçois de votre main Une nouvelle épître,
A vos ordres, plein de rigueur, Empressé de me rendre,
Je la poserai sur mon cœur
Pour la réduire en cendre.
VOUS QUI D'AMOUREUSE IVRESSE
Vous qui de l'amoureuse ivresse Fuyez la loi,
Approchez-vous, belle jeunesse, Écoutez-moi.
Votre cœur a beau se défendre
De s'enflammer;
Le moment vient, il faut se rendre, Il faut aimer.
« PreviousContinue » |