Page images
PDF
EPUB

SAMSON, ébranlant les colonnes.

Temple odieux! que tes murs se renversent,
Que tes débris se dispersent

Sur moi, fur ce peuple en fureur.

CHOEUR.

Tout tombe, tout périt. O Ciel! ô Dieu vengeur! SAMSON.

J'ai réparé ma honte, & j'expire en vainqueur.

Fin du cinquième & dernier acte.

LA

PRINCESSE

DE

NAVARRE,

COMEDIE-BALLET.

Fête donnée par le Roi en son château de Versailles, le 23 février 1745.

AVERTISSEMENT.

Le roi a voulu donner à madame la Dauphine une fête qui ne fût pas feulement un de ces spectacles pour les yeux, tels que toutes les nations peuvent les donner, & qui, passant avec l'éclat qui les accompagne, ne laissent après eux aucune trace. Il a commandé un spectacle qui pût à la fois servir d'amusement à la cour, & d'encouragement aux beaux arts, dont il fait que la culture contribue à la gloire de fon royaume. M. le duc de Richelieu, premier gentilhomme de la chambre en exercice, a ordonné cette fête magnifique.

Il a fait élever un théâtre de cinquante-fix pieds de profondeur dans le grand manége de Versailles, & a fait construire une falle, dont les décorations & les embellissemens font tellement ménagés que tout ce qui fert au spectacle doit s'enlever en une nuit, & laisser la falle ornée pour un bal paré, qui doit former la fête du lendemain.

Le théâtre & les loges ont été construits avec la magnificence convenable, & avec le goût qu'on connaît depuis long-temps dans ceux qui ont dirigé ces préparatifs.

On a voulu réunir sur ce théâtre tous les talens qui pourraient contribuer aux agrémens

Théâtre. Tom. IX.

D

de la fête, & rassembler à la fois tous les charmes de la déclamation, de la danse & de la musique, afin que la personne auguste, à qui cette fête est consacrée, pût connaître tout d'un coup les talens qui doivent être dorénavant employés à lui plaire.

On a donc voulu que celui qui a été chargé de composer la fête fit un de ces ouvrages dramatiques, où les divertissemens en musique forment une partie du sujet, où la plaifanterie se mêle à l'héroïque, & dans lesquels on voit un mélange de l'opéra, de la comédie & de la tragédie.

On n'a pu ni dû donner à ces trois genres toute leur étendue; on s'est efforcé seulement de réunir les talens de tous les artistes qui se diftinguent le plus, & l'unique mérite de l'auteur a été de faire valoir celui des autres.

Il a choisi le lieu de la scène sur les frontières de la Castille, & il en a fixé l'époque sous le roi de France Charles V, prince juste, sage & heureux, contre lequel les Anglais ne purent prévaloir, qui fecourut la Castille, & qui lui donna un monarque.

Il est vrai que l'histoire n'a pu fournir de semblables allégories pour l'Espagne, car il y

« PreviousContinue »