DALILA à Samfon. Du charmant Adonis nous célébrons la fête; C'est l'amour qui les apprête': Puiffent-ils mériter un regard de vos yeux ! SAMSON. Quel eft cet Adonis dont votre voix aimable DALIL A. C'était un héros indomptable, Qui fut aimé de la mère d'amour. SAMSON. Parlez, vous m'allez enchanter: Les vents viennent de s'arrêter ; Ces forêts, ces oifeaux & toute la nature DALILA Je met à côté de Samfon. Le chœur fe range autour d'eux. Dalila chante cette cantatille, accompagnée de peu d'inftrumens qui font fur le théâtre. Vénus dans nos climats fouvent daigne fe rendre; Vénus donnait au monde L'exemple du plaifir. SAMSO N. Que fes traits ont d'appas ! que fa voix m'intéreffe ! Que je fuis étonné de fentir la tendreffe! De quel poifon charmant je me fens pénétré ! DALIL A. Sans Vénus, fans l'amour, qu'aurait-il pu prétendre ? Dans nos bois il eft adoré. Quand il fut redoutable, il était ignoré. Il devint dieu dès qu'il fut tendre. Ces prés, cette onde, cet ombrage SAMSON. O Ciel, ô troubles inconnus ! J'étais ce cœur fauvage, & je ne le fuis plus. Je fuis changé, j'éprouve une flamme naissante. (à Dalila.) Ah! s'il était une Vénus, Si des amours cette reine charmante Aux mortels en effet pouvait fe présenter, DALILA. Je pourrais de Vénus imiter la tendreffe. Heureux qui peut brûler des feux qu'elle a fentis ! SCENE I V. Les Adeurs précédens. LES HEBREUX. LES HEBREU X. NE tardez point, venez; tout un peuple fidelle Eft prêt à marcher fous vos lois : Soyez le premier de nos rois ; Combattez & régnez la gloire vous appelle. SAMSON. Je vous fuis, je le dois, j'accepte vos préfens. CHOEUR DE FILLES DE GAZA. Demeurez, préfidez à nos fêtes ; Que nos cœurs foient vos tendres conquêtes. DEUX HEBREU X. Venez, venez, ne tardez pas; Que votre invincible bras. CHOEUR DES FILLE S. Demeurez, préfidez à nos fêtes ; Que nos cœurs foient vos tendres conquêtes. SAMSO N. Je m'arrache à ces lieux. . . Allons, je fuis vos pas. Pour le trône des rois, pour ce grand esclavage; DALILA. Me faudra-t-il long-temps gémir de votre absence ? SAMSON. Fiez-vous à vos yeux de mon impatience. S C E NE V. DALILA feule. IL s'éloigne, il me fuit, il emporte mon ame; Par-tout il eft vainqueur. Le feu que j'allumais m'enflamme. J'ai voulu l'enchaîner, il enchaîne mon cœur. O mère des plaifirs, le cœur de ta prêtresse La tendreffe eft ma loi, mon devoir eft d'aimer. Echo, voix errante, Légère habitante De ce beau féjour, Echo, monument de l'amour, Parle de ma faibleffe au héros qui m'enchante. Favoris du printemps, de l'amour & des airs, Oifeaux dont j'entends les concerts, Chers confidens de ma tendresse extrême, Doux ramages des oifeaux, Voix-fidelle des échos. Répétez à jamais je l'aime, je l'aime. Fin du troisième acte. |