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L'usage de cet ouvrage a été autorisé par décision de S. Exc. M. le ministre de l'instruction publique, en date du 26 octobre 1849.

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Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois; tous les exemplaires sont revétus de ma griffe.

Jules Delaland

Ces études résument assez fidèlement des conversations de famille où j'avais la meilleure part. Elles avaient pour but l'instruction littéraire d'un fils qui se disposait à affronter les épreuves redoutées du baccalauréat. On m'a demandé de les publier, et j'ai cédé, sans trop d'effort, parce qu'elles me paraissent le complément naturel de mon Cours de Littérature, et que d'ailleurs les élèves manquent, en général, des connaissances historiques et critiques qui leur seraient nécessaires pour répondre convenablement aux questions sur les auteurs français. Il importait d'attirer leur attention, et de les éclairer sur cette partie si sérieuse et trop négligée de l'examen qu'ils doivent subir.

Ce travail a été pour moi plein d'attraits, et j'espère qu'il ne sera pas sans utilité. Mon intention n'a pas été de dispenser les élèves de la lecture des auteurs que j'analyse; je prétends, au contraire, les y convier, ne pouvant les y contraindre; qu'on ne l'oublie pas, la connaissance directe des textes est la première condition du succès de l'épreuve. Comment, en effet, interpréter, à l'improviste, les passages dont le sens est obscur, saisir les nuances du langage, signaler les figures, donner des éclaircissements historiques, et citer de mémoire, au moins, quelques traits remarquables, si l'on ne s'est pas familiarisé avec les auteurs?

La liste des écrivains compris dans le programme a été dressée de manière à n'offrir que des modèles.

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L'étude sérieuse des ouvrages indiqués suffit pour donner une juste idée de nos deux grands siècles littéraires. Il y aurait eu inconvénient, soit à remonter plus haut, soit à descendre plus bas. En effet, il y a trop à reprendre dans les poëtes qui ont précédé Corneille, si l'on excepte Malherbe, comme aussi dans les prosateurs antérieurs à Bossuet, si l'on excepte Descartes et Pascal; quant aux écrivains supérieurs qui sont venus depuis Voltaire, ils n'ont pas encore, quel que soit leur mérite, la consécration du temps. On a donc commencé où il convenait, pour s'arrêter à un point qu'il ne fallait pas dépasser.

Des notions exactes sur Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, Boileau, Bossuet, Fénelon, Massillon, Montesquieu et Voltaire; l'analyse et l'appréciation de quelques-uns des plus beaux ouvrages de ces grands écrivains, et surtout la lecture réfléchie, intelligente, de ces chefs-d'œuvre, sont aux esprits des jeunes gens un aliment sain et savoureux, et une lumière qui les dirigera sûrement dans des études ultérieures.

La littérature proprement dite sera toujours la meilleure culture des esprits. Je suis bien éloigné de déprécier la science et l'histoire : je sais ce que les sciences exactes peuvent pour la méthode, je sais ce que les connaissances historiques apportent de matériaux utiles; mais si les lettres, humaniores litteræ, comme disaient nos maîtres de l'antiquité, n'ont pas suffisamment nourri la raison, rectifié le jugement, élevé l'âme, l'histoire ne sera pour les jeunes gens qu'un stérile répertoire de faits, un fardeau de la mémoire, et les mathématiques pourraient n'avoir d'autre résultat que de donner de la rigueur à des esprits secs, débiles et faux. Le commerce des hommes de génie, penseurs profonds et grands écrivains, nous familiarise avec le vrai et le beau; il nous en donne le goût, il nous com

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munique la force de les atteindre. On a dit avec raison des écrits de ces grands hommes :

C'est avoir profité que de savoir s'y plaire.

Or, on ne peut s'y plaire qu'à la condition de les pratiquer assidûment. Il faut, non pas les effleurer, mais les pénétrer et les approfondir.

Nos efforts dans l'enseignement tendent sans doute à approvisionner et à orner les intelligences; mais ce n'est pas là toute notre tâche, c'en est même la moindre partie nous voulons, par-dessus tout, fortifier l'instrument de la pensée, tremper le ressort de la volonté, ennoblir les âmes et leur inspirer de généreuses pensées. L'instruction ne doit être qu'une méthode d'éducation.

Cet opuscule, si humble qu'il soit, se trouvera conforme à la règle que j'ai toujours suivie en écrivant. Je cherche ici, comme ailleurs, à resserrer encore l'intime alliance de la beauté morale et de la beauté littéraire, et à montrer dans les chefs-d'œuvre de l'esprit humain l'expression des nobles sentiments, des pures idées dont se nourrit et s'inspire le génie. Dans cette tâche difficile à remplir, j'avais besoin de secours. Heureusement je rencontrais, parmi les critiques vraiment dignes de ce nom, des interprètes autorisés auxquels j'ai souvent laissé la parole pour exprimer, au profit de nos élèves, les opinions et les sentiments que je voulais leur suggérer. La Bruyère, La Harpe, Vauvenargues, d'Alembert, Chamfort, Châteaubriand, MM. Villemain, Patin et Saint-Marc Girardin ont fourni à ce volume des pages qui feront remarquer et qui compenseront la faiblesse des autres. Ce mélange prouvera que j'avais, avant tout, le désir d'être utile.

PROGRAMMES OFFICIELS

DES BACCALAUREATS ÉS LETTRES ET ÉS SCIENCES.

AUTEURS FRANÇAIS.

1. Bossuet. Discours sur l'histoire universelle; Oraisons funèbres.

2. Fénelon. Lettre à l'Académie; Dialogues sur l'élo

quence.

3. Massillon. Petit Carême.

4. Montesquieu. Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains.

5. Voltaire. Vie de Charles XII; Siècle de Louis XIV.

6. Théâtre classique.

7. Boileau.

8. La Fontaine. Fables.

Chaque année, le 1er septembre, le ministre de l'instruction publique désigne ceux de ces ouvrages ou les parties de ces ouvrages qui sont demandés aux examens pendant l'année scolaire suivante.

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