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DE BERGER.

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CLAUDE BERGER naquit le 20 janvier 1679 de Claude Berger, docteur en médecine de la faculté de Paris. Il se destina à suivre la profession de son père; et pendant qu'il étoit sur les bancs de la faculté, il soutint sous la présidence de Fagon, premier médecin, une thèse contre l'usage du tabac, dont le style et l'érudition furent généralement admirés, et les préceptes fort peu suivis.

Quoique Berger fût allié de Fagon, et d'assez près, ce fut à l'occasion de cette thèse que Fagon vint à le connoître plus particulièrement qu'il n'avoit fait jusqu'alors; et il lui accorda une amitié et une protection que l'alliance seule n'auroit pas

obtenues de lui.

Berger travailla long-temps à l'étude des plantes sous Tournefort, et mérita que ce grand botaniste le fît entrer, en qualité de son élève, dans l'Académie des sciences, lorsqu'elle se renouvella en 1699. Depuis, par certains arrangemens qui se firent dans la compagnie, il devint élève de Homberg. Il parut également propre à remplir un jour une première place, soit dans la botanique, soit dans la chymie.

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Mais différentes occupations le détournèrent des fonctions l'académie demande. Ayant été reçu

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docteur en médecine, il fut obligé d'en professer un cours aux écoles de Paris pendant deux ans ; ce qu'il fit avec beaucoup de succès. D'ailleurs son père, bon praticien, et des plus employés, le menoit avec lui chez ses malades, et l'instruisoit par son exemple, et par l'observation de la nature même, leçon plus efficace et plus animée que toutes celles qu'on prend dans les livres; et comme ce père, à cause de ses indispositions, passa les deux dernières années de sa vie sans sortir de chez lui il exerçoit encore la médecine par son fils, qu'il envoyoit chargé de ses ordres, et éclairé de ses vues. Aussi après sa mort, qui arriva en 1705, fils succéda à la confiance l'on avoit eue pour lui, et se trouva fort employé presque à titre héréditaire. Enfin Fagon, qui avoit la chaire de professeur en chymie au jardin Royal, et qui ne pouvoit l'occuper, en chargea Berger en 1709; et après lui avoir continué cet emploi les deux années suivantes seulement par commission, il crut que la manière dont il s'en étoit acquitté, méritoit qu'il lui en fît obtenir du Roi la survivance grace qu'il eût d'autant moins demandée pour un sujet médiocrement digne, que l'on savoit qu'il avoi toujours été fort jaloux de l'honneur de cette place.

que

Tout ce qui rendoit Berger peu exact aux devoirs

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de l'académie, ne laissoit pas de le disposer à devenir grand académicien, et apparemment la compagnie eût profité de ces occupations même qui ne la regardoient pas; mais la complexion délicate dont il étoit, succomba à ses différens travaux. Son poumon fut attaqué; et il mourut le 22 mai 1712. La Carlière, premier médecin de monseigneur le duc de Berri, et très-célèbre dans son art, l'avoit choisi pour lui donner sa fille unique; et c'est encore une partie de la gloire de Berger, que toutes les circonstances de cette espèce d'adoption,

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DE CASSIN I.

JEAN-DOMINIQUE CASSINI naquit à Perinaldo, dans le comté de Nice, le 8 juin 1625, de Jacques Cassini, gentilhomme Italien, et de Julie Crovesi. On lui donna dès son enfance un précepteur fort habile, sous qui il fit ses premières études. Il les continua chez les jésuites à Gênes: et quelques-unes des poësies latines de cet écolier furent imprimées avec celles des maîtres dans un recueil in-folio en 1646.

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Il fit une étroite liaison d'amitié avec Lercaro qui fut depuis doge de sa république. Il étoit allé avec lui à une de ses terres, lorsqu'un ecclésiastique lui prêta pour l'amuser quelques livres d'astrologie judiciaire. Sa curiosité en fut frappée, et il en fit un extrait pour son usage. L'instinct naturel qui le portoit à la connoissance des astres, se méprenoit alors, et ne démêloit pas encore l'astronomie d'avec l'astrologie. Il alla jusqu'à faire quelques essais de prédictions qui lui réussirent; mais cela même qui auroit plongé un autre dans l'erreur pour jamais, lui fut suspect. Il sentit par la droiture de son esprit, que cet art de prédire ne pouvoit être que chimérique; et il craignit par délicatesse de religion,

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que les succès ne fussent la punition de ceux qui s'y appliquoient. Il lut avec soin le bel ouvrage de Pic de la Mirande contre les astrologues, et brûla son extrait des livres qu'il avoit empruntés. Mais au travers du frivole er du ridicule de l'astrologie, il avoit apperçu les charmes solides de l'astronomie, et en avoit été vivement touché.

esprits, par

Quand l'astronomie ne seroit pas aussi absolument nécessaire qu'elle l'est pour la géographie, pour la navigation, et même pour le culte divin, elle seroit infiniment digne de la curiosité de tous les , par le grand et le superbe spectacle qu'elle leur présente. Il y a dans certaines mines très-profondes des malheureux qui y sont nés, et qui y mourront sans avoir jamais vu le soleil. Telle est à-peu-près la condition de ceux qui ignorent la nature, l'ordre et le cours de ces grands globes qui roulent sur leurs têtes, à qui les plus grandes beautés du ciel sont inconnues, et qui n'ont point assez de lumières pour jouir de l'univers, Ce sont les travaux des astronomes qui nous donnent des yeux, et nous dévoilent la prodigieuse magnificence de ce monde presque uniquement habité par des aveugles.

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Cassini s'attacha avec ardeur à l'astronomie aux sciences préliminaires, Il y fit des progrès si rapides, qu'en 1659, c'est-à-dire âgé seulement de 25 ans, il fut choisi par le sénat de Bologne

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