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Abois se dit proprement de l'état du cerf qui est sur ses fins.

C'est lorsque nous avons mis le cerf aux abois,

Qu'il faut entendre vanter nos exploits.

Chasse de LAGARDE.

Ce mot s'applique figurément à une personne qui se trouve dans une peine extrême : je suis aux abois.

Caliste,

Quels sont ces traits qui, lancés par
Ravagent tout, mettent tout aux abois.

ROUSSEAU.

Quand je veux y rêver, ma veine est aux abois.

BOILEAU.

ACCORD, s, m. ACCORT, adj.

Un consentement donné, un marché conclu, une convention signée, se nomment un accord: faire un accord. Mais il s'emploie moins au propre, à présent. Ils sont d'accord; je les ai mis d'accord; d'accord, pour dire j'y consens. Ils étaient d'un si hon accord.

En musique, l'union de deux ou de plusieurs sons entendus à la fois est un accord; le défaut d'accord détruit l'harmonie.

Accort au m. et accorte au f. est un adjectif qu'admet encore le style familier. Il s'applique à la personne ou à son caractère : cet homme est accort; il a l'humeur accorte, Voltaire finit le portrait du confesseur de Charles VII par ce vers :

Toujours accort et toujours complaisant.

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ACHE, bot. HACHE, s. f.

La plante que les jardiniers appellent céleri, les bo tanistes la nomment ache. L'une est cultivée, l'autre ne l'est pas; voilà toute la différence de l'ache au céleri.

On ne saurait avoir vu travailler des charpentiers ou des bûcherons, sans avoir vu des haches. Aspirez le h.

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Les consuls romains se faisaient précéder de licteurs armés d'un faisceau de verges, du milieu desquelles sortait une hache. Nos pères se servaient volontiers dans les combats, de haches d'armes.

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Verhe analogue : je hache, tu haches. Beaucoup de personnes prolongent l'a de ce verbe; elles se trompent : sa prononciation est brève, comme celle du substantif hache.

Il court, c'était Egiste; il s'élance aux autels;

Il monte, il y saisit, d'une main assurée,

Pour les fêtes des dieux, la hache préparée:

VOLTAIR E.

ACQUIS, p. d. v. et s. m. ACQUIT, s. m.

Du verbe acquérir, vient le mot acquis. Il en est le participe: les biens que j'ai acquis. On dit également : cet homme a de l'acquis, pour exprimer qu'il a su amasser, ou des biens, ou des connaissances.

Du verbe acquitter vient acquit. Celui qui reçoit le montant d'une lettre de change, écrit au bas, pour acquit. Mettez là votre acquit.

ACRE, s. m. ACRE, adj.

Je commence par avertir que ces deux mots ayant une prononciation différente, ne sont pas de vrais homonymes. Mais l'œil les juge tels; et il faut empêcher que les étrangers ne s'y mépremment. M. l'abbé d'Olivet, l'un de nos meilleurs grammairiens, les a placés à la tête de nos homonymes; dès-lors, je n'ai pas dû les omettre. J'ai même respecté sur cela son autorité, au point d'en insérer ici plusieurs autres, d'après sa liste; en marquant

néanmoins, avec attention, la nuance qui distingue à la prononciation, ce que les yeux pourraient confondre. L'acre est une quantité de terrein : il est évalué à un arpent et demi.

L'acre était la seule mesure connue en Normandie, et dans beaucoup d'autres provinces.

Dans acre substantif, l'a est très-bref; il est long dans ácre adjectif, qui signifie piquant, mordicant, corrosif: une bile acre, goût acre.... J. J. Rousseau a osé dire des baisers acres. Cette expression lui a été reprochée, comme ne s'alliant point avec la douceur du baiser.

ADMETTE, v. ADMÈTE, myth.

L'opposé d'admettre est refuser, rejeter: subjonctif, que j'admette, que tu admettes, qu'il ou qu'elle admette; pluriel, qu'ils ou qu'elles admettent.

Admète régna dans la Thessalie. Sa femme Alceste eut le courage de se dévouer à la mort, pour lui sanver la vie; mais Hercule la retira des enfers.

Apollon, chassé du ciel, vint garder les troupeaux d'Admète.

ADMIS , p. du v. A DEMI, loc. adv.

Le verbe admettre fait admis au participe; je fus admis.

Son prétérit est : j'admis, tu admis, il ou elle admit. A demi est une locution adverbiale, qui signifie la même chose qu'à moitié.

Si jamais je prends un ami,

Je veux qu'il soit tendre et sincère,
Qu'il ne m'aime point à demi,
A demi je ne veux pas plaire.

SEDAINE.

Je placerai ici une observation : demi, adjectif, dont le féminin est demie, n'est vraiment adjectif, que lorsqu'il est placé après le mot. S'il le précède, il devient adverbe, et ne se décline

pas.

,

Ainsi il faut dire une aune et demie, une lieue et demie, une livre et demie en déclinant; et sans décliner: une demi-aune, une demi-lieue, une demi-livre. Demie, au féminin, devient quelquefois substantif: la demie est-elle sonnée ? cette horloge ne sonne pas demies.

ADRESSE, et ADRESSE, s. f.

les

L'un de ces mots signifie ruse, dextérité, souplesse : il a beaucoup d'adresse dans la main, il a encore plus d'adresse dans l'esprit. On vante l'adresse du singe, du castor, de l'éléphant.

L'autre expression énonce la demeure d'une personne, la destination d'une lettre ou d'un paquet. A quelle adresse irai-je vous chercher ? On m'a donné une adresse pour une autre.

Une femme était menacée, par son amant, de voir publier les lettres qu'il en avait reçues imprimez, ditelle hardiment; je n'aurai à rougir que de l'adresse.

Le verbe analogue à cette seconde acception est : j'adresse, tu adresses.

Le poète Roussean adresse une de ses odes à la postérité. Il la lit à Voltaire. Je crains bien, dit celui-ci, après l'avoir entendue, que la pièce n'aille pas à son adresse; et voilà nos deux poètes brouillés pour un bon

mot.

A FAIRE, loc. comp. AFFAIRE, s. f.

Beaucoup de personnes se trompent à ces deux locu

tions; elles écrivent, j'ai à faire, comme on écrirait : j'ai une affaire.

Quand l'intention de la phrase porte sur la chose même, c'est une affaire quand elle porte seulement sur le temps et sur la manière, la chose est à faire ; robe à faire.

Autrement : si le mot est susceptible de recevoir an article quelconque, il est le substantif affaire; une affaire importante, l'affaire dont vous m'avez parlé; j'ai beaucoup d'affaires, j'ai des affaires pressées.

Mais si le mot ne peut admettre ni un adjectif, ni un article, c'est alors la locution à faire. Qu'avez-vous à faire? Ce que vous demandez n'est plus à faire, cet ouvrage est encore à faire.

Affaire est une de ces expressions parasites que la stérilité de notre langue force à employer, dans les occurences pour lesquelles aucun mot propre n'est créé.

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Un marché à conclure est une affaire; un procès est une affaire; une entreprise prend le nom d'affaire. On donne à une bataille peu importante le nom d'affaire; l'homme qui est chargé de dettes, a des affaires; il y a des affaires de religion, il y a des affaires de cœur.

Une dispute, une querelle est une affaire. Fontenelle faisait l'éloge d'un académicien qui n'avait répondu que par des phrases, à un homme qui lui avait proposé de se battre en duel. L'anecdote était délicate pour le panégyriste; il eut une affaire d'honneur, dit Fontenelle, et il s'en tira en homme d'esprit.

AH! excl. HA! interj.

Convenons d'abord des termes : l'exclamation est un cri plus ou moins accentué, que nous arrache la surprise.

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