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chargeait les pieds et les mains des criminels: il signi- . fiait même un bois échancré, dans lequel on engageait. leurs pieds ou leur tête. Le mot, en ces deux sens n'est presque plus d'usage..

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Il ne présente aujourd'hui que l'idée d'an pied de vigne. Cette treille n'est formée que de deux ou trois. ceps. Il manque bien des ceps dans cette vigne..

Parmi les jeux du coin du feu, il en est un qui consiste à désigner les personnes, sous différens emblêmes, et à faire deviner, par la nature et les détails de l'emblême, la personne qui en est l'objet. Un de mes amis, l'abbé Talbert, proposa celui-ci pour une femme qui, aux talens les plus rares joint les graces les plus séduisantes un cep de vigne chargé de grappes, avec ce mot charmant : Je plais jusqu'à l'ivresse.

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Le p se fait légèrement sentir.

CERF, zoo. SERF, féod. SERT, v.

Le Cerf est un quadrupède bien connu, par la vitesse de ses jambes, la beauté de son bois, et le plaisir fati¬ gant qu'il procure aux chasseurs :

Dans le cristal d'une fontaine

Un cerf se mirant autrefois,

Louait la beauté de son bois, etc.

LA FONTAINE.

On sait que ce mot bois est consacré pour désigner les cornes du cerf.

Dans cerf, le f ne se fait pas sentir.

Il sonne au contraire dans serf (servus). Cette expression, qui signifie proprement esclave, caractérisait, sous le régime féodal, des hommes sur qui les seigneurs. exerçaient des droits rigoureux.

Il faut entendre M. de Voltaire développer ce qu'avait d'odieux cette espèce de servitude que Louis XVI avait d'abord abolie dans ses domaines, et que la révolution a enfin anéantie.

Plus d'une belle dame à Paris, brillante dans une loge de l'Opéra, ignore qu'elle descend d'une famille ? de Bourgogne, ou du Bourbonnais, ou de la FrancheComté, ou de la Marche, ou de l'Auvergne, et que sa famille est encore esclave mortaillable, main-mor» table.

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"De ces esclaves, les uns sont obligés de travailler trois jours de la semaine pour leur seigneur ; les autres » deux. S'ils meurent sans enfans, leur bien appartient » à ce seigneur.... Dans d'autres coutumes, si le fils

....

de l'esclave main-mortable n'est pas dans la maison » de l'esclavage paternel depuis un an et un jour, à la » mort du père, il perd tout son bien.

" Voici bien mieux : Un bon Parisien va voir ses parens en Bourgogne ou en Franche-Comté; il de» meure un an et un jour dans une maison main-mor» table, et s'en retourne à Paris; tous ses biens, en quelqu'endroit qu'ils soient situés, appartiendront au seigneur foncier, en cas que cet homme meure sans » laisser de lignée ». ( Quest. sur l'Encyclop. )

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Au verbe servir appartiennent ces mots : je sers, tu sers, il ou elle sert; impératif, sers. Il a son acception noble et celle qui ne l'est pas. Le service militaire est entouré de gloire ; le service domestique humilie.

L'amour est le dieu que je sers.

Que sert l'argent, si l'on n'en fait usage?

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Voilà encore un pronom démonstratif ses, et un pronom personnel ses. Appliquez - leur mes observations

sur se et ce.

Ou si l'on veut une nouvelle règle générale et bien simple, je vais l'indiquer.

On me pardonnera de revenir souvent sur cet article. J'ai vu les femmes et les étrangers s'y tromper fréquemment.

Lorsque le pronom peut admettre à sa suite une des particules indicatives ci et là, il s'écrit par un c; c'est le pronom démonstratif.

S'il les repousse, il s'écrit par un s, c'est le pronom personnel. Faisons l'application du principe :

Que ces vains ornemens, que ces voiles me pèsent !
Pour qui sont ces serpens qui sifflent sur vos têtes ?

On pourrait dire : que ces ornemens-ci, que ces voiles là me pèsent! pour qui sont ces serpens-là?

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Au contraire, il serait impossible d'ajouter ces parti cules ci ou là à la suite du pronom personnel possessif ses. César aperçut parmi ses meurtriers, Brutus, dont il était le père. On a bien tort d'être plus honteux de ses défauts que de ses vices.

La règle peut se généraliser d'une autre manière; lorsque ses signifie de lui, de soi, d'elle, écrivez toujours par un s. Hors delà, par un c.

Dans les deux exemples que je viens de citer, ce sont les meurtriers de lui, les vices, les défauts de soi.

Eglé, belle et poète, a deux petits travers :
Elle fait son visage, et ne fait pas ses vers.

LEBAUN

Et pour réunir ces deux mots dans un seul exemple, je citerai cés vers de l'abbé Delille :

Telle jadis Carthage

Vit sur ses murs détruits, Marius malheureux;

Et ces deux grands débris se consolaient entre eux.

Dans le département de l'Orné et sur la rivière de ce nom, est une ville ancienne et assez considérable, appelée Sais ou Séez.

CESSION, s. f. SESSION, lit.

Un transport, un abandon de ses droits en est la cession. Le débiteur insolvable fait une cession de ses biens, pour éviter des poursuites rigoureuses. L'histoire des Hébreux rapporte qu'Esaü fit la cession de son droit d'ainesse à son frère Jacob, pour un plat de lentilles.

Les diverses séances solennelles d'un concile en étaient appelées les sessions. Ce fut à la quinzième session du concile tenu à Constance en 1414, que le malheureux Jean Hus et ses sectateurs furent condamnés.

Cette expression s'est étendue aux séances d'un corps qui n'est pas habituellement assemblé, tels que le parlement d'Angleterre, les états-généraux, etc. A la session prochaine on discutera cet objet.

C'EST, S'EST, SAIT, SEPT.

Appliquez de même ici tout ce que vous avez lu plus haut sur ce et se; car c'est et s'est ne veut dire autre chose que ce est, se est.

Il s'est trompé, il a trompé soi; il s'est fait respecter par ses vertus; il s'est fait aimer par ses bienfaits; il a fait respecter et aimer soi.

Toutes les fois, après cela, que c'est ne peut pas se

résoudre par soi, il s'écrit par un c. C'est à lui de parler, c'est elle que j'aime ; c'est le courage qui mène au succès: il est évident qu'en tout cela, il n'est rien qu'on puisse rendre par soi; et que le c'est se résoudrait toujours par cela, celui-là, ete. Il faut donc un c. Il le faut de même par la même raison dans ce beau vers de Corneille :

et

Soyons amis, Cinna, c'est moi qui t'en convie..

Quelques personnes doutent si on doit employer c'est,. lorsqu'un substantif pluriel suit et s'y rapporte. Elles demandent, par exemple, s'il est correct de dire, c'est des fleurs que je vous présente, au lieu de ce sont des fleurs.

Si l'on suivait la règle générale, ce étant substantif ou pronom singulier, le verbe devrait toujours suivrele même nombre.

Et quand les dieux offraient un Elysée aux sages,
Etait-ce des palais ? C'était de verts bocages;
C'était des prés fleuris, séjour des doux loisirs,
Où, d'une longue paix, ils goûtaient les plaisirs.
DELILLE.

Mais observez qu'il s'agit ici d'un imparfait où la désinence est la même pour l'oreille, au pluriel comme au singulier.

Or, l'oreille étant le juge suprême du style, elle souffrirait d'entendre: c'est des fleurs, c'est deux amans.

Voici donc la règle : ou la proposition est identique, ou elle ne l'est pas.

J'appelle, avec l'abbé d'Olivet, proposition identique, celle dont le sujet et l'attribut ne font qu'un seul et même objet; c'est-à-dire, celle qui se retourne sur elle-même, sans intervertir le sens. Par exemple, c'est-là l'homme

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