Souvenirs d'un Parisien, deuxième série (1853-1862)

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Perrin et cie, 1909 - France - 494 pages

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Popular passages

Page 279 - Le caractère de ce bon homme était si simple, que dans la conversation il n'était guère au-dessus des animaux qu'il faisait parler; mais comme poète, il avait un instinct divin, et d'autant plus instinct qu'il n'avait que ce talent. L'abeille est admirable, mais c'est dans sa ruche; hors de là l'abeille n'est qu'une mouche.
Page 47 - Faire un pleur éternel de quelques ombres chères ! Pouvoir des ans vainqueurs! Les morts durent bien peu. Laissons-les sous la pierre : Hélas! dans le cercueil ils tombent en poussière Moins vite qu'en nos cœurs ! Voyageur! voyageur ! Quelle est notre folie ! Qui sait combien de morts à chaque heure on oublie, Des plus chers, des plus beaux? Qui peut savoir combien toute douleur s'émousse, Et combien sur la terre un jour d'herbe qui pousse Efface de tombeaux?
Page 20 - le p,iin amer de l'étranger » , et « les yeux changés en désirs de larmes .» et quand on lui propose de lui rouvrir sous conditions les portes de sa patrie, où sa gloire était déjà rentrée comme un reproche, alors cette lettre si éloquente et si noble où l'exilé écrivait : « Donnez-moi une voie qui ne soit pas contraire à l'honneur pour rentrer à Florence. S'il n'en est pas de semblable, jamais je n'entrerai à Florence. Partout je pourrai jouir du ciel et de la lumière et contempler...
Page 306 - Ah ! frappe-toi le cœur, c'est là qu'est le génie. C'est là qu'est la pitié, la souffrance et l'amour ; C'est là qu'est le rocher du désert de la vie, D'où les flots d'harmonie, Quand Moïse viendra, jailliront quelque jour Peut-être à ton insu déjà bouillonnent-elles, Ces laves du volcan, dans les pleurs de tes yeux.
Page 447 - N'at-il pas été entraîné? Les passions auxquelles il a cédé n'étaient-elles pas celles de ses contemporains autant que les siennes? Et puis, s'il a été assez malheureux pour verser le sang humain , ne faut-il pas lui tenir compte des temps où il eut ce malheur? Une seule goutte de sang dans notre siècle , où l'on sait le prix de la vie des hommes , ne...
Page 225 - Que n'ai-je un de ces fronts sublimes, David ! mon corps , fait pour souffrir , Du moins sous tes mains magnanimes Renaîtrait pour ne plus mourir! Du haut du temple ou du théâtre , Colosse de bronze ou d'albâtre, Salué d'un peuple idolâtre, Je surgirais sur la cité , Comme un géant en sentinelle, Couvrant la ville de mon aile , Dans quelque attitude éternelle De génie et de majesté!
Page 25 - Le vulgaire se plaint ou se vante d'être haï, calomnié, aimé, chéri; le sage ne s'occupe point des sentiments qu'il inspire, mais de ceux qu'il éprouve. Il sait que ce qui est triste, amer, douloureux ce n'est pas d'être haï, mais de haïr; ce qui est doux, noble, grand, divin, ce n'est pas d'être aimé, mais d'aimer.
Page 473 - On entendait au lointain Tinter un son argentin De triangles, de sonnettes De tambourin, de clochettes.... etc. Victor Hugo a fourni le sujet du n« 3 : Sara la baigneuse, que tout le monde connaît.
Page 156 - ... tout de suite ridicule. Tenu un quart d'heure sur la sellette par des cris dérisoires demandant le grand amphithéâtre, il a commencé par les prendre au sérieux, par remercier, puis, s'apercevant de son erreur, il a donné du bec, s'agitant comme un gros perroquet sur son perchoir. Ce Sainte-Beuve a maladroitement débuté par louer l'illustre ministre auquel il devait sa chaire : puis il a honteusement poursuivi en disant que l'histoire mâle et sobre louerait le prince, grand par les négociations...
Page 357 - Et voilà qu'à travers ces brumes et ces eaux, Tes volumes exquis m'arrivent, blancs oiseaux, M'apportant le rameau qu'apportent les colombes Aux arches, et le chant que le cygne offre aux tombes. Et jetant à mes rocs tout l'éblouissement De Paris glorieux et de Paris charmant, Et je lis, et mon front s'éclaire, et je savoure Ton style, ta gaîté, ta douleur, ta bravoure.

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