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même endroit de la quatrième mesure. Il est rare que ces membres ne se prêtent pas encore à une décomposition en plusieurs fragments.

En séparant ces membres, ces fragments de membre par cette espèce de respiration des doigts, en en faisant entendre un sur un clavier, un autre sur un autre clavier qui donnera des sons un peu plus forts où un peu plus faibles, même d'un timbre différent, sans tomber cependant dans une trop grande affectation, on arrivera à un résultat tout autre que celui qu'aurait produit une exécution très correcte mais tout unie.

L'effet des syncopes pourra même être rendu jusqu'à un certain point: supposons une ou plusieurs mesures à quatre temps, remplies par une noire, une blanche et une noire. En ne donnant à la première note que le quart à peine de sa valeur qui sera complétée par un silence, et en tenant les suivantes pendant leur valeur exacte, on obtiendra, sans qu'il y ait un renflement de son sur le temps faible, un effet qui se rapprochera beaucoup de celui de la syncope.

D'après la nature si différente du piano et de l'orgue, on conçoit facilement que la musique faite pour l'un ne conviendra pas pour l'autre, sans changer la forme de certains passages. Sur l'orgue, des accords tenus remplaceront souvent ceux qui, sur le piano, sont répétés fréquemment, ou divisés en batteries ou en arpèges; le brillant de ces derniers, si l'on en faisait autant d'usage sur l'orgue que sur le piano, serait loin de remplacer la majesté des sons soute

nus.

Du service de l'organiste

Suivant les usages d'un grand nombre de paroisses, l'office de chaque dimanche, indépendamment du plain-chant, se compose de vingt-cinq à trente pièces, connues sous les noms d'entrée et sortie de choeur,

offertoire, élévation, antiennes et versets; à l'exception de l'offertoire, de l'élévation et peut-être des sorties de choeur, ces pièces ont peu de développements.

Souvent un offertoire que l'on a préparé se trouve avoir trop ou ne pas avoir assez de durée; il est bon de s'habituer à pouvoir allonger une pièce par la répétition de quelqu'une de ses parties, à laquelle on fait subir de légères modifications, ou la raccourcir, sans que cependant elle paraisse tronquée. C'est surtout au moment d'une modulation éloignée du ton primitif, et s'il faut finir promptement, que l'on peut éprouver quelque embarras. On devra s'exercer à arriver à un ton quelconque au moyen de quelques formules harmoniques, appliquées à tous les tons et à toutes les mesures, et dans la pratique on y ajoutera, comme accessoire, quelque passage mélodique tiré de la pièce qu'on exécute.

Les autres morceaux sont de peu de durée, et quoique l'on ne manque pas de musique pour orgue, chaque organiste doit chercher à pouvoir s'en passer au besoin, surtout pour ces petits morceaux, afin de ne pas être pris au dépourvu; car, s'il en a préparé quelques-uns, et que le chœur prenne le chant de l'hymne ou du magnificat plus haut ou plus bas qu'il ne s'y attend, les morceaux préparés ne pourront pas servir, et cependant il ne faudra pas rester court.

De l'improvisation

Faire du bon et du neuf en fait d'improvisation n'est donné qu'à un petit nombre de personnes, et, sans prétendre être de ce nombre, on peut encore s'en tirer passablement. Il ne faut pas s'attacher à créer une mélodie saillante; l'imagination a des bornes qui seraient bientôt atteintes. Mais, pour peu qu'on ait rencontré un dessin mélodique de deux mesures,

d'une mesure même, on peut s'y borner et créer un petit morceau avec lui en le faisant passer successivement sur plusieurs degrés de la gamme, en l'introduisant dans la basse ou dans une partie intermédiaire, tout en ajoutant en dessus quelque broderie légère qui permette de le reconnaître.

Si une idée ne se présente pas, on emprunte dans ce que l'on connaît pour suppléer à ce qu'on n'a pas trouvé dans le moment; cet emprunt pourra être déguisé par un changement de mesure, en mettant à trois temps ce qui était à deux ou à quatre, et réciproquement, ou encore par un changement de mouvement, au moyen duquel on pourra quelquefois donner une apparence de noblesse à la phrase la plus triviale.

De la registration et des pédales

Je ne dirai rien de la combinaison des jeux que l'on devra employer, parce que leur nombre et leur espèce varient dans chaque instrument. Les jeux dits de fonds conviennent mieux en général pour les morceaux à sons soutenus: les jeux à anche pour ceux qui ont de la vivacité ou de l'énergie. Les passages qui ont du brillant et tous ceux auxquels on reconnaît le caractère d'un solo se feront sur le clavier dit récit.

Comme exercice de pédales, on fera bien de toujours doubler avec les pieds à l'octave inférieure ou à l'unisson les notes basses de la main gauche. Dans la pratique, l'usage continuel de la pédale pourrait produire un bourdonnement désagréable. On peut la faire taire de temps en temps; on peut aussi, pendant les tenues de la main gauche, lui faire faire des notes détachées, à l'imitation du pizzicato de la contrebasse.

C'est un devoir pour nous de remercier à la fin de cette notice ceux qui ont bien voulu nous fournir des renseignements pour la composer la famille d'abord, qui, avec une grande libéralité, nous a procuré la plupart des éléments réunis ci-dessus et la permission de les publier; notre excellent collègue, parent aussi du regretté défunt, M. Deniau-Cadiou ; et M. Nouel, l'aimable et sympathique secrétaire de la Société Archéologique du Vendômois. M. le curé de Ballots, l'abbé A. Poulain, bon musicien et grand appréciateur du talent de M. Parisot, avec qui il fut très lié, nous a fourni la photographie qui orne ce petit travail et le fragment inédit ci-dessus de notre ami. Nous lui devons des remerciements tout spéciaux. J. P.

A

UN PORTRAIT DE L'ABBÉ SIMON

HISTORIEN DU VENDOMOIS

NOTE par M. E. NOUEL

Les lecteurs de notre Bulletin n'ont certainement pas oublié l'intéressante notice, publiée par M. Ch. Bouchet, sur l'Abbé Simon historien du Vendomois, et qui forme trois articles dans les volumes de 1882 et de 1883.

Grâce à la découverte de son testament, et de l'inventaire de tous ses biens meubles et immeubles, M. Bouchet avait pu reconstituer la biographie du premier historien de Vendôme, et nous le peindre au point de vue moral et intellectuel. Mais il n'avait rien pu nous apprendre sur le physique de son héros; tout au plus, en trouvant dans sa vente (n° 438) une paire de béquilles, a-t-il pu hasarder l'hypothèse que le bon chanoine avait la goutte?

Cependant, comme nous l'apprend encore M. Bouchet (Bulletin 1882, p. 160), « il existait de l'abbé Simon deux portraits: l'un fut remis à l'aîné des héritiers comme représentant de la famille, et dut être emporté à Blois; l'autre avait été légué implicitement à Madeleine Foly, sa gouvernante, et lui fut certainement laissé. Qu'est-il devenu ? »>

Comme on le voit, M. Bouchet ne pensait qu'à la possibilité de retrouver le portrait qui a dû rester à Vendôme; or c'est précisément celui qui a été emporté à Blois qui vient d'être découvert, et que nous sommes heureux de mettre aujourd'hui sous vos yeux. C'est M. Ripé, libraire à Vendôme, qui a eu l'heu

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