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l'homme un composé de molécules, dont la combinaison organique engendre toutes les fonctions vitales; l'autre une force simple, qui pénètre, anime, dispose l'organisme, et y produit tous les phénomènes de la vie.

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La collection des corps et les forces qui en résultent, la combinaison des organes et les fonctions qui en dérivent, ou bien une force générale se répandant dans tous les corps, la vie excitant tous les voilà le fond des idées en métaphysique

organes,
et en physiologie.

Ainsi, d'une part, l'on explique la force par la matière, la vie par l'organisme; de l'autre, de l'autre, le mou

vement de la matière par la force, le jeu de l'orga

nisme par la vie.

Or, si nous supposons que ces deux systêmes remplissent également bien la première condition de leur existence scientifique, c'est-à-dire qu'ils admettent, sans les altérer ni les fausser, les faits reconnus par l'expérience, et si nous n'avons plus à les juger que sur les explications qu'ils proposent, nous remarquons dans l'un deux grandes difficultés dont l'autre nous paraît exempt. En effet, pouvonsnous croire, en premier lieu, que les forces soient les attributs essentiels de la matière, quand celle de toutes que nous connaissons le mieux, et d'après laquelle nous connaissons par analogie toutes les autres, quand notre force personnelle se montre à nous si visiblement distincte du corps, dans mille occasions où, se dirigeant librement, elle s'efforce

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de lui donner tel ou tel mouvement, et se trouve assez puissante ou trop faible pour réaliser cette volonté ? Puis-je être l'effet de ces appareils, contre lesquels je lutte quelquefois avec tant de force et d'adresse, que je finis par les dominer, ou qui m'opposent malgré tout une invincible résistance? Si j'en suis l'effet nécessaire, par quelle vertų singulière m'arrive-t-il de me constituer cause à leur égard, et de détourner contre eux une puissance qui est la leur ? N'est-il pas évident, en second lieu, que le matérialisme ne rend compte ni de l'unité d'action dans l'univers, puisqu'il fait de l'univers une totalité de corps qui se meuvent tous indépendamment d'un principe supérieur et central, ni de l'unité de la vie de l'animal, puisqu'il en fait un ensemble de fonctions résultant d'un ensemble d'organes que n'anime pas une force commune? Au contraire, le spiritualisme satisfait également bien la raison sous ce double rapport.

Aussi voit-on beaucoup d'esprits se détacher de l'hypothèse matérialiste, à laquelle les avait séduits le génie de Cabanis et de Bichat, et revenir à une doctrine plus exacte, qui la réforme et la complète.

Le livre de M. Virey hâtera certainement ce retour à des idées meilleures; c'est du moins l'espérance que nous avons conçue en l'examinant avec soin, et que fera peut-être partager à nos lecteurs l'analyse que nous allons en présenter.

L'auteur traite de la puissance vitale considérée dans la nature et dans l'homme.

Dans la nature, la puissance vitale est cette activité qu'un être éternel et immuable tire de son sein, produit dans le temps et l'espace, revêt d'une infinie variété de formes, et, sans jamais l'épuiser ni l'affaiblir, fait passer de phénomènes en phénomènes, et emploie incessamment à l'oeuvre de la génération, de la conservation et de la transformation. Au mouvement qu'elle met dans l'univers naissent des milliers de créatures qui, toutes, vivent leurs jours, et puis meurent, c'est-à-dire passent à une vie nouvelle, qu'elles gardent un temps, pour la dépouiller ensuite, et parcourir tout le cercle de vie que Dieu leur a tracé: ainsi toute la nature est vivante, toujours vivante; la mort n'y apparaît que comme un acte qui continue l'existence en la déplaçant; et la ravive en la jetant dans des formes nouvelles : seulement tout ne vit pas au même degré et de la même manière. Dans le minéral, la vie, se composant de forces-isolées qui rapprochent, sans les unir, les molécules qu'elles animent, est moins avancée que dans le végétal : ici, plus près de l'unité, sans être encore une, elle se concentre en quelques points, ébauche l'organisme, mais ne l'achève pas. Dans l'animal et dans l'homme, elle a sa plus grande perfection, parce qu'elle s'y trouve indivisible, simple, unicentrale, et qu'elle y jouit ainsi, au plus haut point, de l'unité.

La puissance vitale, répandue dans la nature, ne se borne pas à vivifier chaque être en particulier, mais elle établit entre eux les plus intimes et les

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plus constans rapports; elle les meut, pour ainsi 'dire, dans une sphère immense, où les unissent, de toutes parts, de manifestes harmonies ou de mystérieuses correspondances. Il n'en est pas un qui aille solitaire et abandonné, et qui ne trouve à tous les points de son existence d'innombrables liens qui l'attachent et le rétiennent à l'ordre général. Il n'en est aucuns qui un jour ou l'autre échappent au tout qui les renferme, pour se mettre en dehors et vivre à part; et quelle que soit la rapidité des révolutions qui les entraînent, ils restent toujours dans le systême auquel ils appartiennent; de là les innombrables influences qu'ils ne cessent d'exercer les uns sur les autres; de là cette combinaison "d'actions ordonnées dans une fin commune ; de là 'cette vie universelle dont la vie de chaque être 'n'est qu'une dépendance et un développement particulier c'est pourquoi l'homme n'est pas seulement un individu, mais un membre de ce vaste organisme dont l'univers est plein; c'est pourquoi le médecin ne doit pas seulement l'étudier en luimême, mais dans ses rapports avec les différens règnes de la nature, avec l'eau, l'air, les climats, les saisons, en un mot, avec tous les phénomènes au sein desquels il est placé c'est pourquoi, lorsqu'il veut lui conservér ou lui rendre la santé, il doit le traiter comme une partie de la nature, on pourrait dire comme une fonction de ce vaste corps, dans lequel, ainsi que dans le nôtre, tous les mouvemens sont sympathiques.

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Mais comment la puissance vitale agit-elle.successivement sur tous les germes que le principe des choses a déposés dans l'univers? sous quelle, forme parait-elle lorsqu'elle produit l'animation, cette espèce de création nouvelle qui vient continuer et finir une primitive création? n'est-ce pas. sous celle du feu? le feu n'est-il pas l'excitant nécessaire de tout corps animé? où voit-on la vie sans la chaleur? la vie n'est qu'une chaleur infuse, un calidum innatum, espèce de foyer ardent qui, rayonnant dans une sphère plus ou moins: étendue, met en fusion et organise les molécules qu'il absorbe, ou du moins les juxtapporte et les. joint par cohésion.

De là l'expression du poète :

Ignes est ollis vigor et celestis origo
Seminibus.

Quoi qu'il en soit, la vie n'a pas plus tôt pénétré dans une créature, qu'aussitôt elle devient expansive, attractive; qu'elle s'élance au-dehors, y saisit les élémens qui lui conviennent, les attire dans son sein, et les convertit en sa propre substance: c'est une force qui fait graviter vers elle, comme vers un centre, toutes les parties qu'elle peut s'assimiler : c'est une force centralisante. Dans tous les êtres organisés réside une force pareille; le minéral luimême a la sienne, faible et latente, il est vrai, mais néanmoins active et efficace,

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