Tout bon habitant du Marais Fait des vers qui ne coûtent guère. Nous devons toutefois avouer que la parodie attribuée à Boileau se trouve dans les manuscrits de Brossette, mais elle est d'une main étrangère, sans aucune correction de celle de Boileau. B.-S.-P. Tiré d'une note de Brossette, publiée par Cizeron-Rival (Récréat. littér., p. 152), et où il est question d'une discussion entre La Fontaine et Boileau sur le mérite d'un sonnet fait par son frère à la louange de Colbert. On y fait ainsi parler notre poëte : Certes, quand je vous vis, en vous rendant les armes, Mais, au lieu des faveurs où j'osois bien prétendre, D'abord dans les ardeurs d'une flamme ennemie Mais enfin mon dépit surmonta ma constance; Depuis, mon âme, Iris, que vous aviez charmée, Conservez donc toujours cette humeur inflexible Je sais que mille amans font gloire de vous suivre VII TRADUCTION D'UNE ÉPIGRAMME DE SANTEUL SUR LA TRANSLATION Quoique je ne me pique pas d'impromptu, dis-je alors échauffé par la dispute, je gaye que je m'en vais faire sur-le-champ et sur le même sujet un sonnet qui sera meilleur que celui-là, et, afin que vous ne croyiez pas que j'ai un sonnet tout fait, donnez-moi la première rime. On me donna le mot monde; et, m'étant mis à l'écart un moment, je fis un sonnet qui fut préféré à celui de mon frère, etc... B.-S.-P. 3 Tirées du manuscrit français, B. I., suppl., no 540, f* 51 et 52 (c'est un recueil de poésies fugitives de divers auteurs, que nous présumons avoir été fait vers 1670), où celle-ci a ce titre : Stances du sieur Despréaux. Quoique nous ne garantissions nullement l'authenticité de ces stances, si on les compare avec le fragment de la relation du voyage à Saint-Prix et si l'on prend garde à la remarque de Boi leau sur le style de la même relation (p. 143, Poés. div., n° xxvi) on pourrait présumer qu'elles en faisaient partie elles étaien assez dignes en effet d'ètre léguées à Benserade). B.-S.-P. Cette traduction est attribuée à Boileau dans l'édition de Co Cet arbitre des mœurs, par qui la vérité Cache du corps d'ARNAULD les restes précieux, REMARQUES SUR D'AUTRES PIÈCES ATTRIBUÉES A BOILEAU. Nous avons placé parmi les précédentes celles que leur style ou diverses circonstances autorisaient à conjecturer que Boileau pouvait en être l'auteur. Nous avons dû en conséquence exclure celles auxquelles il nous a paru évidemment devoir être étranger, et que nous allons indiquer. L'épigramme suivante contre Pellisson, rapportée par Saint-Marc (n° 54) sans citer d'autorité positive. On a peine à croire, dit avec raison M. Daunou (1825, II, 373), que Boileau ait réellement écrit des lignes si grossièrement injurieuses. La figure de Pellisson Est une figure effroyable; Mais, quoique ce vilain garçon Soit plus laid qu'un singe et qu'un diable, Sapho lui trouve des appas; Mais je ne m'en étonne pas : Car chacun aime son semblable. Celle-ci, contre un prédicateur, est citée par Bret, éditeur de Molière, qui, n'étant point contemporain (il était né! en 1717), ne peut faire autorité, et qui d'ailleurs renvoie à un ouvrage (Mémoires de Choisy) où l'on parle, il est vrai (II, 102), beaucoup du prédicateur, mais nullement de l'épigramme. On dit que l'abbé Roquette Prêche les sermons d'autrui : Moi, qui sais qu'il les achète, Je soutiens qu'ils sont à lui. A l'égard du Chapelain décoiffé et à plus forte raison de la Métamorphose de la perruque de Chapelain, lors même que nous n'aurions pas la déclaration formelle de Boileau (Correspondance, lettre à Brossette du 10 de décembre 1701), qui n'en avoue que les quatre vers déjà rapportés (p. 145), nous ne les aurions point insérés parce que d'autres circonstances démontrent combien il fut étranger à tout le reste." C'est dans la seconde édition du Ménagiana, faite en 1694 logne de 1716, p. 47, où l'on rapporte aussi l'épigramme de Santeul; la voici : Ad sanctas rediit sedes ejectus et exul (p. 44 et suiv.), qu'on a pour la première fois attribué à Boileau le Chapelain décoiffé, et c'est sur cette seule autorité que les imprimeurs hollandais l'ont glissé dans les œuvres de notre poëte. Sur quoi se fondent les éditeurs du Ménagiana? Ils font parler ainsi Ménage (mort en 1692) « Ce fut pour divertir M. le président de Lamoignon, plus que pour toute autre chose, que M. Boileau parodia quelques endroits du Cid sur Chapelain, Cassagne et La Serre. On en a bien ri partout; vous me la demandez, je l'ai gardée dans ma mémoire, elle a été imprimée; la voici (ici, p. 45 à 57, on donne la parodie réimprimée par Brossette et les éditeurs suivants). Mais les collecteurs des bons mots de Ménage lui font faire ici un petit anachronisme. Le Chapelain décoiffé avait été imprimé en 1665, dans un Recueii (même §, n° 4 et 5), et en 1666 (la Haye, petit in-12), à la suite de la Ménagerie de l'abbé Cotin (ibid., p. 38), où l'on déclare (p. 54) que cette parodie et une autre du même genre ont été faites en 1664. Or Boileau ne commença, dit-il (Avis du Lutrin p. 112), à connaitre Lamoignon que dans le temps où ses satires faisaient le plus de bruit, et par conséquent après 1666, époque de leur première édition, de sorte qu'il ne put composer pour ce magistrat un opuscule qui existait en 1664, et avait été imprimé au moins dès 1665 (il est étonnant que La Monnoie, dans sa révision du Ménagiana, y ait laissé cette erreur) 1. Il est presque inutile de citer encore parmi les opuscules dont il est évident que Boileau ne fut et ne put point être l'auteur, d'une part, cinq ou six mauvaises satires jointes aux éditions étrangères de ses œuvres; et, de l'autre, une épître au marquis de Termes, publiée, en 1727, par Desmolets (Mémoir., t. II) et reproduite, en 1769, dans le recueil intitulé: Élite de poésies fugitives (in-12, 111, 49), quoique Desmolets eût reconnu, dans sa préface, que cette épître n'était pas de Boileau. Berriat-Saint-Prix. Illius ossa memor sibi vindicet extera tellus. Cor nunquam avulsum nec amatis sedibus absens. 1 Néanmoins, comme tous les éditeurs ont donné ces deux pièces, nous les reproduisons ci-après. Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous CHAPELAIN. Ne parlons point du choix dont votre esprit s'irrite: Vous choisissant, peut-être on eût pu mieux choisir; J'ai mes prôneurs aussi, quoiqu'un peu moins fréquens Ma nièce même en vous peut rencontrer un gendre. LA SERRE. A de plus hauts partis Phlipote doit prétendre: Lui doit bien mettre au cœur une autre ambition. 1 Le Cid, acte 1, sc. Iv. Quand Chapelain étoit chez lui, il portoit toujours un justaucorps rouge, en guise de robe de chambre. Brossette. 3 Linière avait fait une épigramme contre la Pucelle de Chapelain. Montre-leur comme il faut endurcir une veine, CHAPELAIN. Pour s'instruire d'exemple, en dépit de Linière3, LA SERRE. L'exemple de La Serre a bien plus de pouvoir: Et loin de ces durs vers qu'à mon style on préfère, CHAPELAIN. Tu me parles en vain de ce que je connoi; Chapelain avoit traduit de l'espagnol le roman de Guzman d'Alfarache, imprimé à Paris en 1658. Brossette. Il n'est pas sûr que cette traduction soit de Chapelain, quoiqu'elle lui soit communément attribuée. Saint-Marc. LA SERRE. Va, va, tes cheveux d'ours Ne pourroient sur ta tête encor durer trois jours. SCÈNE II CHAPELAIN, seul1. O rage! ô désespoir! ô perruque ma mie! N'as-tu donc tant vécu que pour cette infamie? N'as-tu trompé l'espoir de tant de perruquiers Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers? Nouvelle pension fatale à ma calotte! Précipice élevé qui te jette en la crotte! Cruel ressouvenir de tes honneurs passés! Services de vingt ans en un jour effacés! Faut-il de ton vieux poil voir triompher La Serre, Et te mettre crottée, ou te laisser à terre? La Serre, sois d'un roi maintenant régalé: Ce haut rang n'admet pas un poëte pelé; Et ton jaloux orgueil, par cet affront insigne, Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne. Et toi, de mes travaux glorieux instrument, Mais d'un esprit de glace inutile ornement, Plume jadis vantée, et qui, dans cette offense, M'as servi de parade et non pas de défense, Va, quitte désormais le dernier des humains, Passe pour me venger en de meilleures mains. Si Cassaigne a du cœur, et s'il est mon ouvrage, Voici l'occasion de montrer son courage; Son esprit est le mien, et le mortel affront Qui tombe sur mon chef rejaillit sur son front. CHAPELAIN. D'un affront si cruel, Qu'à l'honneur de tous deux il porte un coup mortel; Va contre un insolent faire un bon gros ouvrage. Réduit au triste choix ou de trahir mon maître, Ou d'aller à Bicêtre, Des deux côtés mon mal est infini. O la peine cruelle! Faut-il laisser un La Serre impuni? Faut-il venger l'auteur de la Pucelle? Auteur, perruque, honneur, argent, Je vois gloire perdue, ou pension finie. Noir instrument, unique gagne-pain, Il vaut mieux courir chez Conrart: Il peut me conserver ma gloire et ma finance, Mettant ces deux rivaux en bonne intelligence. On sait comme en traités excelle ce vieillard. S'il n'en vient pas à bout, que Sapho la pucelle Vide notre querelle. Si pas un d'eux ne me veut secourir, Et si l'on me ballotte, Cherchons La Serre; et, sans tant discourir, Traitons du moins, et payons la calotte. Traiter sans tirer ma raison ! Rechercher un marché si funeste à ma gloire! Souffrir que Chapelain impute à ma mémoire D'avoir mal soutenu l'honneur de sa toison ! Respecter un vieux poil, dont mon âme égarée Voit la perte assurée ! N'écoutons plus ce dessein négligent, Qui passeroit pour crime. Allons, ma main, du moins sauvons l'argent, Puisque aussi bien il faut perdre l'estime. Oui, mon esprit s'étoit déçu. Autant que mon honneur, mon intérêt me presse : Et, tout honteux d'avoir tant de froideur, Puisque aujourd'hui La Serre est le tondeur, Mademoiselle de Scudéri. |