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ON

N fait combien M. l'Abbé Renaudot & M. de Valincour tous deux de l'Académie Françoise étoient intimément liés avec M. Def préaux. Quand les Remarques fur fes Oeuvres imprimées à Genève en 1716. parurent, ils s'enfermérent quelques matinées pour les lire. Le zéle dont ils étoient animés pour la gloire de leur illuftre Ami, leur fit craïonner impitoïablement tout ce qui parut la bleffer dans ce vaste Commentaire. Ils corrigerent tout ce qui n'étoit pas d'une exacte verité dans plufieurs Remarques; ils en abregèrent un grand nombre, & fuprimérent entiérement toutes celles qui n'étoient d'aucune utilité pour l'intelligence de l'Auteur.

Tom. I.

que

Une Dame de leur connoiffance emprunta d'eux l'Exemplaire fur lequel ils avoient fait leurs corrections; & ce même Exemplaire m'étant tombé dans les mains, des connoiffeurs à qui je l'ai communiqué m'ont affuré que je ne pouvois mieux faire de m'y conformer. Car, m'ont-ils dit, il n'en eft pas de la Poëfie comme des Ouvrages hiftoriques ou dogmatiques. A l'égard de ceux-ci, les notes d'un Commentateur peuvent être utiles fans jamais pouvoir nuire. Mais la Poëfie, qui veut être luë de fuite, ne fouffre de notes, que celles qui font abfolument néceffaires pour l'entendre. Les notes fuperfluës, quoi que favantes d'ailleurs & bien écrites , partagent trop l'attention du Lecteur, & ne font qu'éteindre mal à propos fon feu.

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Je me fuis donc déterminé fans peine, à fuivre ici l'Exemplaire des deux célébres Académiciens, en ce qui concerne les Remarques.

Pour les imitations, je les ai

T

confervées avec refpect, furtout cel les qui font tirées d'Horace & de Ju vénal. M. Defpréaux lui-même se faifoit honneur de s'être enrichi des dépouilles de ces deux anciens Poëtes, & bien loin de rougir de ces ingénieux larcins, il ofoit en propofer le défi à ceux de fes Adverfaires qui les lui reprochoient. Ces imitations en effet ne font point des imitations ferviles, dont on doive fe défendre. Les Ge nies médiocres traduifent les bons Auteurs plûtôt qu'ils ne les imitent: n'aïant pas affez de feu pour fondre la matiére, ils font réduits à la fouder groffiérement. M. Defpréaux au contraire favoit s'approprier les penfées qu'il empruntoit des autres: il les créoit en quelque forte, & ne manquoit jamais de les embellir en les emploïant. Ses imitations font donc des modéles que je me ferois fait un fcrupule de refufer aux jeunes Poëtes, & même aux autres Ecrivains en tout genre.

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Quant aux changemens, je les ai

fuprimés en entier pour me confor mer aux intentions de l'Auteur même. Je me fuis fait une loi de le rendre fel qu'il a defiré de paroître aux yeux du Public, & je n'ai point hésité de profcrire après la mort, ce qu'il a jugé digne de changement durant fa vie, dans la derniére édition qu'il a fait faire de fes Ouvrages. Ainfi j'ef pere, que le Savant & l'Homme du monde, feront également contens de la mienne. Elle eft, je l'ofe dire, la plus correcte qu'on ait donnée jus qu'à préfent des Oeuvres de ce célébre Poëte.

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