135 Et l'eut-on và porter la mandille à Paris, Toi donc, qui de mérite, & d'honneur revétu, Des écueils de la Cour as fauvé ta vertu, DANGIAU, qui dans le rang où notre Roi t'appelle, Le vois toujours orné d'une gloire nouvelle, Er plus brillant par foi que par l'éclat des lis, 140 Dédaigner tous ces Rois dans la pourpre amollis; Fuir d'un honteux loifir la douceur importune; A fes fages confeils affervir la Fortune; Et de tout fon honneur ne devant rien qu'à soi, Montrer à l'Univers ce que c'eft qu'être Roi: 145 Si tu veux te couvrir d'un éclat légitime, Va par mille beaux faits mériter fon estime: Sers un fi noble Maître ; & fais voir qu'aujourd'hui Ton Prince a des Sujets qui font dignes de lui. Vers 1 2. La man dille à Paris.] Mandille, eft étoit compofée de trois pié ces, dont l'une leur pendoit fur le dos, & les deux autres fur les épaules. Furetiere. Vers 14. D'Hozier lui tron vera, &c.] Pierre D'Hozier Généalogifte de la Maison du Roi, Juge général des Armes & Blazons de France. Cette Satire contient la defcription des embarras de Paris. Elle été compofee dans le même tems que la Satire premiere dont elle faifoit partie. C'est une imitation de la Satire III. de Juvénal. Q UI frappe l'air, bon Dieu! de ces lugubres cris Eft-ce donc pour veiller qu'on fe couche à Paris Et quel fâcheux Démon, durant les nuits entieres, Raffemble ici les chats de toutes les goutieres? J'ai beau fauter du lit plein de trouble & d'effroi ; Je penfe qu'avec eux tout l'Enfer eft chez moi. L'un miaule en grondant comme un tigre en furie. L'autre roule sa voix comme un enfant qui crie. Ce n'eft pas tout encore. Les fouris & les rats To Semblent, pour m'éveiller, s'entendre avec les chats; Plus importans pour moi, durant la nuit obfcure, Que jamais, en plein jour ne fut l'Abbé de Pure. Tout confpire à la fois à troubler mon repos : Et je me plains ici du moindre de mes maux. Is Car à peine les coqs, commençant leur ramage, Auront de cris aigus frappé le voisinage: Qu'un affreux Serrurier, laborieux Vulcain, Qu'éveillera bien-tôt l'ardente foif du gain, Avec un fer maudit, qu'à grand bruit il apprête, 20 De cent coups de marteau me va rompre la tête. Vers 2. Eft-ce donc pour veiller qu'on se couche à Paris.} Juvénal 3. Plurimus hic ager moritur vigilando. Vers 15. Car à peine les coqs, &c.] Martial, L. 9. Ep. 69. Nondum criftati rupêre filentia galli, &c. J'entens Fentens déja par tour les charrettes courir, Si le Ciel à ces maux avoit borné ma peine. Vers 40. Une croix de funefte préfage. ] C'eft une de ces croix, compofées de deux lattes attachées au bout d'une corde, que les Maçons & les Couvreurs font obligez de fuf pendre devant les maifons fur lefquelles ils travaillent; afin d'avertir les passans de n'en pas approcher. Vers 31. En quelque endroit que j'aille, &c.] Ce vers & leg trois fuivans font imitez de Juvénal, 3. 243. Unda prior, &c. Nobis properantibus obftat Vers 35. Là d'un enterrement,&c.] Horace, L. z. Ep. 2. v. 78x Tome I. C Et des Couvreurs, grimpez au toit d'une maison, En font pleuvoir l'ardoife & la tuile à foifon, Là fur une charrette une poutre branlânte Vient menaçant de loin la foule qu'elle augmente. 45 Six chevaux, attelez à ce fardeau pefant, One peine à l'émouvoir fur le pavé gliffant, D'un caroffe en tournant il accroche une rouë, Et du choc le renverse dans un grand tas de boue, Quand un autre à l'instant, s'efforçant de passer, yo Dans le même embarras fe vient embarraffer. Vingt caroffes bien-tôt arrivant à la file, Y font en moins de rien fuivis de plus de mille Et pour furcroit de maux, un fort malencontreux...... Conduit en cet endroit un grand troupeau de bœufs, 55 Chacun prétend paffer: l'un mugit, l'autre jure. Des mulets en fonnant augmentent le murmure. Auffi-tôt cent chevaux dans la foule appellez, De l'embarras qui croît ferment les défilez, Et par tout des passans enchaînant les brigades, 60 Au milieu de la paix font voir les barricades. On n'entend que des cris pouffez confufément. Dieu, pour s'y faire ouir, tonneroit vainement. Vers 60. Font voir les barricades. ] L'Auteur défigne ici celles qui fe firent à Paris, au mois d'Août 1648. pendanṛ la guerre de la Fronde, Vers 34. Là fur une charrette, &c.] Juvénal, Sat. 3. v. 25 4s Sarraco veniente, abies, &c. It Hoiace, parlant des mêmes embarras, L. 2. Ep. 2.. Torquet nunc lapidem, nunc ingeus machtna tignum, &ca Moi donc, qui dois fouvent en certain lieu me rendre Car fi-tôt que du foir les ombres pacifiques Vers 68. Guenaud fur fon che- | Medecin, dont il a été parlé val, &c.] Guenaud, fameux dans la Satire IV. vers 32. Vers 83. Car fi-tôt que du foir les ombres pacifiques, &c. ] Juvénal, Satire 111. vers 302. Non deerit, &c. Nam qui fpoliet te |