LII Vers pour mettre au bas du Portrait de Mr. Racine. D U Théatre François l'honneur & la merveille, U Vers pour mettre au bas de mon portrait. A joug de la Raifon affervissant la Rime; Et, même en imitant, toujours Original, J'ai fçu dans mes Ecrits, docte, enjoiié, fublime, Ο LIII Réponse aux Vers du Portrait. Ui, le Verrier, c'eft là mon fidelle Portrait A fçu très-finement tracer fur mon visage, 5 Mais dans les Vers pompeux, qu'au bas de cer Ouvrage Tu me fais prononcer avec tant de fierté ر D'un ami de la Verité Qui peut reconnoître l'image ? Sy C LIL V. Pour un autre Portrait du même. N E cherchez point comment s'appelle A l'air dont il regarde & montre la Pucelle, VL V Vers pour mettre au bas d'unc méchante gravûre qu'on a faite de moi. D U célébre Boileau tu vois ici l'image. Quoi, c'est là, diras-tu, ce Critique achevé? D'où vient ce noir chagrin qu'on lit fur son visage? C'eft de fe voir fi mal gravé. LV I Sur mon Bufte de Marbre, fait par Mr. Girardon, Premier Sculpteur du Roi. GRACEA RACE au Phidias de notre âge, Me voilà für de vivre autant que l'Univers ? AVERTISSEMENT AU LECTEUR. MA ADAME de Montefpan & Madame de Thianges fa Sœur, laffes des Opera de Monfieur Quinaut, propoférent au Roi d'en faire faire un par Monfieur Racine, qui s'engagea affez légerement à leur donner cette fatisfaction, ne fongeant pas dans ce moment là à une chofe, dont il étoit plufieurs fois convenu avec moi, qu'on ne peut jamais faire un bon Opera: parce que la Mufique ne fauroit narrer: que les paffions n'y pouvoient être peintes dans toute l'étenduë qu'elles demandent : que d'ailleurs elle ne fauroit fouvent mettre en chant les expreffions vraiment fublimes & courageuses. C'est ce que je lui reprefentai, quand il me déclara fon engagement ; & il m'avoïa que j'avois raison: mais il étoit trop avancé pour reculer. Il commença dès-lors en effet un Opera, dont le fujet étoit la Chûte de Phaeton. Il en fit même quelques Vers qu'il recita au Roi, qui en parur content. Mais comme Monfieur Racine n'entreprenoir eet Ouvrage qu'à regret, il me témoigna refolument qu'il ne l'acheveroit point que je n'y travaillaffe avec Lui, & me déclara avant tout, qu'il falloit que j'en compofaffe le Prologue. Peus beau lui représenter mon . peu de talent pour ces fortes d'Ouvrages, & que je Ambitieux Phaeton. Auffi tot tous les Poëtes & tous les Muficiens par fon ordre, fe retiroient, & Falloient habiller. Voilà le fujet de mon Prologue, 1 auquel je travaillai trois ou quatre jours avec un assez grand dégoût, tandis que Mr. Racine de fon côté, avec non moins de dégoût, continuoit à difpofer le plan de fon Opera, fur lequel je lui prodiguois mes confeils. Nous étions occupez à ce miserable travail, dont je ne fai fi nous nous ferions bien tirez, lorsque tout à coup un heureux incident nous tira d'affaire. L'incident fut que Monfieur Quinaut s'étant présenté au Roi les larmes aux yeux, & lui aïant remontré Paffront qu'il alloit recevoir s'il ne travailloit pl.s au divertiffement de Sa Majefté: le Roi touché de compaffion, déclara franchement aux Dames dont j'ai · parlé, qu'il ne pouvoit se résoudre à lui donner ce déplaifir. Sic nos fervavit Apollo. Nous retournames dont, Monfieur Racine & moi, à notre prem er emploi, & il ne fut plus mention de notre Opera, dont il ne refta que quelques Vers de Monfieur Ra cine qu'on n'a point trouvez dans fes papiers après fa mort, & que vraisemblablement il avoit fupprimez par délicateffe de confcience, à cause qu'il y étoit parlé d'amour. Pour moi, comme il n'étoit point question d'amourette dans la Scéne que j'avois compofée; non feulement je n'ai pas jugé à propos de la fupprimer; mais je la donne ici au Public; perfuadé qu'elle fera plaifir aux Lecteurs, qui ne seront peutêtre pas fachez de voir de quelle maniere je m'y étois pris, pour adoucir l'amertume & la force de ma Poëfie Satirique, & pour me jetter dans le ftile doucereux. C'eft de quoi ils pourront juger par le |