195 Si moins ami du peuple, en ses doctes peintures, Il n'eût point fait fouvent grimacer les figures; Quitté, pour le bouffon, l'agréable & le fin, Et fans honte à Terence allié Tabarin. Dans ce fac ridicule où Scapin s'envelope, 400 Je ne reconnois plus l'Auteur du mifanthrope. Le Comique, ennemi des foupirs & des pleurs, N'admet point en fes Vers de tragiques douleurs Mais fon emploi n'eft pas d'aller dans une place, De mots fales & bas charmer la populace. 405 Il faut que fes Acteurs badinent noblement: Que fon noeud bien formé le dénouë aisément ; Que l'Action, marchant où la Raifon la guide, Ne fe perde jamais dans une Scéne vuide; Que fon ftile humble & doux se reléve à propos; Defpréaux eftimoit & admi- terre. Vers 398. A Terence allié Tabarin.] Tabarin, voïez la note fur le vers 86, dupremier Chant, 415 Contemplez de quel air un Pere dans Terence Vient d'un fils amoureux gourmander l'imprudence, De quel air cet Amant écoute fes leçons, Et court chez fa Maîtreffe oublier ces chanfons. Ce n'est pas un portrait, une image semblable; 420 C'est un Amant, un Fils, un Pere veritable. J'aime fur le Théatre un agréable Auteur, Qu'il s'en aille, s'il veut fur deux treteaux monté, Vers 415. Un Pere Vers 424. Mais pour un faux dans Terence.] En plufieurs en-Plaisant, à groffiére équivoque. ] droits de fes Comédies: parti-Mont-Fleuri le jeune, Auteur culierement dans l'Héauton- de la Femme juge & partie, & timorumenos, Act. 1. Scéne 1. de quelques autres Comédies & Actes. Scéne 4. Voïez Si- femblables. mon dans l'Andrienne, & Demée dans les Adelphes. Vers 418. Et court che fa Maitreffe oublier ces chanfans. 1 C'eft ainfi que Clitiphon appelle les leçons que Chrémès fon pere vient de lui faire. ៨២ Vers 426. Sur deux tre teaux monté.] A la maniére des Charlatans, qui joüoient leurs farces à découvert, &c en plein air, au milieu du Pont-neuf. CHANT IV Dans le quatrieme Chant, l'Auteur revient aux Préceptes généraux. Il s'attache à former les Poëtes, & leur donne d'utiles inAructions fur le connoiffance & l'usage des divers talens, fur le choix qu'ils doivent faire d'un Censeur éclairé, fur leurs mœurs » fur leur conduite particuliere. Il explique enfuite, par forme de digreffion Hiftoire de la Poëfie fon origine for progrès, fa perfection & fa décadence., D ANS Florence jadis vivoit un Medecin Savant hableur, dit-on, & célébre alfaffin. Lui feul y fit long-tems la publique mifere. Là le Fils orphelin lui redemande un Pere, JIci le Frere pleure un Frere empoisonné. L'un meurt vuide de fang, l'autre plein de féné, Le rhume à fon aspect se change en pleurésie; Et par lui la migraine eft bien-tôt phrénefie. Il quitte enfin la Ville, en tous lieux détesté. 10 De tous les Amis morts un feul Ami refté, Le méne en fa maifon de fuperbe structure. C'étoit un riche Abbé, fou de l'Architecture, Le Medecin d'abord femble né dans cet Art. Déja de bâtimens parle comme Manfard. 15 D'un falon qu'on éleve, il condamne la face. Au veftibule obfcur il marque une autre place Approuve l'escalier tourné d'autre façon. 25 Son Ami le conçoit, & mande fon Maçon. Le Maçon vient, écoute, approuve & fe corrige. 10 Enfin, pour abbréger un fi plaisant prodige, Notre Affaffin renonce à fon Art inhumain, Er déformais la régle & l'équierre à la main, Laiffant de Galien la fcience fufpecte, De méchant Medecin devient bon Architecte. Son exemple eft pour nous un précepte excellent. Soïez plutôt Maçon, fi c'est votre talent, Ouvrier eftimé dans un Att néceffaire Qu'Ecrivain du commun, & Poëte vulgaire. Il est dans tout autre Art des degrez differens. 30 On peut avec honneur remplir les feconds rangs, Mais dans l'Art dangereux de rimer & d'écrire, Il n'eft point de degrez du médiocre, au pire., Qui dit froid Ecrivain, dit déteftable Auteur. Boyer eft à Pinchêne égal pour le Lecteur. 35 On ne lit gueres plus Rampale & Ménardiere, Que Magnon, Du Souhait, Corbin & La Morliere, Un Fou du moins fait rire, & peut nous égaïer: Mais un froid Ecrivain ne fait rien qu'ennuier. Vers 34. Boyer eft à Pinchêne égal pour le Lecteur. 1 Claude Boyer, de l'Académie Françoife, Auteur médiocre. Vers 35. On ne lit guéres plus Rampale & Ménardiere.] Rampale Poëte qui vivoit fous le régné de Louis X1-11. Jules de la Ménardiere, au tre Poere médiocre, étoit de l'Académie Françoise. Vers 36. Que Magnon, Du Sonhait, Corbin & la Morliere.} Miférables Poëtes, dont il n'y a rien ici à dire qui puifle incérefler des Lecteurs judicieux. J'aime mieux Bergerac & fa burlesque audace, 40 Que ces Vers où Motin se morfond & nous glace. Ne vous enyvrez point des éloges flateurs, Qu'un amas quelquefois de vains admirateurs Vous donne en ces Réduits, promts à crier, Merveille! Tel Ecrit récité fe foutint à l'oreille, 45 Qui dans l'impreffion au grand jour le montrant, Vers 39. J'aime mieux Ber- | gerac.] Cyrano Bergerac, Auteur du Voïage de la Lune, & de quelques Ouvrages, aufquels l'imagination paroît avoir eu plus de part que le *jugement. Vers 40. Que ces vers où Motin fe morfond & nous glace.] Pierre Motin, natif de Bourges, a laiffé quelques Poëfies qui font imprimées dans des Recueils, avec celles de Mal herbe, de Racan, & autres Poëtes de fon tems. Vers 43. Vous donne en ces Réduits.] Réduit: Lieu parti culier où s'aflemblent des perfonnes choifies, & où quelquefois les Auteurs, vont réciter leurs Ouvrages avant que de les publier. Vers 48. Et Gombaud tant loué.] Jean Ogier de Gombaud, de l'Académie Françoise. Vers 53. Ce Rimeur fu Vers 55, Aborde en récitant, &c.] Horace, Poët. v. 474. |