Voilà le digne fruit des foins de fon Docteur. Goûter en Paradis les plaifirs de l'Enfer. Dans fa charité fauffe, où l'amour propre abonde, 430 Croit que c'eft aimer Dieu que hair tout le monde? Il n'eft rien où d'abord fon foupçon attaché 1 Ne préfume du crime, & ne trouve un peché. Pour une fille honnête & pleine d'innocence, Croit-elle en fes valets voir quelque complaifance? 635 Réputez criminels les voilà tous chaffez, Et chez elle à l'inftant par d'autres remplacez. Son Mari, qu'une affaire appelle dans la Ville, Et qui chez lui, fortant, a tout laiffé tranquille, Se trouve affez furpris, rentrant dans la maison, 640 De voir que le Portier lui demande fon nom; Et que parmi les Gens changez en fon absence, Il cherche vainement quelqu'un de connoiffance. Fort bien: Letrait eft bon. Dans les Femmes, dis-tu Enfin vous n'approuvez ni vice, ni vertu. 645 Voilà le Sexe peint d'une noble maniére ! Et Théophrafte même aidé de la Bruyere, Ne m'en pourroit pas faire un plus riche tableau. C'est assez : Il est tems de quitter le pinceau. Vous avez déformais épuifé la Satire. 650 Epuifé, cher Alcippe! Ah! tu me ferois rire ! Sur ce vafte fujet fi j'allois tout tracer, Tu verrois fous ma main des tomes s'amaffer. Et non moins que l'honneur, le Ciel mis en oubli? Du tonnerre dans l'air bravant les vains carreaux, 660 Et nous parlant de Dieu du ton de Des-Barreaux ? Vers 646. Et Théophrafte même aidé de la Bruyere. ] Jean de la Bruyere, de l'Académie Françoife, a traduit du Grec les Caractéres de Théophrafte; & a donné dans le même volume, les Caractéres, ou les mœurs de ce siècle. Vers 67. Si j'allois t'y montrer plus d'une Capanée. ] C'est à dire, une Athée: car Capanée étoit un Capitaine Grec, fameux par fes Impiétez, qui étant allé au fiége de Thébes avec Polinice, fut foudroïé par Jupiter, parce qu'il méprifoit les Dieux. Vers 660. -Du ton de DesBarreaux. ]Jacques de Vallée, Seigneur Des-Barreaux, nâquit à Paris en 1602. & fut reçu Confeiller au Parlement en 1625. mais il fe défit bien-tôt de fa Charge, parce que fon penchant invincible pour les plaifirs le rendoit incapable des devoirs de la Magiftrature. Quelques années avant fa mort qui arriva en 1674. il s'étoit retiré à Châlons fur Saône, où il mourut d'une maniére plus édifiante qu'il n'avoit vécu. Mais fans aller chercher cette Femme infernale, T'ai-je encore peint, di-moi, la Fantasque inégale,; Qui m'aimant le matin, fouvent me hait le foir? T'ai-je peint la Maligne aux yeux faux, au cœur noir? 665 T'ai-je encore exprimé la Brufque impertinente ? T'ai-je tracé la Vieille à morgue dominante, Qui veut vingt ans encore après le Sacrement, Exiger d'an Mari les refpects d'un Amant? T'ai-je fait voir de joie une Belle an imée, 675 Et fouffre des affronts que ne fouffriroit pas, Qui prenant en dégoût les fruits nez de leur flanc, 680 S'irritent fans raifon contre leur propre fang; Toujours en des fureurs que les plaintes aigriffent, Battent dans leurs enfans l'Epoux qu'elles haïffent, Et font de leur maifon digne de Phalaris, Un féjour de douleurs, de larmes & de cris? 685 Enfin t'ai-je dépeint la Superstitieuse, La Pédante au ton fier, la Bourgeoise ennuïeuse; Celle qui de fon chat fait fon feul entretien, Celle qui toujours parle, & ne dit jamais rien? Vers 683. Il en eft des milliers: mais ma bouche enfin laffe, 690 Des trois quarts,pour le moins, veut bien te faire grace. J'entens. C'eft pouffer loin la moderation. Ah! finiffez, dis-tu, la déclamation. Penfez-vo -vous qu'ébloui de vos vaines paroles, J'ignore qu'en effet tous ces difcours frivoles 695 Ne font qu'un badinage, un fimple jeu d'esprit D'un Cenfeur, dans le fond, qui folâtre & qui rit, Plein du même projet qui vous vint dans la tête, Quand vous plaçâtes l'Homme au deffous de la Bête? Mais enfin vous & moi c'eft affez badiner. 700 Il est tems de conclure; & pour tout terminer, Je ne dirai qu'un mot. La Fille qui m'enchante, Noble, fage, modeste, humble, honnête, touchante ̧ N'a pas un des défauts que vous m'avez fait voir. Si par un fort pourtant qu'on ne peut concevoir, 705 La Belle tout à coup renduë insociable, D'Ange, fe font vos mots, fe transformoit en Diable: Vous me verriez bien-tôt, fans me défespérer, Lui dire: Hé bien, Madame, il faut nous féparer. Nous ne fommes pas faits, je le voi, l'un pour l'autre, 710 Mon bien fe monte à tant; Tenez, voilà le vôtre, Partez Délivrons-nous d'un mutuel fouci. : Alcippe, tu crois donc qu'on fe fépare ainfi ? Pour fortir de chez toi, fur certe offre offenfante, As-tu donc oublié qu'il faut qu'elle y consente Et crois-tu qu'aifément elle puiffe quitter Car, grace au Droit reçu chez les Parifiens, Dans fes prétentions une Femme est sans borne. aime. Pour elle un bout d'arpent qu'il faudra difputer, Trifte, à pié, fans Laquais, maigre, fec, ruiné, Vers 121. Dans fes préten-,, وو دو دو Plaid. 9. les Femmes ont des دو رو ور وو nauté, où pourtant elles n'apportent prefque rien que le bonheur de leur fexe, & la faveur de nos Coûtumes. Enfin à bien parler, elles ,, font les principales hériti res de leurs Maris. F |