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où sa lumière résoudrait immédiatement le fait mis ici en question. Ce sont les doctrines non spéciales, non directes dans leur mode d'action; ce sont toutes les doctrines de l'allopathie confondues ou comprises sous la dénomination générale de révulsives que nous allons interroger.

(La suite au prochain numéro.)

Dr GASTIER.

UN MOT SUR LA MAISON DE SANTÉ

FONDÉE EN ALGÉRIE PAR LE DOCTEUR FEUILLET.

Je viens de lire avec la plus vive satisfaction la circulaire du docteur Feuillet, au sujet de l'établissement d'une maison de santé près d'Alger, ou plutôt à Alger, puisqu'elle est située sur les gracieux coteaux qui enceignent la ville.

Je ne voudrais pas qu'une autre voix que la mienne s'élevât la première, au nom de l'humanité, pour attester l'exactitude des assertions du docteur Feuillet et pour appeler sur son œuvre de légitimes sympathies.

J'ai passé sept années en Afrique, de 1843 à 1850. J'étais animé du plus sincère désir de guérir par la méthode la plus sûre. J'ai observé, étudié, comparé, expérimenté. En quittant le champ de bataille de la clinique, j'eus le bonheur de voir se fixer à Alger le studieux auteur du projet qui nous occupe. Et voilà que ce médecin arrive, par l'observation et l'expérience, aux mêmes

cements, la peau mortifiée et ulcérée, et d'une couleur grisàtre à la partie supérieure, violacée au pourtour, la tumeur, comme je l'ai dit, augmentant peu à peu sans qu'il se fît de véritable inflammation, mais la mortification envahissant en profondeur et en largeur.

État général très-grave, affaiblissement du pouls; inappétence, dégoût; il y avait plusieurs jours que je n'avais pu obtenir qu'il prît la moindre nourriture; éructations; la langue assez bonne, un peu blanche et pas très-humide, tendance au refroidissement des jambes, divagation, perte de la conscience du temps surtout; aussi reportant à deux jours ce qui venait de sc passer cinq minutes avant; insomnie, mais assoupissement de temps à autre et réveil avec perte des idées.

J'administrai l'ergot de seigle teinture mère 1/10° de goutte toutes les heures.

Je m'opposai en ce moment à l'opération. Consulté par un de nos confrères de l'ancienne école, comine dernière ressource, ayant déclaré que sans elle, trois jours après, le malade serait perdu.

M. le docteur Davet, qui fut appelé en consultation, voulut bien appuyer mon avis à cause de la faiblesse du malade.

Du reste, l'ergot de seigle fit merveille, le pouls étant remonté et l'appétit revenu. Deux jours après, je fendis la tumeur, du moins l'escarre, pour faciliter l'élimination des parties mortes; opération sans danger, que je considère comme bien différente, pour les résultats du procédé ordinaire, qui consiste à fendre toute la tumeur et amène souvent des effets déplorables. Deux

jours après, le fond de la plaie laissait déjà voir des bourgeons charnus.

Néanmoins, à cause de la largeur de l'escarre, il se passa quinze jours avant que l'élimination des bords fût complète. L'ergot de seigle fut continué tout le temps que dura l'élimination, puis supprimé.

Il n'y eut plus aucun accident. L'appétit devint même vorace, comme si la nature voulait réparer ses pertes. La plaie était si large qu'encore aujourd'hui, sans qu'il y ait eu aucun accident, l'épiderme n'est pas encore formé.

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Je ne saurais, ainsi que le fait M. Léon Simon fils, considérer l'anthrax comme différent dans son essence du furoncle.

Le furoncle est constitué par un bourbillon ou une partie du tissu cellulaire des aréoles profondes du derme mortifié, et par une inflammation éliminatrice qui se développe au pourtour. L'anthrax a les mêmes caractères locaux, la partie mortifiée est seulement bien plus considérable. Et si l'anthrax s'accompagne de troubles fonctionnels, plus rares ou moins développés dans les cas de furoncles, il me semble que cela ne doit être attribué qu'à l'étendue de la maladie, et qu'il y a la même différence que l'on trouve entre la variole bénigne et la variole confluente, la fièvre typhoïde dans ses différentes variétés, la cholérine et le choléra; différences de formes et non d'essence.

Furoncles et anthrax, d'ailleurs, se présentent alternativement chez les mêmes personnes, et tel individu sujet à une éruption successive de furoncles verra se développer tantôt un furoncle, tantôt un anthrax, ce

dernier survenant le plus souvent à la suite d'un clou mal soigné; mais je ne vois pas, quand il débuterait d'emblée, qu'on en puisse tirer aucune conséquence au point de vue en litige.

Il est bien entendu que dans tout ceci je n'ai voulu, ainsi que M. Simon Léon fils, parler que de l'anthrax des auteurs, et nullement de la pustule maligne et des tumeurs charbonneuses ou anthrax malin, qui ne saurait en rien être confondu avec la malalie qui nous осспре.

M. ESCALLIER pense que l'on fait une confusion entre le furoncle, l'anthrax bénin, malin, la pustule maligne et le charbon.

M. CRETIN. Personne de nous n'a pensé que la discussion à l'ordre du jour eût pour objet la pustule maligne, le charbon. Pas plus que notre honorable confrère, M. Escalier, M. Léon Simon fils n'a fait une semblable confusion. Le fait rapporté par M. Escalier n'est pas plus un fait de charbon que ceux rapportés par M. Simon. Il y a, entre l'anthrax bénin, qui n'est pour moi qu'une forme particulière du furoncle, soit une collection de furoncles, soit le résultat d'une affection analogue avec une marche particulière; il y a, dis-je, entre l'anthrax bénin dont il est ici question et la pustule maligne, des différences énormes. La pustule maligne marche avec une rapidité effrayante; elle est la plupart du temps le résultat d'une affection, soit par une piqûre de mouche, soit par une piqûre d'instrument tranchant, ou d'une contagion d'un autre ordre. Rien de tout cela

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dans l'anthrax bénin, qui ne se distingue du furoncle que par l'intensité des symptômes généraux.

Sans doute ces symptômes généraux peuvent présenter des caractères graves; mais ce n'est jamais qu'après un certain temps, et lorsque l'anthrax occupe une certaine étendue, chez des personnes débilitées par l'âge ou affaiblies par des affections antérieures.

Il n'en est point ainsi de la pustule maligne. Elle se développe avec une rapidité inconcevable. Vous connaissez tous les faits déplorables qui ont été rapportés dans ces derniers temps, celui de l'ingénieur civil qui, à Mulhouse, meurt en une heure après avoir été touché par une mouche, et tant d'autres que je pourrais rappeler.

Quant à leur nature, l'anthrax bénin et le charbon ne peuvent pas plus être confondus que sous le rapport. de leurs symptômes et de leur marche.

Je n'admets pas qu'on doive faire une distinction des cas d'anthrax bénin, selon la forme et les caractères qu' 'ils révèlent, et créer pour cela autant d'espèces d'anthrax, pas plus que je n'admettrais qu'on fit autant de maladies particulières que la fièvre typhoïde peut revêtir de formes différentes.

La discussion est renvoyée à la prochaine séance.

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