Page images
PDF
EPUB

dernier survenant le plus souvent à la suite d'un clou mal soigné; mais je ne vois pas, quand il débuterait d'emblée, qu'on en puisse tirer aucune conséquence au point de vue en litige.

Il est bien entendu que dans tout ceci je n'ai voulu, ainsi que M. Simon Léon fils, parler que de l'anthrax des auteurs, et nullement de la pustule maligne et des tumeurs charbonneuses ou anthrax malin, qui ne saurait en rien être confondu avec la malalie qui nous оссире.

M. ESCALLIER pense que l'on fait une confusion entre le furoncle, l'anthrax bénin, malin, la pustule maligne et le charbon.

M. CRETIN. Personne de nous n'a pensé que la discussion à l'ordre du jour eût pour objet la pustule maligne, le charbon. Pas plus que notre honorable confrère, M. Escalier, M. Léon Simon fils n'a fait une semblable confusion. Le fait rapporté par M. Escalier n'est pas plus un fait de charbon que ceux rapportés par M. Simon. Il y a, entre l'anthrax bénin, qui n'est pour moi qu'une forme particulière du furoncle, soit une collection de furoncles, soit le résultat d'une affection analogue avec une marche particulière; il y a, dis-je, entre l'anthrax bénin dont il est ici question et la pustule maligne, des différences énormes. La pustule maligne marche avec une rapidité effrayante; elle est la plupart du temps le résultat d'une affection, soit par une piqûre de mouche, soit par une piqûre d'instrument tranchant, ou d'une contagion d'un autre ordre. Rien de tout cela

dans l'anthrax bénin, qui ne se distingue du furoncle que par l'intensité des symptômes généraux.

Sans doute ces symptômes généraux peuvent présenter des caractères graves; mais ce n'est jamais qu'après un certain temps, et lorsque l'anthrax occupe une certaine étendue, chez des personnes débilitées par l'âge ou affaiblies par des affections antérieures.

Il n'en est point ainsi de la pustule maligne. Elle se développe avec une rapidité inconcevable. Vous connaissez tous les faits déplorables qui ont été rapportés dans ces derniers temps, celui de l'ingénieur civil qui, à Mulhouse, meurt en une heure après avoir été touché par une mouche, et tant d'autres que je pourrais rappeler.

Quant à leur nature, l'anthrax bénin et le charbon ne peuvent pas plus être confondus que sous le de leurs symptômes et de leur marche.

rapport

Je n'admets pas qu'on doive faire une distinction des cas d'anthrax bénin, selon la forme et les caractères qu'ils révèlent, et créer pour cela autant d'espèces d'anthrax, pas plus que je n'admettrais qu'on fit autant de maladies particulières que la fièvre typhoïde peut revêtir de formes différentes.

La discussion est renvoyée à la prochaine séance.

VARIÉTÉS.

HYOSCIAMINE.

Le professeur Schroff publie un exposé des expériences qu'il a tentées sur le principe essentiel de la jusquiame. Il le considère comme un moyen efficace d'apaiser la toux et d'assurer le repos des nuits. Comme hypnotique, il est inférieur à la morphine, surtout lorsque l'insomnie est occasionnée par une vive douleur; mais, contrairement à ce médicament, il provoque plutôt qu'il ne retarde l'action de l'intestin. Il le prescrit mêlé de sucre en poudre, à doses qui varient depuis un soixantième jusqu'à un vingtième de grain. Il ajoute qu'un dixième de grain est déjà une dose trop élevée. Il a surtout la singulière propriété de dilater plus fortement la pupille qu'une autre substance dont on pourrait le rapprocher. Il n'est aucune de ces substances qui agisse sur l'iris avec une intensité, une rapidité égales. Il se distingue de l'atropine et de la daturine par la facilité avec laquelle il se dissout dans l'eau, ce qui rend son application sur l'œil bien moins irritante que celle de l'atropine et de la daturine, solubles seulement dans l'alcool. Si l'hyosciamine doit être employée pendant un temps assez long, il est utile d'y ajouter un peu d'alcool pour l'empêcher de perdre de son énergie. La formule de la solution indiquée par Schroff est la suivante hyosciamine, une partie; alcool, dix parties; cau, cent parties. (Wien. Wochenblalt.)

UN MOT SUR LES SÉDATIFS.

Par le docteur GASTIER.

Si l'on m'ôtait l'usage de l'opium, disait Boerhaave, je renoncerais à la pratique de la médecine. Voilà des paroles d'une grande signification, sorties de la bouche d'un tel homme. Van Swieten, commentateur des œuvres de Boerhaave a passé par-dessus, sans en rien dire: c'est qu'il n'y a pas vu un sens médical sans doute. Elles en ont un bien grand pourtant; et, à notre avis, il en a commenté de cet auteur qui ne valaient pas celles-là. Cet aveu de Boerhaave est plein des déceptions que ce grand pathologiste, l'un des plus éminents dictateurs de la science médicale, dont le professeur Chaussier (1) ne prononçait jamais le nom sans s'incliner respectueusement, avait éprouvé dans la pratique de l'art médical tel qu'il l'avait pourtant lui-même institué. Si l'on rappoche de ces expressions le jugement qu'en maint endroit de ses Instituts de médecine il porte sur l'inanité des principes de la science, sur les dangers

(1) Ce professeur, pour faire la critique d'une mesure récemment adopte par l'école de Droit, de faire chaque jour l'appel des noms des élèves au commencement des leçons où l'on pensait ainsi les obliger d'assister, après avoir un jour du haut de sa chaire promené en silence un regard scrutateur et sévère snr les élèves qui se pressaient dans l'amphithéâtre de ses leçons, leur adressa, d'un ton grave et solennel, les paroles suivantes : « Messieurs, l'appel au commencement de chaque leçon est une excellente mesure. Pour notre compte, nous nous empressons de l'adopter. A notre appel, pas un de vous ne fera défaut, je pense, car il se composera des noms les plus illustres dans la science objet de vos études. Aujourd'hui, nous commencerons par le plus illustre ent: e tous, celui du grand Boerhaave!... D

DEUXIÈME SÉRIE. I.

34

mème de sa pratique, le testament qu'on lui prête, et dans lequel, au terme d'une carrière des plus longues et des plus occupées, il enveloppe dans une proscription générale tous les travaux de ses devanciers et ses propres travaux comme plus nuisibles qu'utiles à l'humanité, réduisant toute la valeur réelle de l'art médical à quelques pratiques générales d'hygiène. On com

prendra que ses prédilections pour l'opium ne sont qu'un aveu implicite de l'impuissance de la science médicale, qu'une négation même de cette science en tant qu'art de guérir, qu'une résignation de sa charge de médecin, en un mot, entre les mains de la nature incomprise dans ses tendances et ses opérations médicatrices, et dont sa conscience lui disait qu'il ne pouvait, avec les stériles ressources de la polipharmacie de son temps, être qu'un ministre infidèle. Cette conduite de Boerhaave ayant été celle des praticiens les plus illustres qui l'ont précédé ou suivi dans la même carrière, qu'on juge des autres par ceux-là.

Si nous ne savions combien peu d'hommes, parmi les plus graves même et les plus sérieux, se montrent logiques dans la concordance entre elles de toutes les actions de leur vie; combien peu, parmi les plus honnêtes et les plus justement estimés, vénérés à ce titre, ont la conscience pleine et entière de tous leurs actes; et combien, en conséquence, il serait par trop rigoureux, dans le jugement qu'on pourrait en porter, d'imputer à crime ce qui paraît tel dans leur conduite, et serait tel en effet si l'entraînement de l'habitude, si la faiblesse innée, l'infirmité radicale de notre pauvre nature, ne venaient le plus souvent absoudre du fait d'intention

« PreviousContinue »