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que M. Cramoisy veut faire jouer à ces champignons.

Je n'ai point avancé non plus que toutes les leignes dépendissent d'une diathèse scrofuleuse; j'ai constaté simplement que, sur dix-sept observations de teignes recueillies par M. Cramoisy sur des sujets dont il nous a fait connaître les antécédents morbides, quatorze de ces sujets, au moins, étaient évidemment scrofuleux.

Après avoir dit que la diathèse (le terrain) joue un rôle bien secondaire et même insignifiant dans la production du trichophyton, du microsporon, de l'achorion, etc., M. Cramoisy assimile ces produits aux plantes qui végètent mieux dans un terrain que dans un autre, et il ajoute Vous voyez bien que la nature du sol entre pour une LARGE PART dans la végétation de la plante.— C'est là justement ce que j'ai voulu dire. - N'admettant pas qu'un favus bien caractérisé puisse accomplir ses périodes locales sans que l'état général y participe, et repoussant par conséquent la doctrine qui veut faire de cette affection une maladie essentiellement locale, n'exigeant pas autre chose que des moyens exclusivement locaux, je me suis attaché à démontrer que la nature du sol, ainsi que le reconnaît M. Cramoisy, entre pour une large part dans la végétation de la plante.

Ce qui m'avait frappé, en outre, et ce que j'ai dû faire ressortir, c'est la contradiction qui existait, dans certaines assertions de MM. Bazin et Cramoisy, comparées avec certaines autres des mêmes auteurs.

Je viens d'en reproduire un nouvel échantillon; en voici un autre. Toute l'argumentation de M. Cramoisy tend à prouver que les champignons sont des causes et non des produits; or, dans un article qu'il imprimait

le 28 juillet dernier, dans la Gazette des Hôpitaux, article dont le principal sujet était un champignon déterminant certaines affections de l'utérus, il concluait, avec Wilkinson : Que certaines maladies parasi

taires NE SONT PAS DUES AU VÉGÉTAL PARASITE, MAIS SONT CARACTÉRISÉES PAR LES CONDITIONS MORBIDES SPÉCIALES QUI EN PERMETTENT LE DÉVELOPPEMENT, el offrent à la plante des conditions d'existence; seulement la présence de celle-ci vient aggraver le MAL PRIMITIF et le masque; elle finit par PARAÎTRE LA CAUSE PREMIÈRE DE LA MALADIE DONT ELLE N'EST AU FOND QU'UNE COMPLICATION. »

J'avais déjà relevé, dans mon rapport, une observation de M. Bazin, dans laquelle cet honorable praticien dit que le champignon était survenu consécutivement.

Autre assertion empruntée à la réponse de M. Cramoisy, et qui, comparée avec une des opinions de M. Bazin, nous oblige, en faveur du maître, à une réserve que son respectueux élève ne saurait blâmer. ... On ne guérit jamais les teignes, dit M. Cramoisy, en les lotionnant seulement avec de l'eau de sublimé... Il faut recourir à l'épilation; or, dans les Recherches sur la nature et le traitement des teignes, nous trouvons cette phrase de M. Bazin: Il est certain qu'on peut guérir la teigne sans épilation par les moyens de M. Cazenave... Auquel croire?

Afin d'étayer sa principale opinion, M. Cramoisy emprunte à l'Art médical un passage dans lequel l'honorable M. Tessier dit : Que le remède du favus est l'épilation, comme le remède des vers est leur expulsion. comme le peigne est le spécifique des poux.

En fait d'autorité, M. Cramoisy n'en pouvait choisir

DEUXIÈME SERIE. I.

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une qui fût plus respectable à mes yeux. Cependant qu'il me soit permis d'avouer que l'assertion de l'honorable M. Tessier me semble avoir quelque chose de discutable.

Je ne sais si je ne me trompe, mais, en ce cas, mon erreur est bien profonde, car ma raison se refuse absolument à confondre sous un même point de vue, comme le fait M. Cramoisy, la teigne, la gale, les pediculi pubis et capitis, le muguet, certaines formes de melanoses, les aphthes de la bouche, les ulcérations de l'utérus, etc., etc., et j'aurai, par conséquent, beaucoup de peine à admettre que l'unique indication à poser dans tous ces états plus ou moins morbides soit l'ablation pure et simple de l'insecte ou du champignon. Je ne sais même pas quelle similitude il peut y avoir entre les pediculi pubis, par exemple, qui s'accommodent si bien de tous les terrains, et que l'on peut conserver des années entières sans autre inconvénient que la démangeaison qu'ils déterminent, et ces affections teigneuses dans lesquelles on doit faire au terrain une si large part, d'après l'un des dires de M. Cramoisy, affections dont le propre est de réveiller si facilement, ainsi que le reconnaît M. Bazin, les prédispositions dartreuses, et qui, selon Alibert, ont, dans certains cas, sur l'état général une si déplorable influence.

Dans mon aveuglement, je vais même jusqu'à faire, au point de vue de l'indication, une différence trèsgrande au sujet du même parasite; c'est ainsi que je ne me comporterais pas vis-à-vis d'un acarus que je pourrais saisir cheminant sur la peau, de semblable façon qu'avec un autre qui se serait déjà logé sous l'é

piderme, et encore moins que pour celui qui verserait, depuis longtemps, dans l'économie ses produits de sécrétion. Dans le premier cas, je me bornerais à écraser l'animal; dans le second, je chercherais à l'atteindre par les plus prompts moyens insecticides; mais, s'il me paraissait y avoir cette infection qui se traduit extérieurement par des papules de pustules, des croûtes, etc., je croirais naïvement qu'il s'est produit ce que nous sommes convenus d'appeler une diathèse, et je me figurerais que la mort de l'animal ne suffirait plus à la guérison.

N'en serait-il pas un peu de même de ces favus qui se communiquent par le contact?

En somme, est-on fondé à dire des favus, comme on le dirait des pediculi pubis, que ce sont toujours des incommodités ou des affections essentiellement locales, qui ne réagissent aucunement sur la santé générale, et que l'on doit combattre par des exclusivement locaux?

Voilà la théorie que j'ai voulu combattre, parce que je crois que dans beaucoup de cas elle serait éminemment funeste, et, si je n'ai pas réussi à relever, dans les affections dont nous parlons, cette idée de diathèse que l'on veut y anéantir, c'est qu'apparemment je n'ai pas su défendre une cause que je persiste à tenir, néanmoins, comme aussi conforme au bon sens qu'à la logique.

M. Cramoisy dit dans sa réponse que, guérissant la teigne avec tant de facilité, il ne craint pas de se l'inoculer et de lui laisser suivre toutes ses périodes; et, dans le but de me convaincre, il propose d'en faire l'expérience sous les yeux des membres de la Société gallicane.

Cette proposition est trop honorable pour son auteur, et sa réalisation peut être trop profitable à la science, pour que nous ne nous empressions pas de l'accepter. Je promets donc à mon honorable confrère et ami d'être un des plus assidus à suivre les résultats de son expérience, et, quoiqu'il considère cela comme un jeu d'enfant, je lui offre d'avance mes félicitations les plus sincères pour ce léger dévouement à la cause.

D' AUDOUIT.

REVUE DE LA PRESSE MÉDICALE.

Par le docteur ES CALLIER.

FAITS PATHOGÉNÉTIQUES ET TOXIQUES.

Du rhumatisme cérébral et du sulfate de quinine. Les lecteurs de ce journal n'ont peut-être pas oublié que, dans la première partie d'un travail publié par fragments en 1855 (1), critiquant les médications si diverses et souvent violentes mises en usage contre le rhumatisme articulaire aigu dans ces dernières années, j'ai signalé la remarquable coincidence d'accidents méningitiques graves et souvent suivis de mort dans cette maladie, depuis assez peu de temps; je cherchais alors à démontrer par le raisonnement et par des faits pathogénétiques et cliniques que l'une des causes les plus actives de ces complications, autrefois presque incon

(1) V. Traitement comparé du rhumatisme articulaire aigu, p. 32, chez J.-B. Baillière.

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