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les noms les plus illustres de l'aristocratie, par les Rois et les Reines, par les Princes et les Empereurs, en Angleterre, en Autriche, en Prusse, en Russie, en Italie, en Espagne, etc., comme en France, plus qu'en France même. Nous disons sa marche assurée et continue par toute la terre, du nord au sud, de l'est à l'ouest, et principalement dans cette jeune Amérique, où elle trônera bientôt en souveraine absolue, et où elle compte déjà des écoles, autorisées, à l'égal des facultés officielles, à délivrer des diplômes de docteurs.

Nous désapprouvons en principe les ouvrages qui ont pour but de mettre la médecine, nous voulons dire la médecine pratique, à la portée de tous. Cependant notre Almanach s'adresse autant au public qu'aux médecins. C'est même en vue des gens du monde qu'est rédigée notre première partie, presque entièrement didactique. Nous croyons qu'ils peuvent la lire, non-seulement sans danger, mais encore avec un profit réel pour la doctrine, puisqu'ils y puiseront des motifs pour l'apprécier et des arguments pour la défendre. Il n'est certes pas nécessaire d'avoir fait de longues études spéciales pour reconnaître la valeur d'une doctrine médicale, quand cette doctrine s'appuie, comme la nôtre, sur des faits et sur des principes clairs et intelligibles pour tous. Chacun, par exemple, ne peut-il pas comprendre, avec le seul secours du bon sens, que l'étude des propriétés des substances simples sur l'homme bien portant est un guide plus sûr, une méthode plus rationnelle, que l'expérimentation des médicaments composés sur l'homme malade? Nest-il pas facile pour tous de reconnaître que cette admirable unité de principes et de pratique des

homœopathes par toute la terre porte plus le cachet de la vérité que cette diversité de systèmes et de médications contradictoires, qui sont en lutte souvent même dans l'étroite enceinte d'un hôpital allopathique? Est-il nécessaire d'être médecin pour juger, d'après les citations que nous extrayons des ouvrages de nos adversaires, que les maîtres et les docteurs de l'allopathie ne croient pas à ce qu'ils enseignent, et qu'ils appellent à grands cris une rénovation de la médecine? Evidem

ment non.

La seconde partie de notre Almanach contient les documents et les renseignements de toute nature, qui sont les preuves matérielles, palpables, de tout ce que nous avançons dans la première; c'est le tableau synoptique de l'état actuel de l'homoeopathie dans le monde entier ; c'est le dénombrement de ses facultés, de ses hôpitaux, de ses dispensaires, de ses livres, de ses journaux, de ses congrès, etc.; c'est enfin une liste complète de tous les médecins et pharmaciens homœopathes répandus dans les deux hémisphères. Cette seconde partie scrà fort utile aux médecins.

En jetant les yeux sur tous ces documents, en parcourant les catalogues des nombreux ouvrages écrits dans toutes les langues sur l'homœopathie, le médecin de bonne foi n'hésitera-t-il pas à traiter légèrement une doctrine qui a provoqué tant de graves méditations et tant de travaux sérieux? En compulsant ces longues listes de médecins qui, sans se connaître, sur tous les points du globe, et parmi des obstacles de toute nature, propagent et défendent la réforme hahnemannienne avec une si remarquable unanimité; en compulsant ces

longues listes, disons-nous, un allopathe de bonne foi n'hésitera-t-il pas à prononcer les mots de charlatanisme et de spéculation, ou ceux plus polis d'illuminisme et de folie? Lorsqu'il constatera d'ailleurs que le jour de la réparation commence à poindre pour notre doctrine; quand-il verra que cette même Allemagne, qui abreuva de sarcasmes et d'outrages le fondateur de l'homœopathie, compte maintenant des professeurs de la médecine des semblables dans ses Universités; que cette même ville de Koethen, où Hahnemann eut à subir tant de persécutions, lui érige maintenant des statues, nous sommes bien sûrs que cet allopathe impartial voudra connaître par lui-même et l'homme et la doctrine qui ont pu soulever autour d'eux tant de passions contraires.

Voilà ce qu'est l'Annuaire ou l'Almanach que nous publions aujourd'hui. Il est aussi complet que peut l'être un livre de ce genre, paraissant pour la première fois, c'est-à-dire un livre qui, pour atteindre à la perfection relative dont il est susceptible, a besoin de la collaboration de tous les partisans de l'homœopathie.

Tel qu'il est, cependant, il constitue une œuvre utile, parce qu'il répond à un besoin réel et comble une lacune importante dans la littérature homeopathique. Puisse-t-il contribuer à répandre de plus en plus une doctrine que nous servons avec dévouement depuis plus de vingt années ! Puisse-t-il éclairer ceux qui ignorent, entraîner ceux qui hésitent, confirmer ceux qui croient! Puisse-t-il enfin confondre, ou plutôt convertir, ceux qui haïssent et qui calomnient!

CATELLAN frères,
Pharmaciens homœopathes à Paris.

DE LA RÉVULSION

OU MÉDICATION DITE RÉVULSIVE

Par le docteur GASTIER.

SUITE

On connaît en agriculture cette pratique qui, par la torture imposée à la tige de certains fruits, a pour effet d'accroître le volume de ceux-ci, d'en hâter la mâturité, d'en développer la saveur, le parfum, la délicatesse, et, en général, toutes les bonnes qualités. On connaît bien surtout cet autre procédé, la greffe, par lequel on incruste la branche d'un arbre dans un autre arbre d'espèce analogue, et par là on change, on perfectionne l'espèce de ses fruits. Tous ces procédés sont dans la nature. Ils ont révélé par l'observation sur l'homme, comme sur les végétaux, de singuliers et bien souvent de fort précieux effets de certaines mutilations accidentellement survenues aux sujets de ces observations. J'en ai signalé plusieurs dans un mémoire, où je montrai, soit sur l'espèce humaine, soit sur l'espèce végétale, les qualités les plus relevées, le plus haut degré de distinction, sous les rapports les plus recherchés, coïncider si bien chez les sujets de ces observations avec la mutilation de quelques parties importantes de leur économie, qu'il me semblait impossible de ne point voir dans cette coïncidence le rapport d'un effet avec sa cause, toute humiliante que pût sembler à notre vanité une distinction ayant

telle origine ou telle coïncidence. — Eh bien, ces deux procédés ont leurs analogues en thérapeutique. Le dernier, celui de l'ente, nous représente le spécialisme homœopathique, avec les conditions obligées de son exacte appropriation, c'est-à-dire, cette méthode qui, au moyen d'agents seuls capables de produire sur le sujet sain l'effet que nous offre la maladie présente, guérit celle-ci conformément à la loi homœopathique (la seule que la thérapeutique reconnaisse dans tous les cas), en imprimant au sujet malade, sur lequel on l'applique, les fruits de sa spécialité (qu'on nous passe cette locution), et cela, en vertu du pouvoir essentiellement transformateur de l'assimilation, auquel l'ente doit la conversion en sucs doux et parfumés de la séve acerbe qu'elle puise dans le sauvageon: Quæ penetrata quæunt sensum progignere acerbum. A la spécialité de l'objet qu'on se propose dans le procédé de l'ente, répond la spécialité de l'ente elle-même; et ce rapport obligé, prévu, nécessaire, nous offre l'image de ce qui s'opère en thérapeutique par le procédé spécial aussi de l'homœopathie ou des effets tout spéciaux, obligés, prévus, répondent également à une excitation tout spéciale. L'autre procédé, celui de la révulsion, nous représente, dans le sens et sous le point de vue où je l'entends, tout ce qu'on a illusoirement rattaché dans les écoles à la médication révulsive; médication sous la dénomination de laquelle on a rangé et confondu, selon le système dans lequel on raisonnait, cette multitude de procédés thérapeutiques divers embrassant en quelque sorte la thérapeutique tout entière.

Cette médication révulsive, au fond de laquelle il est

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