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bon nombre de vos guérisons. Quant à celles des sujets dont l'état constitutionnel n'était pas de nature à être modifié thérapeutiquement par le sel hydrargyrique, nous nous permettrons de les attribuer pour une bonne part, soit aux moyens internes que vous reconnaissez avoir mis en œuvre, soit aux excellentes conditions hygiéniques dont les malades ont joui dans votre hôpital; conditions qui suffirent seules à la guérison de ce jeune berger, dont parle Alibert, et dont la presque totalité du corps était couverte de favus.

Quant à l'épilation, on sent que nos idées nous portent tout naturellement à douter qu'elle soit indispensable à la guérison de la teigne; mais, sur ce sujet, nous laisserons M. Bazin se débattre avec M. Cazenave.

Ce que nous tenions à démontrer, c'est que la teigne n'est point une affection locale; que, par conséquent, le champignon n'est qu'un produit morbide, et que le traitement préconisé par M. Bazin n'a de local absolument que le nom.

Après la critique, le conseil. Mais ici nous ne nous adressons plus à M. Bazin, vis-à-vis duquel nous n'oserions pas prendre une semblable liberté, et qui, d'ailleurs, eu égard à ce que je vais dire, est un pécheur endurci, destiné probablement à mourir dans l'impénitence finale.

C'est donc à M. Cramoisy seul que nous donnons, en ami sincère, l'avis d'essayer contre les maladies dont il paraît vouloir faire sa spécialité quelques-uns' des médicaments que nous fournit la matière médicale homœopathique. Nous pourrions lui citer ici plusieurs cas de favus, de teigne tonsurante, et surtout un cas remar

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quable de teigne des ongles, que nous avons récemment guéris par nos moyens ordinaires. Nous pourrions encore lui parler d'un jeune enfant atteint de teigne tonsurante, et qui, traité pendant six mois d'après le système de M. Bazin sans que son mal eût disparu, se trouve, depuis huit jours seulement qu'il est entre nos mains, dans un état qui me permet de pronostiquer sa guérison prochaine.

Mais, en fait de médication, et principalement de médication homœopathique, je crois que ce qu'il y a de mieux, c'est l'expérience personnelle. Que M. Cramoisy veuille donc appliquer le zèle et la patience que nous lui connaissons à des observations dirigées conformément à la nouvelle doctrine qu'il vient d'embrasser, et je suis convaincu que, d'ici à peu de temps, il modifiera profondément quelques-unes de ses opinions.

Quoi qu'il en soit, messieurs, nous devons tenir compte à notre collègue des efforts qu'il a tentés pour propager une découverte et des travaux qui jetteront, malgré tout, une lumière très-vive dans l'histoire des maladies de la peau. Nous devons également lui savoir gré d'avoir soulevé parmi nous une de ces questions radicales que, pour mon compte, j'aborde toujours avec plaisir, persuadé que notre doctrine ne peut que gagner à la discussion qu'elles amènent. J'ai donc l'honneur de vous proposer de remercier M. Cramoisy de l'hommage qu'il nous a fait, et d'ordonner le dépôt de son travail dans nos archives.

D' AUDOUIT,

Ex-médecin de la marine militaire.

REVUE DE LA PRESSE MÉDICALE.

Par le docteur ES CALLIER.

SUITE

Du traitement de l'acné par les préparations d'iodure de mercure, par M. Hardy, médecin de l'hôpital Saint

Louis.

Tel est le titre d'un travail publié par le Moniteur des hôpitaux (28 avril), et contenant six observations d'acné intense et ancien dans lesquelles l'action du traitement a été évidente et prompte. L'auteur se réşume dans les termes suivants :

Comme on le voit dans les observations précédentes, nous avons employé, pour combattre les diverses formes d'acné, deux modes de traitement, semblables pour le but, mais différents dans l'intensité de l'agent modificateur. Le premier consiste dans des onctions journalières avec une pommade mercurielle contenant pour trente grammes d'axonge, de soixantequinze centigrammes à un gramme de proto-iodure de mercure, ou bien de dix centigrammes à vingt-cinq centigrammes de biiodure de mercure. Ces onctions sont suivies d'un peu de chaleur à la peau, d'une légère cuisson; la coloration rouge est augmentée pendant quelques jours, l'épiderme devient sec, cassant et s'exfolie, puis l'amélioration survient progressivement, et la

guérison peut être obtenue complétement après un, deux ou trois mois de traitement, même dans des cas graves, ainsi qu'on peut s'en convaincre en lisant avec attention la quatrième observation..

<< Dans le second mode de traitement, la modification est bien plus puissante. La pommade, contenant partie égale d'axonge et de biiodure, est appliquée, liquéfiée par la chaleur, sous forme de pâte liquide sur les parties les plus malades : cette application est suivie de douleurs vives, de rougeur, de gonflement et d'une sorte de vésication promptement recouverte par des croûtes molles, jaunes, inégales, absolument semblables aux croûtes impétigineuses. Après plusieurs applications (de quatre à sept ou huit), renouvelées à une dizaine de jours de distance, une modification suffisante est habituellement obtenue, et la guérison est complète. Mais on ne peut pas se dissimuler que ce moyen de traitement a un grand inconvénient, c'est la douleur très-vive qui suit les applications de pommade; cette douleur, qui dure de quatre à six heures, devrait enpêcher un assez grand nombre de malades de se soumettre à un traitement régulier, et, après plusieurs essais, nous pensons qu'on doit lui préférer habituellement les onctions faites avec la pommade de biiodure à faible dose; nous pensons qu'on ne devra employer la pommade concentrée que dans les cas les plus graalors que les pustules d'acné indurée dominent, et surtout lorsqu'il existe une hypertrophie notable de la peau et du tissu cellulaire sous-cutané (acné hypertrophique), ou bien comme dernier moyen, lorsque la maadie a résisté aux faibles doses. Quant à la pommade

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au proto-iodure, elle nous a paru surtout efficace dans les cas légers et récents.

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Les résultats de notre traitement par la pommade concentrée présentent une assez grande ressemblance, dans leurs effets physiologiques et thérapeutiques, avec ceux qui ont été obtenus par les onctions avec la pommade d'iodure de chlorure de mercure. Les onctions faites par M. Rochard ont également l'inconvénient de provoquer de très-vives douleurs; ces douleurs ont été assez fortes pour empêcher certains malades de poursuivre le traitement; elles produisent une éruption, des croûtes impétigineuses, une exacerbation momentanée dans les parties malades; puis, après plusieurs applications, une modification heureuse finit par s'établir. Nous pouvons donc faire au traitement de M. Rochard les reproches que nous adressions tout à l'heure aux applications de pommade au biiodure à forte dose, et nous croyons qu'il vaudrait mieux, si l'on voulait employer le chlorure d'iodure mercureux, amoindrir la dose de manière à diminuer les douleurs et à affaiblir l'éruption artificielle. Mais, pour expliquer ma préférence pour les pommades à l'iodure de mercure sur celles contenant le deuto-sel de M. Boutigny, je dois ajouter que cette dernière préparation n'est pas encore bien connue, et que, suivant plusieurs chimistes distingués, le chlorure d'iodure mercureux n'existerait même pas en proportion bien définie; par conséquent, en lc prescrivant, on ne serait pas certain d'employer toujours la même substance au même degré, inconvénient grave, lorsqu'il s'agit d'un médicament aussi énergique.

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