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J'avoue qu'après avoir si péniblement suivi l'honorable auteur du travail que j'examine, dans les quatre périodes de son entité, périodes où sont rangées : dans la première, l'herpes circinatus; dans la seconde, les teignes tonsurantes de la face, du cou et du cuir chevelu; dans la troisième, les teignes tonsurantes du menton et de la face, et dans la quatrième, les teignes mentagrophytiques; j'avoue, dis-je, que je ne m'attendais pas à rencontrer, après la classification de ces différentes périodes de l'évolution du tricophyton, cette classification nouvelle proposée par M. Cramoisy, et qui ne tend à rien moins qu'à jeter la plus grande confusion dans l'économie de ses quatre périodes.

Ce n'est point que je blâme notre confrère de rechercher le plus de simplicité possible; mais, s'il croit sérieusement au succès de sa proposition, pourquoi ne l'a-t-il pas prise pour base ou comme cadre de son travail? Elle a le mérite d'être concise. A vrai dire, je crois qu'elle n'en a pas beaucoup d'autres. Mais aussi je puis bien me tromper. Au surplus, je n'insiste pas sur ce point; il en est de plus sérieux dont je vais à présent m'occuper.

Ces points, messieurs, je vous les ai fait pressentir dans le courant de l'exposition qui précède, ils consistent: 1° dans l'idée que se font de la teigne MM. Bazin et Cramoisy; 2° dans le traitement qu'ils préconisent comme étant le seul rationnel et, qui mieux est, le seul infaillible.

(La suite au prochain numéro.)

D' AUDOUIT,

Ex-médecin de la marine militaire.

COMPTE RENDU D'UN NUMÉRO DE L'ANEMANNO

Par le docteur GUEYRARD.

Un nouveau journal de médecine homœopathique, l'Anemanno, est publié à Naples, sous la direction du docteur Errico Pelillo, et avec la collaboration de MM. les docteurs Barulli, Benedetti, Capodieci, de Angelis, Profumo, Gabriele Romano, Rubini, Talianini et autres. Il se compose de quatre feuilles; il paraît tous les

mois.

En vous engageant, messieurs, à faire l'échange qui vous est proposé, permettez-moi de vous communiquer le compte rendu succinct du numéro qui vous a été adressé, celui de janvier 1857. C'est le troisième numéro.

Coup d'œil rapide sur les doses des médicaments et sur la loi des semblables. Dans cette dissertation, le docteur Pelillo fait remarquer que la loi des semblables est éminemment philosophique et repose sur la pathologie, principe scientifique de l'art de guérir. En outre de cette loi de comparaison, trois grands principes se trouvent placés dans une commune dépendance:

1° Connaissance de l'individu souffrant principe, forme, siége, nature, et causes occasionnelles des souffrances;

2° Action positive de l'agent médicamenteux, semblable en tout, ou dans la plus grande partie de ses effels, aux souffrances du malade;

Critérium analogue dans la prescription des doses en rapport comparatif avec l'exposition générale de tout ce que présente le diagnostic de la maladie.

Sous le rapport des doses, les homœopathes paraissent divisés en quatre classes :

La première comprend ceux qui préfèrent la trentième dilution.

La seconde, ceux qui sont descendus à la première dilution, avec Rau et Grieselich.

La troisième, ceux qui se sont lancés dans les ultrainfinitésimaux, avec Gross et Korsakoff.

La quatrième classe enfin est composée de médecins nombreux et non moins dogmatiques que les précédents, lesquels prétendent que le choix de la dilution est indifférent, toutes étant à peu près également aptes à guérir. Mais le choix de la dilution ne peut pas être arbitraire; il est sans doute soumis à une loi qui ne peut être autre que la loi des semblables. Les diverses dilutions, en effet, produisent des phénomènes d'une intensité différente et qui doivent correspondre à divers états ou aux diverses formes des maladies. Or, pour avoir une véritable similitude entre une maladie et les effets d'un médicament, ne faudrait-il pas expérimenter d'abord sur diverses dilutions? L'auteur loue le docteur Mure d'être entré dans cette voie; puis il développe son sujet dans l'ordre suivant:

1° Principe des souffrances;

2° Leur mode d'apparition;

3o Leur siége, leur cours, leur nature et leur durée. Les pensées qui dominent dans le premier de ces sujets d'étude sont celles-ci : Au début d'une maladie,

on voit se développer graduellement les phénomènes précurseurs qui, en grande partie, annoncent de quelle manière les fonctions vont être troublées; alors une sensation particulière de malaise ressenti dans toute l'économie dénote chez la force vitale une tendance à la réaction. Il ne faut pas confondre cette période avec le développement de la maladie, et, pour la combattre, le praticien ne doit pas s'attacher seulement au choix du remède, mais encore à celui de la dilution. En général, les dilutions moyennes conviennent aux personnes débiles, et les hautes dilutions à celles qui sont fortement constituées.

Dans cette période, on doit avoir principalement en vue de retarder le progrès du mal. Or, soit parce que dans une économie sensible et affaiblie la réaction vitale est d'autant plus excitée que le médicament est plus élevé en puissance, soit parce que dans un organisme appauvri les maladies se développent avec plus d'impétuosité, la méthode curative doit être proportionnée en tout à l'action thérapeutique pour éviter une perturbation dangereuse; mais les hautes dilutions, en cessant d'avoir une action rapide et perturbatrice sur l'ensemble organique, exercent une action plus profonde; et, dans les organismes sensibles, la réaction est d'autant plus facile, que l'action est plus modérée. Il faut donc'ici des dilutions moyennes.

Chez les individus robustes, au contraire, l'énergie vitale résiste facilement au trouble dynamique. Une dose élevée conviendra toujours, chez eux, pour rétablir l'harmonie. Mais il peut arriver que la maladie fasse irruption avec tant de violence, que les prodromes

se confondent avec elle; alors il faut agir avec les basses dilutions.

Quant au mode de manifestation des souffrances, l'auteur regrette que dans les pathogénésies les symptômes soient classés d'après un ordre anatomique, au lieu d'être énumérés dans l'ordre de leur apparition. Toutes les fois, dit-il, que plusieurs substances produisent des symptômes communs, ceux-ci doivent différer par le moment de leur apparition. Les nombreuses dilutions d'une même substance produisent des phénomènes divers et souvent opposés. La coloquinte, à la 4o ou à la 5* dilution, donne lieu à la douleur sciatique, tandis qu'elle ne produit rien de semblable au-dessus des basses atténuations. On ne peut donc faire une véritable application de la loi des semblables qu'en mettant en rapport l'ordre de succession des phénomènes pathogénétiques avec celui des symptômes de la maladie.

Quant au troisième sujet d'étude, nous trouvons une dissertation intéressante, dans laquelle l'auteur signale combien il est important de tenir compte du siége anatomique du mal et de choisir la dilution en raison. de l'accroissement des symptômes; aussi les maladies aiguës exigent-elles, en général, l'emploi des basses dilutions, et les maladies chroniques celui de dilutions d'autant plus élevées, qu'elles sont plus anciennes. Plus la dilution d'un médicament est élevée, plus son action est générale et diffère d'une action locale et circonscrite; lors donc que les maladies se trouvent dans cette condition, elles exigent de hautes dilutions: telles sont les névroses anciennes, les épilepsies, certaines formes de manies, les reliquats de fièvres nerveuses

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