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bal dressé à Angoulême le 26 juin 1856, que le jury médical de la Charente aurait, ledit jour, constaté chez le sieur Sicaud, au premier étage de la maison de celui-ci, l'existence d'un dépôt de médicaments homœopathiques qualifié audit procès-verbal pharmacie homœopathique; mais que cette constatation unique établirait tout au plus qu'à la date sus-mentionnée, date bien postérieure aux distributions de globules faites par Moreau, le sieur Sicaud, instigateur et agent des poursuites dirigées contre Moreau par ses confrères et par lui-même, n'a créé cet établissement qu'en vue du procès qu'il allait intenter, et afin de venir en aide à la cause qu'il prétendait faire triompher, sans qu'on puisse induire des termes du procès-verbal précité qu'à l'époque de la distribution faite par Moreau il existait à Angoulême une pharmacie homœopathique ;

<< Attendu qu'il résulte de l'instruction et des débats qu'au début de son exercice à Angoulême Moreau avait établi un dépôt de globules et de préparations homœopathiques dans la pharmacie de La Roche, où les malades qu'il visitait se sont fait délivrer les remèdes prescrits jusqu'au moment où La Roche, croyant voir ses intérêts pécuniaires compromis, et attribuant à tort ou à raison la diminution du chiffre de ses recettes à l'installation d'une pharmacie homœopathique dans son officine, a fait connaître par la voie de la presse, les 4 et 6 janvier 1856, qu'il cessait de tenir des remèdes homœopathiques; que c'est à partir de cette époque seulement que Moreau a fourni lui-même des médica

ments;

<< Attendu, d'ailleurs, que Moreau allègue, sans que

ce fait ait été dénié ou contesté par les plaignants, qu'il a fait remplir dans les pharmacies d'Angoulême, et notamment dans celle de La Roche, ses ordonnances magistrales, toutes les fois qu'il a eu à prescrire soit des substances médicinales appartenant au Codex, soit des teintures mères appartenant à l'homœopathie; qu'il produit à l'appui de cette assertion un certificat à lui délivré par La Roche le 17 février 1857; qu'en définitive il est constant que Moreau n'a jamais distribué directement et gratuitement à ses malades de médicaments autres que des globules homœopathiques provenant de l'une des pharmacies spéciales de Paris; qu'ainsi les garanties assurées au public par la loi de germinal n'ont reçu par son fait aucune atteinte;

« Attendu, au surplus, qu'une pareille distribution peut être en quelque sorte considérée comme une conséquence inévitable de la médecine suivant la méthode homœopathique, dont les prescriptions doivent être souvent exécutées sans délai; que cette distribution, même restreinte à des cas tout spéciaux, exige néanmoins, entre les mains du médecin, un certain assortiment, sans que l'on puisse induire de cette situation que le médecin détenteur de globules, soit même d'une boîte homoeopathique, est approvisionné pour tous les cas qui pourraient se présenter et tient officine ouverte ;

«Par ces motifs,

<<< La Cour, statuant sur le renvoi de la Cour de cassation, et faisant droit sur l'appel interjeté par les sieurs Sicaud, Massoneau et consorts, dit leur action recevable, et réforme, quant à ce, le jugement rendu par le Tribu

nal de police correctionnelle d'Angoulême le 16 septembre 1856;

« Au fond, déclare leur demande mal fondée, maintient la disposition dudit jugement qui renvoie Moreau des fins de la plainte, et condamne Sicaud, Massoneau et consorts solidairement en tous les dépens. »

UNE BONNE NOUVELLE.

RÉUNION MENSUELLE DES RÉDACTEURS DE LA PRESSE
SCIENTIFIQUE.

Une grande, une bonne idée vient encore de naître à Paris; c'est la réunion mensuelle de tous les journalistes scientifiques de la capitale. Honneur à celui qui le premier a produit cette bonne idée! Courage à tous les adhérents pour la faire fructifier! car, outre la sympathie que doit nécessairement établir la fréquentation entre tous les hommes voués à la propagation des idées scientifiques, une telle réunion me paraît grosse de bons résultats.

La science, depuis un demi-siècle surtout, se révèle de plus en plus et aspire à prendre un jour ou l'autre le sceptre qui lui est dû. Elle constitue son organisme définitif, et elle va s'élever d'un degré de plus dans l'échelle de ses perfectionnements par la constitution même de la corporation des propagateurs de ses découvertes, de ses méthodes et de ses moyens.

Elle a bien toujours eu ses organes de production, de consommation et de circulation, mais ces trois fonctions

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semblent avoir suivi un mode d'évolution semblable à celui que l'histoire naturelle nous montre dans l'échelle zoologique, c'est-à-dire élémentaire d'abord et se composant ensuite successivement jusqu'à devenir un tout parfait.

Et pour ne parler ici que de sa fonction circulatoire, on a vu celle-ci, réduite d'abord à sa plus simple expression, se composer ensuite de plus en plus, à mesure que ses organes se sont perfectionnés, et devenir progressivement plus complète et plus unitaire à mesure que la publicité est venue donner un plus grand retentissement et une plus noble valeur à la propagation des instruments de perfectionnement et de bonheur pour l'humanité.

Comme dans la série des animaux, simple canal d'abord, l'organe de la fonction circulatoire, s'adjoignant progressivement de nouveaux matériaux, arrive à posséder un cœur de plus en plus complet.

Ce dernier effort des maîtres de la publicité scientifique va cette fois le rendre parfait et donner en même temps toute la valeur et toute la vie nécessaire à cette fonction si utile de l'organisme scientifique.

Par le seul fait de cette réunion en un seul faisceau, par la puissance de cette collectivité, la science devra recevoir une impulsion nouvelle qui ne peut manquer de tourner à la gloire et au profit de l'humanité.

Toute idée, toute découverte née viable est sûre dès lors de trouver un auxiliaire puissant, un éducateur bienveillant, qui s'empresseront de mettre à sa portée tous les éléments de succès les plus propres à lui faire parcourir son chemin dans le monde.

L'union fait la force: c'est donc une haute valeur de plus que la science vient d'acquérir; mais le centre une fois constitué a besoin de rayonner. Aussi sommes-nous certains que les rédacteurs de la presse scientifique de Paris vont s'empresser de s'associer non-seulement tous les éléments similaires qu'elle peut rencontrer sur le sol français, mais aussi tous les autres éléments qui existent partout où la science a un culte et des grands prêtres, car la science n'a ni douane ni nationalité ; sa patrie, c'est l'univers.

Mais, dira quelque esprit chagrin (il s'en dresse toujours en face des meilleures choses), cette réunion, cette entente, vont faire perdre aux analyses, aux critiques, aux comptes rendus, ce qui en faisait jusqu'ici le charme, ce qui permettait de lire plusieurs fois le même sujet dans différents journaux, je veux dire l'originalité, la variété.

fort

Je serais le premier de ces fâcheux, et je crierais plus que les autres, si l'unité d'action des rédacteurs de presse devait nous faire perdre leur cachet individuel, leur forme, leur appréciation personnelle. Nous pouvons affirmer, nous en avons pour garant l'honorabilité de chacun, que ce consensus ne sera pas une sorte de mot d'ordre qui enlève à chacun son autonomie et fait de tous comme un automate qui n'a dès lors plus ni individualité ni liberté.

Là serait l'écueil et le mauvais côté d'une si belle idée. Mais qu'on se rassure des hommes qui depuis cinq, dix, quinze ans, tiennent la plume avec tant d'honorabilité et d'indépendance, ont certainement vu ce petit côté de l'application et ne seront pas tentés de

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