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tes, ou du moins les réduisait des trois quarts. Sa mort violente fut regardée comme une juste punition de cette loi inique. Les légions que l'on voit figurer sous le titre de Valerianæ dans l'armée de Lucullus avaient été probablement le vées par Valerius Flaccus.

Tite-Live, Epist., 82, 96. - Applen, Mithrid., 51, etc.; Bell. civ., 1, 75. Plutarque, Sulia, 33. - Orose, VI, 2. Cicéron, Pro Flacco, 23, 25, 32; Pro Rab perd., 7, 10; In Cat., 1, 2, Brut., 62. Valère Maxime, 11, 9. - Dion Cassius, Fragm. Peiresc., no 127, p. 51, édit. de Reimarus, XXXV, 14-16, XXXVI, 29. Salluste, Hist., VI. FLACCUS (L. Valerius), sénateur romain, vivait vers 85 avant J.-C. Il n'est connu que par un seul acte politique. Sylla en rentrant à Rome, après la défaite du parti de Marius, ordonna au sénat de nommer un interroi. Le choix tomba sur Valerius Flaccus. Celui-ci rendit aussitôt une loi qui investissait Sylla de la dictature pour un nombre indéfini d'années, sanctionnait et donnait force de loi à tous ses décrets antérieurs. Sylla, en prenant possession de la dictature, choisit Flaccus pour son maître des cavaliers.

Plutarque, Sulla, 33.- Appien, Bel, civ., 1, 97. - Cicéron, De Leg. agraria, III, 2; Ad Attic,, VIII, 8; (Schol. Gronov., Ad Roscian., p. 435, édit. Orell!).

FLACCUS (C. Valerius), général romain, vivait vers 100 avant J.-C. Préteur urbain en 98, il porta devant le peuple, du consentement du sénat, une loi qui accordait à Calliphana, pretresse de Vélia, le droit de cité à Rome. En 93 il fut consul avec M. Herennius, et plus tard il succéda à T. Didius comme proconsul en Espagne. Les Celtibériens, qui avaient été traités très-cruellement par ses prédécesseurs, se révoltèrent dans la ville de Belgida, et brûlèrent tous leurs sénateurs, dans la maison sénatoriale, parce qu'ils refusaient de se joindre à l'insurrection. Flaccus s'empara de la ville par surprise, et mit à mort tous ceux qui avaient pris part au meurtre des sénateurs. Cicéron parle d'un C. Valerius Flaccus imperator et propréteur de la Gaule en 83, sous le consulat de L. Cornélius Scipion et C. Norbanus; c'est peutêtre le même que celui-ci.

Cicéron, Pro Balbo, 24 (Schol. Bob., Ad Cic. p. Flacc., p. 233, éd. Orelli). Appien, Hispan., 100.

FLACCUS (L. Valerius), administrateur romain, fils du L. Valerius Flaccus, assassiné par Fimbria, vivait vers 80 avant J.-C. Il servit en Cilicie comme tribun des soldats sous les ordres de P. Servilius, en 78, et plus tard comme questeur sous M. Calpurnius Pison, en Espagne. Préteur en 63, l'année du consulat de Cicéron, il s'empara des ambassadeurs allobroges, et saisit les papiers qu'ils avaient reçus des complices de Catilina. L'année d'après sa préture, il fut chargé de l'administration de l'Asie, et eut pour successeur Q. Cicéron. En 59, il fut accusé par D. Lælius de s'être rendu coupable de concussions dans son gouvernement d'Asie. Flaccus, bien qu'indubitablement coupable, eut pour défenseurs Cicéron, dont le discours existe

encore, et Q. Hortensius : il fut acquitté. Cicéron, pour attendrir les juges, fit comparaître le jeune fils de Flaccus. Plus tard ce fils prit parti pour Pompée dans la guerre civile, et fut tué à Dyrrachium, en 48. Eckhel identifie ce Valerius Flaccus avec un flamine de Mars qui portait le même nom et était aussi contemporain de Cicéron; mais le premier était préteur, tandis que le second est simplement appelé flamine de Mars par Cicéron et par Varron.

Cicéron, Pro Flacco, 3, 13, 21, 36, 40; in Cat., III, 2, 6; Ad Att., I, 19; II, 25; in Pison, 23; Pro Piane., 11, (Schol. Bob., Pro Flacc., p. 228); Orat., 38; De Divin. Salluste, Cat., 45. - César, Bel. civ., III, 53. — Varron, De Lingua Latina, VI, 21. Eckhel, Doctrina Nummorum,

* FLACCUS (C. Norbanus), général romain, vivait vers 50 avant J.-C. En 42 lui et Decidius Saxa furent envoyés par Octave et Antoine en Macédoine, avec huit légions; de là ils marchèrent sur Philippes, pour opérer contre Brutus et Cassius. Ils campèrent dans le voisinage de cette place, et occupèrent une position qui empêchait l'armée républicaine de s'avancer plus loin. Un stratagème de Brutus et de Cassius décida Flaccus à s'en éloigner; mais il s'aperçut à temps de sa méprise, et rentra dans sa première position. Voyant que l'ennemi menaçait de la tourner, Norbanus Flaccus battit en retraite sur Amphipolis, et les républicains, sans le poursuivre, campèrent près de Philippes. Antoine, qui accourait avec des renforts, fut heureux de trouver Amphipolis au pouvoir de ses soldats, et il laissa à Flaccus le soin de la défendre tandis que lui-même marchait sur Philippes. Norbanus Flaccus fut consul en 38 avec Appius Claudius Pulcher. Quant à C. Norbanus Flaccus consul avec Octave en 24, c'était probablement un fils du précédent.

Appien, Bel. civ., IV, 87, 103, etc., 106, etc. — Dion Cassius, XXXVIII, 43; XLVII, 35; XLIX, 23; LIII, 28. - Plutarque, Brutus, 38.

* FLACCUS (C. Avianus), ami de Cicéron, vivait vers 50 avant J.-C. Ses deux fils, C. Avianus et M. Avianus, se trouvaient probablement attachés ainsi que leur père à l'administration géné rale des taxes publiques. En 52, Cicéron recommanda C. Flaccus le fils à l'un des lieutenants de Pompée, T. Titius, qui avait alors l'intendance des grains par suite de la loi qui avait remis à Pompée la direction suprême des approvisionnements. En 47, le même Cicéron recommanda les deux fils à A. Allienus, proconsul de Sicile.

Cicéron, Ad Fam., XIII, 35, 75, 79.

* FLACCUS ( Pomponius), administrateur romain, vivait au commencement de l'ère chrétienne. En 19 après J.-C., Tibère lui confia le gouvernement de la Mésie, et le chargea d'agir contre le roi Rhascupolis, qui avait tué Cotys, son frère et son collègue dans la royauté. Velleius Paterculus fait de lui un magnifique éloge : « C'était, dit-il, un homme né pour n'accomplir que des actions justes, faisant le bien par simple vertu,

et ne cherchant pas la gloire. » Mais cet éloge, venant d'un bas flatteur de Tibère, est suspect, puisqu'il s'agit d'un ami de ce prince. Suétone raconte que Tibère et Flaccus, dans une certaine occasion, passèrent une nuit et deux jours à boire sans interruption. Flaccus mourut en 34; il était alors depuis plusieurs années propréteur de Syrie. Velleius lui donna le titre de consulaire. Aussi quelques écrivains l'identifient avec L. Pomponius Flaccus, consul en 17, et légat en 51 dans la Germanie supérieure. Cette identification est évidemment inconciliable avec la chronologie.

Velleius Paterculus, II, 129. - Suétone, Tiber., 42, — Tacite, Ann., II, 32; VI, 27. — Ovide, Ex Ponto, IV, 9. 75. - Masson, Vit. Ovid., ad ann. 769.

* FLACCUS (Hordeonius), général romain, tué en 69 de l'ère chrétienne. Il était légat consulaire à l'armée de la Germanie supérieure lors de la mort de Néron, en 68. Vieux, infirme, et sans force morale, il était méprisé par ses soldats. Quand ceux-ci refusèrent de reconnaître l'autorité de Galba, Flaccus, qui n'était pas le complice de leur trahison, n'eut pas le courage de la réprimer. Vitellius en marchant sur l'Italie lui confia le commandement de la rive gauche du Rhin. Flaccus mit beaucoup de retard dans l'envoi des troupes destinées à suivre Vitellius. Ilagit ainsi par crainte d'une insurrection des Bataves, laquelle en effet ne tarda pas à éclater, et aussi parce qu'au fond du cœur il était favorable à Vespasien. Il demanda même à Civilis de l'aider à retenir les légions en simulant une révolte parmi les Bataves. Civilis ne s'en tint pas à l'apparence, et se révolta bien réellement. Flaccus ne fit aucune attention aux premiers mouvements des Bataves; mais bientôt leurs succès le forcèrent de faire au moins une ombre de résistance. Il envoya contre eux son légat Mummius Lupercus, qui fut défait. En montrant son mauvais vouloir ou son inhabileté à réprimer la révolte, et en recevant une lettre de Vespasien, il exaspéra ses soldats, qui le forcèrent de céder le commandement à Vocula. Peu après, dans une nouvelle mutinerie qui éclata en l'absence de Vocula, il fut accusé de trahison par Herennius Gallus, et jeté dans les fers. Vocula le fit relacher. Il conserva encore assez d'influence sur les soldats pour obtenir d'eux de prêter serment à Vespasien à la nouvelle de la bataille de Crémone; mais ils n'en restèrent pas moins dans un état de complète insubordination, et à l'arrivée de deux nouvelles légions ils demandèrent un donativum. Flaccus y consentit. Les soldats employèrent cet argent à la débauche et à la boisson, et, dans le désordre de l'orgie, au milieu de la nuit, ils se saisirent de Flaccus et l'égorgèrent.

Tacite. Hist., I, 9, 52, 54, 56; II, 57, 97; IV, 13, 18, 19, 24, 25, 27, 31, 36, 55; V, 26,- Plutarque, Galba, 10, 18, 22. FLACCUS (Verrius), grammairien et archéologue romain, vivait au commencement de l'ère chrétienne. Esclave de naissance, il fut af

franchi par son maître, qui est inconnu, mais qui devait s'appeler Verrius Flaccus. D'après Alde Manuce (Ad Ciceronis Ep. ad div., IX, 20), ce maître serait un certain Verrius Flaccus dont il est question dans Macrobe (Sat., liv. V), et qui était très-instruit dans le droit pontifical. Ce n'est qu'une conjecture. Verrius Flaccus se fit une grande réputation comme professeur. Pour exercer l'esprit de ses disciples, il établissait entre eux des concours. Non content de leur donner un sujet à traiter, il accordait un prix au vainqueur. Ce prix était quelque livre ancien, beau ou rare. Les enfants de la première noblesse fréquentaient son école. Auguste le choisit pour précepteur de ses deux petits-fils, Caius et Lueius César. Verrius Flaccus fut logé au palais impérial, et il professa dans cette partie du palais appelée l'Atrium Catilinæ. Il lui fut permis de garder ses anciens élèves, à condition qu'il n'en admettrait pas de nouveaux. Il recevait un traitement annuel de cent mille sesterces (plus de vingt mille francs). Il mourut dans un age avancé, sous le règne de Tibère. Sa statue se voyait à Préneste, dans la partie inférieure du forum, en face de l'hémicycle, où on lisait, gravés sur une table de marbre, des Fastes coordonnés par Flaccus lui-même. On a discuté sur la nature de ces Fastes: il faut les distinguer des Fasti Prænestini, annales de Préneste, semblables à celles que possédaient Aricium, Tibur, Tusculum (Ovide, Fasti, VI, 57, sqq). Les Fasti Verriani étaient un calendrier indiquant les jours où les tribunaux vaquaient, ceux où ils étaient fermés, et ceux où ils n'étaient ouverts que la moitié de la journée (dies fasti, nefasti, intercisi), les fêtes religieuses, les triomphes, etc., mentionnant spécialement tout ce qui était particulier à la famille des Césars. En 1770 on découvrit les fondations de l'hémicycle de Préneste, et parmi les ruines on rencontra des portions d'un ancien calendrier qui furent reconnues pour être des fragments des Fasti Verriani. Des fouilles ultérieures firent trouver d'autres parties du même ouvrage. Le savant antiquaire Foggini reconstruisit d'après ces débris les mois entiers de janvier, mars, avril, décembre et une partie de février. Il publia son travail sous le titre de Fastorum anni romani reliquiæ; Rome, 1779, in-8°. Wolf a reproduit ce calendrier à la fin de son Suétone; Leipzig, 1802, t. IV, p. 315-355; et Orelli l'a inséré dans ses Inscriptiones Latina, vol. II, p. 379.

Verrius Flavius avait beaucoup écrit et sur des sujets très-divers. Il était à la fois archéologue, historien, philologue, poëte même, puisque Priscien cite de lui ce vers hexamètre :

Blanditusque labor molli curabitur arte.

Il ne nous reste que huit ou neuf titres de ses nombreux ouvrages, tous perdus aujourd'hui, à l'exception de quelques fragments. Voici ces titres Libri rerum memoria dignarum ; c'était un recueil des faits et des coutumes les plus

:

crits, entre autres celui du Vatican, lui donnent les noms de Setinus Balbus; mais cette mul. tiplicité de noms est contraire à l'usage général des Romains de ce temps de ne pas porter plus de trois noms. Les mots de Setinus Balbus ne s'appliquent sans doute pas à Valerius Flaccus, mais à quelqu'un de ses commentateurs, on au propriétaire du manuscrit d'où sont dérivés tous ceux qui donnent ces deux noms. Pourtant plusieurs commentateurs se sont appuyés sur l'expression Setinus pour faire naître Valerius Flaccus à Setia, ville de Campanie (aujourd'hui Sezza). D'un autre côté, Martial l'appelle «< l'espoir et le nourrisson du foyer d'Anténor, » c'està-dire de Padoue; il dit que «< Apona (Padoue) ne lui devra pas moins qu'àTite-Live et à Stella >> : deux passages qui indiquent clairement Padoue comine le lieu de naissance de Flaccus. Pour concilier cette contradiction, on a supposé que Valerius Flaccus, né à Setia, fut élevé à Padoue. Mais cette conjecture ne serait utile que si Setinus s'appliquait réellement à Valerius Flaccus, ce qui est fort douteux.. Il n'est pas non plus probable que toutes les épigrammes de Martial qui portent la suscription Ad Flaccum aient été faites pour l'auteur des Argonautiques. On doit donc repousser comme suspectes toutes les inductions que des critiques en ont tirées pour reconstruire la biographie du poëte. C'est à peine si sur l'autorité de ces deux vers des Argonautiques :

remarquables de l'histoire publique et privée des Romains. Ce recueil, puisé à des sources antiques et qui ne sont pas venues jusqu'à nous, serait d'un très-grand prix pour la connaissance des institutions civiles et religieuses de l'ancienne Rome; ce qui nous en reste est peu de chose, et se trouve dispersé dans les ouvrages d'Aulu-Gelle, de Pline, de Macrobe; — Saturnus, dissertation mythologique sur le culte de Saturne en Italie; De Obscuris Catonis (sur les archaïsmes de Caton); ce traité, qui contenait au moins deux livres, était comme un appendice du grand travail de Flaccus sur la langue latine; De Orthographia; cet ouvrage fut l'objet d'une réfutation de la part de Scribonius Aphrodisius, grammairien célèbre de la même époque. Scribonius mêla à ses critiques philologiques des attaques contre le savoir et les mœurs de Flaccus; De dubiis Generibus: ce traité, cité par Arnobe, Priscien et Charisius, était peutêtre simplement un chapitre de l'ouvrage précédent; - Epistolæ : ces lettres, mentionnées par Servius (Ad Æn., VIII, 423), étaient aussi relatives à des questions grammaticales; Etruscarum (rerum ou disciplinarum) Libri: cet ouvrage, mentionné par un vieux scoliaste de Virgile (Interpres vetus ab A. Maio editus, ad Virg. Æn., X, 183, 198), était moins sans doute une histoire des Étrusques qu'un recueil de particularités philologiques et archéologiques relatives à ce peuple; De Verborum Significa tione, De Verborum Significatu; ces deux titres, presque identiques, doivent indiquer un seul traité, celui qui fut abrégé par Festus. Pour tout ce qui concerne cet ouvrage, voy. FESTUS. Verrius Flaccus, qui était avec Varron l'autorité la plus considérable pour toutes les notions relatives aux origines et à l'histoire de la langue latine, et qu'on pourrait appeler le Du Cange de l'antiquité romaine, a été souvent cité par les écrivains des premiers siècles de l'empire et par les grammairiens postérieurs; il serait trop long et sans intérêt d'indiquer ici toutes ces citations; on les trouve recueillies dans l'édition publiée par M. Egger sous ce titre : Marci Verrii Flacci Fragmenta..... Sexti Pompei Festi Fragmentum....; Paris, 1839, in-18. L. JOUBERT.

Suétone, De illust. Gramm., XVII, XVIII, XIX; Aug., etc.. 86. K. Ott. Müller, Præfat. ad Pompeium Festum; Leipzig, 1839.

FLACCUS (Caius Valerius), poëte romain, mort dans la seconde moitié du premier siècle de l'ère chrétienne. Son nom nous apprend qu'il appartenait à l'antique et illustre maison des Valerius et à la famille des Flaccus. Tandis qu'une autre famille de la même maison, celle des Messala, gardait son ancien éclat jusque sous les premiers empereurs byzantins, les Flaccus, ruinés par les guerres civiles, tombèrent dans l'obscurité. Le père de Valerius Flaccus nous est inconnu, et ce que nous savons du poëte luimême se réduit à peu de chose. Certains manus

Phoebe, mone, si Cymæ ac mihi conscia vatis
Stat casta cortina domo,

on peut admettre avec Pius et Heinsius que Flaccus était membre du collége sacerdotal des Quindécemvirs. D'après quelques vers trèsobscurs d'ailleurs du début des Argonautiques, on pense qu'elles furent adressées à Vespasien et publiées lorsque Titus achevait la conquête de la Judée. Un passage de Quintilien permet de placer vers l'année 90 après J.-C. la mort de Valerius Flaccus.

Il ne nous reste aujourd'hui de cet auteur qu'un ouvrage inachevé, en huit livres, sur l'expédition des Argonautes. Ce sujet avait été traité avec beaucoup d'art et d'élégance par Apollonius de Rhodes. Varron d'Attax fit passer en latin l'œuvre du poëte alexandrin. En le prenant à son tour pour modèle, Valerius Flaccus ne s'astreignit pas à la fidélité d'un traducteur, et il modifia souvent le poëme qu'il imitait. En général il le développa, l'amplifia, insistant longuement sur les aventures du voyage avant l'arrivée des héros dans les domaines d'Aétès. Le huitième livre finit brusquement au moment où Médée supplie Jason de l'emmener en Grèce avec lui. La mort d'Absyrte et le retour des Argonautes suffisaient pour remplir encore trois ou quatre livres ; nous ignorons s'ils sont perdus ou si le poëte a laissé son œuvre inachevée.

Quintilien a dit : « Nous avons récemment beaucoup perdu en Valerius Flaccus. » Cette ho

norable mais assez vague expression de regret a induit certains critiques à attribuer à Flaccus les plus hauts mérites poétiques. Cependant, les Argonautiques n'ont aucune de ces qualités de premier ordre qui conquièrent et gardent l'admiration de la postérité. Le style en est laborieusement élégant, obscur par recherche de la concision; la versification en est harmonieuse, mais de cette harmonie un peu lourde et monotone qui caractérise les poésies de décadence. L'ensemble de l'œuvre est froid et ennuyeux. Il serait aussi difficile d'y trouver des fautes grossières contre le goût que des pensées neuves, des images vraiment poétiques. Le talent de Valerius Flaccus ne brille guère que dans les descriptions: elles sont vives, riches, vigoureuses, mais trop surchargées de détails et peu naturelles. En somme, les Argonautiques sont l'œuvre d'un érudit, d'un rhéteur, d'un versificateur, non d'un vrai poëte.

On les a beaucoup louées, on les a peu lues, et elles n'ont jamais exercé d'influence sur aucune littérature. Valerius Flaccus, resté inconnu durant le moyen âge, fut remis en lumière par le Pogge, qui, pendant le concile de Constance, en 1416, découvrit dans le monastère de Saint-Gall un manuscrit contenant les trois premiers livres des Argonautiques et une partie du quatrième. L'édition princeps fut imprimée très-incorrectement, d'après un bon manuscrit, à Bologne, par Ugo Rugerius et Doninus Bertochus, 1472, in-fol.; la seconde édition, qui est beaucoup plus rare que la première, fut publiée à Florence, par Sanctus-Jacobus de Ripoli, in-4o, sans date, mais vers 1481. Le texte, d'abord excessivement corrompu, a été graduellement épuré par la collation de divers manuscrits, dans les éditions de Jo.-Baptiste Pius, Bologne, 1519, in-fol.; de Lud. Carrion, Anvers, 1565, 1566, in-8°; de Nicolas Heinsius, Amsterdam, 1680, in-12; et surtout dans celle de Pierre Burmann, Leyde, 1724, in-4°. C'est l'édition la plus complète qui existe de Valerius Flaccus, bien que celles de Harles, Altenbourg, 1781, in-8°, de Wagner, Gættingue, 1805, in-8°, et de Lemaire, Paris, 1824, 2 vol. in-8°, soient d'un usage plus commode. Le huitième livre a été publié séparément, avec des notes critiques et des dissertations sur certains vers supposés apocryphes, par A. Veichert; Misnie, 1816, in-8°. Les Argonautiques ont été traduites en vers anglais par Nicolas Whyte, en 1565, sous le titre de The Story of Jason, how he gotte the golden flece, and how he did begyle Media; out of laten into englische; en vers français, par A. Dureau de Lamalle; Paris, 1811, vol. in-8°; en vers italiens, par M.-A. Pindemonte; Venise, 1776, in-4°, et en vers allemands, par C.-F. Wunderlich, Erfurth, 1805, in-8°.

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*FLACCUS GRANIUS, jurisconsulte romain, vivait un siècle avant l'ère chrétienne. Il était contemporain de Jules César. Au rapport de Paul, il écrivit un traité ayant pour titre : De Jure Papiriano. On appelait ainsi le recueil des lois des anciens rois de Rome, fait par Papirius. Un autre ouvrage de Flaccus, De Indigitamentis, est cité par Censorinus. Ces Indigitamenta portaient sur certaines invocations en usage dans les cérémonies religieuses. D'après d'autres citations de Paul et de Censorinus, et par suite de cette circonstance que Papirius était lui-même pontife, on peut voir combien les cérémonies religieuses et les lois civiles se confondaient souvent à cette époque reculée de l'histoire romaine. Une loi Papiria citée par Servius, et un passage du Jus Papirianum mentionné par Macrobe, où l'on fait allusion à une distinction entre les ornements et le service intérieur du temple, peuvent être attribués à Flaccus. Il en est de même de quelques fragments recueillis par le même Macrobe, par Festus, Arnobe et Priscien. V. R.

Paul, Dig., 50, tit. 16. Servius, Ad Æn., XII. — Macrobe, Sat. - Censorinus, De Die Nat. Maiansius, Ad XXX Ictor. Fragm. Comment., vol. II. — Dirksen, Bruchstuecke. Smith, Dictionary of Greek and Roman Biography.

*FLACCUS SICULUS, jurisconsulte romain, vivait probablement vers la fin du premier siècle de l'ère chrétienne. On trouve des fragments des écrits de ce jurisconsulte dans les Agrimen. sores de Turnèbe. Ces fragments témoignent d'une grande connaissance des lois, et fournissent, des détails de mœurs et de législation qui ne sont pas sans intérêt. On y voit, par exemple, la distinction entre les colonies, les municipes, les préfectures et les ager occupatorius et arcifinius. Des passages du même jurisconsulte se rencontrent, par suite de quelque transposition, dans le Liber Simplicii attribué à Aggennus Urbicus. La même cause explique l'insertion d'un autre passage de Siculus Flaccus dans une Controversia de fine qui fait partie d'un traité De Controversiis Agrorum, publié pour la première fois dans le Rheinisches Museum fuer Jurisprudenz (Museum rhénan de la Jurisprudence), par Blume.

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FLACCUS STATILIUS (Στατύλλιος Φλάκκος), auteur de quelques épigrammes de l'Anthologie Grecque, vivait à une époque incertaine. Nous ne savons rien de lui, mais son nom prouve qu'il était Romain. En tête d'une de ses épigrammes, le nom de Flaccus est écrit Τυλλίου Φλάκκου, et trois autres portent la simple inscription de Φλάκκου.

Brunck, Anal., vol. II, p. 262. Jacobs, Anthol. Græca, vol. II, p. 238; vol. XIII, p. 955. - Fabricius, Bibliotheca Græca, vol. IV, p. 495. *FLACCUS (Tibullus), poëte dramatique latin, d'une époque inconnue. On ignore son his

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remarquables de l'histoire publique et privée des Romains. Ce recueil, puisé à des sources antiques et qui ne sont pas venues jusqu'à nous, serait d'un très-grand prix pour la connaissance des institutions civiles et religieuses de l'ancienne Rome; ce qui nous en reste est peu de chose, et se trouve dispersé dans les ouvrages d'Aulu-Gelle, de Pline, de Macrobe; Saturnus, dissertation mythologique sur le culte de Saturne en Italie; De Obscuris Catonis (sur les archaïsmes de Caton); ce traité, qui contenait au moins deux livres, était comme un appendice du grand travail de Flaccus sur la langue latine; De Orthographia; cet ouvrage fut l'objet d'une réfutation de la part de Scribonius Aphrodisius, grammairien célèbre de la même époque. Scribonius mêla à ses critiques philologiques des attaques contre le savoir et les mœurs de Flaccus; De dubiis Generibus: ce traité, cité par Arnobe, Priscien et Charisius, était peutêtre simplement un chapitre de l'ouvrage précédent; - Epistolæ: ces lettres, mentionnées par Servius (Ad En., VIII, 423), étaient aussi relatives à des questions grammaticales; Etruscarum (rerum ou disciplinarum) Libri : cet ouvrage, mentionné par un vieux scoliaste de Virgile (Interpres vetus ab A. Maio editus, ad Virg. Æn., X, 183, 198), était moins sans doute une histoire des Étrusques qu'un recueil de particularités philologiques et archéologiques relatives à ce peuple; De Verborum Significatione, De Verborum Significatu; ces deux titres, presque identiques, doivent indiquer un seul traité, celui qui fut abrégé par Festus. Pour tout ce qui concerne cet ouvrage, voy. FESTUS. Verrius Flaccus, qui était avec Varron l'autorité la plus considérable pour toutes les notions relatives aux origines et à l'histoire de la langue latine, et qu'on pourrait appeler le Du Cange de l'antiquité romaine, a été souvent cité par les écrivains des premiers siècles de l'empire et par les grammairiens postérieurs; il serait trop long et sans intérêt d'indiquer ici toutes ces citations; on les trouve recueillies dans l'édition publiée par M. Egger sous ce titre : Marci Verrii Flacci Fragmenta..... Sexti Pompei Festi Fragmentum....; Paris, 1839, in-18. L. JOUBERT.

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Suétone, De illust. Gramm., XVII, XVIII, XIX; Aug., etc.. 86. K. Ott. Müller, Præfat. ad Pompeium Festum; Leipzig, 1839.

FLACCUS (Caius Valerius), poëte romain, mort dans la seconde moitié du premier siècle de l'ère chrétienne. Son nom nous apprend qu'il appartenait à l'antique et illustre maison des Valerius et à la famille des Flaccus. Tandis qu'une autre famille de la même maison, celle des Messala, gardait son ancien éclat jusque sous les premiers empereurs byzantins, les Flaccus, ruinés par les guerres civiles, tombèrent dans l'obscurité. Le père de Valerius Flaccus nous est inconnu, et ce que nous savons du poëte luimême se réduit à peu de chose. Certains manus

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crits, entre autres celui du Vatican, lui donnent les noms de Setinus Balbus; mais cette mul tiplicité de noms est contraire à l'usage général des Romains de ce temps de ne pas porter plus de trois noms. Les mots de Setinus Balbus ne s'appliquent sans doute pas à Valerius Flaccus, mais à quelqu'un de ses commentateurs, ou au propriétaire du manuscrit d'où sont dérivés tous ceux qui donnent ces deux noms. Pourtant plusieurs commentateurs se sont appuyés sur l'expression Setinus pour faire naitre Valerius Flaccus à Setia, ville de Campanie (aujourd'hui Sezza). D'un autre côté, Martial l'appelle « l'espoir et le nourrisson du foyer d'Anténor, » c'està-dire de Padoue; il dit que «< Apona (Padoue) ne lui devra pas moins qu'à Tite-Live et à Stella»: deux passages qui indiquent clairement Padoue comme le lieu de naissance de Flaccus. Pour concilier cette contradiction, on a supposé que Valerius Flaccus, né à Setia, fut élevé à Padoue. Mais cette conjecture ne serait utile que si Setinus s'appliquait réellement à Valerius Flaccus, ce qui est fort douteux.. Il n'est pas non plus probable que toutes les épigrammes de Martial qui portent la suscription Ad Flaccum aient été faites pour l'auteur des Argonautiques. On doit donc repousser comme suspectes toutes les inductions que des critiques en ont tirées pour re construire la biographie du poëte. C'est à peine si sur l'autorité de ces deux vers des Argonautiques :

Phœbe, mone, si Cymæ ac mihi conscia vatis
Stat casta cortina domo,

on peut admettre avec Pius et Heinsius que Flaccus était membre du collége sacerdotal des Quindécemvirs. D'après quelques vers trèsobscurs d'ailleurs du début des Argonautiques, on pense qu'elles furent adressées à Vespasie et publiées lorsque Titus achevait la conquête d la Judée. Un passage de Quintilien permet de placer vers l'année 90 après J.-C. la mort d Valérius Flaccus.

Il ne nous reste aujourd'hui de cet auteu qu'un ouvrage inachevé, en huit livres, sur l'ey pédition des Argonautes. Ce sujet avait été trait avec beaucoup d'art et d'élégance par Apollo nius de Rhodes. Varron d'Attax fit passer e latin l'œuvre du poëte alexandrin. En le prenan à son tour pour modèle, Valérius Flaccus n s'astreignit pas à la fidélité d'un traducteur, et modifia souvent le poëme qu'il imitait. En g néral il le développa, l'amplifia, insistant loɛ guement sur les aventures du voyage avant l'a rivée des héros dans les domaines d'Aétès. L huitième livre finit brusquement au moment Médée supplie Jason de l'emmener en Grèce ave lui. La mort d'Absyrte et le retour des Arg nautes suffisaient pour remplir encore trois quatre livres ; nous ignorons s'ils sont perdus o si le poëte a laissé son œuvre inachevée.

Quintilien a dit : « Nous avons récemmer beaucoup perdu en Valerius Flaccus. » Cette he

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