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vant le concile de Trente, qui s'était rouvert en 1562. Il acheta en 1558 pour cinquante mille florins la land vogtie d'Alsace,que Charles-Quint avait rendue aux électeurs palatins. Depuis ce temps les archiducs d'Autriche furent landvogts d'Alsace. Ce fut sous son règne aussi que la diète d'Augsbourg de 1559 s'occupa du système monétaire en Allemagne. Ferdinand Ier mourut après avoir fait élire roi des Romains, en 1562, son fils Maximilien. [Enc. des G. du M., avec add. ]

Ersch et Gruber, Allg. Enc.

FERDINAND II, empereur d'Allemagne, roi de Hongrie et de Bohême, petit-fils du précédent, naquit le 9 juillet 1578, et mourut le 15 février 1637. Il était fils de l'archiduc Charles de Carinthie et de Styrie, et de Marie, fille du duc de Bavière Albert III. Son père était le troisième fils de l'empereur Ferdinand [er. Dès 1617, son cousin Matthias, qui n'avait point d'enfants, lui assura sa succession. Il devint roi de Bohême en 1617, roi de Hongrie en 1618 et empereur en 1619. Il monta sur le trône à une époque où la guerre de Trente Ans mettait en feu l'Allemagne et menaçait de renverser la puissance de la maison d'Autriche. D'un caractère sombre et taciturne, entièrement dévoué aux Jésuites, qui l'avaient élevé à Ingolstadt, adversaire déclaré de toute opinion qui s'écartait de la doctrine proclamée au concile de Trente, il différait essentiellement sous le rapport religieux de ses prédécesseurs Ferdinand Ier et Maximilien II, et même de Rodolphe II et de Matthias. Après avoir forcé à la retraite les Bohêmes, qui assiégeaient Vienne sous la conduite de Thurn, il sut se faire couronner empereur, en 1619, malgré leur opposition et celle de l'Union. Soutenu par la ligue catholique et par l'électeur de Saxe, Jean-Georges Ier, il vainquit les Bohêmes, chassa et mit au ban de l'Empire l'électeur palatin Frédéric V, qu'ils s'étaient choisi pour roi, et soumit les protestants aux plus cruelles persécutions. Il expulsa les prédicateurs de la réforme, força à émigrer des milliers de Bohêmes industrieux, rappela les Jésuites, et déchira de sa propre main la lettre impériale de Rodolphe II. Pour prouver sa reconnaissance au duc de Bavière, Maximilien, qui l'avait secondé dans la guerre, il le nomma électeur palatin en 1622, en dépit des réclamations de l'électeur de Saxe. Ses généraux, Tilly et Wallenstein, défirent Christiern IV, roi de Danemark, Christian duc de Brunswick-Lunebourg et le comte de Mansfeld. Les deux ducs de Mecklembourg, qui avaient donné des secours au roi de Danemark, furent mis au ban de l'Empire et dépouillés de leurs États, dont Ferdinand investit Wallenstein, pour le récompenser de ses services. Désireux de se rendre maître du commerce de la Baltique, il fit assiéger Stralsund, que les villes hanséatiques défendirent vaillamment. Son projet favori cependant était l'extirpation du protestantisme.

Ce fut pour atteindre ce but qu'il publia, en 1629, l'édit de restitution. Tous les biens immédiats enlevés au clergé catholique par les protestants devaient être rendus aux évêques et prélats; les réformés étaient exclus de la paix de religion et les sujets protestants des souverains catholiques devaient rentrer immédiatement au giron de l'Église. Mais le renvoi de Wallenstein, demandé unanimement par les États de l'Empire, les menées de Richelieu, qui faisait jouer tous les ressorts de la politique pour donner à la France une influence prépondérante en Europe et pour mettre des bornes à la puissance de la maison de Habsbourg; l'entrée de Gustave-Adolphe en Allemagne, et la ligue que formèrent avec ce monarque les protestants, dont les yeux s'étaient dessillés par suite du siége de Magdebourg, où l'édit de religion devait être mis à exécution; toutes ces circonstances vinrent arrêter Ferdinand dans la réalisation de ses projets. Ce qu'il n'avait pu obtenir encore, il espérait y parvenir après la mort de Gustave-Adolphe, et surtout lorsque son fils Ferdinand eut battu à Nordlingue, en 1634, Bernard de Weimar, et que la Saxe eut signé à Prague, l'année suivante, une paix particulière avec lui. Mais l'arrestation de l'électeur de Trèves, enlevé par son ordre et par celui de Philippe IV, roi d'Espagne, parce qu'il avait demandé la protection de la France et reçu garnison française dans ses places fortes; cette arrestation, jointe au massacre des soldats français par les troupes espagnoles, donna à la France un prétexte pour déclarer la guerre à l'Autriche et à l'Espagne. La Suède put agir dès lors avec plus de vigueur. Baner (voy. ce nom) défit les Saxons unis aux Impériaux près de Wittstock, en 1636, les chassa de la Hesse, et Ferdinand mourut sans qu'il lui restât même l'espoir que ses projets se réalisassent un jour. [ Enc. des G. du M., avec add.]

Ersch et Gruber, Allg. Enc.

FERDINAND III, empereur d'Allemagne, fils et successeur du précédent, né à Grætz, en 1608, mort le 2 avril 1657. Il avait été couronné roi de Bohême en 1625, roi de Hongrie en 1627, et se montra plus disposé à la paix que son père. Ce qui contribua surtout à l'entretenir dans ses sentiments pacifiques, ce furent les défaites successives que Baner et le duc Bernard de Weimar firent essuyer à ses troupes. Cependant, la diète convoquée à Ratisbonne, en 1640, ne voulut pas entendre parler de faire cesser les hostilités. L'écrit pseudonyme d'Hippolytus a Lapide, intitulé Dissertatio de ratione status in Imperio nostro Romano-Germanico; Stettin, 1640, ne fut pas sans influence sur sa détermination. Cet écrit, composé par le conseiller et historiographe suédois Bogislav-Philippe de Chemnitz, à l'instigation de l'électeur de Brandebourg, avait pour but de prévenir les États contre une paix qui aurait été d'autant plus funeste pour l'Empire que les concessions faites à la France

eussent été plus grandes. Moins dévoué aux in-
térêts de l'Espagne et moins esclave des Jésuites
que son père, Ferdinand III accorda des amnis-
ties à plusieurs États de l'Empire qui avaient
embrassé le parti suédois. Ce fut lui aussi qui
fit le premier des ouvertures de paix, dont les
préliminaires de Hambourg furent le résultat;
mais il se passa bien du temps encore avant que
le congrès de Münster et d'Osnabrück vînt pro-
clamer la paix générale. Pendant la tenue du
congrès, comme il n'avait pas été conclu d'ar-
mistice, la guerre continua avec diverses chances
de succès et de revers, jusqu'à ce que l'occupa-
tion d'une partie de Prague par les Suédois,
commandés par Wrangel, hâta la signature du
traité de paix par Ferdinand III.

Pendant qu'on en discutait les bases, l'empe-
reur avait fait élire roi d'Allemagne ou des Ro-
mains son fils Ferdinand IV, qui mourut en 1654.
Trois ans après, il le suivit dans la tombe, au
moment où il venait de conclure avec les Polo-
nais une alliance contre la Suède. D'importants
changements dans la constitution judiciaire de
l'Allemagne, changements décrétés par la diète
de 1653 à 1654, signalèrent son règne. Il encou-
ragea la musique, qu'il cultivait lui-même. On
lui doit quelques compositions, imprimées à
Prague, en 1648, par les soins de l'organiste de
la cour Wolfgang Ebner et dans la Musurgie de
Kircher, t. I. Il eut pour successeur son second
fils, Léopold Ier. [Enc. des G. du M., avec add.]
Ersch et Gruber, Allg. Enc.

FERDINAND 1er (1) (Charles-Léopold-Jo-
seph-François-Marcellin), empereur d'Au-
triche, fils de François Ier et de sa seconde
épouse, Marie-Thérèse, l'une des filles du roi
Ferdinand IV, de Naples, naquit à Vienne, le
19 avril 1793. Ce prince eut une enfance mala-
dive, et son éducation fut peu soignée, d'abord
par suite de sa mauvaise santé, ensuite à cause
de l'incapacité de ses gouverneurs, dont le pre-
mier fut congédié le jour même de la mort de
l'impératrice mère de Ferdinand, et dont le se-
cond fut attaqué d'une maladie mentale avant
d'avoir terminé l'éducation de l'archiduc héritier.
On le remplaça par le maréchal comte de Belle-
garde, qui reçut le titre de Oberhofmeister,
(premier intendant ou grand-maître de cour); et
en 1832, lorsque le grand âge de ce gouverneur
exigea un nouveau mentor, on choisit le grand-
veneur comte de Hoyow-Sprinzenstein. La santé
prince s'était raffermie; mais son moral se
ressentit encore de sa première faiblesse phy-
sique, et peut-être aussi de l'état imparfait de
sa première instruction. En 1815, on le fit voya-
ger dans les États héréditaires de sa maison, en
Italie, en Suisse et dans une partie de la France;
les seules qualités qui furent remarquées en lui
partout, ce furent la bonté et la douceur de son

(1) L'Empire d'Allemagne ayant été supprimé depuis
François 1er (en 1806), les empereurs d'Autriche ont
changé leur chiffre dynastique.

caractère. Son père, François Ier, lui conféra le
grade de feld-maréchal impérial, et bientôt il ju-
gea prudent, à l'exemple de quelques-uns de ses
prédécesseurs, de faire couronner de son vivant
son fils en qualité de roi de Hongrie. Cette cé-
rémonie eut lieu en présence de la diète hon-
groise, le 28 septembre 1830; l'archiduc prit le
nom de Ferdinand V, rex junior de Hongrie.
Le 27 février 1831, il fut marié à la princesse
sarde Marie-Anne-Caroline, fille du roi Victor-
Emmanuel, née le 19 septembre 1803.

Par la mort de son père, le 2 mars 1835, Fer-
dinand se trouva appelé au trône à l'âge de qua-
rante-deux ans. On s'attendait alors à un chan-
gement dans le gouvernement autrichien, d'au-
tant plus que Ferdinand marquait beaucoup de
déférence pour un des archiducs ses oncles;
mais les personnes qui connaissaient mieux
l'esprit du cabinet autrichien furent persuadées
que son système, toujours le même depuis tant
de siècles, ne varierait point. Ferdinand ac-
corda en effet à M. de Metternich la même con-
fiance que son père lui avait témoignée, le laissa
régler les affaires de l'extérieur, tandis que la
politique intérieure resta absolument invariable,
ainsi que Ferdinand l'avait annoncé par sa pro-
clamation lors de son avénement. Cependant,
le 6 septembre 1838, date de son couronnement
comme roi de Lombardie, il promulgua une
amnistie générale pour les crimes et délits po-
litiques commis dans les provinces italiennes.
Sous son règne l'industrie autrichienne prit un
essor inaccoutumé; on améliora les routes, on
construisit des voies ferrées. Le soulèvement de
la Gallicie en 1846 amena l'incorporation de
Cracovie et de ses dépendances à l'empire. Lors-
que, à la fin de 1847, les agitations révolution-
naires commencèrent, l'empereur fit les conces-
sions commandées par les circonstances. Il con-
sentit, au mois de mars 1848, à la démission de
M. de Metternich, à la formation d'un ministère
responsable; enfin, il posa les bases d'une cons-
titution impériale. Les troubles qui éclatèrent
ensuite à Vienne l'obligèrent de se réfugier à
Inspruck avec sa famille. Revenu à Vienne au
mois d'août, il dut encore fuir cette capitale en
octobre. Venu à Olmütz, il abdiqua le 2 décembre
suivant, en faveur de son neveu, le prince Fran-
çois-Joseph. Depuis lors Ferdinand vit retiré à
Prague. Ses occupations sont peu connues, et pa-
raissent toutes renfermées dans l'intérieur de son
palais. Il a montré du goût pour la technologie
et le blason. Son mariage est resté stérile.
Enc. des G. du M. Conversat.-Lex.

FERDINAND II, landgrave d'Alsace et comte
de Tyrol, né le 14 juin 1529, mort le 24 janvier
1595. Il était second fils de Ferdinand Ier, em-
pereur d'Allemagne, qui lui laissa en mourant
l'Alsace et le Tyrol (25 juillet 1564). Le règne
de Ferdinand n'offre aucune particularité digne
de remarque. Il accepta le calendrier julien ré-
formé par le pape Grégoire, et commença à l'exé-

cuter dès le 17 novembre 1583, qui fut alors compté pour le 27; mais Strasbourg et les protestants d'Alsace refusèrent d'adopter ce changement, qui ne devint d'un usage général qu'en 1682, sur l'ordre positif de Louis XIV. Ferdinand avait épousé en 1550 Philippine Welser de Zinnenberg, morte le 24 avril 1580, laissant de son mariage deux fils: Charles, margrave de Burgau, et André, dit le cardinal d'Autriche, évêque de Constance et de Brixen. Ces deux princes furent déclarés d'une filiation maternelle trop inférieure pour succéder à leur père. La seconde femme de Ferdinand II, Anna Catharina de Gonzague, mariée en mai 1582, morte en 1620, ne laissa qu'une fille, Anna, qui épousa l'empereur Matthias. Les biens de Ferdinand passèrent à ses neveux, qui étaient l'empereur Rodolphe et ses frères.

Sedler, Univ. Lex. Chronologie des Landgraves de la haute Alsace, dans l'Art de vérifier les dates, édit. de 1819, t. XIV, p. 28.

* FERDINAND-CHARLES, dernier landgrave de la haute Alsace, né le 17 mai 1628, mort à Inspruck, le 30 décembre 1662. Il était fils de Léopold IV, landgrave et landvogt d'Alsace et comte du Tyrol. Il succéda à son père sous la tutelle de sa mère, Claudia de Médicis. Ce fut pendant sa minorité que les Suédois, qui avaient fait la conquête de l'Alsace, la cédèrent, par le traité de Paris (1er novembre 1634), au roi de France, Louis XIII. En 1648, la paix de Munster, et en 1659, celle des Pyrénées confirmèrent cette cession. En compensation, Louis XIV, par un traité passé le 16 décembre 1660, s'engagea à payer à Ferdinand-Charles 3,000,000 de livres tournois. Cette somme fut acquittée le 3 décembre 1663 entre les mains de Sigismond-François, frère et héritier du landgrave. Dès lors l'Alsace, le comté de Ferette et la landvogtie d'Haguenau furent définitivement acquis à la France. Ferdinand-Charles avait épousé, le 10 juin 1646, Anna de Médicis, dont il n'eut pas d'enfants.

Traités de Paix, III, p. 805-825. Monglat, Mémoires, p. 109. Sismondi, Histoire des Français, t. XXIV, p. 598.- Sedler, Univ. Lex., au mot Alsatia.

*FERDINAND-MARIE, électeur de Bavière, né le 31 octobre 1636, mort à Schleisheim, le 26 mai 1679. Il était fils aîné de Maximilien 1er, électeur de Bavière, et de Marie-Anne d'Autriche. Il succéda à son père, le 27 septembre 1651, sous la tutelle de son oncle Albert, landgrave de Leuchtenberg et comte de Halle. Après la mort de l'empereur Ferdinand III (1657), le comte de Furstemberg, député de Bavière à la diète électorale, brigua pour son maître le trône impérial. Ferdinand-Marie désavoua son représentant, et déclara que si les électeurs lui imposaient la couronne impériale, il secouerait la tête pour la faire tomber. Sa mère lui ayant fait de vifs reproches sur son peu d'ambition, il répondit: « Madame, j'aime mieux être un riche électeur qu'un pauvre empereur. » Il entra cependant en contestation avec Charles-Louis, électeur palatin, au sujet du

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vicariat de l'Empire. Ce différend ne fut terminé qu'en 1724, après la mort des deux compétiteurs. Ferdinand-Marie sut toujours conserver une pru. dente neutralité au milieu des longues guerres qui affligèrent alors l'Europe. Il avait épousé, le 22 juin 1652, Henriette-Adélaïde de Savoie (morte le 18 mars 1676), et eut de ce mariage Maximilien-Emmanuel, qui lui succéda; MarieAnne-Christine-Victoire, mariée, le 7 mars 1680, à Louis, dauphin de France; Joseph-Clément, électeur de Cologne, évêque de Liége, de Ratisbonne et d'Hildesheim, et Violante-Béatrix, mariée, en 1689, à Ferdinand, prince-héréditaire de Toscane.

Sedler, Univ. Lex.

FERDINAND I, II, III, rois de Bohéme. Voy. FERDINAND I, II, III, empereurs d'Allemagne. FERDINAND-ALBERT, ducs de Brunswick. Voy. BRUNSWICK.

FERDINAND DE BAVIÈRE, quatre-vingt-etunième archevêque de Cologne, et soixante-etunième prince-évêque de Liége et de Munster, né le 7 octobre 1577, mort à Arnsberg, le 13 septembre 1650. Il était fils de Guillaume V, duc de Bavière et de Renée de Lorraine. Dès son enfance, prévôt de l'église de Cologne, chanoine de Mayence et de Trèves, il succéda, le 12 mars 1612, à son oncle Ernest de Bavière, non-seulement dans l'archevêché de Cologne, mais aussi dans les évêchés de Liége (16 mars 1612) et de Munster (11 avril 1612). En mai suivant il se rendit à Francfort et contribua à l'élection de l'empereur Matthias d'Autriche, dont il fit le 24 du même mois le couronnement, conjointement avec Jean Suicard de Cronenbourg, archevêque de Mayence. Après la mort de Matthias, Ferdinand de Bavière prit encore une part active à l'élection de l'empereur Ferdinand II, qui par reconnaissance lui conféra l'évêché de Paderborn. En 1630, il conduisit lui-même des troupes contre les Suédois et les protestants allemands, et, en 1637, il chassa les Français de la citadelle d'Ehrenbreitstein. En 1641, il accueillit Marie de Médicis, mère de Louis XIII, que la persécution de Richelieu forçait de quitter la France, et lui donna un asile au couvent de Saint-Tron. De 1642 à 1648, Ferdinand de Bavière vit ses États occupés et ravagés par les Français, les Hessois et les Suédois. Ce fut seulement lors de la paix de Munster qu'il recouvra ses places fortes; encore fut-il obligé de payer aux Hessois une indemnité de six cent mille rixdalers. Dans le pays de Liége le gouvernement de Ferdinand de Bavière fut une suite de révoltes, de bannissements, de tortures et de massacres, causés par les prétentions réciproques de l'évêque et du peuple. Le prélat soutenait le parti espagnol, et la bourgeoisie celui de la France. Un accommodement fut enfin conclu le 7 avril 1631, et Ferdinand se retira à Bonn. En mai 1636, la lutte recommença les Impériaux, appelés par l'évêque, vinrent, sous la conduite de Charles IV, duc

de Lorraine, de Picolomini et de Jean de Werth, assiéger Liége. Les bourgeois chassèrent les chanoines, prirent les armes, et, commandés par Sébastien de La Ruelle, leur bourgmestre, ils se défendirent vaillamment, firent des sorties heu reuses et défirent Jean de Werth. Le nonce mé nagea un arrangement entre l'évêque et ses sujets. Ceux-ci promirent de reconnaître l'empereur, et donnèrent une forte somme au prélat et à ses alliés. Mais aussitôt rétabli sur son siége, Ferdinand de Bavière recommença ses empiétements, et les Liégeois portèrent plainte au pape Urbain VIII. Le bourginestre La Ruelle (voy. ce nom) était l'âme de la résistance des bour geois; le comte René de Renesse, seigneur de Warfusée, agent du parti espagnol, invita ce magistrat à un grand repas,et le fit égorger, le 15 avril 1637. Les Liégeois, exaspérés, écrasèrent les soldats étrangers, prirent de force la maison de Warfusée, le percèrent de mille coups, le pendirent ensuite, et, après l'avoir brûlé, jetèrent ses cendres dans la Meuse. Ferdinand aurait eu le même sort s'il n'eût eu la précaution de se retirer dans un de ses châteaux avant l'accomplissement du meurtre de La Ruelle. Mais ses principaux partisans et ceux de l'Espagne furent les victimes de la colère populaire. Les jésuites et les carmes furent très-maltraités et expulsés de la ville. Ferdinand eut beaucoup de peine à se laver de l'assassinat du bourgmestre. Cependant, avec le temps, le peuple se calma, et, oubliant ses griefs, rouvrit ses portes au prélat. Les états de Liége lui accordèrent même, en septembre 1641, cent cinquante mille florins, au moyen desquels Frédéric-Maurice de La Tour, prince de Sedan, renonça à ses prétentions sur le duché de Bouillon. Quelques écrivains ecclésiastiques ont vanté la piété, la bienfaisance et les bonnes mœurs de Ferdinand de Bavière; ces qualités semblent peu d'accord avec l'histoire. Il est vrai que Liége lui dut en particulier l'établissement de nombreuses congrégations religieuses. Il y établit des augustins du Saint-Sépulcre en 1614, des carmes déchaussés et des minimes en 1617, des ursulines l'année suivante; puis, deux ans après, des célestins, des dominicains, des capucins, des récollets, des carmélites, des religieuses de la Conception, des urbanistes, enfin des filles du tiers ordre de Saint-François. De magnifiques monastères furent élevés pour ces sociétés, qui étaient en outre dotées aux dépens de la ville. A. DE L.

Le Mercure français, t. XXII, ann. 1638. — Abbé d'Artigny, Mémoires d'histoire critique, t. II, p. 322. La Voix du peuple Liégeois; Liége, 1637, in-4°. - Foullon, Histoire de Liege. L. Polain, Le Banquet de Warfusée, dans la Kevue belge, 2e ann., p. 181. Comte de Becdelièvre-Hamal, Biographie Liegeoise, t. I. p. 479. FERDINAND Ier, dit le Juste et l'Honnête, roi d'Aragon et de Sicile né en 1373, mort à Ygualada (Catalogne), le 2 avril 141.6. Il était le deuxième fils de Juan Ier, roi de Castille, et d'Eleonora d'Aragon. Il refusa la couronne de Cas

tille, que lui offraient les états à la mort de son frère aîné, Henri III, dit le Maladif. Content du titre de régent, il gouverna la Castille pendant la minorité de son neveu Jean II, à qui il laissa plus tard le gouvernement de la Vieille-Castille. La sagesse avec laquelle il dirigea les affaires et ses succès contre les Maures lui donnèrent la plus haute influence. Il en profita pour augmenter sa puissance et celle de sa famille. Le troisième et le quatrième de ses fils furent élevés aux maîtrises d'Alcantara et de Santiago. Lorsque le roi d'Aragon et de Sicile D. Martin, frère de sa mère, D. Léonore, lui fit offrir sa succession à la couronne d'Aragon, Ferdinand assiégeait Antequera, dont il ajouta ensuite le nom au sien. La prise de cette ville, la plus forte que possédassent encore les Maures, de Grenade, lui donna une grande prépondérance et décida les députés d'Aragon, de Catalogne et de Valence, réunis à Caspé, à le reconnaître dès le 30 juin 1412. Ses compétiteurs étaient Federigo, comte de Luni, fils naturel de don Martin, Matthieu de Castelbon, comte de Foix, gendre de Juan Ier, frère aîné de don Martin; Alfonso, duc de Candie; le marquis de Villena; Jayme II, comte d'Urgel. Ce dernier osa seul lui disputer l'héritage du roi d'Aragon. Ferdinand non-seulement repoussa son attaque, mais l'assiégeant dans Balaguer, il l'obligea de se rendre à discrétion, confisqua ses biens, et l'envoya prisonnier en Castille. Le vainqueur rentra ensuite dans Saragosse, où il se fit couronner solennellement, en 1414. Il éprouva aussi quelque difficulté à établir son pouvoir en Sicile. La reine Blanca de Navarre, veuve de Martin Ier, roi de Sicile, fils de don Martin et mort avant son père, jouissait alors de la régence en vertu du testament de son mari: Ferdinand la confirma vicereine; mais il nomma en même temps un conseil supérieur de huit vice-gérants. Blanca avait refusé avec dédain la main de Bernardo Caprera, comte de Modica, favori de Martin Ier, et qui aspirait aussi à la royauté. Celui-ci s'en vengea en chassant la régente de Palerme; Ferdinand eut à réduire l'audacieux prétendant, qui fut expulsé de Sicile. Blanca, néanmoins, voyant ses pouvoirs limités par l'autorité des vice-gérants, se retira en Navarre. Ferdinand dans tout le cours de son règne ne trompa nullement la bonne opinion qu'il avait fait concevoir de lui. Il sut joindre à l'habileté, qui inspire la confiance, la fermeté, qui commande le respect, la justice et la clémence, qui lui concilièrent l'amour de ses sujets. Aussi son influence fut-elle grande au dedans comme au dehors. Le roi d'Angleterre et l'empereur d'Allemagne recherchèrent son alliance, et son intervention fut réclamée dans les affaires de l'Église. Jusqu'au concile de Constance, Ferdinand avait suivi le parti de Benoît XIII; mais Grégoire XII ayant donné sa démission et Jean XXIII ayant été déposé, Ferdinand crut devoir engager Benoît à se retirer aussi, afin de rendre la paix à l'Église. Il se trans

porta auprès de lui à Perpignan, et épuisa toutes les voies de persuasion sans rien en obtenir : il l'abandonna alors, et se soumit à l'obéissance de Martin V. Ferdinand mourut en revenant de cette entrevue. Il avait épousé Léonore d'Albuquerque, dont il laissa quatre fils: Alfonse V, dit le Sage et le Magnanime, qui lui succéda; Juan II, roi de Navarre, puis d'Aragon; don Enrique; don Pedro; et deux filles : Maria, qui épousa en 1420 Juan II, roi de Castille; et Eleonora, mariée en 1428 avec don Duarte, infant de Portugal. V. MARTY.

Mariana, Hist. Hisp. Garibaï, Historia de todos los Reinos di España. Zurita, Anales de la Corona de Aragon. Ferreras, Hist. gen. de España.

FERDINAND II, roi d'Aragon. Voyez FERDINAND V, dit le Catholique, roi de Castille.

FERDINAND Ier, le Grand, roi de Castille, de Léon, de Galice, mort à Léon, le 27 décembre 1065, était le second fils de Sanche III, le Grand (voy. ce nom), roi de Navarre, qui força Bermude III, roi de Léon, à renoncer à tout droit sur la Castille, ainsi érigée en royaume indépendant (1032). Ferdinand épousa en même temps la sœur du roi vaincu, doña Sancha, qui avait été fiancée à Garcia (voy. ce nom), comte de Castille. Bermude crut que la mort de Sanche III lui offrait une occasion favorable de recouvrer la Castille, et envahit cet État, malgré les liens de parenté qui l'unissaient à son possesseur. Ferdinand le vainquit, et le tua; il fit alors valoir les droits de sa femme et de la victoire, et, par l'occupation des Asturies et de Léon, il devint le plus puissant souverain de l'Espagne chrétienne. Bermude III était le dernier rejeton mâle d'une dynastie de rois qui, par Pélage, remontait aux rois Goths. Ferdinand, qui ne la représentait que par les femmes, eut à faire oublier le titre d'étranger que lui donnaient ses nouveaux sujets. Il plut au peuple par la confirmation des fueros d'Alfonse V, complétés, et imposa par sa fermeté et sa justice. Il employa treize ans à la restauration des antiques lois des Goths, appropriées à son époque. La révolte de son frère, Garcia, roi de Navarre, vint l'arracher à ces utiles travaux. Il marcha contre lui, le défit, et le tua à Pennalène, dans les plaines d'Atapuerca, appelées depuis Champ du Meurtre; par l'occupation de la Rioja, des Asturies et de la Galice, il limita à l'Ebre la Navarre, qui resta à Sanche, son neveu. Se voyant à la tête de troupes grossies par la victoire, il tourna ses armes contre les infidèles. Il avait à les punir de l'assistance prêtée contre lui au roi de Navarre. Envahissant le Portugal, il emporta d'assaut Viseu, malgré l'énergie de sa défense, puis Lamego, et vint mettre le siége devant Coïmbre. Six mois après, il faisait son entrée dans cette dernière place, la plus importante du pays, 26 juillet (1058). L'année suivante, maître de San-Estevan de Gormas, il poussa son expédition jusqu'à Medina-Celi (1060), en détruisant la ligne d'atalayas (espèces de ve

dettes), que l'ennemi avait élevées sur les frontières de la Cantabrie, dont il occupa plusieurs places. Il se jeta ensuite sur le royaume de Tolède, dévastant tout sur son passage, et sans laisser prendre haleine ni à ses soldats, ni à l'ennemi, il remonta jusque vers Madrid et Alcala de Hénarès. Les riches présents d'Al-Mamoun, émir de Tolède, purent seuls arrêter sa conquête. Après un traité en vertu duquel l'émir se reconnut son vassal, Ferdinand se retira chargé de butin. Il dépensa ces richesses en améliorations intérieures. Il restaura Zamora, et réédifia à Léon l'église de Saint-Jean-Baptiste, destinée à recevoir les reliques des saints enfouies dans les lieux qu'occupaient encore les infidèles. Il porta ses ravages dans l'Andalousie, et força Ebn-Ab, émir de Séville, à se reconnaître son tributaire et à lui rendre les reliques de saint Isidore, qu'il transporta dans sa nouvelle église (1063), où il passait de longues heures en prières. Atteint d'une grave maladie, c'est là qu'il se fit transporter au retour d'une expédition dirigée contre Valence, et qu'il voulut terminer, sous le cilice du pénitent), sa vie de roi législateur et guerrier. Aussi actif et non moins habile à gouverner pendant la paix que pendant la guerre, Ferdinand fut un des plus grands rois de l'Espagne. Fondateur du royaume de Castille, il éleva au titre d'empereur des prétentions (1) qui lui furent contestées. Le Cid de Bivar, élevé à sa cour, vint à Toulouse pour soutenir contre l'ambassadeur d'Henri le Noir, empereur d'Allemagne, la discussion élevée à ce sujet. La médiation du pape y mit fin. Ferdinand mourut au comble de la gloire et de la puissance. Des trois fils qu'il eut de doña Sancha, son épouse, Sanche fut roi de Castille; Alonzo, de Léon; Garcia, de Galice. V. MARTY,

Roderic de Tolède, Chronicon. - D. Diego de Saavedra, Corona Gothica, Castellana. Hist. Ferreras, gen. de España.- La Fuente, id., t. IV, 1851.

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FERDINAND II, roi de Léon, deuxième fils d'Alfonse VIII, régna de 1157 à 1188. C'était un prince gai, libéral, brave et plein de cette piété ardente, particulière aux rois d'Espagne dans leur lutte continuelle avec le fanatisme musulman: il se répandit en largesses envers l'Église, et fut très-heureux dans ses guerres. Sanche III, son frère, roi de Castille, s'étant déclaré protecteur des grands de ses États soulevés contre lui, il prévint les hostilités en se rendant sans suite en Castille et en faisant droit aux prétentions de plaignants. Il épousa Urraque, fille d'AlfonseHenriquez, roi de Portugal, ce qui ne l'empêcha pas d'être en guerre avec son beau-père. Il envahit les possessions de ce monarque, et lui enleva plusieurs villes, entre autres Salamanque. Ayant pris le roi son beau-père dans Badajoz, il l'obligea de faire la paix. Alarmés de voir s'é

(1) Le Pagi dit positivement: « Ce prince se qualifiait d'empereur dans ses diplômes, ce que nous avons vérifie sur quelques-unes de ces pièces. »

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