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que le véritable amour peut faire des prodiges:
des détails ingénieux et une critique plaisante des
usages français de l'époque rendent agréable la
lecture de cet opuscule; Le Miroir des Prin-
cesses orientales; Paris, 1755, in-12: c'est un
miroir qui révèle tout ce qui se passe dans les
âmés. L'idée n'est pas nouvelle : elle se trouve
dans les Mille et une Nuits de Galland; Lesage
de Pitténée en avait fait le sujet d'un opéra-co-
mique;
Le Miroir magique, représenté en
1734. Barbier et plusieurs autres bibliographes at-
tribuent encore à Mme Fagnan une plaisanterie de
mauvais goût, intitulée: Histoire et Aventures
de mylord Pet, par Mme F***; La Haye (Paris),
1755, in-12. L'épître dédicatoire est signée Jean
Fesse. Ersch, refusant de croire que cette œuvre
fût l'ouvrage d'une dame, l'a mise sur le compte
du chevalier Duclos.
A. JADIN.

Ersch, La France littéraire. - Barbier, Dict. des Anonymes. Chaudon et Delandine, Dict, hist.

FAGNANI (Jean-Marc), poëte italien, né à Milan, en 1524, mort en 1609. Il obtint dans sa patrie des magistratures éminentes, et cultiva avec succès la poésie latine. Le seul de ses ouvrages qui ait été publié est intitulé: De Bello Ariano Libri VI; Milan, 1604, in-4°. Argelati cite encore de lui Versus de natali suo; Carmina ad Franciscum Civellium, parmi les Epigrammata de Civelli.

Argelati, Biblioth. Mediolanensis, t. I, p. 588. -boschi, Storia della Letterat. Ital., t. VIII, p. 403.

Tira

FAGNANI (Raphael), archéologue italien, né à Milan, vers le milieu du seizième siècle, mort le 22 septembre 1623. Tout en exerçant la profession de jurisconsulte, il s'occupa particulièrement des antiquités de Milan. On a de lui: Nobiles Familia Mediolanenses, t. VIII; resté en manuscrit dans la bibliothèque des avocats de Milan; des poésies latines dans les Poesie latine ed italiane di diversi, per la partenza di Zaccaria Sagredo, podestà di Verona; Vérone, 1618, in-4°.

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Argelati, Bibliotheca Mediolanensis, t. I, p. 590. Tiraboschi, Storia della Letterat. Ital., t. VII, 341.

Charles), marquis de Toschi, mathématicien italien, né à Sinigaglia, le 6 décembre 1682, mort le 26 septembre 1766. Il montra une aptitude précoce pour les lettres et les sciences, et dès l'âge de seize ans il était membre de l'Académie des Arcades. Divers mémoires publiés dans des journaux italiens et dans les Actes de Leipzig le placèrent bientôt au premier rang des mathématiciens de son pays. Il recueillit ces mémoires sous le titre de Produzioni matematiche; Pesaro, 1750, 2 vol. in-fol. On trouve dans le premier volume une Théorie générale des proportions géométriques que Montucla trouve « un peu volumineuse ». Le second contient un Traité des diverses Propriétés des Triangles rectilignes, « qui en contient en effet, dit Montucla, un grand nombre de curieuses et de remarquables ». Parmi les autres pièces de ce second volume, on en distingue plusieurs relatives aux propriétés et à quelques usages de la courbe appelée lemniscate. Aussi l'auteur en a-t-il fait graver la figure dans le frontispice de son livre. Le comte Fagnani laissa un fils, Jean François de Toschi e Fignano, archidiacre de Sinigaglia et habile géomètre. On a de JeanFrançois divers mémoires intéressants de géométrie et d'analyse mathématique, dans les Acta Erud. de Leipzig (1774, 75, 76).

Montucla, Histoire des Mathématiques, t. III, p 285. - Tipaldo, Biografia degli Italiani illustri, t. ler, p. 160. FAGNIER. Voyez FANIER.

FAGON (Gui-Crescent), médecin et botaniste français, né à Paris, le 11 mai 1638, mort en 1718. Il était fils d'un commissaire des guerres, qui fut tué en 1640, au siége de Barcelone. Son oncle, Gui de La Brosse, était intendant du Jardin du Roi. Il fut de bonne heure destiné à la médecine, prit le bonnet de docteur en 1664, et soutint à cette occasion une thèse sur la circulation du sang: action hardie alors, que les vieux docteurs ne pardonnèrent au jeune étudiant qu'en faveur de l'esprit avec lequel il avait défendu ce prétendu paradoxe, aujourd'hui reconnu comme une vérité. Vallot, premier médecin du roi, avait entrepris de repeupler le Jardin royal, le livre commun de tous les botanistes; Fagon lui offrit ses soins. Il parcourut les Alpes, les Pyrénées, l'Auvergne, la Provence, le Languedoc, et en revint avec une riche moisson de plantes. Son zèle fut récompensé par les places de professeur de botanique et de chimie au Jardin du Roi. Sa réputation le fit choisir, en 1680, pour premier médecin de la dauphine (Marie-Christine de Ba vière). Quelques mois après, il le fut de la reine (Marie-Thérèse d'Autriche), et après la mort de cette princesse, le roi le chargea du soin de la santé des enfants de France. Enfin, Louis XIV le nomma, en 1693, son premier médecin, poste éminent, où Fagon ne se fit pas moins remarquer par son désintéressement que par son habilete. Quoique parvenu à la première dignité de sa FAGNANI OU FAGNANO (Le comte Jules-profession, Fagon, dit Fontenelle, ne se relâcha

FAGNANI (Prosper), canoniste italien, né en 1598, mort en 1678. Considéré comme le premier jurisconsulte de son temps en tout ce qui touchait le droit ecclésiastique, Fagnani fut pendant quinze ans secrétaire de la Sacrée Congrégation. Il perdit la vue à quarante-quatre ans, et n'en poursuivit pas moins ses importants travaux sur la jurisprudence canonique. On a de lui un Commentaire sur les Décrétales; Rome, 1661, 3 vol. in-fol. Cet ouvrage, entrepris par l'ordre du pape Alexandre VII, témoigne d'un grand savoir. L'index est un chef-d'œuvre d'autant plus extraordinaire qu'il a été dressé par un aveugle. La meilleure édition du Commentaire est celle de Venise 1697, qui contient en entier le texte des Décrétales.

Tiraboschi, Storia della Letterat. Ital., t. VIII, 281. Moréri, Grand Dict. hist.

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nullement du travail qui l'y avait élevé. Il voulait la mériter encore de plus en plus après l'avoir obtenue. Les fêtes, les spectacles, les divertissements de la cour, quoique souvent dignes de curiosité, ne lui causaient aucune distraction. Tout le temps où son devoir ne l'attachait pas auprès de la personne du roi, il l'employait ou à voir des malades, ou à répondre à des consultations, ou à étudier. Tous les malades de Versailles lui passaient par les mains, et sa maison ressemblait à ces temples de l'antiquité où étaient en dépôt les ordonnances et les recettes qui convenaient aux maux différents. I est vrai que les suffrages des courtisans en faveur de ceux qui sont en place sont assez équivoques, qu'on croyait faire sa cour de s'adresser au premier médecin, qu'on s'en faisait même une espèce de loi; mais, heureusement pour les courtisans, ce premier médecin était aussi grand médecin.» Devenu, en 1698, surintendant du Jardin royal, Fagon donna à Louis XIV l'idée d'envoyer Tournefort dans le Levant pour enrichir ce jardin de nouvelles plantes. Il devint l'année suivante membre de l'Académie des Sciences. Sa santé avait toujours été très-faible; elle ne se soutenait que par un régime presque superstitieux, et « il pouvait, dit Fontenelle, donner pour preuve de son habileté, qu'il vivait ». Mais l'art céda enfin, et il mourut âgé de près de quatre-vingts ans. Il laissa deux fils : l'atné, Antoine, évêque de Lombez, puis de Vannes, mourut le 16 février 1742; et le second, Louis, conseiller d'État ordinaire au conseil royal, intendant des finances, mourut à Paris, le 8 mai 1744, sans avoir été marié. Outre un profond savoir dans sa profession, Fagon avait une érudition très-variée. Il eut part à la rédaction du Catalogue du Jardin royal, publié en 1665, sous le titre d'Hortus regius. Il orna ce recueil d'un petit poëme latin, intitulé: Carmen gratulatorium illustrissimo Horti Regii restauratori D. D. Antonio Vallot, archiatrorum principi. On a encore de lui: Les Qualités du Quinquina; Paris, 1703, in-12; plusieurs Observations publiées dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, une entre autres Sur le blé cornu en ergot et sur l'espèce de gangrène qu'il procure à ceux qui en mangent la farine.

Éloy,

Fontenelle, Éloges des Academiciens, t. II. Dict. hist de la Medecine. - Saint-Simon, Mémoires. * FAGUNDES (Le P. Estevam), théologien portugais, né à Viana, dans la deuxième moitié du seizième siècle, mort le 31 janvier 1645. Il entra à dix-sept ans chez les Jésuites, qui l'envoyèrent professer la théologie à Braga, puis à Portalègre. C'était une des lumières de son ordre; il a donné Quæstiones de christianis officiis et casibus conscientiæ, etc.; Lyon, 1626, infol.: livre prohibé par l'inquisition; Infor

matio pro opinione esus ovorum et lacticiniorum tempore Quadragesimæ; 1630, in-fol.,

imp. à Salamanque, au collège de la Compagnie. Ce livre a paru de nouveau sous ce titre : Apologeticus tractatus ad quæstionem de lacticiniorum ovorumque esu tempore quadragesimali; Lyon, 1631, in-8°. F. DENIS. Barbosa Machado, Bibliotheca Lusitana.

FAHLGRANTZ (Charles-Jean), peintre paysagiste suédois, né le 29 novembre 1774. Il se forma dans son art à l'aide de ses seuls efforts: il s'appliqua surtout à l'étude de la nature, qui depuis l'inspira toujours. Il ne connut guère que les paysages septentrionaux, et ne visita point l'Italie. Renommé comme peintre dès le commencement du siècle, il fut nommé professeur en 1815. Ses tableaux les plus remarquables sont en la possession du roi de Suède; il peignit aussi des Vues du Nord pour le roi de Danemark Frédéric VI. Quelques-unes de ses productions, tirées du Frithiofssage de Tegner, ont été lithographiées par Ancharsward.

Conversat.-Lex. Nagler, Neues Allg. Künstl.-Lexic. Ehrenstroem, Notice sur la Littérature et les BeauxArts en Suède; 1826.

* FAHLGRANTZ ( Christian-Eric), frère du précédent, poëte et théologien suédois, né à Upsal, en 1790. Nommé professeur à Upsal en 1829, il devint ensuite évêque de Westeras. On a de lui Nouch's Ark (L'Arche de Noé); 18251826; Ansgarius, poëme épique; Upsal, 1846; Evangelische Alliancen (Alliances évangéliques); Upsal, 1847. Fahlcrantz publie depuis 1839, avec Knös et Almquist, Die ecclesiastik Tidskrift (Le Journal ecclésiastique).

Conversations-Lexikon,

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FAHLENIUS (Eric), théologien suédois, vivait dans la première moitié du dix-huitième siècle. De 1701 à 1708, il professa le grec et les langues orientales à Pernau. Ses ouvrages sont : Disputationes duo priora capita ex comment. R. Isaac Abarbanelis in prophetam Jonam, in linguam latinam translata; 1696; - Oratio introductoria de triplici Judæorum libros sacros commentandi ratione eorumdemque scriptorum usu et utilitate in scholis christianorum; 1701; Disputatio de promulgatione Decalogi; 1706. Gadebusch, Lieft. Bibl. FAHRENHEIT (Gabriel-Daniel), physicien allemand, né à Dantzig, en 1690, mort en 1740. Destiné au commerce par ses parents, il préféra à cette carrière les spéculations scientifiques. Il construisit des instruments, et visita ensuite la France et l'Angleterre pour compléter ses connaissances. Établi plus tard en Hollande, il y vécut dans la société des hommes les plus distingués. Après avoir adopté l'alcool comme liquide thermométrique, il eut l'idée, vers 1720, de choisir le mercure comme moyen de mesurer la chaleur. « Ce métal, dit M. Figuier, réunit en effet toutes les conditions désirables: il n'entre en ébullition qu'à une température très-élevée, et peut servir, par conséquent, à mesurer la cha

bres correspondants de l'Académie royale des Sciences, Lettres et Beaux-Arts de Belgique. On a de lui Coup d'œil historique sur les institutions provinciales et communales en Belgique, suivi de quelques mots sur les principes d'organisation; Bruxelles, 1834, in-8°;

Études sur les constitutions nationales (Pays-Bas autrichiens et pays de Liége); Bruxelles, 1842, in-8°; - Esquisse du développement social de la Belgique (dans le Trésor national, livraison de septembre 1842);

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État de l'instruction primaire en Belgique, de 1830 à 1840; Bruxelles, 1842, in-8°; Remarques sur Hembyse, histoire gantoise à la fin du seizième siècle (dans la Revue belge, tome III, 2e livraison); De la Nationalité littéraire en Belgique et du nouveau drame de M. Prosper Noyer (ibid., 5e livraison); Paroles d'un Voyant; Bruxelles, 1834, in-18; œuvre de jeunesse, inspirée par les Paroles d'un Croyant de l'abbé de Lamennais; la Personnification civile des Associations religieuses en Belgique; Bruxelles, 1846, in-8°;

De

Jurisprudence scandée; Bruxelles, 1847, in-8° (extrait de la Belgique judiciaire, année 1847, n° 52); De la Désuétude des Lois; Bruxelles, 1848 (extrait du Moniteur belge);

leur dans des termes fort étendus: il ne se con. gèle qu'à une température qui ne se réalise jamais dans nos régions; enfin, et c'est là le point capital pour son application comme agent thermométrique, il se dilate uniformément, c'est-àdire que son augmentation de volume est exactement proportionnelle, au moins dans une échelle très-étendue, à la quantité de calorique qu'il reçoit. » Fahrenheit prit l'ébullition de l'eau pour point fixe supérieur, et pour l'inférieur il adopta le degré de froid éprouvé à Dantzig en 1709, et qu'il reproduisit au moyen d'un mélange de neige et de sel ammoniac. L'intervalle qui séparait ces deux points fut divisé en 212 parties égales, de telle sorte que le point de la congélation de l'eau correspondait à 32 degrés, celui de la température du corps humain à 96 degrés, et celui de l'ébullition de l'eau à 212 degrés. Le thermomètre de Fahrenheit n'est plus aujourd'hui en usage qu'en Angleterre; en France on adopta celui de Réaumur, construit vers 1730, et dont les deux points fixes sont le terme de la glace fondante et celui de l'ébullition de l'eau, avec un intervalle de 80 parties égales. Le thermomètre de Réaumur a fait depuis lors place au thermomètre centigrade. « En multipliant, les degrés du thermomètre de Réaumur par 3⁄4, on les transforme en degrés centigrades; et réciproquement, en multipliant les degrés centigrades par */5, on les transforme en degrés de Réaumur. Pour convertir en degrés centigrades une température exprimée en degrés de Fahrenheit, il suffit d'en retrancher 32 et de multiplier le reste par 5/,». Fahrenheit construisit aussi un aéromètre, pris ensuite pour modèle par Tralles, Nicholson et Charles. Dans ses dernières années, il inventa une machine à dessécher les contrées inondées et pour laquelle il se fit accorder un privilége; il légua à son ami S'Gravesande le soin de perfectionner cette machine. Le légataire y introduisit des changements qui la rendirent impraticable, et l'invention de Fahrenheit tomba dans l'oubli. On | trouve dans les Philosophical Transactions (1724, t. XXXIII) cinq mémoires scientifiques de Fahrenheit ayant pour titres Experimenta circa gradum caloris liquorum nonnullorum ebullientium instituta; Experimenta et Observationes de congelatione aquæ in vacuo facta; Materiarum quarumdam gravitates specificæ, diversis temporibus ad varios scopos exploratæ; - Aræometri novi Descriptio et usus; Barometri novi Descriptio.

-

V. R.

Ersch et Gruber, Allgem. Encyclop.- Convers.-Lezik. Figuier, Expos. et Hist. des principales Découvertes scientifiques modernes, p, 112. F. Hoefer, Dict. de Physique et de Chimie, p. 421-422.

*FAIDER (Charles), jurisconsulte belge, né vers 1805. Il étudia le droit, fut reçu avocat à Bruxelles, et plus tard nommé avocat général. En novembre 1852, le roi Léopold lui confia le ministère de la justice. M. Faider avait déjà mérité, par ses écrits, d'être reçu au nombre des mem

-

Particularités sur les anciennes fondations de bourses de l'université de Louvain; in-8° (extrait du tome XV des Bulletins de l'Académie royale de Belgique, et reproduit dans l'Annuaire de l'Université catholique de Louvain, année 1849); — Étude sur l'Application des lois Inconstitutionnelles; in-8° (extrait du tome XVII des Bulletins de l'Académie royale). M. Faider, dans cet ouvrage, se range à l'avis de ceux qui pensent que les tribunaux doivent appliquer la loi, sans en examiner préalablement la constitutionnalité. Cet ouvrage a été réfuté par M. Eugène Verhagen, sous ce titre : Lettre à M. Ch. Faider, avocat général à la cour d'appel de Bruxelles, sur son examen de la brochure intitulée : Des Lois inconstitutionnelles; Bruxelles, 1850, in-8°;

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Bulletin du

Moniteur belge, no 289, 17 octobre 1832. Bibliophile belge, t. VII. — Biographie générale des Belges. Dict. des Hommes de Lettres de la Belgique.

FAIDIT (Gaucelm), célèbre troubadour, né à Uzerche, mort vers 1220. Il était fils d'un bourgeois de cette ville, et eut une jeunesse des plus orageuses. S'étant ruiné au jeu de dés, il se fit histrion et jongleur, et se maria à une fille de mauvaises mœurs, nommée Guillelma Monja. Ils parcoururent ensemble le monde en chanteurs ambulants (e cantava piegz dome del mon). La réputation de Faidit se fit longtemps attendre, et il parut s'en consoler avec Guillelma, en vidant des brocs de vin et en faisant bonne chère,

ce qui leur donna un embonpoint de Silène, et les mit souvent dans le besoin. Le marquis de Montferrat vint à leur secours en des jours de détresse; il les mit en avoir, et leur fit présent de robes et d'armes (mes lo en aver et en raubas et en armes ). Lorsque Faidit eut acquis le nom de troubadour, il fut recherché par le fils de Henri II, Richard Cœur de Lion, comte de Poitou, qui devait monter sur le trône de l'Angleterre et venir mourir dans la patrie de Faidit, devant Chalus, non loin du castel d'Hélias d'Hisel, autre troubadour limousin. Il existe sur la mort de Richard des vers de Faidit, et ce sont les plus beaux de sa muse : « La mort, s'écriet-il, a enlevé au monde tout l'honneur, toutes les joies, tous les biens, en frappant Richard. Si rien ne peut garantir d'elle, devrait-on tant craindre de mourir? » Les autres poésies de Faidit roulent en partie sur l'amour, et les auteurs se plaisent à parler de celles qu'il adressa à Marie de Ventadour. Faidit l'aima passionnément; elle le souffrit, à raison du mal qu'elle lui causait, et leur amour dura sept ans (et en aissi duret lur amor be sept ans). C'était du côté de Marie de Ventadour un amour vaniteux et sournois, qui porte la femme à sourire au poëte pour en être chantée et appelée la plus belle entre toutes les belles. Faidit voulait d'autres faveurs, et ne pouvant les obtenir, il fut jusqu'à implorer la pitié. Il compare Marie de Ventadour à la tarentule qui fait mourir en riant, et lui souhaite un amant dont les infidélités le vengent. " Il l'aimera toujours, ajoute-t-il, quoiqu'il sache bien que c'est là une folie. » Marie, fatiguée de ses obsessions et voulant conserver son poëte, sans se rendre pourtant à ses désirs, alla consulter la jeune et jolie Audière de Malemont, qui prit sur elle d'arranger l'affaire. Celle-ci écrivit à Faidit

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de Ventadour, dans l'espoir de rentrer dans ses bonnes grâces, mais elle ne voulut plus le revoir. Faidit partit alors pour la croisade: c'était Marie de Ventadour qui l'avait engagé à se faire croisé, pour être plus digne d'elle. Les adieux du poëte ressemblent à ceux de Marie Stuart quittant la France : « Adieu, s'écrie-t-il, gentil Limousin; je quitte votre doux pays, pays si agréable, des seigneurs et des voisins, des dames d'un mérite distingué, fleurs de courtoisie; aussi je languis, je gémis, je soupire nuit et jour. » De retour de la croisade, Faidit fut reçu par le marquis de Montferrat, puis par messire d'Agoult, seigneur de Sault et provençal. Ce qui surprendra, après ses mésaventures en amour, c'est qu'il aima encore une noble châtelaine, Jordana de Brun, et il eut pour rival Alphonse II, comte de Provence. La jalousie le jeta dans le plus profond désespoir. Il crut que Jordana payait le comte de retour; mais détrompé, il implora sa grâce, et dit à Jordana qu'il lui serait aussi fidèle que le lion de Gouffier de Lastours. Faidita laissé un grand nombre de chansons et plusieurs autres pièces de vers. Nous citerons Le Triomphe de l'Amour, que Pétrarque a imité; · L'Hé résie des Prêtres, espèce de comédie, dans laquelle il favorise les sentiments des Vaudois et des Albigeois. Il en composa d'autres, qu'il vendit, dit-on, jusqu'à 3,000 livres. Martial AUDOIN.

Nadaud, mss.,t. IV, p. 198-196.-J. de Nostre-Dame, Hist. poet. prov., ch. 14. La Croix du Maine, Bibl. franç., p. 11. Du Verdier de Vauprivas, Bibl. franç., t. I, p. 15, 16. Bib. imp., Mss. 7225. — Vaissette, Hist. du LangueHist. doc, t. II, p. 518. Fontenelle, t. IV, p. 367-368. littéraire des Troubadours, t. I, p. 384. - Dict. des Maurs des Français, poésie. - Marchangy, Gaule poétique. Pétrarque, Poëme du Triomphe de l'Amour, chant. 4.

FAIEL. Voyez FAYEL.

FAIGUET DE VILLENEUVE (Joachim), et non Faignet, économiste français, né à Moncontour (Bretagne), le 16 octobre 1703, mort en 1780. Il fut d'abord maître de pension à Paris, puis trésorier au bureau des finances de Châlonssur-Marne. On a de lui: dans l'Encyclopédie méthodique, les articles Citation, Dimanche, Épargne, Études; l'Économie politique contenant des moyens pour enrichir et pour perfectionner l'espèce humaine; Paris, 1763,

qu'il eût à aimer mieux un petit oiseau sur le poing qu'une grue volant dans le ciel ». Faidit étant accouru lui demander l'explication de cette énigme, en reçut la réponse suivante : « Marie est la grue, et je suis le petit oiseau que vous tiendrez sur le poing: je vous veux pour amant, et je vous ferai don de moi et de mon amour. » Faidit à ces mots fut transporté de joie, et promit d'oublier Marie de Ventadour; mais il ne tarda pas à se convaincre que les paroles d'Au-in-12. L'auteur y propose d'établir en France une dière de Malemont n'étaient point sincères. « Ce que je vous ai promis, lui dit-elle, ce n'est pas de vous aimer d'amour; mais j'ai voulu vous arracher de la prison où vous étiez. » Faidit en vain implora grâce, il lui fallut chercher d'autres amours. Il ne fut pas plus heureux auprès de la comtesse d'Aubusson, qui donna rendezvous à son amant, Hugues Brun, dans la maison même de Faidit, pendant que ce dernier était absent; ce fut Guillelma qui les reçut. Faidit, étant de retour, apprit cet outrage, et s'en vengea par une chanson satirique, où il dit qu'il «< connaît une dame qui ne logea jamais l'honneur sous sa ceinture». Il fit part de ces vers à Marie

régie ou compagnie perpétuelle, destinée à recevoir les économies des artisans, des domestiques, etc.; cette idée, on le voit, a été réalisée de nos jours par la création des caisses d'épargne. Faiguet donna à plusieurs exemplaires de son ouvrage le titre de L'Ami des Pauvres, ou l'économe politique; 1766, in-12. Il y joignit un Mémoire sur la diminution des fêtes, imprimé avec des signes ou caractères nouveaux, qui le rendent fort difficile à lire. Il y essayait de rapprocher l'orthographe de la prononciation; Mémoire sur la conduite des finances et sur d'autres objets intéressants; Amsterdam, 1720 (1770), in-12. On y trouve les Moyens de

-

subsistance pour nos troupes, à la décharge du roi et de l'État, imprimés séparément en 1769; - Légitimité de l'usure légale, où l'on prouve son utilité, etc.; Amsterdam, 1770, in-12. L'auteur y discute les passages de l'Ancien et du Nouveau Testament sur l'usure ou prêt à intérêt; et il démontre clairement que les casuistes sont en contradictiou avec eux-mêmes. A la fin de son livre, on lit les deux vers suivants : A cinquante-cinq ans, avocat de l'usure, J'instruisais la Sorbonne et la magistrature;

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- L'Utile emploi des Religieux et des Communautés, ou mémoire politique à l'avantage des habitants de la campagne; Amsterdam, 1770, in-12. Faiguet se fit encore connaître par différents morceaux de prose et de vers, insérés dans le Mercure et dans d'autres journaux. II inventa, pour le service des armées, une sorte de fours mobiles et portatifs, dont les Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1761, font une mention honorable. Il est aussi le premier qui ait fabriqué en France un pain composé de trois parties égales de froment, de seigle et de pommes de terre. P. LEVOT.

Barbier, Examen critique et Complément des Dictionnaires historiques.

* FA-HIAN OU CHI-FÀ-HIAN, célèbre voyagour chinois, vivait au quatrième siècle de J.-C. Il se livra dès sa jeunesse à l'étude des idées religieuses que les disciples de Bouddha avaient nouvellement introduites en Chine. Instruit par un des plus zélés missionnaires venus de l'Hindoustan, Kieou-Ma-Lo-Chi, il voulut l'imiter et contribuer à répandre dans le monde les principes samanéens. Accompagné de quelques religieux, il partit vers 400 de Tchhang'An, et parcourut successivement les royaumes de Khian-Kouei, de Néon-Than, de Chen-Chen, de Ou-I, de KièTehha, de Tho-Ly, d'Ou-Tchang, de Su-Ho-To, et plus de vingt-cinq autres qu'il serait trop long d'énumérer; il traversa des déserts, tels que le ChaHo (Fleuve de Sable), large de 150 lieues, passa le Gange, ainsi que beaucoup d'autres fleuves, gravit les plus hautes montagnes, escalada les rochers, rampa sur le bord d'immenses précipices, affronta les tempêtes dans les mers de Ceylan, et revint sain et sauf à Tchhang’An, près de quinze années après son départ, ayant fait plus de trois mille lieues européennes. Il s'occupa aussitôt de la rédaction des notes qu'il avait prises durant sa route, et les publia, vers 419, sous le titre de Foe-Koue-Ki, avec la collaboration d'un certain Pa-Lo-Thsan. Ce livre a eu en Chine un grand nombre d'éditions; on le considère comme un des plus importants pour l'étude de la géographie et de l'histoire. M. Rémusat, qui en a fait le sujet d'une étude spéciale et très-consciencieuse, dit du Foe-Koue-Ki qu'il est écrit dans un style très-simple et sans difficultés. Il ajoute qu'il contient des renseignements que l'on chercherait vainement dans les écrits des Occidentaux et peut-être dans ceux des Indiens eux.

mêmes. «Sa relation est donc aussi précieuse pour la géographie comparée que pour l'histoire des régions orientales. » L'édition de M. Abel Rémusat est ainsi intitulée: Foe-Koue-Ki, ou relation des royaumes bouddhiques, voyage dans la Tartarie, dans l'Afghanistan et dans l'Inde, à la fin du quatrième siècle, par Chi-Fa-Hian; Paris, imprimerie royale, 1836, in-4. Il est accompagné d'un commentaire très-précieux, et d'autant plus méritoire que tous les monuments décrits par Chi-Fa-Hian ont disparu depuis des siècles et qu'un très-grand nombre des lieux qu'il indique ont changé de nom, M. Charton a donné, en 1854, une nouvelle édition du Foe-Koue-Ki dans son Histoire des Voyages (Ier vol., p. 356). Louis LACOUR. Documents inédits,

FAIL (Noël Du). Voy. DUFAIL.

FAILLE (DE LA). Voyez La FAILLE.

FAIN (Agathon-Jean-François, baron), historien français, né le 11 janvier 1778, à Paris, mort dans la même ville, le 16 septembre 1837. Entré comme surnuméraire, dès l'âge de seize ans, au comité militaire de la Convention nationale, il fut admis dans les bureaux du Directoire après le 13 vendémiaire an iv par Barras et Letourneur (de la Manche), et de Lagarde, alors secrétaire général, en fit le chef de son bureau particulier, Devenu bientôt après chef de division, Fain se trouva chargé de la direction de tous les travaux du secrétariat général. Sous le consulat, il passa à la secrétairerie d'État. Il eut d'abord la division des archives, et bientôt il obtint la confiance de Maret, depuis duc de Bassano. En 1806, c'est-à-dire à vingt-huit ans, il entra avec le titre de secrétaire-archiviste au cabinet particulier de l'empereur. Depuis lors il suivit Napoléon dans toutes ses campagnes et dans ses différents voyages. Ce prince le créa baron de l'empire en 1809, et deux ans après maître des requêtes. Au commencement de 1813, après la campagne de Russie, le baron Fain fut nommé secrétaire du cabinet. Il ne quitta plus l'empereur jusqu'à l'abdication de Fontainebleau. Le soir même du 20 mars 1815, il fut réinstallé dans ses fonctions aux Tuileries avec le titre de premier secrétaire du cabinet de l'empereur, qu'il accompagna à Waterloo. Le baron Fain, qui le 6 juillet avait été porté, après la seconde abdication de Napoléon, aux fonctions d'adjoint au ministre secrétaire d'État près le gouvernement provisoire, se retira dès le B du même mois, jour où les Bourbons rentraient à Paris. Il employa les loisirs de cette retraite de quinze années à rédiger ses souvenirs sur l'empereur, et il a inscrit avec honneur son nom parmi les annalistes du règne de Napoléon Jer. Rappelé aux Tuileries, dès le mois d'août 1830, par le roi des Français, avec le titre de premier secrétaire du cabinet, il fut également rétabli l'année suivante, dans la dignité de commandeur de la Légion d'Honneur, qui lui avait été con

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