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Liége. Il mourut usé de travaux l'an 1617, ayant consacré sans relâche près de quarante ans de sa vie au service de ce vaste diocèse. On a de lui (en latin): Des Cas réservés, Liége, 1614, in-8°; Explication du catéchisme romain, 1603; De l'administration des sacrements en temps de peste, Louvain, 1637; Vita sancti Perpetui, 1601; Gesta pontificum Leodiensium, 1612-1616, 3 vol. in-4°; c'est une collection d'historiens originaux de Liége, avec des notes critiques, ouvrage estimé des savants; De la première et véritable origine de la fête du corps de Jésus-Christ, etc.

CHAPELAIN (CHARLES-JEAN-BAPTISTE LE), né à Rouen le 15 août 1710, fils d'un des plus éloquents procureurs généraux qu'ait eus le parlement de Normandie, entra à l'age de 16 ans dans la société des jésuites. Après avoir fait ses premières études, et professé d'une manière distinguée au collége de Louisle-Grand à Paris, il suivit la carrière de la prédication. Son début dans la capitale annonçant le talent le plus marqué, il ne tarda pas à être nommé pour prêcher à la cour, dont, par une distinction particulière, il occupa la chaire pendant un avent et un carême de suite. Les succès soutenus qu'il obtint pendant plusieurs années à Paris, à Lunéville, et dans les provinces méridionales de France, avaient tellement étendu sa réputation que, lors de la catastrophe de la société, l'impératricereine Marie-Thérèse le fit inviter à venir prêcher à sa cour. Empressé de se rendre au désir de cette auguste princesse, il partit d'Avignon, lieu de sa retraite, et prêcha pendant un avent et un carême à Vienne avec un éclat qui honora l'éloquence française. L'activité de son zèle et sa trop grande application lui causèrent une maladie qui l'obligea de suspendre ses travaux. Il se retira dans les Pays-Bas autrichiens, où il vécut quelques années d'une pension considérable que la générosité de l'impératrice-reine lui avait assignée. Attiré à Malines par le cardinal-archevêque, il ne s'y occupait que des grandes vérités qu'il avait prêchées pendant plus de trente années, lorsque, le 26 du mois de décembre 1779, il tomba mort au moment où il entrait dans la métropole, pour y célébrer la messe. Ses Sermons ont été imprimés à Paris en 1767, en 6 vol. in-12, réimpr. en 1772, et traduits en allemand la même année, Augsbourg, 6 vol. in-8°.

CHAPELL (GUILLAUME), né à Lexington, dans le comté de Nottingham, successivement évêque de Cork, Cloyne et Ross en Irlande. Il était si modéré, qu'on l'appelait papiste. Pour se soustraire aux persécutions des fougueux protestants, il fut obligé d'abandonner l'Irlande et de se retirer à Derby, où il mourut en 1649. On lui doit : Usage de l'Ecriture sainte, 1653, in-8°, en anglais; Methodus concionandi, 1648, in-8°.

CHAPELLE (ARMAND DE LA), pasteur de l'église française à La Haye, mort dans un age avancé en 1746, s'est fait connaître dans la république des lettres par des ouvrages périodiques, historiques, polémiques. Tels sont: Bibliothèque anglaise, 1716-1727, 15

vol. in-12, qui n'a pas joui d'une grande célébrité; Bibliothèque raisonnée des ouvrages des savants, juillet 1728 à juin 1735, 14 vol. in-8°: ce dernier journal littéraire a été continué depuis; Mémoires de Pologne, Amsterdam, 1739, in-12: ils contiennent ce qui s'est passé de plus remarquable dans ce royaume depuis la mort du roi Auguste H, en 1733, jusqu'en 1737; La religion chrétienne démontrée par la résurrection de N.-S. Jésus-Christ, traduit de l'anglais de H. Ditton, Amsterdam, 1728, 2 vol. in-8°; Paris, 1729, in-4; Nécessité du culte public, 1746, in-8°, Francfort, 1747. Il y prétend justifier les assemblées des calvinistes du Languedoc et autres provinces méridionales de la France, en réponse à une lettre qui avait été publiée à Roterdam en 1745, où il était démontré que les calvinistes n'avaient pas ce droit; que ces assemblées étaient défendues par les lois constitutionnelles du royaume; qu'elles ne tendaient qu'à en troubler le repos. Voy. DEJOUX.

CHAPELLE (l'abbé Louis), professeur de philosophie, et ensuite directeur de l'hôpital de la Salpétrière, né en 1733 à Arinthod (Jura), mort à Paris le 10 février 1789, s'était fait estimer par ses lumières, son zèle, une activité qui ne souffrait nulle interruption de travail, et ses connaissances littéraires et philosophiques, qui étaient très-étendues. C'est lui qui est l'auteur de la vigoureuse défense de l'Histoire des temps fabuleux contre M. de Guignes, M. Anquetil et l'abbé du Voisin, qu'il publia sous ce titre : Histoire véritable des temps fabuleux confirmée par les critiques qu'on en a faites, Liége et Paris, 1779, in-8°, chef-d'oeuvre d'érudition et de critique, où il a su habilement fondre toute la substance de l'ouvrage dont il faisait l'apologie, et qui peut en quelque sorte le remplacer. Voy. le Journ. hist. et litt. du 15 août 1780, page 601, 15 avril 1786, page 575. Voy. GukBIN DU ROCher.

CHAPELLE (l'abbé DE LA), né vers 1757, au chateau de Pommiers en Beaujolais, d'une famille originaire du Périgord, fut nommé grand-vicaire par M. de Montazet, archevêque de Lyon, et il conserva cette dignité durant la vie de ce prélat. Lors de la révolution, l'abbé de La Chapelle se rendit en Italie avec la famille de Juliéna, Rentré dans sa patrie en 1806, il alla habiter un petit village du Beaujolais, où il se rendit utile dans l'exercice du ministère. Sa modestie lui fit plusieurs fois refuser l'épiscopat. En 1819, il fut nommé aumônier du quartier du roi, et en 1824, lors de la formation du ministère des affaires ecclésiastiques, directeur sous M. Frayssynous. L'abbé de La Chapelle devint depuis conseiller d'Etat, et fut commissaire du roi pour la présentation des budgets du clergé. On lui a reproché de n'avoir pas assez énergiquement défendu les intérêts de la religion dans les discussions du conseil d'Etat, et de mettre de la lenteur dans les affaires. Lorsque les évêques réclamèrent, dans un mémoire célèbre, contre les prescriptions des ordonnances du 16 juin 1828, ils recurent, sous la date du 9 août, une circulaire sortie

des bureaux du ministère des affaires ecclésiastiques, et signée par l'abbé de La Chapelle. Le ton et l'esprit qui régnaient dans cette pièce excitèrent des plaintes, et une seconde circulaire fut loin de faire cesser ce mécontentement. Le changement de ministère du 8 août 1830 lui ôta sa place; mais il conserva le titre de conseiller d'Etat. Depuis la révolution de 1830, il s'était retiré dans sa famille. Il mourut le 20 décembre 1834.

en langue non vulgaire, et de l'esprit dens lequel il faut lire l'Ecriture sainte, Paris, 1687, in-12; Examen des voies intérieures, 1700, in12, ouvrage composé pour montrer le danger des illusions des quiétistes.

CHAPT ou CHAT DE RASTIGNAC ATMERI), était issu d'une illustre et ancienne maison du Périgord qui fait remonter son origine aux anciens sires de Chabanois, connus dans nos histoires dès la fin du x siècle. Il fut d'abord trésorier de l'Eglise romaine, évêque de Volterre et gouverneur de Bologne, ensuite transféré à l'archevêché de la même ville en 1361. Il obtint en 1365, de l'empe reur Charles IV, la confirmation des priviléges de son église, et le titre de prince de l'empire. Il y fit fleurir l'université, dont était chancelier. Il fut transféré de nouveau en 1371 à l'évêché de Limoges, et nomme gouverneur de toute la vicomté de Limes Il mourut la veille de Saint-Martin, l'an Ce prélat, également recommandable les qualités qui font le citoyen, par les verts d'un évêque, et par le caractère libéral d'an prince, fut pleuré comme un père. Pro teur des savants et savant lui-même, il ré pandit ses bienfaits sur les gens de lettres.

CHAPMAN (JEAN), écrivain anglais, né à Stratfield-Say, en 1704, passa par divers emplois ecclésiastiques; il devint archidiacre de Sudbury, et trésorier à Chichester, et mourut 14 octobre 1784. On a de lui: Examen des objections d'un écrivain anonyme contre le livre de Daniel, Cambridge, 1728, in-8°. Cet anonyme était Collins; l'auteur, en le réfutant, a montré beaucoup de vigueur et d'érudition; Remarques sur la lettre du docteur Middleton au docteur Waterland, 1731, où Chapman prend la défense de Waterland; Dissertation (en latin) sur les Académiques de Cicéron, adressée au docteur Tunstall et imprimée à la suite de la lettre de ce dernier à Middleton sur l'authenticité de quelques épîtres de Cicéron; Lettre sur les anciens caractères numéraux des légions romaines, placée en guise d'appendice à la suite des observations de Tunstall sur les lettres de Cicéron à Brutus et de Brutus à Cicéron, 1744; deux Traités sur Phlegon: il y répond au docteur Sykes, qui prétendait que l'éclipse de soleil mentionnée par cet écrivain n'est pas celle qui coïncida, suivant les livres saints, avec la mort du Sauveur; cinq Sermons; une bonne édition d'Eusèbe, 2 vol. in-8°, 1730 et 1741. Chapman y défend le christianisme contre les attaques de Tindall et de Morgan. CHAPPELOW (LÉONARD), orientaliste anglais, né en 1683, devint en 1717 membre du collége Saint-Jean de Cambridge, lors de l'exclusion de Tomkinson comme non-conformiste, et en 1720, successeur du savant Simon Ockley dans la chaire de langue arabe. Il mourut le 14 juin 1768, laissant une édition de l'ouvrage de Spencer, intitulé: De legibus Hebræorum ritualibus, Cambridge, 1727, 2 vol. in-fol., avec de nombreuses additions et rectifications que Spencer lui-même avait laissées à son légataire; Elementa lingua arabicæ, Cambridge, 1730, tirés surtout d'Erpénius; Commentaire sur le livre de Job, Cambridge, 1752, 2 vol. in-4, avec le texte hébreu et la traduction en anglais; Traduction en vers anglais du Voyageur, poëme arabe d'Abou-Ismaïl Tograï; une réimpression des Six assemblées, publiées en arabe et en latin par Schultens, 1767, in-8°.

CHAPT DE RASTIGNAC (Louis-Jacques DE), de la même famille que le précéden naquit dans le Périgord en 1684. Après avo brillé en Sorbonne, où il prit le bonnet de docteur, il alla à Luçon en qualité de grand vicaire, et fut nommé à une des premieres places du chapitre de la cathédrale. Son me rite lui procura l'évêché de Tulle en 1721. Il fut député en 1723 à l'assemblée du clergé, et y parut avec tant d'éclat que deux mois après il fut transféré à l'archerché de Tours. En 1730 et 1733, il présida, en qua lité de commissaire du roi, au chapitre gé néral de la congrégation de Saint-Maur, te à Marmoutiers. Les talents avec lesques il brilla dans les assemblées du clergé de 1726, 1734 et 1743, le firent choisir pour che de celles tenues en 1747 et 1748. Les procès-verbaux de ces différentes sessions sont des monuments de son savoir et de son él quence. Cet illustre prélat mourut en 1750, à 66 ans, commandeur de l'ordre du Sai Esprit. Il avait le don de connaître les ho mes et de les employer, et savait faire a mer et respecter l'autorité. Né généreux d bienfaisant, il n'usait de son crédit que por faire du bien. On l'a vu, dans les temps des inondations de la Loire, fournir la nourriture et des logements à tous les pauvres bitants des campagnes voisines de Tours, avec leurs troupeaux, et à tout le menu pe frais les talents des jeunes ecclésiastiques, ple de la ville. Il se plaisait à cultiver à ses à inspirer à son clergé le goût des sciences. Esprit juste et conciliant, il se servait de prévenir les dissensions. Des moeurs douces ses lumières pour terminer les différends et un commerce sûr, un cœur né pour l'amitié, Ilui avaient attaché les plus illustres amis. On a de lui: des harangues, des discours et autres pièces, qui se trouvent dans les pro cès-verbaux du clergé; des lettres, des te

CHAPPONEL D'ANTESCOURT (RAIMOND), chanoine régulier de Sainte-Geneviève, et prieur de Saint-Eloy de Roissy, mort en 1700, a publié : l'Histoire des chanoines réguliers, ou Recherches historiques et critiques sur l'ordre canonique, .Paris, 1699, in-4°, ou in-12 Charles-Louis Hugo, prémontré, fit imprimer, l'année suivante, à Luxembourg, une critique de cette histoire; Traité de l'usage de célébrer le service divin dans l'église,

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dements et des instructions pastorales, où il défend avec zèle la doctrine de l'Eglise et l'autorité de la bulle Unigenitus; une Instruction pastorale sur la justice chrétienne, par rapport aux sacrements de pénitence et d'eucharistie, 1749, où l'on a cru voir des choses hasardées. Il est certain qu'elles pourraient être dites avec plus d'exactitude théologique, et d'une manière plus clairement opposée à des assertions condamnées. Il parait que le prélat a lui-même senti ce défaut, puisque dans une Lettre à M. l'ancien évêque de Mirepoix, il a cru devoir s'exprimer très-nettement sur les objets sur lesquels on l'accusait d'avoir changé de sentiment.

CHAPT DE RASTIGNAC (ARMAND-ANNEAUGUSTE-ANTOINE-SICAIRE DE), neveu du précédent, naquit en 1726 au château de Laxion dans le Périgord, et après s'être fait recevoir docteur en Sorbonne, devint grandvicaire d'Arles et abbé de Saint-Mesmin. Il fut envoyé aux états-généraux par l'assemblée du clergé d'Orléans. Il siégea aussi à l'assemblée constituante, et dans la séance du 12 octobre 1789, il demanda avec plusieurs autres membres que la discussion concernant les biens du clergé fût ajournée. L'abbé de Rastignac n'échappa pas à la fureur révolu tionnaire. Enfermé au mois d'août 1792, à l'Abbaye, il y périt victime des massacres du 2 septembre suivant, âgé de 66 ans. On a de lui: Questions sur la propriété des biens-fonds ecclésiastiques en France, 1789, in-8°; Accord de la révélation et de la raison contre le divorce, 1790, in-8°, avec cette épigraphe tirée de Hincmar: « Il faut que les lois publiques << soient chrétiennes dans un royaume chré<< tien,» ouvrage estimé par les théologiens; une Traduction de la Lettre Synodale du patriarche Nicolas à l'empereur Alexis Comnène, sur l'érection des métropoles, avec de savantes notes, 1790, in-8°.

CHAPTARD ou CHATARD (JEAN), chanoine de Saint-Martin et prieur de Tauxigny, né à Tours en 1567, était très-savant dans l'histoire ecclésiastique et très-versé dans la lecture des Pères grecs et latins. Il n'est cependant connu que par un Eloge de Jacques de Billy, abbé de Saint-Michel en l'Herm, et son prédécesseur dans le prieuré de Tauxigny. Il a pour titre : Elogium Jacobi Billii Prunei abbatis S. Michaelis in Eremo, Parisiis, 1582, in 4°. Jacques de Billy, ayant laissé imparfait, en mourant, son travail sur les œuvres de saint Grégoire de Nazianze, Chaptard et Génébrard y mirent la dernière main, et en publièrent, en 1583, une seconde édition bien plus complète, réimprimée en 1609 et 1611, 2 vol. in-fol. Chaptard mourut à Tours le 24 janvier 1649. CHARDENIUS. Voy. CHLADNY.

CHARDON DE LUGNY (ZACHARIE), protestant converti par Bossuet, fut élevé au ministère ecclésiastique dans le séminaire de Saint-Sulpice et député du roi et du clergé de France pour les controverses. Il travailla avec un grand zèle à la conversion des protestants, et mourut le 23 juin 1733, âgé de 90 ans. On a de lui: Traité de la religion

chrétienne, Paris, 1697, 2 vol in-12; Recueil des falsifications que les ministres protestants ont faites dans l'Écriture-Sainte, en leur dernière traduction de la Bible, Paris, 1707, in-12; Nouvelle méthode pour réfuter l'établissement des églises prétendues réformées et de leurs religions, Paris, 1731, in-12.

CHARENCY (GUILLAUME), chanoine de Saint-Sauveur de Crest en Dauphiné, sa patrie, composa un ouvrage qui est devenu fort rare, et qui est intitulé: Clef du sens littéral et moral de quelques psaumes de David. Il vivait dans le xvir siècle.

CHARENTON (JOSEPH-NICOLAS), jésuite, né à Blois en 1649, mort à Paris en 1735, âgé de 86 ans. On a de lui: Entretiens de l'âme dévote sur les principales maximes de la vie intérieure, traduction de Thomas à Kempis, Paris, 1709, in-12; l'Histoire générale d'Espagne, du Père Mariana, jésuite, traduite en français, augmentée du sommaire du même auteur et des fastes jusqu'à nos jours; avec des notes historiques, géographiques et critiques, des médailles et des cartes géographiques, Paris, 1725, 5 tomes en 6 vol. in-4°. C'est par ordre de Philippe V, roi d'Espagne, qu'il entreprit cette traduction; il la dédia à ce prince. Sa préface est curieuse et l'ouvrage estimable.

CHARLAS (ANTOINE), prêtre de Couserans, mourut dans un age avancé en 1698, à Rome, où il s'était fixé quelques années avant sa mort. On a de lui : Tractatus de libertatibus Ecclesiæ Gallicanæ, in-4°. Le but de l'auteur n'était d'abord que d'attaquer différents abus introduits par les jurisconsultes et les magistrats français, sous prétexte de conserver les libertés de leur église. Mais un de ses protecteurs à la cour de Rome l'engagea à étendre la matière et à traiter des droits du pape, qu'il croyait violés dans les articles du clergé de France en 1682. La dernière édition, en 1720, Rome, 3 vol. in-4°, est bien plus ample que la première. C'est un ouvrage savant et écrit avec pureté. De primatu summi pontificis, iņ-4°; De la puissance de l'Eglise, contre le jésuite Maimbourg; Causa regaliæ, contre Noël Alexandre, Liége, 1685, in-4°. Le savoir, la modestie, la piété, distinguaient l'abbé Charlas. Quoiqu'il ait dirigé pendant quelque temps le séminaire de Pamiers sous M. Caulet, il avait un caractère et des principes plus décidés que ce prélat.

CHARLEMAGNE ou CHARLES I", fils de Pepin, roi de France, naquit, selon la plus commune opinion, à Saltzbourg, château de la Haute-Bavière, vers l'an 742, quoique quelques-uns le disent né à Jupille, près de Liége, et d'autres, mais sans fondement, à Ingelheim. Après la mort de son père, il eut la Neustrie, la Bourgogne et l'Aquitaine, et, après celle de Carloman, son frère, en 771, il fut reconnu roi de toute la monarchie française. Ses premiers exploits furent contre Hunalde, duc d'Aquitaine, qui, s'étant fait moine, quitta son monastère pour se mettre à la tête de quelques troupes qui s'étaient révoltées. Il fut vaincu et fait prison.

nier. Charlemagne résolut ensuite de mettre ses sujets de delà le Rhin à couvert des insultes des Saxons, peuples barbares et féroces, qui depuis longtemps faisaient des courses dans la France germanique, y portaient le fer et le feu et en enlevaient les habitants, qu'ils réduisaient en esclavage. I marcha contre eux, les défit et prit leur meilleure place, qui était Eresbourg, château situé vers Paderborn, en fit passer la garnison au fil de l'épée, rasa le temple de la fameuse idole Irminsul, et pardonna au reste de la nation. Tandis qu'il tachait de mettre un frein à la licence des Saxons, l'Italie implorait son secours. Didier, roi des Lombards, dévastait l'exarchat de Ravenne et les Etats de l'Eglise. Charles marche contre lui, le fait prisonnier dans Pavie, et joint au titre de roi des Français celui de roi des Lombards. Le conquérant confirme la donation faite au pape de l'exarchat. A peine le vainqueur des Saxons fut-il éloigné, que ces peuples reprirent les armes et recommencèrent leurs ravages. Charles accourt, les bat et leur pardonne encore. Il passe ensuite en Espagne pour rétablir Ibin-Algrabi dans Saragosse. I assiége Pampelune, se rend maître du comté de Barcelone; mais son arrière-garde est défaite à Roncevaux par les Arabes et les Gascons, et il perd dans cette journée Roland, son neveu supposé, si célèbre dans les anciens romans. Les Saxons, toujours inquiets et prompts à violer leurs engagements, avaient encore profité de l'absence de Charles pour renouveler leurs déprédations, et avaient mis tout à feu et à sang, sans distinction d'âge ni de sexe, depuis Deutz, vis-à-vis de Cologne, jusqu'à Coblentz. Charles les défit de nouveau, et les Saxons demandèrent encore pardon. Ille leur accorda et leur laissa des ecclésiastiques pour les instruire dans la religion chrétienne, persuadé que c'était le moyen le plus efficace pour adoucir la férocité de cette nation. Witikind, qui avait beaucoup d'influence sur ce peuple, les entraîna encore dans une révolte, et c'était la septième dont ils se rendaient coupables. Alors Charles, voyant qu'il ne gagnait rien par la douceur, résolut de sévir, ne croyant pouvoir assurer le repos de ses peuples que par ce moyen. Il fit trancher la tête à quatre mille cinq cents de ceux qui, contre la foi des serments, avaient été trouvés sous les armes. Il témoigna ensuite aux Saxons que ce n'était qu'à regret qu'il répandait leur sang, qu'il ne voulait pas détruire leur nation, qu'il leur accorderait volontiers la paix si leurs chefs, qui s'étaient retirés, voulaient venir traiter avec lui. Il leur donna même des ôlages pour la sûreté de leurs personnes; il les reçut avec bonté, les disposa par sa douceur au christianisme, eut la meilleure part à la conversion du fameux Witikind, établit, avec le secours du saint-siége, onze évêques dans le r pays, les laissa vivre selon leurs lois, et leur fit goûter les douceurs de la paix. C'est avec raison que le célèbre Marquard Freher l'appelle Multarum ferocissimarum gentium non

tam domitorem quam emolitorem et institutorem. « Il ne voulut cette fois, dit La Bruère, « faire grâce aux Saxons qu'à condition qu'ils << deviendraient chrétiens. Cette conduite, « digne d'un prince religieux, n'était pas moins «< digne d'un prince éclairé. Les Saxons, << peuples sauvages et féroces, ne connais«saient encore que les vices de la nature, « et ne cultivaient point les vertus de la so« ciété. Leur culte, aussi grossier que « leurs mœurs, s'adressait à des idoles qu'ils « arrosaient de sang humain, superstition «< cruelle qui naissait de leur caractère fa« rouche et le fortitiait. On ne pouvait les << soumettre qu'en adoucissant leurs mœurs; « et c'était à la religion seule qu'il apparte« nait de plier ces esprits inflexibles. Le chan«gement arrivé dans les mœurs depuis la <«< publication de l'Evangile garantissait le « succès de l'entreprise. En effet, sur quel<«< que peuple chrétien que l'on jette les « yeux, on verra que la loi de Jésus-Christ « l'a rendu moins cruel. » Mais c'est là précisément ce qui indispose si fort les philosophes modernes. Si Charlemagne n'avait fait usage de ses forces que pour détruire h religion chrétienne partout où s'étendait st puissance, il n'est point d'éloges qu'il ne reçût de leur part; mais parce que ce prince ne faisait cas de son autorité et de ses conque tes qu'autant qu'elles contribuaient à établir le règne du christianisme sur les ruines de l'idolatrie, il n'est point surprenant qu'il soit un des objets les plus directs des injures de la secte anti-chrétienne, comme des calomnies les plus abominables et les plus avérées. C'est ainsi que Voltaire n'a point rougi de lui attribuer l'institution de la cour weimique, autrement dit tribunal secret de Westphalie, tandis que tous les historiens, depuis le vin jusque vers le milieu du XIVe siècle, garxiv dent le plus profond silence sur l'origine et l'établissement de cette juridiction, tandis que ceux qui ont traité de l'histoire de Saxe des x°, x1o et xII° siècles, n'en disent pas un mot, et qu'on ne trouve pas dans leurs vastes histoires la moindre trace d'une cour de justice de cette nature. (Voy. MAXIMILIEN I.) a Ce ne « fut, dit Rigolet de Juvigny, qu'après avoir <«< reconnu l'insuffisance des moyens qu'il « avait employés d'abord pour contenir dans « le devoir les Saxons, très-indociles au joug, <«<que Charlemagne publia, en 789, le fa« meux capitulaire de partibus Saxoniæ, rap<< porté par Baluze, par lequel il prononce la « peine de mort contre ceux qui apostasie<«<raient ou qui se rendraient coupables de

quelque crime ou délit contre la religion, « la paix publique et la fidélité due au sou<< verain. Qu'on examine toutes les lois con<< tenues dans ce capitulaire, entre autres, «< celles dont Voltaire abuse pour flétrir la <«< mémoire de Charlemagne, et qu'on juge « d'après les mœurs du vin siècle, et les « événements qui ont dicté cette législation « rigoureuse, si ces lois ont rien de cruel et « de tyrannique? Qu'auraient-ils fait en pa« reil cas, ces philosophes si amis de l'hu «manité, si ennemis des rois, si tolérants,

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«< criant à tous les habitants de l'univers : « Vous êtes libres! qui ne daignent pas se « placer ni dans le siècle, ni se transporter « dans le pays dont ils prétendent écrire « l'histoire; qui jugent des mœurs et des « usages des anciens peuples sur les nôtres, a des vues des plus grands princes du moyen « âge, d'après les systèmes de politique « qu'ils se forment eux-mêmes; qui suppo<< sent des causes pour apprécier des effets « à peine connus; dont l'imagination enfin « fait les frais des tableaux chimériques « qu'ils mettent sous nos yeux, et sur les« quels ils s'épuisent en faux raisonnements a et en réflexions inutiles? Qu'auraient-ils « fait, ces pédagogues ennuyeux du genre a humain, s'il eût été possible que l'un d'eux «se fût trouvé à la place de Charlemagne? « Heureusement ils n'existaient pas. » Charles, maître de l'Allemagne, de la France et de l'Italie, marche à Rome en triomphe, se fait couronner empereur d'Occident par Léon III, l'an 800, et renouvelle l'empire des Césars, éteint en 476 dans Augustule. On le déclara César et Auguste; on lui décerna les ornements des anciens empereurs romains, surtout l'aigle impériale. Depuis Bénévent jusqu'à Bayonne, et de Bayonne jusqu'en Bavière, tout était sous sa puissance. Qu'on suive les limites de son empire, on verra qu'il possédait toute la Gaule, une province d'Espagne, le continent de l'Italie jusqu'à Bénévent, toute l'Allemagne, les Pays-Bas et une partie de la Hongrie. Les bornes de ses Etats étaient, à l'orient, le Naab et les montagnes de la Bohême; au couchant, l'Océan; au midi, la Méditerranée; au nord, l'Océan et l'Oder. Dès qu'il fut empereur, Irène impératrice d'Orient, voulut, dit-on, l'épouser, pour réunir les deux empires; mais une révolution subite, avant précipité du trône cette princesse, fit évanouir ses espérances. Vainqueur partout, Charles s'appliqua à policer ses Etats, rétablit la marine, vis ta ses ports, fit construire des vaisseaux, forma le projet de joindre le Rhin au Danube par un canal, pour la jonction de l'Océan et du Pont Euxin. Aussi grand par ses conquêtes que par l'amour des lettres, il en fut le protecteur et le restaurateur. On tint devant lui des conférences qu'on peut regarder comme l'origine de nos académies. Son palais fut l'asile des sciences. Pierre de Pise vint d'ltalie, Alcuin d'Angleterre, etc.; tous furent comblés de biens et de caresses. Charles n'était point déplacé au milieu de ces savants; car il était versé dans les langues, surtout dans la langue latine, qu'il possédait comme sa langue maternelle. Sur la fin de sa vie, il conféra la version latine des saints Evangiles avec la version syriaque et l'original grec, et y fit des corrections. Au rapport du savant Lambecius, on conserve à la bibliothèque imperiale à Vienne l'exemplaire d'une explication de l'Epitre aux Romains, corrigé de sa main. Que l'abbé Velly vienne après cela nous dire que Charlemagne ne savait pas même écrire son nom! L'Eglise, dans son empire, lui dut le chant grégorien, la convocation de plu

sieurs conciles, la fondation de beaucoup de monastères. Outre l'école de Paris, qu'il établit, il en érigea dans toutes les églises cathédrales, et à Rome un séminaire. « Son exemple, dit un auteur moderne, ranima, « vivifia tout, et chacun s'empressa d'acqué«rir des connaissances. Cette émulation de« vint générale, et avança beaucoup les pro« grès des études. Celle de la religion sur<< tout, qu'il fallait puiser dans les sources « de l'Ecriture sainte et dans les écrits des << premiers Pères de l'Eglise, fut couronnée « par les plus grands succès. A mesure que « la vérité répandait sa lumière, les belles<«<lettres, et les bonnes mœurs qui en sont « la suite, reprenaient leur vigueur; car, « malgré des traits impies lancés de nos « jours contre le christianisme par une au« dacieuse philosophie, elle est forcée d'a« vouer en secret que c'est cette religion << sainte qui nous a tirés de la barbarie en << adoucissant nos mœurs, qui a éclairé nos « esprits en soumettant notre raison, et qui << unit tous les hommes, non par les nœuds « vains et légers d'une orgueilleuse bienfai«sance (terme dont on abuse trop souvent « aujourd'hui), mais par les liens si doux et « si chers de la charité. » C'est relativement à son nom que l'on donna le nom de livres Carolins à un traité sur le culte des images, dont la dernière édition est de Hanovre, 1731, in-8°, sous ce titre: Augusta concilii Nicæni II censura. On sait que les Pères de Francfort furent trompés par une traduction infidèle et même hérétique des décrets du concile de Nicée, où l'on décernait aux saints le même culte qu'à la Divinité leur erreur est une erreur de fait. Au reste, les livres Carolins, d'où l'on a tiré l'histoire du concile de Francfort, ne sont rien moins qu'authentiques, comme plusieurs critiques l'ont prouvé, entre autres Bellarmin (Controv. de conc. lib. 11, c. 8). Outre les Capitulaires, dont la meilleure édition est de Baluze, Paris, 1677, 2 vol. in-fol., on a de Charlemagne des lettres qui ont été insérées dans la collection de dom Bouquet, et une grammaire dont on trouve des fragments dans la polygraphie de Trithème. Ses lois sur les matières ecclésiastiques sont pleines de sagesse. On connaît entre autres celle que fit ce religieux prince pour entretenir parmi les rustres et les pâtres la piété unie à une gaieté sainte. Il voulait qu'ils chantassent les cantiques de l'Eglise, surtout le dimanche, en menant leurs troupeaux aux pâturages, et en les ramenant chez eux, afin que tout le monde les reconnût pour chrétiens et pour dévots. Les lois qu'il a portées sur les matières civiles sont également admirables, pour un temps qu'il plait aux philosophes modernes de taxer d'ignorance, et où il y avait peut-être plus de sagesse que dans le nôtre. Il ordonna, ce qu'il est honteux qu'on ait exécuté si tard en France, que les poids et mesures seraient mis par tout son empire sur un pied égal. Il fixa le prix du froment, du seigle, de l'avoine; régla le prix des étoffes, et l'habillement de ses sujets sur leur

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