Page images
PDF
EPUB

tantinople sous Julien l'Apostat, naquit dans la Célé-Syrie. I embrassa les erreurs d'Arius, les soutint avec chaleur, et y en ajouta de nouvelles. Suivant lui, Dieu ne demandait de nous que la foi; les actions les plus infâmes étaient des besoins de la nature. Saint Epiphane nous a conservé 47 propositions erronées de cet hérétique, recueillies d'un traité où il y en avait plus de 300. I avait été interdit par Léonce, après que cet évêque arien l'eut ordonné diacre. Chef d'anoméens, il fut ensuite excommunié par eux. Les eusébiens le condamnèrent dans les conciles d'Ancyre, de Séleucie, de Constantinople; il fut dégradé par les acaciens et exilé en Cilicie par Constance. Enfin, JuHien l'Apostat étant parvenu à l'empire, le rappela et le combla d'honneurs. Il mourut à Constantinople l'an 366.

AFFLITTO (JEAN-MARIE), dominicain et mathématicien, s'occupa surtout de l'art de fortifier les places. Don Juan d'Autriche l'appela en Espagne; il y publia un traité des Fortifications, 2 vol. in-4, et des Mélanges théologiques et philosophiques. Ce savant dominicain mourut à Naples en 1673.

AFFLITTO (le P. EUSTACHE D'), religieux dominicain et biographe, publia en 1782 sous ce titre Memorie de gli scrittori del regno di Napoli, un volume in-4, qui ne renferme que les noms commençant par la lettre A. Le P. Afflitto, étant mort vers 1799, laissa le soin de poursuivre son travail à l'abbé François Gualtieri, l'un des conservateurs de la bibliothèque royale de Naples, et depuis évêque d'Aquila. Le second volume parut en 1794. Les immenses recherches dont ces deux volumes sont le fruit font regretter vivement que l'ouvrage, conçu sur un plan trop vaste peut-être, en soit resté là. AFFRE (DENIS-AUGUSTE), archevêque de Paris, naquit à Saint-Rome-de-Tarn, dans le département de l'Aveyron, le 17 septembre 1793. Il était neveu de l'abbé Boyer, directeur au séminaire de Saint-Sulpice, mort en 1842, et parent de Mgr Frayssinous, évêque d'Hermopolis, qui fut ministre sous la Restauration. Après avoir fait ses premières études au collège de Saint-Affrique, il vint suivre en 1808 le cours de philosophie d'Issy, puis il professa en 1816 et 1817 la philosophic à Nantes. Le jeune Affre, revenu à Paris, entra dans la congrégation des prêtres de Saint-Sulpice, et fut ordonné prêtre en 1818; mais sa santé, altérée par les fatigues de l'enseignement, l'obligea à s'éloigner encore de Paris, et il échangea en 1821 la chaire de théologie qu'il occupait, pour les fonctions de grand vicaire à Luçon. En 1823, M. de Chabons, évêque d'Amiens, à qui son grand âge et ses infirmités faisaient désirer de se donner un aide, l'appela auprès de lui en le nommant son grand vicaire. Il prit une part très-active à l'administration du diocèse d'Amiens pendant plusieurs années, et rédigea un grand nombre d'instructions ayant pour but la conservation des biens des églises, de ranimer les études du clergé par des conférences sur la science

théologique, de maintenir la discipline. C'est en 1820, lorsqu'il n'avait encore que 27 ans, qu'il publia son premier ouvrage : Traité de Padministration temporelle des paroisses, qui a obtenu un grand succès. M. Feutrier, en 1828, et M. de Montbel, en 1829, voulurent nommer l'auteur de ce traité, le premier, secrétaire des affaires ecclésiastiques, le second, maître des requêtes: il n'accepta aucun de ces emplois. C'est à cette époque qu'il publia sa brochure: De la suprématie temporelle du pape et de l'Eglise, dans laquelle il combattait les idées de La Mennais et ressuscitait les doctrines gallicanes. Au mois de mai 1831, M. Affre fut chargé de haranguer, au nom du clergé du diocèse, Louis-Philippe qui passait par Amiens, et son discours fut reproduit dans la plupart des journaux et recueils du temps. On aimera sans doute à le retrouver ici. « En <«< visitant cette province, vous exercez, « prince, l'une des plus nobles missions: « vous venez vous enquérir de tous les besoins, écouter l'expression de tous les « vœux. Le clergé de ce diocèse ne vous « exprimera qu'un seul désir, celui d'exer« cer, avec une sainte liberté, un ministère « qui n'est pas sans influence sur le bonheur « de cette contrée. Faire respecter les « mœurs, inspirer la modération des désirs, « calmer les haines privées, telle est une « partie importante de notre mission, « c'est aussi le seul dévouement que vous << puissiez réclamer de nous. Nous serions « plus que récompensés de nos efforts, si la « droiture de nos intentions était universel«<lement reconnue, et surtout si nos tra«vaux ne demeuraient pas sans succès. » En 1834, M. de Quélen le nomma vicaire général et chanoine titulaire de Paris. Il était coadjuteur de l'évêque de Strasbourg, lorsque le pape Grégoire XVI l'institua, dans le consistoire du 13 juillet 1840, archevêque de Paris. Il avait publié en 1837 son Traité de la propriété des biens ecclésiastiques, et antérieurement il avait donné un Traité des écoles primaires, et un Essai sur les hieroglyphes égyptiens. Archevêque d'un diocèse et d'une ville où la jeunesse est trop facilement imbue des idées d'une philosophie qui s'est montrée plus ou moins franchement hostile à la religion révélée, Mgr Affre entreprit de convaincre les esprits sincères et studieux que l'harmonie entre la foi et la raison n'est pas aussi difficile que le pensaient quelques-uns, mais qu'elles se complètent l'une l'autre, et il fit paraitre son Introduction philosophique à l'étude du christianisme. Le prélat s'appliquait tout entier à la laborieuse administration de son diocèse, et il s'occupait de la composition de plusieurs ouvrages importants, lorsque éclata l'insurrection du mois de juin 1848, l'une des plus terribles dont l'histoire de la civilisation ait gardé le souvenir. Le sang coulait à flots dans les rues de Paris, et la lutte paraissait devoir se prolonger encore longtemps, lorsque Mgr Affre proposa au général Cavaignac, investi de

tous les pouvoirs dans ces conjonctures critiques par l'Assemblée constituante, d'interposer sa médiation pastorale pour mettre un terme à tant de désastres. Son offre généreuse fut acceptée, et le prélat, accompagné de deux vicaires généraux, sortit de son palais le 25 juin pour se rendre dans la rue du faubourg Saint-Antoine, où les insurgés avaient concentré leur principal effort. Aux représentations qui lui furent faites sur les dangers auxquels il s'exposait, il se contenta de répondre avec simplicité : Un bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Précédé d'un jeune homme qui portait un rameau vert en signe de paix, il avait déjà franchi la première barricade qui fermait cette rue du côté de la place de la Bastille, après toutefois s'être vu séparé de ses deux vicaires. Le feu venait de recommencer, lorsque le prélat se sentit atteint par une balle. Il s'affaissa sur lui-même, et tomba dans les bras du jeune homme, qui, avec l'aide de quelques insurgés, le transporta d'abord à l'hospice des Quinze-Vingts, où les premiers secours lui furent prodigués. Un domestique qui le suivait fut aussi blessé. Les insurgés qui avaient été témoins de cette scène témoignèrent énergiquement la douleur que Jeur causait celte catastrophe, et repoussèrent avec horreur, au nom de leur parti, toute pensée d'un assassinat sacrilége. Le prélat, ramené le lendemain à son palais, expira dans la journée du 27. Le deuil de la capitale, à la nouvelle de cette mort, fut aussi profond qu'unanime, et une foule immense ne cessa de venir déposer le tribut de şa reconnaissance au pied du lit funèbre, fant à l'archevêché qu'à la métropole. Tous les cœurs comprenaient qu'un grand sacrifice venait de s'accomplir. L'Assemblée constituante décréta qu'un monument serait élevé à la mémoire du prélat, et qu'avec les mols que nous avons déjà rapportés, on y graverait ces paroles qu'il prononçait avant d'expirer Puisse mon sang être le dernier versé l Outro les ouvrages dont nous avons parlé, on a de M. Affre: Traité abrégé des fabriques, Amiens, 1826, in-8°; Lettre pastorale (du 8 avril 1841) sur les études ecclésiastiques, écrite à l'occasion du rétablissement des conférences et de la faculté de théologie; Instruction pastorale sur la composition, l'examen et la publication des ouvrages religieux, du 4 décembre 1842, in-4; Observations sur la controverse élevée à l'occasion de la liberté de l'enseignement, Paris, 1843, in-8 de 86 pages; Lettre pastorale sur l'union nécessaire des dogmes et de la foi, 1844 Mémoire adressé au roi par les évéques de la province de Paris, Lettre de M. le ministre des cultes à Mgr l'archevêque de Paris, et Réponse de Mgr l'archevêque de Paris au ministre des cultes, Paris, 1844, in-8° de 30 pages; De l'appel comme d'abus, son origine, ses progrès et son état présent, suivi d'un Ecrit sur l'usage et l'abus des opinions controversées entre les gallicans et les ultramontains, Paris, 1845, in-8° de 324 pages: ce dernier écrit parut aussi séparé

ment la même année, brochure in-8° de 40 pages; Introduction philosophique à l'étude du christianisme, Paris, 1825, in-18 de 362 pages. M. Affre s'est longtemps occupé de l'étude des lois civiles dans leurs rapports avec les lois de l'Eglise, et il se proposait de publier un traité sur ces matières; il avait, de plus, entrepris une histoire complète des lois rendues par les souverains chrétiens, depuis Constantin jusqu'à notre époque. Il a, en outre, fourni à divers journaux de nombreux articles de critique sur des ouvrages d'histoire, de philosophie et de théologie. Enfin il a revu et corrigé la troisième édition des Instructions sur le rituel de Langres, du cardinal de La Luzerne, 1835.

AFRICAIN (SEXTE-JULES), historien chrétien, né à Nicopolis dans la Palestine, écrivit, sous l'empire d'Héliogabale, une chronographie, pour convaincre les païens de l'antiquité de la vraie religion et de la nouveauté des fables du paganisme. Cette chronique, divisée en cinq livres, renfermait l'histoire universelle, depuis Adam jusqu'à l'empereur Macrin. Nous n'avons plus de cet ouvrage que des fragments conservés par Eusèbe, le Syncelle, l'auteur du Chronicon paschale, et quelques Pères de l'Eglise dans la chronique d'Eusèbe. Il écrivit à Origène une lettre sur l'histoire de Suzanne, qu'il regardait comme supposée, et une autre à Aristide, pour accorder ce que rapportent saint Matthieu et saint Luc sur la généalogie de Jésus-Christ. L'explication qu'il donne de cette opposition apparente n'est pas la plus satisfaisante. En supposant, comme tout concourt à le prouver, que Héli ou Joachim (car ces deux noms sont les mêmes dans l'Ecriture), dont il est parlé au verset 23 du 3 chapitre de saint Luc, est père de Marie, et beau-père de Joseph, toutes les difficultés disparaissent (Voyez JOACHIM). Cet auteur florissait dans le siècle. Ce fut à sa prière qu'Héliogabale rebâtit la ville de Nicopolis, fondée dans le même lieu où était celle d'Emmaüs. On a des fragments d'un livre qu'on lui attribue, mais dont on ne sait pas s'il est réellement l'auteur, intitulé les Cestes. Ces fragments, imprimés dans les Mathematici veteres, à Paris, 1693, in-fol., ont été traduits en français par Guischardt, dans ses Mémoires critiques et historiques sur plusieurs points d'antiquités militaires, Berlin, 1774, vol. in-8°. 4

AGABUS, un des soixante-douze disciples de Jésus-Christ, prédit la prison de saint Pierre et la famine qui désola la terre sous l'empereur Claude. Il fut martyrisé à Antioche, selon les Grecs. Le martyrologe romain fixe sa fête au 13 de février,

AGAG, roi des Amalécites, auquel Saül fit grâce contre l'ordre de Dieu, et que Samuel coupa en morceaux à Galgala, devant l'autel du Seigneur. C'est à tort que les philosophes modernes ont accusé ce grand-prêtre de cruauté. Il n'était que le ministre de la justice de Dieu, qui lui avait ordonné expressément de faire mourir Agag, prince impie et barbare. En général, les tyrans dévoués

au glaive des Israélites étaient les fléaux des nations voisines, des monstres de sang et de carnage. C'est ordinairement la peine du talion qui est exécutée contre eux. Voyez ADONIBESECH, CHANAAN, JOSUÉ, DAVID, etc.

AGANDURU (RODERIC-MORIZ), moine espagnol, de la congrégation des Augustins déchaussés, vivait sous Philippe III et Philippe IV. Lorsque ces religieux missionnaires eurent converti les Japonais et la nombreuse nation des Tagales qui occupait la grande fle de Luçon, et qui est restée jusqu'à ce jour fidèle à la foi catholique, Aganduru fut chargé de venir porter au pape Urbain VIII l'hommage de ces nouveaux chrétiens (1640). Ce missionnaire écrivit une Histoire des conversions faites au Japon et aux Philippines; une Relation détaillée de son ambassade religieuse, une Histoire générale des îles Moluques et Philippines, en 2 volumes, histoire qui s'étendait depuis leur découverte jusqu'à son temps.

AGAPET I (saint), pape en 535, après Jean II, avait beaucoup de vigueur dans le caractère, et se montrait pénétré de l'importance et des rigoureux devoirs de sa place. Il alla à Constantinople, tant pour satisfaire. aux instances de Théodat, roi des Goths, qui craignait une guerre de la part de l'empereur, que pour s'opposer aux hérétiques et à la protection que leur accordait Justinien. Ce prince qui eut la faiblesse de vouloir décider en théologie, et de troubler l'Eglise en détournant l'autorité impériale des objets qui lui étaient propres, pour l'employer dans des choses qui étaient d'un tout autre ressort, menaça le pape de l'exil, pour l'obliger de communiquer avec l'eutychien Anthyme; il lui répondit: Je croyais avoir affaire à un empereur catholique; mais c'est, à ce que je vois, à un Dioclétien. La fermeté du pontife imposa à l'empereur et aux eutychiens. Anthyme, devenu patriarche de Constantinople, par les intrigues de l'impératrice Théodora, retourna à son évêché de Trébizonde, de peur d'être obligé de recevoir le concile de Chalcédoine. Ce pape le déclara excommunié, à moins qu'il ne prouvât sa catholicité en souscrivant à ce concile. Memnas, aussi recommandable par son savoir que par sa piété, fut élu patriarche. Le pape le sacra lui-même. Les catholiques lui ayant porté plusieurs plaintes contre Sévère et quelques autres évêques du parti des eutychiens, il se proposa de les faire examiner dans un concile. Mais il tomba malade, et mourut à Constantinople, le 17 avril 536, après avoir siégé onze mois et trois semaines. Son corps fut porté à Rome, et enterré dans l'église de Saint-Pierre du Vatican, le 20 du mois de septembre suivant, jour auquel on honore sa mémoire. Les Grecs font sa fête le 17 avril. On a de lui des lettres qui respirent le zèle, la piété, et celle magnanimité pontificale qui, ne sachant flatter ni craindre les hommes, ne cède qu'à la raison et au devoir. Le désintéressement du saint pontife l'avait rendu si pauvre, qu'il fallut engager les vases sacrés de l'é

glise de Saint-Pierre pour payer les frais nécessaires à son voyage de Constantinople.

AGAPET II succéda au pape Marin II ou Martin III en 946. Il appela à Rome l'empereur Othon contre Bérenger II, qui voulait se faire roi d'Italie, et régla le différend qui était entre l'église de Lorches et celle de Saltzbourg, touchant le droit de métropole. Il mourut en 956, avec la réputation d'un pontife recommandable par sa charité et par son zèle.

AGAPET, diacre de l'Eglise de Constantinople dans le vi siècle, adressa à l'empereur Justinien un ouvrage, ou lettre en 72 chapitres, intitulé: Charta regia, contenant des conseils sur les devoirs d'un prince chrétien. Les Grecs, qui faisaient un grand cas de cette lettre, l'appelaient la Royale. Elle est dans la Bibliothèque des Pères, et a été imprimée plusieurs fois in-8°. L'édition la plus correcte est celle qu'en a donnée Banduri, dans un recueil intitulé: Imperium orientale, Parisiis, 1711, 2 vol. in-fol. Louis XIII, dans sa jeunesse, la traduisit du latin en français; sa traduction a été imprimée plusieurs fois.

AGAPIT ou AGAPET (saint), étant encore fort jeune, fut arrêté par les païens, qui lai firent souffrir de cruelles tortures à Préneste, aujourd'hui Palestrine, à vingt-quatre milles de Rome. On met son martyre sous Aurélien, vers l'an 273. Son nom est célébré dans les Sacramentaires de Gélase et de saint Grégoire le Grand, ainsi que dans le Martyrologe de Bède, et dans celui qui porte le nom de saint Jérôme. Il est honoré d'un culte particulier dans le diocèse de Besançon.

AGAPIUS, moine grec du mont Athos, dans le xvir siècle. On a de lui un traité intitulé: Le salut des pécheurs, dans lequel il enseigne bien expressément le dogme de la transsubstantiation, tel qu'il est dans l'Eglise latine. Ce livre fut imprimé à Vienne en 1641 et 1664. Il est en grec vulgaire.

AGAR, Egyptienne, servante de Sara, qui la donna pour femme du second ordre à Abraham. Elle fut mère d'Ismaël, qu'elle maria à une femme de sa nation, après avoir été chassée de la maison d'Abraham par ordre de Dieu. Sans doute que ses contestations avec Sara, et les troubles qui en résultaient, provoquèrent cet ordre sévère. Il paraît, par le texte de la Genèse, qu'elle se proposait de contester à Isaac son héritage, ou le droit de primogéniture, en faveur d'Ismaël. Cependant la Providence veilla sur elle et son fils, qui, près de mourir de soif dans le désert, fut sauvé par une source d'eau vive qu'un ange indiqua à la mère. Il devint dans la suite père d'un grand peuple.

AGATHE (sainte), vierge de Palerme, noble d'extraction, d'une beauté rare, mourut en prison après avoir souffert divers tourments pour n'avoir pas voulu condescendre à l'amour de Quintianus, gouverneur de Sicile, l'an 251 de J.-C. Son supplice fut affreux après avoir eu le visage meurtri, elle fut le lendemain soumise à la question; mais ayant résisté à la douleur la plus aiguë,

e

on lui arracha le sein, et elle fut jetée toute nue sur des charbons ardents. Les actes grecs de son martyre ont été corrompus. Ceux que nous avons en latin sont moins défectueux, et sont d'ailleurs d'une très-haute antiquité; Tillemont en a donné l'abrégé, tom. III, pag. 409 et suiv. Nous avons de plus deux panégyriques de sainte Agathe, écrits, l'un dans le viie siècle, par saint Adelme d'Angleterre, et l'autre, dans le 1x siècle, par saint Méthodius, patriarche de Constantinople; et deux hymnes composées en son honneur. On en trouve une parmi les poésies du pape Damase; l'autre, qui est de saint Isidore de Séville, a été publiée par Bollandus. Son nom se trouve dans le canon de la messe. Le musée royal possède un tableau de Sébastien del Piombino qui représente le martyre de sainte Agathe.

AGATHON (saint), pape, naquit en Sicile, et se rendit principalement recommandable par une humilité profonde, une douceur admirable de caractère, et une inclination à faire du bien. La manière dont il remplit, pendant plusieurs années, la place de trésorier de l'Eglise romaine, le fit juger digne. de succéder au pape Domnus, en 678. L'année suivante il présida, par ses légals, au sixième concile général, convoqué à Constantinople contre les monothélites, par les soins. de l'empereur Constantin Pogonat. Il écrivit à ce prince une belle lettre, dans laquelle il réfutait le monothélisme par la constante tradition de l'Eglise romaine. « L'univers

catholique, dit-il, reconnaît cette Eglise « pour la mère et la maîtresse de toutes les « autres. Sa primauté vient de saint Pierre, « le prince des apôtres, auquel Jésus-Christ << confia la conduite de tout son troupeau, << avec promesse que sa foi ne faillirait ja << mais. » Cette lettre ayant été remise aux Pères du concile, ils la reçurent avec respect, et déclarèrent unanimement que Pierre avait parlé par la bouche d'Agathon. Ce saint pape procura le rétablissement de saint Wilfrid sur le siége d'York, abolit le tribut que les empereurs exigeaient des papes à leur élection, et combla de bienfaits le clergé et les églises de Rome. Il mourut en 682, après avoir siégé deux ans et demi. Le grand nombre de miracles qu'il fit, lui mérita, suivant Anastase, le surnom de Thaumaturge. Il est honoré par les Grecs et par les Latins qui célèbrent sa mémoire le 10 janvier.

AGAZZARI (AGOSTINO), né à Sienne, d'ane famille noble, vers 1578, fut directeur de musique de la chapelle Apollinaire à Rome, puis, vers 1630, maître de chapelle de la cathédrale de Sienne, où il mourut en 1640. On cite de lui; Madrigali armoniosi a 5 e 6 voci, Anvers, 1600, in-4°; Madrigali a 5 voci, con un dialogo a 6 voci ed un pastorale a 8 voci, Anvers, 1602, in-4°. Ce compositeur, dit Fétis, est compté parmi les écrivains sur la musique; il a publié : La musica ecclesiastica dove si contiene la vera difinizione della musica come scienza, non piu veduta, e sua nobiltà, Sienne, 1638, in-4°. Quadrio dit que les ouvrages d'Agazzari sont DICT. DE BIOGRAPHIE relig. 4.

au nombre de 26, tous imprimés. Le catalogue de la bibliothèque musicale du roi de Portugal indique trois livres de motels de 4 à 8 voix, Sacræ cantiones 2 et 3 voc., lib. 3, Eucharisticum melos plur. voc. op. 20, et Madrigali armoniosi a 6 voc. lib. 3, tous de la composition de ce maître.

AGELIUS, évêque novatien, assista en 383 au concile de Constantinople. Nectaire, alors évêque de cette ville, y soutint la consubstantialité du Verbe, à laquelle il croyait comme les catholiques, et s'appuya de l'assentiment d'Agélius; celui-ci, éprouvant quelque difficulté à s'exprimer, chargea Sisinnius de le suppléer et de parler pour lui. (Fleury, Histoire eccl., t. IV, liv. xvin, § 26.)

AGELLIUS (ANTOINE), évêque d'Acerno, dans le royaume de Naples, vit le jour à Sorrente, et mourut en 1608. Il publia des Commentaires sur les Psaumes, imprimés à Rome, in-fol.; sur Jérémie, in-4°, et sur Habacuc in-8°, assez estimés. Il fut employé par le pape Grégoire XIII à l'édition grecque des Septante, de Rome. Ses Commentaires sur les Psaumes sont ce qu'il a fait de mieux.

AGGÉE, le 10 des douze petits prophètes, encouragea les Juifs au rétablissement du temple, en leur prédisant que le second serait plus illustre que le premier allusion qui désignait l'avénement de Jésus-Christ dans ce nouveau temple; car il est bien certain qu'à tous autres égards il était très-inférieur au premier. Aggée prophétisait vers l'an 516 avant l'ère chrétienne.

AGIER (PIERRE-JEAN), président de chambre de la cour royale de Paris, né à Paris le 28 décembre 1748, était fils d'un procureur au parlement. Reçu avocat en 1769, il fut obligé, à cause de la faiblesse de sa poitrine, de renoncer à plaider au barreau; il se bornait à donner des consultations dans son cabinet, et à tenir des conférences de jurisprudence pratique pour les jeunes magistrats, lorsque survint la révolution de 1789. Nommé député suppléant de Paris aux Etats généraux pour le tiers-état par les électeurs du district des Mathurins, il fut porté, en 1790, par l'Assemblée nationale, pour la place de gouverneur du Dauphin, et devint, peu après, président du tribunal des Dix, établi pour remplacer la Tournelle et expédier les affaires criminelles arriérées. Il fut ensuite nommé vice-président du tribunal d'arrondissement séant aux Petits-Pères, dont il devint, en 1792, président titulaire par la retraite de Fréteau. Appelé avec son tribunal à la commune de Paris pour y prêter le serment de liberté et d'égalité, Agier s'y refusa, et il fut mis à la retraite lorsque, quelques mois plus tard, les tribunaux furent renouvelés. Mais après le 9 thermidor, il fut employé de nouveau, d'abord (5 janvier 1795) en qualité de commissaire national près le tribunal du cinquième arrondissement séant à Sainte-Geneviève, puis comme président du tribunal révolutionnaire régénéré. Trois mois plus tard, ces fonctions ayant cessé, il reprit les premières jusqu'au mois de novembre de la même année. En 1796, Agier,

3

désigné par le sort comme haut-juré suppléant à la haute-cour nationale convoquée à Vendôme pour juger Babeuf et ses complices, se récusa par le motif qu'il avait été porté par les conjurés sur une liste de proscription; mais sa récusation ne fut pas admise, et il se rendit à Vendôme comme il n'y eut point de vacance dans le jury, il ne prit aucune part à la délibération. Sous le gouvernement consulaire, Agier fut nommé juge à la cour d'appel de Paris et président du tribunal criminel du département de la Seine. Il accepta seulement le premier de ces deux emplois, et il l'échangea, en 1802, contre celui du vice-président du tribunal d'appel, qu'il conserva jusqu'à sa mort. On doit regretter qu'Agier ne se soit pas renfermé dans ses études de jurisprudence: attaché par les relations de sa jeunesse à la secte janséniste, Agier en fut toute sa vie un des plus zélés défenseurs. Il a développé et soutenu dans ses derniers ouvrages d'autres doctrines systématiques sur les prophéties des livres saints et surtout de l'Apocalypse, qui paraissent se rapprocher beaucoup des anciennes erreurs du millénarisme, et qui n'ont rendu que trop plausible l'accusation d'hérésie que des théologiens ont portée contre lui. Le président Agier est mort à Paris le 22 septembre 1823, étant doyen d'âge à la cour royale de Paris. Voici les titres de ses ouvrages: Le Jurisconsulte national, ou Principes sur les droits les plus importants de la nation, nouv. édit., Paris, 1789, 3 part., in-8°; Vues sur la réformation des lois civiles, suivies d'un plan et d'une classification de ces lois, Paris, Leclère, 1793, in-8° de 163 pag., ouvrage dans lequel l'auteur attribue une foule de maux à l'inégale répartition des biens, à laquelle il veut remédier par l'adoption, établie sur des règles nouvelles ; Du mariage dans ses rapports avec la religion et les lois nouvelles de France, Paris, 1800, 2 vol. in-8°. L'auteur s'y montre ardent janséniste, mais son écrit peut n'être pas sans utilité pour les gens de loi; Psaumes nouvellement traduits en français sur l'hébreu et mis dans leur ordre naturel avec des explications et des notes critiques, et auxquels on a joint les Cantiques évangéliques et ceux de Laudes, selon le bréviaire de Paris, également avec des explic. et des notes, Paris, 1809, 3 vol. in-8°; Psalmi ad hebraicam veritatem translati et in ordinem naturalem digesti; accesserunt cantica tum evangelica, tum reliqua, in Laudibus juxta Breviarium parisiense decantata, Paris, 1818, 1 vol. in-16; Vues sur le second avénement de Jésus-Christ, ou Analyse de l'ouvrage de Lacunza sur celle importante matière, Paris, 1818, in-8° de 120 p., où l'on retrouve toutes les illusions des millénaristes; Prophéties concernant JésusChrist et l'Eglise, éparses dans les Livres saints, avec des explic. et des notes, Paris, 1819, in-8°; Les prophètes nouvellement trad. de l'hébreu, avec des explic. et des notes critiques, Paris, 1820-22, 9 vol. in-8°, où l'on retrouve le partisan zélé et parfois bizarre du jansénisme et du millénarisme; Commen

taire sur l'Apocalypse, par l'auteur de l'Explication des psaumes et des prophéties, Paris, 1823, 2 vol. in-8°. La Justification de FraPaolo Sarpi, ou Lettre d'un prêtre italien à un magistrat français sur le caractère et les sentiments de cet homme célèbre, Paris, 1811, in-8, que l'on a mis dans le catalogue des ouvrages d'Agier, est d'Eustache Degola, ennemi non moins ardent des jésuites et de la cour de Rome: Agier n'en fut que l'éditeur. Parmi les manuscrits conservés dans sa famille, on cite surtout des travaux entrepris en 1787 par ordre du gouvernement pour une nouvelle édition du texte original français des Assises du royaume de Jérusalem, qui n'avait été publié qu'une seule fois par Thaumac de la Thaumassière, à la suite de ses Notes sur la coutume de Beauvoisis, Bourges et Paris, 1690, in-fol. Agier coopéra avec Camus, Bayard et quelques autres, de 1783 à 1790, à la Collection de décisions nouvelles relatives à la jurispru dence, par J.-B. Denisart, 9 vol. in-4°, et de 1818 à 1821 à la Chronique religieuse, recueil janséniste mensuel, fondé par lui, Tabaraud, Grégoire, Lanjuinais et autres partisans des mêmes doctrines. C'est dans ce recueil qu'il fit paraître : La France justifiée de complicité dans l'assassinat du duc de Berry, ou Réflexions sur le mandement de M. le cardinalarchevêque de Paris relativement au service pour le repos de l'ame de ce prince, tirée à part, 1820, in-8°. L'Annuaire nécrologique de Mahul (1823) contient sur le président Agier une notice apologétique par Ph. Dupin; le Catalogue de sa bibliothèque, Paris, Dehansy, 1824, in-8°, est aussi précédé d'une notice sur sa vie et sur ses ouvrages, rédigée par un de ses amis.

AGILBERT, évêque des Saxons occidentaux au vir siècle, était né dans les Gaules, d'où il passa en Islande pour étudier l'Ecriture. Il y fut retenu par les instances du roi qui lui offrit un siége épiscopal. C'est Agilbert qui, étant venu voir le roi Osiu et le prince Alfred, ordonna saint Wilfrid prêtre. I assista à la conférence sur la Pâque, tenue au monastère de Streneshal, et chargea Wilfrid d'y soutenir pour lui l'opinion de Rome. Il quitta ensuite l'Angleterre, devint évêque de Paris, probablement après la mort de Sigobrand, et mourut en 681. Il a été mis au nombre des saints, mais sans office et sans jour de fête spécial. Baillet en parle au 11 octobre.

AGILE ou AILE (saint), fils d'Agnoald, l'un des principaux seigneurs de la cour de Childebert II, premier abbé du monastère de Rebais en Brie, fondé par saint Ouen, y fut établi dans le concile tenu à Clichy le 1" 'mai 636. Il était auparavant moine de Luxeuil et avait été disciple de saint Colomban. Son mérite était tellement connu qu'on le demandait à la fois pour occuper les sièges de Metz, de Besançon et de Langres, et que les religieux de Luxeul le désiraient pour abbé. Il fallut tout le crédit de saint Quen pour obtenir qu'il fût appelé de préférence au nouveau monastère de Rebais. Il le gou

« PreviousContinue »