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des Lettres des papes avec dom Durand, ouvrage commencé par dom Coustant. La vérité et l'innocence victorieuses de l'erreur et de la calomnie, au sujet du projet de Bourg-Fontaine, 1758, 2 vol. in-12. (Voy. FILLEAU). « Ce a livre, qui est écrit chaudement, dit dom « Chaudon, n'est pas le seul dans lequel «<l'auteur ait réfuté les jésuites. Il donna di<< verses brochures contre eux avant et après « l'arrêt du parlement de 1762. Il aurait été « sans doute plus généreux de ne pas jeter « des pierres à des gens qui étaient à terre; mais puisqu'un religieux voulait écrire « contre des religieux, il aurait dû prendre a un ton plus modéré; le sien ne l'était as« surément pas. Qu'on en'juge par ce titre « d'une de ses brochures: Authenticité des « pièces du procès criminel de religion et « d'état qui s'instruit contre les jésuites depuis a deux cents ans, démontrée, 1760, in-12. » C'est Clémencet qui a le plus contribué à la fameuse collection intitulée Extraits des assertions dangereuses et pernicieuses des ouvrages des jésuites: ouvrage où l'on voit partout, selon l'évêque de Sarlat (Instruction pastorale du 28 novembre 1764), l'empreinte d'une main ennemie de Dieu et de ses saints, de l'Eglise et de ses ministres, du roi et de ses sujets. Voy. cette Instruction, celle de l'archevêque de Paris du 28 octobre 1763, où cet ouvrage est réfuté avec assez de détail. Voy. encore la Réponse aux Extraits des assertions, 1763, 3 vol. in-4°, où l'on montre les falsifications et les altérations de toute espèce, dont les Extraits sont farcis.

CLEMENT I" (saint), disciple de saint Pierre, dont il reçut l'ordination, suivant le témoignage de Tertullien, succéda, l'an 91, à saint Clet ou Anaclet. Saint Paul parle de lui dans son Epitre aux Philippiens. Ce fut sous son pontificat que Domitien excita la seconde persécution contre les chrétiens. Quelques savants prétendent que c'est à saint Clément qu'on doit la mission des premiers évêques dans les Gaules, que d'autres rapportent au pontificat de saint Fabien. Il mourut saintement, ou, selon d'autres, il souffrit le martyre l'an 100. Les actes que Métaphraste nous a donnés de son martyre, ne méritent aucune considération; mais cela ne prouve pas que saint Clément n'a pas versé son sang pour la foi. Rufin, le pape Zozime, et le concile de Bazas, tenu en 452, lui donnent expressément le titre de martyr. Il est mis aussi au nombre des martyrs dans le canon de la Messe. On a attribué à ce saint pape: Les Constitutions apostoliques, livre ancien et utile; les Récognitions, ouvrage cité par Origène, saint Epiphane et Rufin, qui ont cru qu'effectivement ce livre était de saint Clément, mais que les ébionites l'avaient étrangement défiguré; le pape Gélase l'a mis au rang des livres apocryphes; cing Lettres qui sont du nombre des Décrétales. Les critiques conviennent aujourd'hui assez généralement que tout cela n'est pas de saint Clément. Ce qui en est indubitablement est une Epitre aux Corinthiens, longtemps perdue, retrouvée dans le xvII° siècle, et publiée

DICT. DE BIOGraphie relig. I.

(à Oxford en 1633 par Patricius Junius, sur un manuscrit venu d'Alexandrie, où elle est à la fin du Nouveau Testament. C'est un des plus beaux monuments de l'antiquité. « Il y a, « dit Tillemont, beaucoup de force et d'onc« tion, accompagnée de prudence, de dou«< ceur, de zèle et de charité. Le style en est «< clair. Elle a un grand rapport avec l'Epître << aux Hébreux. On y trouve le même sens et « les mêmes paroles; ce qui a fait croire à « quelques-uns que saint Clément était le << traducteur de cette Epitre de saint Paul. » Plusieurs critiques lui attribuent encore une autre Lettre aux Corinthiens, dont il ne nous reste qu'un grand fragment publié en latin par Godefroi Wendelin, et en grec par Patricius Junius. Il paraît, en effet, qu'il en est véritablement l'auteur. Saint Denys de Corinthe, dans sa lettre à Soter, évêque de Rome, atteste que de temps immémorial on la lisait dans son église. Saint Irénée la qualifie de très-puissante et très-persuasive. Clément d'Alexandrie la rapporte dans ses Stromates, sect. 5, conforme au fragment que nous en avons. Origène la cite dans son commentaire sur saint Jean, et dans son livre des Principes. Il est faux, comme le dit Burigny, « que Eusèbe, saint Jérôme et Photius «la rejettent absolument. » Philippe Rondinini a donné la Vie de ce pape sous ce titre : De S. Clemente papa et martyre, ejusque basilica in urbe Roma, Rome, 1706, in-4°.

CLÉMENT II, successeur de Grégoire VI, Saxon de naissance, appelé auparavant Suidger, évêque de Bamberg, élu pape au concile de Sutri, en 1046, mourut le 9 octobre 1047. C'était un pontife vertueux, qui montra beaucoup de zèle contre la simonie.

CLEMENT III (PAUL OU PAULIN), Romain, évêque de Preneste, obtint la chaire apostolique après Grégoire VIII, le 19 décembre 1187, et mourut le 27 mars 1191, après avoir publié une croisade contre les Sarrasins. C'est le premier des papes qui ait ajouté l'année de son pontificat aux dates du lieu et du jour.-Sur Clément III, antip., V. GUIBERT.

CLÉMENT IV (GUY FOULQUOIS, FULCODI, OU FOULQUES), né de parents nobles à Saint-Gilles sur le Rhône, d'abord militaire, ensuite jurisconsulte, devint sccrétaire de saint Louis. Après la mort de sa femme, il embrassa l'état ecclésiastique, fut archevêque de Narbonne, cardinal, évêque de Sabine, et légat en Angleterre. Il monta sur le saint-siége en 1265. On eut beaucoup de peine à lui faire accepter la papauté, qu'il ne garda que trois ans, étant mort à Viterbe en 1268. Rien n'égale la modestie de ce pape, comme on le voit par une lettre qu'il écrivit à Pierre le Gros, son neveu. Il ne veut point que ses parents viennent le trouver sans un ordre particulier, ni qu'ils s'enorgueillissent, et cherchent des partis plus avantageux à cause de son élévation, ni qu'ils se chargent de recommandations pour personne. Ses filles étant recherchées en mariage, il leur offrit une dot si modique qu'elles aimèrent mieux se faire religieuses. Celle qu'il promit à sa nièce, ne fut que de 300 livres tournois, encore à con

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dition qu'elle épouserait le fils d'un simplé chevalier. Il tacha de dissuader saint Louis d'une nouvelle croisade, et ne la publia qu'avec répugnance; non qu'il improuvât le but de ces expéditions, mais parce que les mauvais succès qu'elles avaient eus jusqu'alors, lui inspiraient une timidité prudente. On a dit que lorsque Charles de France, roi de Sicile, le consulta sur ce qu'il devait faire de Conradin, son prisonnier et son concurrent, le pontife lui conseilla de le faire mourir; mais Fleury et Muratori le justifient de cette fausse imputation, et le Père Jacob Spon encore mieux, en prouvant que Conradin fut mis à mort un an après celle du pape. On sait qu'après la mort de ce pape, il y eut un interrègne de trois ans. « Ce fut « dans cet intervalle, dit un autre historien, « marqué avec précision par Guillaume de Puy-Laurent, et par la Chronologie de Montfort, qu'ont suivie les critiques mo«dernes les plus estimables, et par cons«quent après la mort de Clément IV, que «Charles d'Anjou fit mourir le jeune Conra<< din. Il est donc inutile d'alléguer avec quel«ques apologistes simulés, pour paraître dé«fendre Clément d'avoir contribué à cette exécution barbare, il est, dis-je, plus « qu'inutile d'alléguer que Charles en fut «repris par ce pape et par ses cardinaux. >> C'est sous le pontificat de Clément IV que les confrères du Gonfanon s'associèrent à Rome en l'honneur de la sainte Vierge. Cette confrérie a été, dit-on, la première et le modèle de tontes les autres. On a de ce pape quelques ouvrages et des lettres dans le Thesaurus anecdotorum de Martenne.

CLÉMENT V, appelé auparavant Bertrand dé Gouth ou de Goth, né à Villandreau dans le diocèse de Bordeaux, fut archevêque de cette église en 1300. Après la mort de Benoit XI, le sacré collégé, longtemps divisé, se réunit en sa faveur. Son couronnement se fit le 14 septembre 1305 à Lyon, où il appela les cardinaux. Matthieu Rosso des Ursins, leur doyen, dit à cette occasion: L'Eglise ne reviendra de longtemps en Italie; je connais les gascons. Le vieux cardinal ne se trompait pas. Le nouveau pape établit la cour romaine sur le bord du Rhône. Il déclara vouloir faire son séjour à Avignon, et s'y fixa en 1309. « Cependant toutes les raisons, dit l'abbé Bérault, faisaient du séjour habituel a de Rome un devoir indispensable pour le << pape, en qualité tant de chef de l'Eglise, «< que d'évêque de cette capitale du monde. « C'était là que le prince des apôtres avait « transféré, de l'Orient, la primauté de « l'apostolat; et en quittant le séjour d'An<«<tioche, il avait quitté en même temps le titre de cette église, à laquelle il avait eu soin de préposer un nouvel évêque. Par <<< un enchaînement de révolutions et de con<< jonctures, où les plus hardis penseurs « n'ont pu méconnaître la conduite de la Pro«vidence, la souveraineté de Rome, en pas sant à ces pontifes, les y a mis sur un pied aussi digne de la suréminence de leur rang, « que favorable à la sainte liberté de leur

« ministère. Les factions passagères des & mains, les troubles et les dangers de l'lt « lie, de l'aveu même des apologistes de Cl «<<ment V, n'en eussent point banni un sai « Léon, un saint Grégoire, tant d'autres pop«tifes d'une héroïque vertu et que doiven << donc être tous les souverains pontifes, s «non des hommes supérieurs aux faiblesses ordinaires de l'humanité? » Les Romains se plaignirent beaucoup, et malheureusemen la conduite de Clément V semblait fournir à la médisance. Ils dirent qu'il avait établi je saint-siége en France pour ne pas se séparer de la comtesse de Périgord, fille du comte de Foix, dont il était éperdument amoureux, et qu'il menait toujours avec lui. On l'accusat de faire un honteux trafie des choses sacrées, etc. Ces reproches, et d'autres qu peuvent être fondés à quelques égards, out été beaucoup exagérés par Villani et d'autres historiens. Pour en juger sans préoccupation, il faut lire la sage et savante dissertation du Père Berthier, qu'on voit à la tête du m tome de l'Histoire de l'Eglise gallicane. Clé ment se joignit à Philippe le Bel pour exter miner l'ordre des templiers, l'abolit en partie dans un consistoire secret pendant le cele général de Vienne en Dauphiné, en 1810 On connaît les jugements divers que les hideriens ont portés de cette abolition. I raît indubitable que le pape et le roi et eu de très-grands torts, au moins dans h manière de procéder. Nous observerons lement que cette abolition ne s'est faite qe par un décret provisoire et non par un ju ment définitif sur la réalité des crimes to accusés. Non per modum definitivæ sententi, sed per viam provisionis et ordinationis ape tolicæ. Il est certain que les templiers, s posés même innocents, ne pouvaient pas exister avec honneur et avec fruit. Les his toriens sont d'accord qu'ils sont convers d'abord généralement des faits qu'on leur reprochait; soit crainte, soit espérance.s ont avoué, quoique quelques-uns se sont rétractés ensuite. Or, des hommes ass aches pour se déshonorer eux-mêmes, par se couvrir de la honte des crimes less énormes, ne pouvaient plus servir IE de Dieu sans scandale et sans murmur la part des fidèles. Voy. MOLAY (JACQUES Ce pontife mourut le 20 avril 1314, à Ro maure, près d'Avignon, comme il se f transporter à Bordeaux pour respirar natal. Sa mort presque subite, qui et Are la suite de l'ajournement fait par (Voy. encore ce mot), et divers accid empoisonnèrent sa vie, fut regardée une punition de la conduite qu'il avail. à l'égard des templiers, et de la fase marche de faire d'Avignon la résidence du pontife romain. Son couronnement avait e suivi de présages que les Italiens regr rent comme funestes. Ce spectacle avait # tiré tan' de monde, qu'une vieille mura trop chargée de spectateurs, s'écroul, l'à Philippe le Bel, écrasa le duc de Br renversa le pape et lui fit tomber la tiar dessus la tête. Les Romains appellent encor

ourd'hui la translation du saint-siége, la tivité de Babylone. On doit à Clément V e compilation nouvelle, tant des décrets concile général de Vienne auquel il avait sidé, que de ses épitres ou constitutions; st ce qu'on appelle les Clémentines, dont éditions de Mayence, 1460, 1467, 1471 et 13, in-fol., sont rares.

CLÉMENT VI (PIERRE ROGER), Limousin, teur de Paris, monta sur le siége pontifien 1342, après la mort de Benoît XII. I it été bénédictin de la Chaise-Dieu en vergne, puis archevêque de Rouen, enfiu dinal. Le commencement de son pontificat - marqué par la publication d'une bulle, - laquelle il promettait des grâces à tous pauvres clercs qui se présenteraient dans ix mois. Cette promesse en attira en peu temps plus de cent mille, qui inondèrent ignon et fatiguèrent le pape. Clément ne uva rien de mieux, que de faire quantité réserves de prélatures et d'abbayes, en ogeant aux élections des chapitres et des nmunautés; dérogation qui produisit peute un plus grand mal que le bien qu'il voufaire. En 1343, il accorda pour la 50 an2 l'indulgence que Boniface VIII n'avait blie que pour la centième. Sa bulle est la mière qui compare cette indulgence au ilé de l'ancienne loi. On compta à Rome, 1350, depuis un million jusqu'à 1200 mi!le erins. Clément Vi mourut en 1352, dans grands sentiments de religion. L'année uparavant, étant tombé malade, il donna se constitution où il disait : « Si autrefois tant à un moindre rang, ou depuis que hous sommes élevé sur la chaire apostolique, il nous est échappé, en disputant ou en prêchant, quelque chose contre la foi catholique ou la morale chrétienne, nous le révoquons et soumettons à la correction du saint-siége.» Pétrarque, qui vivait de son mps, lui donne l'éloge de très-savant pone. Clément VI n'oublia rien pour délivrer talie de la tyrannie de Louis de Bavière, qui ait pris le titre d'empereur; il envoya un gat dans le royaume de Naples pour trailler à la réunion des Grecs et des ArméLiens. Ce pape a composé divers ouvrages, es sermons et un beau discours à la canoniation de saint Yves. Fleury (tome XX, livre cin, n. 13) a tracé un portrait peu favorable Le ce pape, sur la seule autorité de Matthien illani, historien passionné, créature de Louis de Bavière, d'autant plus suspect sur e compte de Clément, qu'il ne voit rien en que d'odieux, à l'exception de sa science, qu'il fait l'effort de donner pour médiocre; Tandis qu'une foule d'autres historiens lui accordent une érudition et des lumières suespérieures, une extrême bienfaisance, un fond d'humanité, de bonté et de douceur, qui a Cofait dire à Pétrarque lui-même que jainais personne n'avait porté à plus juste titre le nom de Clément. Un particulier qui l'avait grièvement offensé dans sa première conditation, osa lui demander une grace extraordi

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naire quand il fut pape. Clément se souvint i de l'injure, et dit: Non, jamais on ne me re

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prochera de m'être vengé, et sur-le-champ il accorda ce qu'on lui demandait. Voy. AUDEBRAND. La facilité confiante avec laquelle Fleury a répété les calomnies de Villani, doit suffire pour tenir le lecteur en garde contre les jugements que cet historien de l'Eglise a portés sur plusieurs hommes illustres, et particulièrement sur quelques souverains pontifes.

CLÉMENT VII (JULES DE MÉDICIS), d'abord chevalier de Rhodes, succéda à Adrien VI en 1523. Cru, dans sa jeunesse, fils naturel de Julien de Médicis, Léon X son parent le déclara légitime, sur la déposition de quelques personnes qui assurèrent qu'il y avait eu entre son père et sa mère une promesse de mariage. La faveur dont il jouit sous ce pape, la pourpre dont il fut honoré, lui frayèrent le chemin à la chaire pontificale. Il reçut une ambassade solennelle de David, roi d'Abyssinie, qui lui demanda des missionnaires, et reconnut sa primauté, dans l'assemblée de Bologne, en présence de Charles-Quint, qui venait d'être couronné empereur. Il se ligua avec François I", les princes d'Italie et le roi d'Angleterre, contre Charles. Cette ligue appelée sainte, parce que le pape en était le chef, ne lui procura que des infortunes. Le counétable de Bourbon, qui avait quitté François I pour Charles-Quint, fit sommer Clément VII de lui donner passage par Rome pour aller à Naples, en 1527. Le pape refusa, et sa capitale fut saccagée pendant deux mois entiers. Il y avait beaucoup de luthériens parmi les Impériaux. Les soldats de cette secte s'étant saisis des habits du pape et de ceux des cardinaux, s'assemblèrent dans le conclave, revêtus de ces habits; et après avoir dégradé Clément, ils élurent à sa place l'hérésiarque Luther. Le pape, assiégé dans le chateau Saint-Ange, n'en sortit qu'au bout de six mois, déguisé en marchand. Il fut obligé d'accepter toutes les conditions qu'il plut au vainqueur de lui imposer. Henri Spelmanu, protestant anglais, dans son Histoire des sacriléges, attribue ses disgraces à la facilité avec Jaquelle ce pape se preta à la suppression de plusieurs monastères, demandée par Volsey. Clément VII eut bientôt après un nouveau sujet de chagrin. Ayant refusé, comme il le devait, des lettres de divorce à Henri VIII, et se voyant forcé de condamner son mariage avec Anne de Boulen, il lança contre lui une bulle d'excommunication, qui servit à ce prince de prétexte pour consommer un des plus odieux schismes qui aient désolé l'Eglise catholique. Des auteurs peu instruits, ou trop avides à saisir les fables débitées contre les papes, ont dit que Clément VII avait provoqué ce malheur par sa précipitation; mais c'est un conte réfuté par l'abbé Raynal, dans ses Anecd. hist., et par Voltaire, dans les An-' nales de l'empire. Ce dernier dit ex ressément que le pape ne put se dispenser d'excommunier Henri. Cette calomnie d'ailleurs se réfute par toutes les circonstances d'un événement si désagréable au saint-siége, par tout ce qui avait précédé la consommation du schisme, par l'impossibilité évidente de ra

mener Henri à des principes chrétiens. L'abbé Bérault met tout cela en évidence dans son Histoire de l'Eglise, accumule les faits qui confondent l'imposture, réfute la relation de Martin du Bellay, qui, quand même elle serait vraie, ne prouverait rien, et conclut que, s'il y a quelque chose d'étonnant et d'excessif dans la conduite du pape, c'est sa constante et invincible patience qui s'est soutenue longtemps après l'évanouissement total de toute espérance de conciliation. Le caractère de Henri est une espèce de confirmation de ce que cet historien écrit sur cette matière. Il conte d'ailleurs que l'excommunication ne fut portée que le 23 mars, et que dès le 14 du mème mois le parlement avait fait une défense sévère de reconnaître le saint-siége. Il mourut le 26 septembre 1534, et eut Paul III pour successeur. Il avait eu, quelque temps avant sa mort, une entrevue à Marseille avec François I, qui maria son fils le duc d'Orléans, depuis Henri II, avec Catherine de Médicis. Voy. Robert de GENÈVE, antipape qui, dans le xiv siècle, avait aussi pris le nom de Clément VII.

CLEMENT VIII (HIPPOLYTF ALDOBRANDIN), natif de Fano, fut couronné pontife après la mort d'Innocent IX le 30 janvier 1592. Craignant que le calvinisme ne vint à régner en France avec Henri IV, il y envoya un légat pour engager les catholiques à élire un roi; mais Henri, ayant su que le pape était secrètement bien disposé à son égard, envoya à Rome Duperron et d'Ossat, depuis cardinaux, qui parvinrent à le réconcilier avec le saintsiége. Le pape, extrêmement satisfait de cet événement, voulut le faire passer à la postérité par des médailles qui portaient son portrait d'un côté, et de l'autre, celui d'Henri IV. Clément eut un nouveau sujet de joie dans la même année 1595, mais il ne fut que passager. Deux évêques russes vinrent prêter obédience au saint-siége, au nom du clergé de leur pays mais, de retour chez eux, ils trouvèrent leur église plus obstinée que jamais dans le schisme. Une autre légation du patriarche d'Alexandrie eut des suites plus heureuses. Les députés abjurèrent entre ses mains les erreurs des Grecs, et reconnurent la primauté de l'Eglise romaine. Le livre du jésuite Molina ayant fait naître des disputes entre les dominicains et les jésuites sur les matières de la grâce, le roi d'Espagne renvoya les combattants à Clément VIII. Ce pontife établit à Rome les fameuses congrégations de Auxiliis, ou Des secours de la grâce, composées de prélats et de docteurs distingués. Ces congrégations commencèrent à s'assembler le 2 janvier 1598. Le pape avait cette affaire fort à cœur. Il assista en personne à toutes les conférences, toujours accompagné de 15 cardinaux. Les soins qu'il se donna pour faire finir ces disputes, continuèrent jusqu'à sa mort, arrivée le 5 mars 1605, à 69 ans. Il n'eut pas le bonheur de les terminer. Elles recom

sous successeur. Clé

glise, et ne contribua pas peu à la Vervíns en 1598. Jamais pape ne réce avec plus de soin les savants et les pes de mérite; il éleva au cardinalat BarBellarmin, Tolet, d'Ossat, Duperron, sieurs autres grands hommes. Après d'Alphonse II, duc de Ferrare et de V il accrut le domaine ecclésiastique du de Ferrare. César d'Est, cousin germa phonse, mais déclaré bâtard, pritler inutilement, et s'accommoda avecken renonçant au Ferrarais. Cléme corrigé le Pontifical romain, imprimé en 1664, in-fol., et 1683, in-12, et le ( nial des évêques, ibid., 1633, in-fol. [t rien véridique a porté de ce pontife 2 ment suivant : « Zélé pour la propag « l'Evangile, pour l'extirpation des te « qui ravageaient l'Europe, pour la r «<sion des schismatiques de l'Orient, << rétablissement des mœurs et de li <«< pline, il était si infatigablement

tous ses devoirs, que les années « infirmités ne lui firent jamais rien « de son travail. Il aimait les science << fort savant lui-même, libéral, ext «< charitable, sobre et frugal, ou pa «<tère, jeûnant fréquemment, ajouž << longues oraisons des pratiques de « qui auraient édifié dans un simpler « Il se confessait tous les jours au pie «dinal Baronius; et tous les jours, s << manquer, il disait la messe avec une dé <«<tion qui lui faisait bien souvent repe « des larmes. Humble de cœur et d'efe << nobstant un certain air d'empire et <«< absolu, on le vit plus d'une fois au tra « de la pénitence, recevoir, comme e «< un bon curé, tous ceux qui se préser << Jaloux encore de conserver les dr « son siége, il ne les outra point, ou du « il évita les excès où avaient donn « ques-uns de ses prédécesseurs. Tel « pape que d'effrontés sectaires, par «cle formel de leur foi, tinrent pour E << christ. >>

CLEMENT IX (JULES DEʼROSPIGLIOSI, famille noble de Pistoie, en Toscane dans cette ville, en 1600, fut successe lexandre VII, en 1667, se montra liber gnifique, ami des lettres, et s'illustra caractère pacifique. Il commença pard ger les peuples de l'État ecclésiastiq tailles et des autres subsides; et il e ce qui lui restait de son revenu à pr du secours à Candie contre les Tures souhaita pas moins ardemment de don paix à l'Eglise de France. Les évêques Beauvais, d'Angers, de Pamiers et qui avaient montré la plus grande ope à la signature pure et simple du forz d'Alexandre VII, voulant rentrer da communion du saint-siége, assurèrent ment IX qu'ils y avaient enfin souscri exception ni restriction quelconque. Ce

Iment fut recommandable comme pontife et rent leurs synodes, où ils firent souscrire

comme prince. Il condamna les duels, ramena un grand nombre d'hérétiques au sein de l'E

formulaire avec la distinction expresse fait et du droit, et ils en dressèrent des p

C

erbaux qu'ils eurent soin de tenir seDix-neuf évêques se joigrirent à eux certifier au pape la vérité de ce que -ci lui avaient mandé. Des assertions positives déterminèrent Clément IX à voir les quatre évêques à sa communion 368. Mais à peine cette réconciliation lle rendue publique, que les quatre évêet leurs partisans publièrent les procèsaux qu'ils avaient dérobés jusqu'alors à nnaissance du clergé; et ils en inférèrent e pape, en se réconciliant avec eux, avait ouvé la signature avec la distinction du et du fait. C'est ce qu'on a appelé, assez propos, la paix de Clément IX. (Voy. les de Clément IX à ce sujet, l'un adressé Roi, l'autre aux quatre évêques, le troiThe aux évêques médiateurs; la relation cardinal Rospigliosi, la harangue du desinal Esticus dans la congrégation du istoire du 4 janvier 1693, et la Défense histoire des cinq propositions, p. 396.) Ce dreife, dont le règne fut trop court, mourut az décembre 1669, du chagrin que lui causa ème berte de Candie. Clément X lui succéda. et LEMENT X (JEAN-BAPTISTE-EMILE ALque), Romain, fut fait cardinal par Clédes praat IX, son prédécesseur. Ce pape, au lit é dans la mort se hâta de le revêtir de la pourbus les sacrée, et, lorsque Altieri vint le remeret toa de sa promotion, il lui dit : « Dieu vous testine pour mon successeur; j'en ai quelait be ue pressentiment. » La prédiction de Cléble dent IX s'accomplit, et son successeur, élu 29 avril 1670, fut aussi doux et aussi plus ditique que lui. Il mourut en 1676 à 86 ans. cardinal Patron, son neveu, gouverna son ntificat; ce qui fit dire au peuple qu'il y ait deux papes, l'un de fait, et l'autre de oit. Innocent XI fut le successeur de Cléent X.

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CLEMENT XI (JEAN-FRANÇOIS ALBANI), à Pésaro en 1649, créé cardinal en 1690, t élu pape le 23 novembre 1700, après Innont XII. Il n'accepta la tiare qu'au bout de ois jours, et qu'après avoir consulté des ommes pieux et éclairés, pour savoir s'il evait se charger de ce fardeau. Le cardinal e Bouillon, devenu depuis peu doyen du saré collége, eut beaucoup de part à la nomisation de Clément XI, dont l'esprit, la piété t la prudence s'étaient fait connaître sous les Bontificats précédents. Il n'avait que 51 ans ; Eglise avait besoin d'un pape qui fût dans Son a force de l'âge. L'Italie allait devenir le cothéâtre de la guerre: en effet, celle de la succession ne tarda pas à s'allumer. L'empereur Léopold I" l'obligea de reconnaître l'ardechiduc pour roi d'Espagne. Clément, quoique pinaturellement porté pour la France, renonça à son alliance, et réforma les troupes qu'il avait armées. Son pontificat fut encore troublé par les querelles du jansénisme. Il donna teen 1705 la bulle Vineam Domini Sabaoth, contre ceux qui soutenaient les cinq fameuses propositions, et qui prétendaient qu'on satisfaisait par le silence respectueux à la soumission due aux bulles apostoliques. En 1713, il publia la célèbre constitution Unigenitus

contre cent et une propositions du Nouveau Testament de Quesnel, prêtre de l'Oratoire. L'abbé Renaudot, si on en croit Voltaire, rapportait qu'étant à Rome la première année du pontificat de Clément XI, un jour qu'il alla voir ce pape ami des savants, et qui l'était lui-même, il le trouva lisant le livre qu'il proscrivit ensuite: « Voilà, lui dit le « pape, un ouvrage excellent; nous n'avons « personne à Rome qui soit capable d'écrire << ainsi. Je voudrais attirer l'auteur auprès de <«< moi. » Mais, outre que rien n'est plus suspect que ces sortes d'anecdotes dans la bouche de Voltaire, il ne faut pas regarder ces éloges, supposé qu'ils soient réels, et les censures dont ils furent suivis comme une contradiction. On peut être fort touché, dans une lecture, des beautés frappantes d'un ouvrage, et en condamner ensuite les défauts cachés. Le bien, il est vrai, s'y montrait de tous côtés; le mal, il fallait le chercher, mais il y était. Clément XI mourut le 19 mars 1721, dans sa 72 année, après un règne de plus de 20 ans. Ce pape était aussi pieux que savant; H forma une congrégation composée des plus habiles astronomes d'Italie, pour soumettre à leur examen le calendrier grégorien. On y reconnut quelques défauts; mais comme on ne pouvait les corriger que par des moyens très-difficiles, on aima mieux le laisser tel qu'il était. Clément XI donna retraite au fils du prétendant d'Angleterre qui a toujours joui depuis des honneurs de la royauté dans cette capitale du monde chrétien. C'est encore à ce pontife que la Provence dut queques bâtiments chargés de grains avec des sommes considérables, qu'il envoya pour être distribués pendant la peste de 1720. Clément XI écrivait bien en latin. Le Bullaire de ce pape avait été publié en 1718, in-fol.; les Harangues consistoriales en 1722, in-fol. Le cardinal Albani, son neveu, recueillit tous ses ouvrages et les fit imprimer à Rome en 2 vol. in-fol., 1729. Sa Vie est à la tête de ce recueil. Lafiteau et Reboulet l'ont aussi écrite. Le premier a publié la sienne, 1752, 2 vol. in-12, et le second à Avignon, 1752, in-4°. Il n'y a pas de genre d'horreurs que les jansénistes n'aient répandu sur le compte de ce grand pontife; à l'imitation de tous les hérétiques, ils se sont élevés avec fureur contre celui qui a proscrit leurs erreurs. Sa constitution n'en est pas moins devenue une règle de foi dans toute l'étendue de l'Eglise, et une espèce de signal où l'on reconnaît ses véritables enfants; on peut dire qu'elle est comme l'Omousios et le Theotocos de ce siècle. (VoyALEXANDRE VII.) Innocent XIII fut le successeur de Clément XI, en 1721.

CLEMENT XII (LAURENT CORSINI), pape après Benoît XIII en 1730, mort le ó février 1740, âgé de près de 88 ans, était né à Rome d'une ancienne famille de Florence. Il abolit une partie des impôts, et fit châtier ceux qui avaient malversé sous le pontificat précédent. Le lendemain de son couronnement, le peuple, assemblé de toutes parts, avait crié à sa suite: Vive le pape Clément XII! Justice des des injustices du dernier ministère ! Ses reve

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