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connoissances. Vous avez ennobli le but de rt, puisqu'au lieu de celui de plaire au peuple e nous prescrivent nos maîtres, et dont les deux us honnêtes gens de leur siècle, Scipion et Lélie, it autrefois protesté de se contenter, vous nous rez donné celui de vous plaire et de vous divertir, qu'ainsi nous ne rendons pas un petit service à état, puisque, contribuant à vos divertissements, ous contribuons à l'entretien d'une santé qui lui st si précieuse et si nécessaire. Vous nous en avez

L'ambition, l'orgueil, la haine, l'avarice,

Armés de son pouvoir, nous donnèrent des lois;
Et, bien qu'il fût en soi le plus juste des rois,
Son règne fut toujours celui de l'injustice.

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Fier vainqueur au dehors, vil esclave en sa cour,

Son tyran et le nôtre à peine perd le jour,

Que jusque dans sa tombe il le force à le suivre :

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Et, par cet ascendant ses projets confondus,
Après trente-trois ans sur le trône perdus,
Commençant à régner, il a cessé de vivre.

Le sonnet a des beautés. Mais avouons que ce n'était pas à un pensionnaire du cardinal à le faire, et qu'il ne fallait ni lui prodiguer tant de louanges pendant sa vie, ni l'outrager après sa mort.

:

facilité les connoissances, puisque nous n'avo plus besoin d'autre étude pour les acquérir qu d'attacher nos yeux sur votre éminence quand ell honore de sa présence et de son attention le réci de nos poëmes. C'est là que, lisant sur son visag ce qui lui plaît et ce qui ne lui plaît pas, nou nous instruisons avec certitude de ce qui est bon e de ce qui est mauvais, et tirons des règles infaillibles de ce qu'il faut suivre et de ce qu'il faut éviter c'est là que j'ai souvent appris en deux heures ce que mes livres n'eussent pu m'apprendre en dix ans : c'est là que j'ai puisé ce qui m'a valu l'applaudissement du public: et c'est là qu'avec votre faveur j'espère puiser assez pour être un jour une œuvre digne de vos mains. Ne trouvez donc pas mauvais, MONSEIGNEUR, que pour vous remercier de ce que j'ai de réputation, dont je vous suis entièrement redevable, j'emprunte quatre vers d'un autre Horace que celui que je vous présente, et que je vous exprime par eux les plus véritables sentiments de mon ame.:

Totum muneris hoc tui est,

Quòd monstror digito prætereuntium

SCENE NON LEVIS ARTIFEX:

Quòd spiro et placeo, si placeo, tuum est.

Je n'ajouterai qu'une vérité à celle-ci, en vous ppliant de croire que je suis et serai toute ma e très passionnément *,

MONSEIGNEUR,

de votre éminence

le très humble, très obéissant, et très fidèle serviteur,

P. CORNEILLE.

* Cette expression PASSIONNÉMENT montre combien ut dépend des usages. JE SUIS PASSIONNÉMENT est jourd'hui la formule dont les supérieurs se servent vec les inférieurs. Les Romains ni les Grecs ne con

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urent jamais ce protocole de la vanité : il a toujours hangé parmi nous. Celui qui fait cette remarque est le remier qui ait supprimé les formules dans les épîtres édicatoires de ce genre; et on commence à s'en absteir. Ces épîtres, en effet, étant souvent des ouvrages aisonnés, ne doivent point finir comme une lettre rdinaire.

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PERSONNAGES.

TULLE, roi de Rome.

LE VIEIL HORACE, chevalier romain.

HORACE, son fils.

CURIACE, gentilhomme d'Albe, amant de Camille
VALÈRE, chevalier romain, amoureux de Camille
SABINE, femme d'Horace, et sœur de Curiace
CAMILLE, amante de Curiace, et sœur d'Horace
JULIE, dame romaine, confidente de Sabine

de Camille.

FLAVIAN, soldat de l'armée d'Albe.
PROCULE, soldat de l'armée de Rome.

La scène est à Rome, dans une salle de la maison d'Horace.

TRAGÉDIE.

ACTE PREMIER.

SCÈNE I.'

SABINE, JULIE.

SABINE.

APPROUVEZ

PPROUVEZ ma foiblesse, et souffrez ma douleur; Elle n'est que trop juste en un si grand malheur:

Si près de voir sur soi fondre de tels orages,

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L'ébranlement sied bien aux plus fermes courages;

Et l'esprit le plus mâle et le moins abattu
Ne sauroit sans désordre exercer sa vertu.

Quoique le mien s'étonne à ces rudes alarmes,

Le trouble de mon cœur ne peut rien sur mes larmes, 3
Et, parmi les soupirs qu'il pousse vers les cieux,

Ma constance du moins règne encor sur mes yeux:
Quand on arrête là les déplaisirs d'une ame, 4

Si l'on fait moins qu'un homme, on fait plus qu'une femme; 5
Commander à ses pleurs en cette extrémité,

C'est montrer, pour le sexe, assez de fermeté.

P. Cerneille. I.

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