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P. 159, col. 1, l. 10. Pourchassant le dernir but...

Dans le grec, ¿para (nTouvres, comme les stoïques ont dit : Inreiv άperv, et nos mystiques : chercher Dieu.

Ibid. 1. 16. Frissait.

Mot de la façon d'Amyot, áña λeydμevov. C'est l'italien frizzare.

Ibid. col. 2, 1. 4. Il tenait avec soi certaine petite femme jeune et belle.

Amyot Sa femme étoit jeune et belle, et plus délicate que ne sont ordinairement les femmes des paysans.

Amyot a cru Lycenion une paysanne, femme du paysan Chromis : étrange méprise. Le nom même de Lycenion indique une courtisane. Chromis, bourgeois de Mitylène, ou plutôt d'Athènes, car tout ceci est pris de la Nouvelle Comédie, vit à la campagne avec une fille de la ville. Trois sortes de gens paraissaient dans les comédies, entretenant des filles publiques: vaúxλnpol, les négociants ou armateurs de navires; arparitat, les gens de guerre, enrichis en Asie au service des rois; yewpyoi, les cultivateurs, riches aussi pour la plupart; car Athénes faisant beaucoup de commerce et ayant peu de territoire, les terres y étaient fort chères.

Ibid. 1. 29. Feignant d'aller voir sa voisine qui travaillait d'enfant.

Le texte est gåté en cet endroit. Le manuscrit de Florence porte : τῆς ἐπιούσης ὡς παρὰ τὴν γυναῖκα λαβεῖν τὴν τί κτουσαν ἀπιοῦσα. Celui du Vatican : ὡς παρὰ τὴν γυναῖκα λαθῆν τὴν τίκτουσαν. Lisez : ὡς παρὰ τὴν γυναῖκα ἐκείνην τὴν τίκτουσαν : comme dans Hérodote, liv. III, 16 : τὸν ἄνθρωπον τοῦτον τὸν μαστιγωθέντα; et ci-dessus, liv. ΙΙ : τὸν Πᾶνα ἐκεῖνον, τὸν ὑπὸ τῇ πίτυϊ ἱδρυμένον.

Ibid. 1. 30. Au chéne, sous lequel était assis Daphnis avec Chloé.

Il faut lire dans le texte ἐπὶ τὴν δρῦν ἔνθα (non ἐν ᾗ) ἐκαθέζετο, comme ailleurs il dit, liv. II, πρὸς τὴν φηγόν ἔτρεχεν ἔνθα ἐκαθέζοντο.

Ibid. 1. 33. De mes vingt oisons.

Homère, Odyssée :

Χῆνές μοι κατά οἶκον εἴκοσι πυρὸν ἔδουσι.

Ibid. 1. 52. Tu aimes, lui dit-elle, Daphnis, tu aimes la Chloé.

Epas, lov... Héliodore, liv. III, pag. 130, ligne 16, édition de M. Coral; et tom. II, p. 52, de la traduction d'Amyot, dans notre collection.

P. 160, col. 1, l. 22. Se prit à l'instruire en cette façon. Ce qui suit n'a point été traduit par Amyot jusqu'à ces mots finie l'amoureuse leçon.

Ibid. 1. 30. Où chose ne fit...

Denys d'Halicarnasse, II. E. ONOM. xxi cúdiv änλo περιεργασάμενος, οὕτως ἐξείσω τὸν διάλογον.

Ibid, col. 2,1. 2. Ne savait plus s'il oserait rien exiger de Chloé outre le baiser et l'embrasser.

Amyot Délibérant ne fascher point Chloé outre le baiser et l'embrasser.

Ibid. 1. 14. Puis l'embrassant, la baisa.

Amyot: Puis se jetant sur elle, la baisa. Grossière sottise; le texte est clair.

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Amyot Ainsi qu'ils mangeoient ensemble, et s'entrebaisoient plus de fois qu'ils n'avaloient de morceaux. Image dégoûtante, qui n'est point dans le texte. Quel langage pour un homme de cour, un prélat, un précepteur du roi! Longus a peint des nudités, qu'Amyot rend toujours obscènes dans sa copie par la grossièreté de l'expression.

Ibid. 38. De même qu'en un chœur de musique.
Amyot comme l'on fait en une danse.

P. 161, col. 1, 1. 22. Toutes belles, toutes savantes en l'art de chanter.

Ceci manque dans Amyot.

Ibid. 1. 36. Il rendit furieux les pâtres. Amyot: il fit devenir enragés les bergers.

Ibid. 1. 40. Ses membres.

Le mot grec a deux sens, dont l'un s'applique à la musique. Toute la fable roule sur cette équivoque, qui ne se peut guère rendre en français, non plus qu'en latin, ce me semble. Horace parle grec, quand il dit dispersi membra poetæ.

Ibid. Terre les reçut.

Il faut lire ainsi terre, sans article, comme il est dans le grec; car c'est une divinité.

Ibid. 1. 43. Imite les voix et les sons.

Il faut lire dans le grec, comme portent les manuscrits: πάνTWY TOY λεYouέvwv, de toutes les choses susdites. De même, pag. 32, édit. de Rome, τà dvoμzolivтa Supa; et pag. 127, ὁ δὲ Δρύας ἐθέλγετο τοῖς λεγομένοις.

Ibid. col. 2, 1. 14. Se couchèrent tous deux sous une même peau de chèvre.

C'est le sens exact et littéral. Amyot: en se couvrant d'une peau de chèvre. Il a bien entendu le texte. On a changé cela dans les réimpressions, où l'on a mis en étendant sous euz une peau de chèvre; énorme contre-sens.

Ibid. 1. 32. Pour des pommes ou des roses.

Scarron dans la Mazarinade:

Homme aux femmes et femme aux hommes,
Pour des poires et pour des pommes.

P. 162, col. 1, 1. 8. Et se séant à terre.

Amyot dit: se séant en terre. Les nouveaux éditeurs, croyant que c'était une faute, ont corrigé cela dans leurs réimpressions. Mais Amyot parle ainsi à l'italienne; ci-dessous, page 165 (édit. originale, fol. 63), relevant les vignes qui tomboient en terre; un peu après, pag. 167, les chèvres mettant le nez en terre; et pag. 145 (édit. originale, fol.15, verso), descendant en terre armés de corselets et d'épées. Cependant, pag. 159, il dit: si se rassit à terre, qui était la façon commune de son temps. Boileau même a dit assez mal: et se forment en terre une divinité.

Ibid. 1. 17. Une chose pourtant le troublait ; Lamon n'était pas riche.

Amyot: Il n'y avoit qu'une seule chose qui le troublast, c'est que son père nourricier Lamon n'étoit pas riche. Il rend ainsi le sens, mais non le sentiment. La Fontaine observe ces

nuances:

Un point sans plus tenait le galant empêché ;

Il nageait quelque peu, mais il fallait de l'aide.

Ibid. 1. 18. Lamon n'était pas riche.

Le manuscrit de Florence ajoute : ἀλλ' οὐδ ̓ ἐλεύθερος, εἰ

Voici sa traduction : Chloé ma mie, le beau temps a produit
cette belle pomme, un bel arbre l'a nourrie, le beau soleil
l'a múrie, et la bonne fortune l'a cantre-gardée pour une
belle bergère. C'est là presque le seul endroit où Amyot ait
eu dessein de mettre du sien et d'ajouter au texte de l'auteur.
Partout ailleurs il paraphrase, mais seulement comme inter-

zxi mλcúσics. C est une note marginale prise de ce qui suit,
page 135, édit. de Rome, δοῦλος δὲ ὤν, οὐδένος εἰμὶ τῶν
ἐμῶν κύριος. De meme, page 121, ἠπείγοντο γὰρ νεαλεῖς
ιχθυς (le manuscrit de Florence ajoute τῶν πετρίων, et cela
est pris plus haut, page 66, πετραίους ἰχθὺς) εἰς τὴν πόλιν
Stacószobat. De même encore à la page 126, of de inny-prète, longuement et lourdement.
γέλλοντα μεγάλα, le même manuscrit ajoute εἰ ταύτης τύ
otev; explication fort inutile.

P. 162. col. 1, 1. 29. Promettaient.

Dans l'édition originale d'Amyot: promettoit; faute d'impression, que l'on a mal corrigée depuis.

Ibid. 1. 43. Fais tant envers Chloé.

C'est la phrase d'Amyot. Journal de l'Étoile, tome IV, pag. 194 Le roi fit tant envers le pape, qu'il en obtint le payement. Amyot, Vie d'Artaxerxès: Mais il supplia tant sa mère, et fit tant par ses larmes et prières envers elle...

Ibid. col. 2, 1. 17. Une bourse de trois cents écus.

Le grec dit « de trois mille drachmes. » Ceci paraît pris de la vieille fable attribuée à Esope : « Un homme était pauvre. -Les dieux lui apparurent en songe, et lui dirent: Va au bord « de la mer, en tel endroit; tu y trouveras mille drachmes. » P. 163, col. 1, l. 41. Combien que d'autres lui offrisent et donnassent beaucoup pour l'accorder.

Traduction d'Amyot. Toutes les éditions, et même la première, portent pour la accorder. C'est une faute de l'imprimeur; et il faut pour l'accorder, ou bien pour la leur accorder.

Ibid. 1. 49. Ces raisons et assez d'autres.

ὁ μὲν ταῦτα καὶ ἔτι πλείω ἔλεγεν. De meme Lucien, dans le Songe, ταῦτα καὶ ἔτι τούτων πλείονα εἶπε.

Le manuscrit de Florence porte piv (c'est une faute, lisez ὁ μὲν) ταῦτα καὶ ἔτι πλείω ἔλεγεν, οἷα τοῦ πεῖσαι λέγων ἆθλον ἔχων τὰς τρισχιλίας ; lecon qui fait une phrase fort folie et ne peut être l'ouvrage d'un copiste. Il paraît au contraire que les autres copistes ont supprimé λérov, comme une variante d'exov, ce qui est arrivé ailleurs.

Ibid. col. 2, 1. 12. Autrement serais-je bien insensé,

Leçon de l'édition originale d'Amyot. On a mal corrigé dans les réimpressions, autrement je serois bien insensé. Amyot dit de même un peu plus bas : seulement te veux-je bien avertir d'un point, Dryas.

Ibid. 1. 48. En grande dévotion d'ouïr.

Rabelais : De quelle dévotion il le guette. Cent Nouvelles nouvelles La dévotion lui en est prise. Henri IV, lettre à Gabrielle d'Estrées: Je reçus votre lettre à soir, et attends Senneterre en bonne dévotion.

P. 164, col. 1, l. 22. Et n'était demeuré qu'une seule pomme.

Lisez dans le grec κλάδοι, πλὴν μῆλον ἓν ἐλείπετο, οι plutot ἐβλέπετο. Br.

Ibid. 1. 26. Ou ne s'était soucié de l'abattre.

Colombani : ἔδεισεν ὁ τρυγῶν ἀνελθεῖν, ἀμέλησε καθελεῖν. Le manuscrit de Rome... ἀνελθεῖν καὶ ἠμέλησε. Lisez ἀνελθεῖν ἢ ἡμέλησε καθ... Les copistes ont voulu éviter l'hiatus

... qui ne devait pas les étonner. Lucien, Dialogue des Dieux : πῶς οὐ ζηλοτυπεῖ ἡ Αφροδίτη τὴν Χάριν ἢ ἡ Χάρις

ταύτην.

Ibid. 1. 37. Les beaux jours d'été l'ont fait naître, un bel arbre l'a nourrie.

Amyot arrange cela d'une façon qu'il croit fort galante.

P. 164, col. 1, 1. 42. Quelque serpent qui eût frayé au long.

Bonaventure Desperriers, nouvelle XIII: Le docteur passant sur sa mule, un de ses bœufs s'en vint frayer un petit contre sa robe.

Ibid. 1. 47. Vous avez juges pareils.

Lisez dans le grec, ὁμοίως ἔχομεν τοῦ κάλλους μάρτυρες. Br. Cette phrase ne vaut rien, et la correction que propose l'éditeur de Rome parait préférable, ὁμοίους ἔχομεν ὁμοίου κάλλους μάρτυρες. Dans le manuscrit du Vatican, ὁμοίως est écrit au-dessous d'opcious comme une variante. C'est la même erreur que ci-dessus, page 163, col. I, 1. 49. Voyez la note. Ibid. 1. 48. Il était berger, lui.

Paris n'est point nommé dans le grec, et Amyot, qui traduit, Nous sommes Páris et moi juges et témoins pareils, ôle toute la grâce de ce passage. Il fait la même faute partout ou l'auteur supprime à dessein quelque mot ou quelque liaison, par un artifice commun à tous les bons écrivains. Dans Hėrodote, liv. III, ch. LIII, Ŏ d'è yέpov, le voilà vieux, Périandre n'est point nommé.

Ibid. col. 2,1. 10. Afin que l'eau en fût plus nette et plus claire.

Πηγὰς ἐξεκάθαιρεν ὡς ὕδωρ καθαρὸν ἔχοιεν. C'est la lecon de Colombani. Lisez ὡς ὕδωρ λαμπρὸν ἔχοιεν. Les anciens manuscrits étaient gåtés en cet endroit, comme on le voit par celui de Rome, où le copiste a laissé un blanc à la place de ces deux mots, καθαρὸν ἔχοιεν.

P. 165, col. 1, l. 7. Sémèle qui accouchait. Ainsi l'a écrit Amyot. On a mal imprimé, depuis la première édition, Sémélé. La Fontaine, Filles de Minée : La Grèce était en jeux pour le fils de Sémèle; Seules on vit trois sœurs condamner ce saint zèle. Il a dit de même ailleurs :

Brodait mieux que Clotho, filait mieux que Pallas, Tapissait mieux qu'Arachne, et mainte autre merveille; au lieu d'Arachné.

Ibid. col. 2, l. 16. Laissant une quantité des plus belles grappes aux branches.

Amyot, dans l'édition originale, et garda l'on une quantité. Les nouvelles éditions portent, et l'on garda. Voyez pag. 139, ligne 9, la note.

P. 166, col. 1, l. 31. Et Lamon tout éploré.

ὁ μὲν γὰρ Λάμων. J'aimerais mieux ὁ μὲν δή. Βr. Ibid. 1. 45. Que me dira-t-il, quand il le verra si pileusement accoutré ?

Le grec dit: que deviendra-t-il en voyant cela? On a gardė la phrase d'Amyot, dont la Fontaine s'est souvenu dans ce

vers:

Le pis fut que l'on mit en piteux équipage
Le pauvre potager.

Ibid. col. 2. l. 16. Étant en la grâce de son maître.

C'est ainsi qu'il faut lire dans la version d'Amyot. Toutes les éditions portent étant à la grâce; faute d'impression. Cidessus, folio 47 de l'édition originale d'Amyot. Comment donc suis-je en ta gráce?

P. 167, col. 1, l. 12. Quelque chanson de chevrier. Lisez dans le grec, συρίσαι τι αἱπολικόν. Br.

Ibid. 1. 28. Non pour cela Gnathon.

C'est la phrase d'Amyot. De même, Vie de Phocion: Ces dons que le roi lui envoyoit, il les refusoit tous; disant : Qu'il me laisse être homme de bien. Non pour cela les messagers ne cessoient d'aller après lui. Et dans les Cent Nouvelles nouvelles: Non pourtant assez bonne pièce après il dit... C'est l'italien non pertanto, et le grec où jv άά. Dans la Vie de saint Louis, non pourquant.

Ibid. col. 2, 1. 38. Un sayon neuf, une chemisette et des souliers.

Plaute, dans l'Epidicus: soccos, tunicam, pallium tibi dabo. Tout cela est imité d'Homère, dans l'Odyssée :

Εσσω

μεν χλαῖνάν τε χιτώνά τε, εἵματα καλά,
δώσω δ' ὑπὸ ποσσὶ πέδιλα.

P. 168, col. 2, l. 2. Celui qui aime, 6 mon cher maître. Amyot gåte tout cet endroit. Ceux qui l'ont voulu corriger dans les nouvelles éditions, ont fait encore pis.

Ibid. 1. 10. Vois-tu comment sa chevelure semble la fleur d'hyacinthe.

Amyot: Voyez-vous comment sa perruque est belle? Si l'on voulait marquer toutes les fautes d'Amyot dans ces deux derniers livres, il faudrait le copier en entier.

Ibid. 1. 26. Les aigles de Jupiter.

C'est une pensée de quelqu'un de nos poëtes élégiaques, soit Callimaque ou Philétas, que Properce aussi s'est appropriée :

Cur hæc in terris facies humana moratur?

Jupiter, ignoro pristina furta tua.

Remarquez que la pensée est juste dans Longus, mais non pas dans Properce, qui parle d'une femme. Jamais Jupiter n'enleva de femme. Le poëte grec, que Properce traduit et que Longus copie, parlait sans doute d'un garçon.

Ibid. 1. 44 Rester bœuf à l'étable.

Proverbe grec; c'est-à-dire, inutile, hors de service.
P. 169, col. 1, 1. 12. En cette sorte.

Ainsi a écrit Amyot, et non pas comme on a corrigé dans les réimpressions, de cette sorte.

Ibid. I. 15. Je ne te mentirai d'un mot.

Vrai texte d'Amyot. On a mal corrigé : Je ne te mentirai pus d'un mot.

Ibid. col. 2, 1. 20. Et s'en courut par le jardin.

Toutes les éditions d'Amyot portent, comme la première, s'en courut au berger. Lisez, au verger.

P. 170, col. 1, 1. 23. Il parlait encore, et Daphnis... Il y a dans le grec ἔτι αὐτοῦ λέγοντος, Δάφνις. Plutarque, Vie d'Alexandre: ÉTI λiyovтos aúтcü Tipsws. Hérodote, liv. VIII, chap. cx : ἔτι τουτέων ταῦτα λεγόντων.

P. 171, col. 1, 1. 46. Ne jeta point sans dessein celte parole.

Et se tournant vers la ville, jeta contre elle quelques propos d'indignation. Satire Menippée. Cette expression vaut peut-être mieux que celle de Boileau :

Laisse tomber ces mots qu'elle reprend vingt fois.
Voyez ci-dessus, page 147, col. I, ligne 35, la note.
P. 172. col. 1, l. 48. Et les montra de rang.
Dans le texte, lisez: καὶ περιφέρων ἐνδέξια πᾶσιν ἐδείκνυε ;
expression d'Homère :

Κήρυξ δὲ φέρων ἀν' ὅμιλον ἁπάντη,
Δεῖξ' ἐνδέξια πᾶσιν...

Ibid. col. 2, 1. 42. Et tout de même ont été préservés par les Nymphes.

La première édition d'Amyot porte et tout de mêmes ont été réservés par les Nymphes. Remarquez là-dessus, d'abord que dans toutes les réimpressions d'Amyot on a mis même sans s; mauvaise correction. Corneille, dans le Menteur : Moi-mêmes à mon tour je ne sais où j'en suis. Régnier :

Payer mêmes en chair jusques au rôtisseur.

Ensuite réservés est une faute d'impression; il faut lire préservés, qui se disait alors au lieu de conservés, préservés de la mort. La Fontaine : Simonide préservé par les Dieux. P. 173, col. 1, 1. 35. Le plus du temps.

Italianisme d'Amyot, usité alors: il più del tempo. Les nouveaux éditeurs ont cru que c'était une faute, et ont corrigé le plus de temps, qui n'est d'aucune langue et ne signifie rien. Amyot, dans la Vie de Pompée : Toutefois le plus du temps ils campoient séparément; et dans le Discours touchant l'amour le plus du temps elle se tenoit au temple. Arrêts d'amour, premier arrêt : le pauvre galand le plus du temps ne savoit où il en étoit.

Ibid. 1. 50. Au lieu qu'il était découvert.

On a estropié cela dans les réimpressions d'Amyot, en écrivant au lieu qui étoit découvert, ce qui fait un sens différent et contraire au texte.

Ibid. col. 2, 1. 1. Tout cela fut longtemps après. ̓Αλλὰ ταῦτα μὴν ὕστερον, phrase d'Hérodote. Ἀλλὰ ταῦτα μὴν ὕστερον ἐγένετο, τότε δέ... Plutarque l'emploie souvent : Καὶ ταῦτα μὴν ὕστερον ἔπραχθη, τότε δέ...

Ibid. 1. 17. N'étaient que jeux de petits enfants.

C'est ainsi qu'Amyot a écrit, et non comme on a corrigé dans les dernières éditions, n'étoit que jeux. La phrase d'Amyot est toujours italienne; en bon italien, on dirait: ció che facevano in mezzo ai campi non erano che scherzi da fan

ciulli.

Supplément à la note, pag. 139, col. 1, lig. 30: Si fut entre deux d'emporter.

La phrase est italienne: Stetti infrà due di corrir giù dalle scale. Benvenuto Cellini.

D'UNE

TRADUCTION NOUVELLE D'HÉRODOTE.

PRÉFACE.

Hécatée de Milet, le premier, écrivit en prose, ou, selon quelques-uns, Phérécyde, peu antérieur, aussi bien que l'autre, à Hérodote. Hérodote naissait quand Hécatée mourut, vingt ans ou environ après Phérécyde. Jusque-là, on n'avait su faire encore que des vers; car avant l'usage de l'écriture, pour arranger quelque discours qui se pût retenir et transmettre, il fallut bien s'aider d'un rhythme, et clore le sens dans des mesures à peu près réglées, sans quoi il n'y eût eu moyen de répéter fidèlement, même le moindre récit. Tout fut au commencement matière de poésie : les fables religieuses, les vérités morales, les généalogies des dieux et des héros; les préceptes de l'agriculture et de l'économie domestique, oracles, sentences, proverbes, contes, se débitaient en vers, que chacun citait, ou, pour mieux dire, chantait dans l'occasion aux fêtes, aux assemblées: par là, on se faisait honneur, et on passait pour homme instruit. C'était toute la littérature qu'enseignaient les rhapsodes, savants de profession, mais savants sans livres longtemps. Quand l'écriture fut trouvée, plusieurs blâmaient cette invention, non justifiée encore aux yeux de bien des gens; on la disait propre à ôter l'exercice de la mémoire, et rendre l'esprit paresseux. Les amis du vieux temps vantaient la vieille méthode d'apprendre par cœur sans écrire, attribuant à ces nouveautés, comme on peut le voir dans Platon, et la décadence des mœurs et le mauvais esprit de la jeunesse.

Je ne décide point, quant à moi, si Homère écrivit, ni s'il y eut un Homère, de quoi on veut douter aussi. Ces questions, plus aisées à élever qu'à résoudre, font entre les savants des querelles où je ne prends point de part : j'ai assez d'affaires sans celle-là, et je déclare ici, pour ne fâcher personne, que j'appellerai Homère l'auteur ou les auteurs, comme on voudra, des livres que nous avons sous le nom d'Iliade et d'Odyssée. Je crois qu'on fit des vers longtemps avant de les savoir

écrire; mais l'alphabet une fois connu, sans doute on écrivit autre chose que des vers. Le premier usage d'un art est pour les besoins de la vie; accords et marchés furent écrits avant les prouesses d'Achille. Celui qui s'avisa de tracer, sur une pomme ou sur une écorce, le nom de ce qu'il aimait avec l'épithète ordinaire Kalè, ou peut-être Kalos, suivant les mœurs grecques et antiques, celui-là écrivit en prose avant Hécatée, Phérécyde: eux essayèrent de composer des discours suivis sans aucun rhythme ni mesure poétique, et commencèrent par des récits.

L'histoire était en vers alors comme tout le reste. Homère et les cycliques avaient mis dans leurs chants le peu de faits dont la mémoire se conservait parmi les hommes. Homère fut historien; mais la prose naissante, à peine du filet encor débarrassée, s'empara de l'histoire, en exclut la poésie, comme de bien d'autres sujets ; car d'abord les sciences naturelles et la philosophie, telle qu'elle pouvait être, appartinrent à la poésie, chargée seule en ce temps d'amuser et d'instruire: on lui dispute jusqu'à la tragédie maintenant; et chassée bientôt du théâtre, elle n'aura plus que l'épigramme. C'est que vraiment la poésie est l'enfance de l'esprit humain, et les vers l'enfance du style, n'en déplaise à Voltaire et autres contempteurs de ce qu'ils ont osé appeler vile prose. Voltaire s'étonne mal à propos que les combats de Salamine et des Thermopyles, bien plus importants que ceux d'Ilion, n'aient point trouvé d'Homère qui les voulût chanter; on ne l'eût pas écouté, ou plutôt Hérodote fut l'Homère de son temps. Le monde commençait à raisonner, voulait avec moins d'harmonie un peu plus de sens et de vrai. La poésie épique, c'est-àdire historique, se tut, et pour toujours, quand la prose se fit entendre, venue en quelque perfection.

Les premiers essais furent informes ; il nous en reste des fragments où se voit la difficulté qu'on eut à composer sans mètre, et se passer de cette cadence qui, réglant, soutenant le style, faisait

Bacchus Omestès, c'est-à-dire mangeant cru. Thémistocle, il est vrai, dès ce temps-là philosophe, y trouvait à redire; mais il n'osa s'en expliquer, de peur des honnêtes gens : c'eût été outrager la morale religieuse. Hérodote, dévot, put très-bien assister à cette cérémonie, et parle de semblables fêtes avec son respect ordinaire pour les choses saintes. On jugerait par là de son siècle et de lui, si tout d'ailleurs ne montrait pas dans quelles épaisses ténèbres était plongé le genre humain, qui seulement tâchait de s'en tirer alors, et fit bientôt de grands progrès, non dans les sciences utiles, la religion s'y opposant, mais dans les arts de goût qu'elle favorisait. Le temps d'Hérodote fut l'aurore de cette lumière, et comme il a peint le monde encore dans les langes, s'il faut ainsi parler, d'où lui-même il sortait, son style dut avoir et de fait a cette naïveté, bien souvent un peu enfantine, que les critiques appelèrent innocence de la diction, unie avec un goût du beau et une finesse de sentiment qui tenaient à la nation grecque.

pardonner tant de choses. La Grèce avait de grands | du vivant d'Hérodote, sacrifiait des hommes à poëtes, Homère, Antimaque, Pindare, et parlant la langue des dieux, bégayait à peine celle des hommes. Hécatée de Milet ainsi devise ; j'écris ceci comme il me semble être véritable, car des Grecs les pro- | pos sont tous divers, et, comme à moi, paraissent risibles. Voilà le début d'Hécatée dans son histoire; et il continuait de ce ton assorti d'ailleurs au sujet : ce n'étaient guère que des légendes fabuleuses de leurs anciens héros; peu de faits noyés dans des contes à dormir debout. Même façon d'écrire fut celle de Xanthus, Charon, Hellanicus et autres qui précédèrent Hérodote : ils n'eurent point de style, à proprement parler, mais des membres de phrases, tronçons jetés l'un sur l'autre, heurtés sans nulle sorte de liaison ni de correspondance, comme témoigne Démétrius ou l'auteur, quel qu'il soit, du livre de l'élocution. Hérodote suivit de près ces premiers inventeurs de la prose, et mit plus d'art dans sa diction, moins incohérente, moins hachée : toutefois, en cette partie son savoir est peu de chose au prix de ce qu'on vit depuis. La période n'était point connue, et ne pouvait l'être dans un temps où il n'y avait encore ni langage réglé, ni la moindre idée de grammaire. L'ignorance là-dessus était | telle, que Protagoras, longtemps après, s'étant avisé de distinguer les noms en mâles et femelles, ainsi qu'il les appelait, cette subtilité nouvelle fut admirée; quelques-uns s'en moquèrent, comme il arrive toujours; on en fit des risées dans les farces du temps. De ce manque absolu de grammaire et des règles, viennent tant de phrases dans Hérodote, qui n'ont ni conclusion, ni fin, ni construction raisonnable, et ne laissent pas pourtant de plaire par un air de bonhomie et de peu de malice, moins étudié que ne l'ont cru les anciens critiques. On voit que dans sa composition il cherche, comme par instinct, le nombre et l'harmonie, et semble quelquefois deviner la période; mais avec tout cela il n'a su ce que c'était que le style soutenu, et cet agencement des phrases et des mots qui fait du discours un tissu, secret découvert par Lysias, mieux pratiqué encore depuis au temps de Philippe et d'Alexandre. Théopompe alors, se vantant d'être le premier qui eût su écrire en prose, n'eut peutêtre point tant de tort. Dans quelques restes mutilés de ses ouvrages, dont la perte ne se peut assez regretter, on aperçoit un art que d'autres n'ont pas

connu.

Mais ce style si achevé n'eût pas convenu à Hérodote pour les récits qu'il devait faire, et le temps où il écrivit. C'était l'enfance des sociétés; on sortait à peine de la plus affreuse barbarie. Athènes,

Cela seul le distingue de nos anciens auteurs, avec lesquels il a d'ailleurs tant de rapports, qu'il n'y a pas peut-être une phrase d'Hérodote, je dis pas une, sans excepter la plus gracieuse et la plus belle, qui ne se trouve en quelque endroit de nos vieux romanciers ou de nos premiers historiens, si ainsi se doivent nommer. On l'y trouve, mais enfouie comme était l'or dans Ennius, sous des tas de fiente, d'ordures, et c'est en quoi notre français se peut comparer au latin, qui resta longtemps négligé, inculte, sacrifié à une langue étrangère. Le grec étouffa le latin à son commencement, et l'empêcha toujours de se développer: autant en fit de-. puis le latin au français pendant le cours de plusieurs siècles. Non-seulement alors qu'écrivait Ennius, mais après Virgile et Horace, la belle langue c'était le grec à Rome, le latin chez nous au temps de Joinville et de Froissard. On ne parlait français que pour demander à boire; on écrivait le latin que lisaient, étudiaient savants et beaux esprits, tout ce qu'il y avait de gens tant soit peu clercs; et camera compotorum paraissait bien plus beau que la chambre des comptes. Cette manie dura, et même n'a point passé; des inscriptions nous disent, en mots de Cicéron, qu'ici est le marché Neuf ou bien la place aux Veaux. Que pouvait faire un pauvre auteur employant l'idiome vulgaire? Poëtes, romanciers, prosateurs, se trouvaient dans le cas de ceux qui maintenant voudraient écrire le picard et le bas breton. En Italie, Pétrarque eut honte de ses divins tercets, parce qu'ils étaient italiens; et depuis ne

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