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22 et 24 août 1572 (la Saint-Barthélemy).

(Nous n'avons trouvé aucune gravure française du seizième siècle représentant les scènes de la Saintcelle que nous reproduisons, et qui met particulièrement en scène Coligny, nous a

Ann. 1572.

24 août 1572.

- Nuit de la Saint-Barthélemy. L'amiral Coligny est assassiné.

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Barthélemy. Il en existe plusieurs faites en Allemagne et dans les Pays-Bas par des artistes contemporains; paru curieuse bien qu'inexacte en certaines parties, notamment pour l'architecture.)

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Médaille frappée en France à l'occasion de la Saint-Barthélemy (1). Trésor de numismatique et de glyptique.

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(') VIRTVS IN REBELLES (Vaillance contre les rebelles). PIETAS EXCITAVIT IVSTITIAM (La piété a éveillé la justice).

(*) On a aussi nié ce fait; mais il est mis hors de doute par l'affirmation de deux auteurs témoins des massacres de l'année 1572, et qui n'ont jamais été démentis à cet égard par leurs contemporains, Brantôme et d'Aubigné. (Voy. surtout d'Aubigné, Hist. univ., édit. de 1626, fos 548-550, et Tragiques, édit. Lud. Lalanne, p. 140.)

(3) VGONOTTORVM STRAGES (Massacre des huguenots).

les mieux voir mourir, et contempler mieux leur visage et contenance. » (Brantôme.)

Tant d'horreurs furent en pure perte. On avait mutilé le parti, mais il vivait encore, et puisa dans son désespoir même des forces nouvelles, augmentées de la sympathie des catholiques modérés. Dans plusieurs provinces, surtout dans le Midi, ceux des protestants qui restaient, la première stupéfaction passée, se défendirent avec fureur; le duc d'Anjou assiégea en vain la Rochelle, qui, sous la direction de la Noue, se défendit héroïquement, du mois

de février au mois de juillet 1573. Enfin il fallut céder et compter encore avec ces protestants qu'on avait cru supprimer. Les Rochellois furent assez forts pour obtenir, le 6 juillet, la paix pour eux, et pour leurs coreligionnaires un édit, moins large à la vérité que celui de Saint-Germain, mais qui leur accordait encore la liberté de conscience et la liberté du culte évangélique dans un certain nombre de villes.

Charles IX laissait tous les soins du gouvernement à sa mère; il était, à vingt-quatre ans, épuisé par la fatigue et la maladie. Il vomissait son sang, et, tourmenté d'affreuses visions, ne voyait plus partout que tueries et cadavres. Il rendit l'âme le 30 mai 1574. La veille de sa mort, les médecins avaient fait retirer de sa chambre tout le monde, excepté deux seigneurs et sa nourrice, que Charles aimait fort quoique huguenote. « Comme elle se fust mise sur un coffre et commençoit à sommeiller, ayant entendu le roy se plaindre, pleurer et souspirer, s'approche tout doucement du lit, et, tirant son rideau, le roy commence à lui dire : « Ah! ma nourrice, ma mie, ma nourrice, que de » sang et que de meurtres! Ah! que j'ay eu un » meschant conseil! O mon Dieu! pardonne-les» moy, et me fais miséricorde, s'il te plaist!... >>

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Départ du duc d'Anjou pour la Pologne, en 1573. Estampe allemande. (Collection Hennin.)

sa mère, il avait pris son royaume en aversion. Il voulut l'abandonner dès qu'il apprit la mort de son frère (13 juin). Il s'agissait de se concerter avec le sénat et les magnats polonais pour ne point laisser souffrir, par son départ, les intérêts publics; mais telles étaient son impatience et sa légèreté, qu'il préféra s'enfuir comme un écolier. Il quitta furtivement son palais de Cracovie au milieu de la nuit, et gagna la frontière à franc étrier, pendant que son peuple se levait de toutes parts pour lui barrer le passage, et que ses grands dignitaires galopaient après lui sans pouvoir l'atteindre (18 juin).

Il traversa les États autrichiens et gagna l'Italie, où son empressement d'accourir en France s'arrêta subitement aux premières fètes qui lui furent données. La belle Venise, puis le duc de Savoie, le retinrent dans les plaisirs pendant plus de deux mois, et le duc s'en fit chèrement payer en obtenant la restitution des forteresses de Pignerol, la Pérouse

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et Savillano, restes des conquêtes par lesquelles François Ier avait voulu assurer à la France une entrée en Italie. Tout le règne de Henri III répondit à ces débuts pleins de frivolité.

A son entrée en France, Henri déclara qu'il ne ménagerait point les protestants, et qu'ils rentreraient dans le sein du catholicisme ou sortiraient du royaume; mais il ne fit rien de décisif contre eux, quoique la défiance en tint encore une grande partie sous les armes. Ceux de la religion étaient désormais trop faibles pour former des armées; mais ils avaient pour eux un tiers parti, celui des politiques» ou « malcontents », composé des catholiques indifférents, qui voulaient la cessation des troubles intérieurs, et dont les chefs travaillaient, avant tout, pour leurs intérêts personnels. A leur tête se trouvaient les quatre fils du connétable de Montmorency et le duc d'Alençon, qui, depuis le nouveau règne, se faisait appeler duc d'Anjou, ou simplement Monsieur.

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Ce prince, le dernier des fils de Henri II, avait tous les vices de ses frères, sans aucun de leurs talents. Pendant la dernière maladie de Charles IX, il aspirait déjà à s'emparer du gouvernement, et s'était uni dans ce dessein aux deux Bourbons et aux Montmorencys, lorsqu'au moment où le complot allait éclater, le cœur lui manquant, il l'avait dévoilé lui-même, et avait entraîné par cette trahison le supplice de ses deux principaux confidents, les comtes de la Mole et de Coconnas. Tandis que le roi, après s'être fait sacrer à Reims (43 fév. 4575), et avoir le surlendemain épousé Louise de Vaudemont, princesse de la maison de Lorraine, prolongeait les réjouissances données à cette double occasion, sans autre souci que celui de paraître d'une dévotion excessive, « et, cependant, de s'enquérir de tous moyens de faire argent en toute sorte que les ingénieux peuvent pourpenser », le duc d'Alençon, qui avait recommencé ses intrigues, s'échappait de la cour pour s'aller joindre aux protestants et aux politiques du Midi (45 septembre). Quelques mois après, le jeune roi de Navarre en fit autant. S'échappant d'une partie de chasse dans la forêt de Senlis, il courut sans mot dire jusqu'à la Loire, et, en traversant le fleuve, s'écria: «Loué soit Dieu, qui m'a délivré! On a fait mourir la roine ma mère à Paris, on y a tué M. l'admiral et tous mes meilleurs serviteurs; on n'avoit pas envie de me mieux faire si Dieu ne m'eût gardé. Je n'y retourne plus si l'on ne m'y traîne.» (Lestoile.)

La fuite du duc d'Alençon avait été immédiatement suivie d'événements graves. Il publia d'abord «< sa déclaration, fondée, comme elles sont toutes, sur la conservation et restablissement des loix et statuts du roiaume. » Plusieurs armées s'apprêtèrent aussitôt à soutenir ce manifeste. Damville, le second des Montmorencys, avait quatorze mille hommes dans le Languedoc; Thoré, l'un de ses frères, s'avança en Champagne avec cinq mille autres, qui n'étaient que l'avant-garde des troupes rassemblées en Allemagne par Condé; enfin l'électeur palatin menaçait les Trois-Évêchés. Le duc de Guise, gouverneur de la Champagne, courut à la rencontre de Thoré, et le mit en déroute complète près des villages de Fismes et de Dormans (14 octobre); dans le combat, il reçut un coup d'arquebuse qui lui emporta une partie de la joue, et lui valut le surnom qu'il porta depuis : « le Balafré. Cette victoire fut inutile par suite de la mauvaise volonté de la bourgeoisie, surtout celle de Paris, qui refusa au roi tout secours d'hommes et d'argent. La mollesse corrompue du roi inspirait l'aversion aux classes bourgeoises, et la reine mère, qui avait tant de fois trompé tous les partis, leur était devenue odieuse. « Le peuple l'avoit tellement en horreur et mauvaise opinion, que tout ce qui advenoit de malencontre lui estoit imputé. Et disoit-on qu'elle ne faisoit jamais bien que quand elle pensoit faire mal. » (Lestoile.) Catherine, ne pouvant mieux, cherchait à négocier; mais les

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ennemis disposaient de forces imposantes. Elle n'obtint qu'une trêve humiliante (22 nov.), et, au mois de mars 4576, le duc d'Alençon, ayant réuni des troupes à celles amenées d'Allemagne par Condé, pouvait mettre en mouvement trente mille hommes. La royauté, que tout le monde abandonnait, n'obtint la paix qu'au prix des plus dures conditions. Le duc, auprès de qui se rendit sa mère, presque en suppliante, déposa les armes en stipulant pour lui l'addition de l'Anjou, de la Touraine et du Berri à l'apanage qu'il possédait déjà, pour le roi de Navarre le gouvernement de la Guyenne, pour Condé celui de la Picardie, et pour tous les protestants l'abolition des sentences portées contre eux depuis le règne de Henri II, le libre exercice de leur culte par tout le royaume, excepté Paris et la cour, leurs synodes et leurs consistoires, des tribunaux mi-partis, des villes de sûreté, l'exemption d'impôts durant six ans pour les enfants des victimes de la Saint-Barthélemy, enfin la promesse d'une assemblée d'États généraux, à Blois, le 45 novembre suivant. Cette paix, signée à Chastenoy, près Fontainebleau, le 6 mai, fut appelée la Paix de Monsieur.

Pour les vrais catholiques, une telle paix était une trahison; ils ne l'accueillirent pas seulement avec colère ils cherchèrent les moyens de s'organiser pour défendre leur cause,'que le roi semblait déserter. Depuis les premiers temps féodaux, jamais la royauté n'était tombée en mépris comme on la vit alors, et jamais, en effet, elle ne s'était trouvée en des mains plus indignes. Il semblait que la race des Valois, qui avait apporté sur le trône de saint Louis l'amour du luxe et des plaisirs, fût peu à peu descendue par cette voie jusqu'à l'épuisement et la dégradation. La cour était devenue monstrueuse par sa mollesse efféminée mêlée au goût du sang, et il est impossible de raconter ici les désordres, les incestes, les dépravations auxquelles se livraient les fils de Henri II, leur sœur Marguerite, et la plupart de leurs courtisans. Henri III fut celui qui porta le plus loin le raffinement de ses vices et le cynisme à les montrer. C'était un homme spirituel, parlant avec grâce et facilité, d'assez belle figure, et très-brave; mais il avait plutôt les habitudes d'un satrape de l'Orient que d'un roi de France. A voir les soins qu'il donnait à son visage, à ses mains blanches, à toute sa toilette, on ne savait, dit d'Aubigné, si c'était « un roi femme ou bien un homme reine. » A Lyon, lors de son retour en France, il s'était soustrait aux affaires pour s'isoler avec quelques compagnons intimes de plaisir, et passait une partie de ses journées indolemment bercé, sur la Saône, dans un batelet aux rideaux fermés; à Avignon, il avait donné toute son admiration aux processions de pénitents blancs, noirs ou bleus, et s'était engagé avec ardeur parmi les premiers; à la cérémonie de son sacre, il employa la journée entière à se parer et à parer sa future épouse, en sorte que la messe du couronnement ne put être dite que le soir; à Paris.

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