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Le 24 janvier, à huit heures du matin, Santerre, commandant de la garde nationale, et deux officiers municipaux, allèrent le chercher au Temple: L'échafaud était dressé sur la place Louis XV; Louis, qui avait près de lui l'abbé Edgeworth, subit tous les apprêts de son supplice avec courage. « Je suis innocent, dit-il d'une voix forte; je pardonne à mes ennemis; je désire que mon sang soit utile aux Français et qu'il apaise la colère de Dieu... » A ces dernières paroles, un roulement de tambours, commandé par Santerre, l'interrompit.

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« Nous vous remercions de nous avoir mis dans la nécessité de vaincre », écrivit l'armée à l'Assemblée. En effet, la Convention, par le jugement de Louis XVI, venait de « jeter le gant aux rois de l'Europe », émus déjà du décret où elle avait promis« secours et fraternité à tous les peuples qui voudraient recouvrer leur liberté. L'Angleterre, dominée par Pitt, chef de l'aristocratie anglaise, se mit ouvertement à la tète d'une coalition où entrèrent tous les États européens, sauf le Danemark, la Suède, la Suisse et la Turquie. Trois cent soixante-quinze mille soldats menacèrent nos froutières. La Convention ordonna

une levée de trois cent mille hommes, et la Montagne, qui associait invariablement les ennemis du dedans à ceux du dehors, obtint la création du tribunal révolutionnaire pour juger sans appel les conspirateurs et les contre-révolutionnaires (10 et 44 mars 1793). Vergniaud s'était vainement écrié : « On vous propose une inquisition mille fois plus redoutable que celle de Venise; nous mourrons plutôt que d'y consentir. » Tout ce que l'humanité de la Gironde put opposer à cette mesure violente et qui ouvrit la voie à tant d'injustices cruelles, fut l'introduction, en réalité à peu près illusoire, du jury. Le parti modéré avait moins d'influence que jamais depuis le 24 janvier. On s'autorisait de la position des girondins au gouvernement pour faire peser sur leur parti la responsabilité des désastres publics; la correspondance active par laquelle ils maintenaient leur crédit dans les départements était traitée d'intrigue par ceux qui disposaient des forces populaires, et dont le cri quotidien devint bientôt : « Il faut détruire les intrigants. >>

La guerre continuait. Dumouriez, après la campagne de l'Argonne, avait envahi la Belgique, battu les Autrichiens à Jemmapes (9 nov. 1792), occupé Mons, Bruxelles, Liége, Namur, Anvers. Maître de la Meuse et de l'Escaut, il ouvrit la campagne de 1793 par l'invasion de la Hollande. Pendant cette entreprise inopportune, il avait abandonné ses lieutenants à une complète déroute. Les jacobins venus à la suite des armées pour républicaniser la Belgique trouvaient en lui un adversaire résolu. Il avait tenté de sauver Louis XVI; on le soupçonnait de trahison, et on accusait les ministres girondins d'ètre ses complices. Il fut décidé, aux Jacobins et aux Cordeliers, que le peuple marcherait contre la Convention et les ministères, et se déferait de tous les mandataires infidèles. Le mouvement avorta, mais fut impuni. Vergniaud prononça ces paroles prophétiques : « De crimes en amnisties et d'amnisties en crimes, un grand nombre de citoyens en est venu au point de confondre les insurrections séditieuses avec la grande insurrection de la liberté... Citoyens, il est permis de craindre que la révolution, comme Saturne, dévorant successivement tous ses enfants, n'engendre enfin le despotisme avec toutes ses calamités. » Le péril n'était que trop évident: mais il n'était plus au pouvoir d'aucune éloquence de réconcilier les deux partis. Bientôt le soulèvement de la Vendée et la défection de Dumouriez amenèrent une recrudescence de haines et de cruautés.

Dès 1794, les départements de l'Ouest (LoireInférieure, Maine-et-Loire, Deux-Sèvres et Vendée) avaient commencé à se tenir prêts à la révolte; le 10 mars 1793, jour fixé pour la levée des trois cent mille hommes, le tocsin sonna dans plus de six cents villages Les paysans, armés «pour la cause de l'autel et du trône », eurent pour premiers chefs le voiturier Cathelineau, le garde-chasse Stofflet, et bientôt après Bonchamp, Lescure, Charette, la Ro

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chejaquelein, d'Elbée, Talmont. Courant sur l'artillerie avec un élan furieux, ils culbutèrent en mainte rencontre les gardes nationales ou les recrues envoyées contre eux, prirent plusieurs places, et, à la suite de ces premiers succès, formèrent trois corps: « l'armée d'Anjou », qui, sous Bonchamp, occupa les bords de la Loire; «la grande armée », qui, sous d'Elbée, défendit le centre; celle de Charette, qui guerroya dans la basse Vendée ou le Marais. Cathelineau fut nommé généralissime, et un conseil convoquait, pour de hardis coups de main, les volontaires répartis dans des cadres, ou, suivant les circonstances, les renvoyait à leurs travaux.

naire, fut ramené en triomphe à la Convention. Pache, maire de Paris, demanda l'accusation de vingt-deux membres du parti girondin. Guadet, à son tour, proposa de « casser les autorités anarchiques de Paris, de réunir ailleurs une autre assemblée.» En conséquence, la majorité nomma, le 48 mai, une commission extraordinaire de douze

Pour répondre à ces soulèvements excités par les nobles et les prêtres, l'Assemblée décréta, en mars, que tout émigré qui rentrerait serait exécuté dans les vingt-quatre heures; en même temps le tribunal révolutionnaire commença son œuvre.

Pendant ce temps, Dumouriez, rappelé en Belgique par un ordre formel, avec des armées réduites au plus « affreux délabrement » à la suite d'une désorganisation administrative, battu à Nerwinde (17 mars), repoussé de la Belgique, serré de près par les Autrichiens, menacé par les jacobins, complota avec Cobourg le rétablissement de la monarchie. La Convention le manda à sa barre, il n'obéit pas; elle envoya quatre représentants avec ordre de l'arrêter, il les fit arrêter eux-mêmes; il proposa même à son armée « d'établir la constitution de 4794, et de sauver la partie saine et opprimée de la Convention »; mais la trouvant opposée à ses projets, il passa aux Autrichiens avec le général Égalité (Louis-Philippe Ier), qui s'était signalé à Valmy et à Jemmapes, et dont l'on croit qu'il voulait faire un roi constitutionnel (4 avril 1793). L'Assemblée le déclara traître à la patrie, mit sa tête à prix, bannit le duc d'Orléans et tous les Bourbons. Le 6 avril, elle décréta la formation d'un « comité de salut public » composé de neuf membres choisis dans la Convention, avec la mission de surveiller, d'accélérer ou, de suspendre l'action du pouvoir exécutif; de pourvoir d'urgence à la défense du pays; de correspondre enfin avec les représentants envoyés en mission soit dans les départements, soit auprès des armées.

PUBLIQUE

Le 5 avril, il avait été décidé que les représentants mis en accusation par l'Assemblée pourraient être traduits devant le tribunal révolutionnaire. C'était une arme préparée contre les girondins; leur éloquence entraînait encore la majorité, mais, selon le langage de leurs ennemis, il n'y avait plus de trève possible entre « la Montagne et les lâches qui avaient voulu sauver le tyran. » Les « tricoteuses >> de Robespierre, du haut des tribunes, interrompaient leurs orateurs. Aux attaques de Marat qui, dans son journal, avait signalé la Convention comme le siége « d'une cabale vendue à la cour d'Angleterre », ils répondirent par une mise en accusation (12 avril); Marat, acquitté, comme on devait s'y attendre, par le tribunal révolution

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Nantes, Brest, Lorient, Bordeaux, se déclarèrent en faveur des proscrits du 2 juin. A Lyon, les sections de la résistance avaient, dès le 29 mai, pris d'assaut la municipalité Jacobine et exécuté Châlier, l'un des disciples de Marat. A la nouvelle des événements du Calvados, elles fortifièrent leur ville, formèrent une armée sous le commandement de Virieu et de Précy, et attendirent vingt mille Piémontais. A Marseille, l'insurrection, soulevée par le girondin Rebecqui et confisquée par les royalistes, fit marcher dix mille hommes dans la direction de Lyon; Toulon, Nîmes, Montauban, une grande partie du Midi, se déclarérent dans le même sens. Le marquis de Puisaye, introduit par Wimpfen dans les rangs des girondins, recrutait, pour leur armée, des bandes royalistes qui allaient bientôt, sous le nom de « chouans », agiter la basse Normandie et la Bretagne par une guerre d'embuscades et de brigandages. La grande armée « royale et catholique s'avançait jusqu'à Saumur (40 juin), prenait Angers, s'approchait de Nantes. Treize départements étaient en révolte ouverte; soixante hésitaient.

ment d'Hébert et des autres prisonniers ainsi que
la révocation des douze. Le lendemain, la droite
fit rapporter ce décret comme voté par les pétition-
naires confondus avec les députés, et rétablir les
douze. Mais, le 31 mai, les autorités insurrection-
nelles s'organisèrent, nommèrent Henriot comman-
dant provisoire de la force armée, et arrêtèrent que
chaque citoyen « peu fortuné » recevrait quarante
sols par jour pour rester sous les armes. Des dé-
putations envahirent de nouveau la Convention
et obtinrent la suppression définitive des douze.
Cette victoire ne suffisait pas à Robespierre; il
demanda un décret d'accusation contre les « com-
plices de Dumouriez », contre ceux qui n'avaient
cessé de provoquer la « destruction de Paris. »
D'accord avec la commune et surtout avec Marat, il
dirigea, le 2 juin, une nouvelle insurrection contre
l'Assemblée. Henriot rangea ses troupes autour des
Tuileries. Lanjuinais, protestant jusqu'au bout,
cramponné à la tribune, demandait que les au-
torités révolutionnaires de Paris fussent cassées
et les insurgés mis hors la loi. Des pétitionnaires
exigèrent avec menaces l'arrestation des « con-
spirateurs », c'est-à-dire des girondins, auxquels
Barere, organe du comité de salut public, con-
seilla de faire eux-mêmes le sacrifice de leurs pou-
voirs « Les sacrifices, s'écria Lanjuinais, doivent
être libres, et nous ne le sommes pas! » Hen-
riot tenait l'Assemblée captive; Danton et la plu-
part des montagnards eux-mêmes s'indignent de
voir la majesté nationale outragée »; tous les
membres de la Convention se présentent au peuple
pour faire « baisser devant eux les baïonnettes qui
les entourent.» Henriot répond qu'il n'est pas venu
pour « entendre des phrases »; il veut « les vingt-à
deux coupables », et fait pointer ses canons sur
la représentation nationale. Les députés tentent de
sortir les issues sont fermées; Marat les somme
de « retourner à leurs postes qu'ils ont làchement
abandonnés », et il va lui-même former la liste
des proscrits. Trente et un députés, deux ministres
(Clavière et Lebrun), sont « mis en arrestation
chez eux. »

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GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE.

Vergniaud, Brissot, Gensonné, Valaze, Ducos, Fonfrède et d'autres se constituèrent prisonniers. Pétion, Barbaroux, Guadet, Lanjuinais, Louvet, Buzot, etc., allèrent former « l'Assemblée de résistance des départements réunis siégeant à Caen »>, et mirent Wimpfen à la tète d'une armée destinée à marcher d'Évreux sur la capitale. A leur séjour en Normandie se rattache la résolution d'une jeune fille, Charlotte Corday, qui vint à Paris et, espérant « faire cesser les troubles de la France », poignarda Marat au moment où il prenait un bain (43 juillet). Marat passa pour un martyr aux yeux du peuple, et l'irritation que causa sa mort fit présager le sort des girondins prisonniers. Le 17, Charlotte Corday périt sur l'échafaud.

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Aux frontières, la garnison de Mayence, soutenue par l'héroïsme de Merlin de Thionville, mais affamée et réduite à elle-même, était contrainte à accepter une capitulation, tandis que l'armée du Nord reculait jusqu'à la Scarpe et perdait Condé et Valenciennes, et que celles des Pyrénées se repliaient sur Bayonne et sur Perpignan.

L'Angleterre avait déclaré le blocus de nos ports; elle préparait la ruine de notre marine, s'emparait de nos colonies, recevait la soumission de la Corse insurgée. La France n'avait pas encore été exposée de si grands périls. « Toutes les combinaisons de la prévoyance humaine signalaient la chute prochaine. de la république; les conventionnels seuls, loin de se laisser abattre, redoublaient d'énergie et de rage à mesure qu'on leur découvrait un nouveau danger ou de nouveaux revers. » (Jomini.) Le << grand et unique intérêt du moment » était de sauver la patrie. Les montagnards et leurs adhérents prétendirent atteindre ce but par des mesures qui mirent à leur disposition « le sang et la fortune de toute la nation. » Dans leur conviction, si la république pouvait être sauvée, ce n'était que par une concentration extrême du pouvoir, et la France, comme une ville assiégée, devait s'organiser pour le combat. Un projet de constitution avait été rédigé et présenté par Condorcet avant le 31 mai. On lui en substitua un autre fait en quelques jours, présenté le 10 juin et voté le 23. Cette nouvelle constitution de 93 établissait le régime pur de la multitude, l'élection immédiate avec la participation de tous les citoyens, le contrôle des assemblées primaires sur les représentants, le droit du peuple d'accepter ou de rejeter les lois (non les décrets) par les simples formules de oui et non, le renouvellement annuel de la législature. L'application mème de cette constitution, qui eût consacré des droits et divisé les responsabilités,

on inscrivit ces mots : « Le peuple français debout contre les tyrans. >>

fut ajournée. La nécessité de la dictature t raire de l'Assemblée s'exprima dans cette for concise: « Le gouvernement est déclaré révolutio naire jusqu'à la paix. »>

AOUT, SEPTEMBRE ET OCTOBRE 1793.

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Le 1er août, la Convention décréta que la rein serait jugée; que les individus de la famille des Bourbons seraient déportés, à l'exception des prisonniers du Temple et de Philippe-Égalité; que les tombeaux des rois seraient détruits; que quiconque refuserait deux fois des assignats serait condamné à vingt ans de fers. Le 7 août, elle déclara Pitt « ennemi du genre humain. » Le 40, on célébra l'anniversaire de la déchéance de Louis XVI: le peintre David avait donné le plan de la fête.

Le 12 août, Carnot entra au comité de salut public. Ce comité, investi de pouvoirs illimités, avait pour instruments immédiats les ministres, les généraux, les juges, les représentants en mission. Il était alors composé de Barère, Jean BonSaint-André, Couthon, Saint-Just, Robespierre, Carnot, Prieur (de la Côte-d'Or), Prieur (de la Marne), Robert Lindet, Billaud-Varennes, Collot d'Herbois. Le travail fut ainsi divisé entre les membres du comité: A Carnot, Prieur (de la Côte-d'Or) et Lindet furent confiées toutes les mesures relatives à la défense du pays, au personnel et à la direction des armées, aux armements et aux transports. - Barère, Collot, Billaud, furent chargés de la correspondance avec les départements et avec les représentants en mission.Robespierre, Couthon, Saint-Just, eurent dans leurs attributions les exposés législatifs, la police et le tribunal révolutionnaire. Prieur (de la Marne) et Jean Bon-Saint-André furent envoyés presque constamment en mission.

La coalition des puissances étrangères avait pris les proportions les plus formidables. Le 46 août, la Convention rendit un décret sur la levée du peuple en masse « Le peuple français déclare, par l'organe de ses représentants, qu'il va se lever tout entier pour la défense de sa liberté, de sa constitution, et pour délivrer enfin son territoire de ses ennemis..... Jusqu'au moment où les ennemis auront été chassés du territoire de la république, tous les Français sont en réquisition permanente pour le service des armées. Les jeunes gens iront au combat, les hommes mariés forgeront des armes et transporteront des subsistances. Les femmes feront des tentes, des habits, et serviront dans les hôpitaux; les enfants mettront les vieux linges en charpie; les vieillards se feront porter sur les places publiques pour exciter le courage des guerriers, prêcher la haine des rois et l'unité de la république..... Les maisons nationales (édifices publics) sont converties en casernes, les places publiques en ateliers d'armes; le sol des caves sera lessivé pour fournir du salpêtre.

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Sur chaque bannière des bataillons de district,

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tribunal révolutionnaire, trop lent à son gré: « faut, dit-il, que chaque jour un aristocrate, un scélérat, paye de sa tète ses forfaits. » Barère demanda que la terreur fût mise à l'ordre du jour. » Il fut décidé qu'une armée révolutionnaire de quatre à cinq mille hommes serait formée, et, suivie d'un tribunal, aurait pour mission de favoriser partout l'action des comités révolutionnaires et de protéger les subsistances. Une indemnité de quarante sols par jour fut allouée aux indigents qui voudraient assister aux séances des comités révolutionnaires. Ces comités, établis dans toutes les communes, furent autorisés à arrêter les suspects par toute la France, pour les « garder jusqu'à la paix. Enfin, la terrible loi des suspects, votée le 17 septembre, eut pour but d'atteindre « tous ceux qui, soit par leur conduite, soit par leurs relatious, soit par leurs propres écrits, se montreraient les partisans de la tyrannie ou du fédéralisme... » Dans ce même mois, la Convention avait ouvert un emprunt forcé (3 septembre) et établi un maximum du prix des grains et des denrées (44 et 29 septembre).

Pendant ce temps, l'armée des girondins ayant

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été dispersée à Vernon dès le 24 juillet, les administrations opposées au mouvement terroriste s'étaient soumises. Le général Carteaux, après avoir battu les sectionnaires du Midi, était entré dans Marseille le 23 août; mais quand il marcha sur Toulon, les royalistes livrèrent ce port à un Anglais, l'amiral Hood. Les Lyonnais, isolés du Midi par la victoire de Carteaux, privés du secours de Piémontais que Kellermann était allé combattre, pressés par l'armée victorieuse de ce dernier, par la levée en masse de l'Auvergne, se défendirent avec désespoir, et durent se livrer au bout de Soixante-dix jours.

Dugommier, avec une partie des troupes disponibles, marcha contre Toulon; après un siége mémorable, les Anglais évacuèrent la place, en incendiant la flotte et les arsenaux. Les Vendéens échouérent devant Nantes, où périt Cathelineau. Renfermés de nouveau dans leur territoire, ils surent vaincre encore Biron, Canclaux, Rossignol; mais lorsque fut arrivé « en poste » le corps d'armée qui avait défendu Mayence, et surtout lorsqu'aux généraux malhabiles ou en désaccord succéda le généralissime Léchelle, que dirigeait Kléber et secondait Merlin (de Thionville), l'armée républicaine commença contre eux la grande guerre. Battus à Châtillon, à Saint-Christophe, à Cholet, chassés de la haute Vendée, au nombre de quatre-vingt mille, dans tout le désordre d'une émigration en masse, ils passèrent la Loire, poussèrent jusqu'à Granville qu'ils ne purent prendre, essuyèrent la terrible déroute du Mans, et furent à peu près achevés à Savenay (mars 1794). Tous leurs chefs étaient mortellement blessés. Charette se maintint dans la basse Vendée, mais perdit Noirmoutiers. Seize camps retranchés cernèrent le pays insurgé; des détachements, désignés sous le nom de «colonnes infernales», parcoururent la Vendée en tous sens.

Carnot, officier du génie, avait au comité de salut public la mission «d'organiser la victoire. »> Il introduisit une stratégie nouvelle appropriée à des armées encore peu exercées, à des généraux improvisés; opposa aux tacticiens de la coalition le nombre et l'élan de nos troupes opérant par « masses» ce fut le système que suivit plus tard Bonaparte. Monge, Berthollet, Guyton de Morveau, firent concourir la science à la défense du sol, à la création de nouvelles ressources. L'armée du Nord, commandée par Houchard, battit le duc d'York à Hondschoote, et contraignit les Anglais à lever le siége de Dunkerque; Jourdan, mis à la place de Houchard, accusé de n'avoir pas assez vaincu, battit le prince de Cobourg à Wattignies, délivra Maubeuge assiégée et reprit l'offensive. Wurmser et Brunswick, à la tête des armées autrichienne et prussienne, avaient forcé les lignes de Wissembourg Hoche fit reculer Wurmser, opéra sa jonction avec Pichegru et l'armée du Rhin, contraignit également Brunswick à la retraite, et prit ses quartiers d'hiver dans le Palati

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fortes ou villes importantes, dont 36 après siége ou blocus. 230 forts ou redoutes. 3 800 bouches à feu. 70 000 fusils. 1 900 milliers de poudre. 90 drapeaux. »

La Montagne victorieuse usa de terribles représailles. Elle décréta que «la ville de Lyon serait détruite, à l'exception des maisons de pauvres et de patriotes; et que la réunion des maisons conservées porterait le nom de Ville-Affranchie. » Collot d'Herbois, Fouché et Couthon en minèrent les édifices, en mitraillèrent les habitants. « Les fusillades sont ici à l'ordre du jour », écrivait Fréron, commissaire à Toulon. Marseille, Bordeaux, Caen, eurent aussi leurs jours de terreur. Le tribunal révolutionnaire, sur les réquisitoires de l'accusateur public Fouquier-Tainville, continuait à faire tomber les têtes. Le 44 octobre, MarieAntoinette comparut devant le tribunal révolutionnaire. Dès le mois de juillet, elle avait été séparée de son fils à la suite d'un complot du

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