Page images
PDF
EPUB

gue,

& qui aimérent mieux implorer la cle mence des Ifraëlites, que de s'expofer à éprouver la grandeur de leur courage, & la terreur, de leurs armes. Mais le mot de Cananéen eft équivoque dans l'Hiftoire, il a quelquefois une fignification plus reftreinte, quelquefois une plus générale: il eft à propos de démêler cette ambiguité, & de donner du moins une idée vague des différentes nations qui habitoient le pais de Canaan, lorfque les Ifraëlites en firent la conquête. Pour cela quelques réflexions font

néceffaires.

1. Canaan, le plus jeune des enfans de Cham, eut onze fils, qui furent la tige d'onze nations. C'eft ce qui paroit par l'énumération qui fe trouve dans le Chap. X. de la Genese. Ces onze nations fonts Sidoniens, les Héthiens, les Jebufiens, les Amorrhéens, les Guirgafiens, les Héviens, les Harkiens, les Siniens, les Arvadiens, les Temariens & les Hama thiens. Comme tous ces peuples font defcendus de Canaan, on a appellé auffi Canaan, le païs où ils ont habité. Il n'eft pas question ici de marquer les limites de ce païs: on peut confulter là-deffus les Auteurs que nous indiquons. Il nous fuffit de remarquer, que quand le mot de Canaan s'entend de tout ce pars, il fe prend dans la fignification la plus vague qui puiffe lui être donnée; c'eft en ce fens qu'il faut Pentendre dans les paffages que nous rapportons à la marge. 2 Bochart a étendu encore plus loin Confe- la notion de ce mot: il y a compris le païs de

Voi. So

phon, II.

rez Matt.

XV. 22. avec

Sihon,

1 Voi. RELAND. Polaftina lib. I. cap. 1o. II. pag. Marc. 51. &C. CALMET dans fes remarques fur la Carte VII.20. géographique de la Terre promife, pag. 41. de la Pré

Sihon, & celui de Hog, qui étoient au-delà du Jourdain, & qui tombérent en partage à la Tribu de Ruben, à celle de Gad, & à la moitié de celle de Manaffé: mais il a été réfuté

par Mr. Reland, qui lui a fait un grand nombre d'objections, prifes des Ecrits facrez, & de ceux des Rabins, auxquelles il eft impoffible de ne pas fe rendre.

II. Des onze peuples defcendus de Canaan, il y en eut fix qui furent exempts de la malediction prononcée contre la poftérité de Canaan leur Chef, à favoir les Sidoniens, les Harkiens, les Siniens, les Arvadiens, les Tfemariens, & les Hamathiens. Cette malediction ne tomba que fur les cinq autres peuples. Mais perfonne n'a pû expliquer jufques à préfent la cause de cette différence, & probablement perfonne ne l'expliquera jamais. Les cinq nations, qui furent maudites, font fouvent appellées Cananéens; & leur païs Canaan : quand on prend ce terme dans ce second fens, on lui donne encore une fignification vague, quoi qu'elle le foit moins que la premiére. Ce païs s'appelle tantôt Palestine, parce que les Philiftins en occu- Voi. poient une partie ; tantôt Terre promife, parce Nomb. que c'étoit le païs que Dieu avoit promis aux III. 30;' Ifraëlites; tantôt Judée, parce que la Tribu de Juda, qui y habitoit, étoit la plus illuftre de 2 Chron. tout Ifraël. On l'apelle auffi Terre fainte, par- XXXVI. ce que c'étoit là que le vrai Dieu étoit fervi. 23. C'eft cette partie de la Turquie en Afie, & de la Syrie prife en général, qui felon le jugement

face du livre fur Jofué.

des

2 BOCHART lib. IV. Phaleg. cap. 35. 36. pag. 30. 3 RILAND. Palaftina lib. I. cap. I. pag. 6.

Exod.

XV. 14.

plus habiles Géographes avoit pour bornes à l'Orient l'Arabie, au Midi le Defert de Pa ran & d'Egypte, à l'Occident la Mer Mediterranée, ou comme parle l'Ecriture * la granNomb. de Mer, & au Septentrion le Mont Liban.

*Voi.

XXXIV. 5.

6. 7. Jo

V. I. XV.

autres

Genef.

Deut.

III. Outre ces cinq nations, qui étoient fué 1.4 maudites de Dieu par les raifons que nous avons 11. & en rapportées, & qui devoient être détruites par divers les lfraëlites, il y en avoit encore deux qui étoient coupables des mêmes crimes, & qui deendroits. voient éprouver un même fort: ce font les Phé réfiens, & les Cananéens. C'eft une chofe à-peuxv. 20. près démontrée, qu'elles avoient la même oriExod. gine que les cinq autres, & qu'elles en étoient des III. 8. 17. branches: mais on n'a point de fecours pour XXXIII. 2. déterminer de quelle Famille précisément elles xx. 17. étoient forties. Tout ce qu'il y a de certain, c'eft que ceux, que l'Ecriture appelle Phéré Jofué fiens, étoient des peuples fauvages, qui habi II. 3. toient dans la campagne & fur les montagnes : & comme le mot Hebreu Pherafoth fignifie des villages, on a peut-être appellé ces peu ples Phéréfiens, pour les diftinguer de ceux qui habitoient dans des villes. Pour ce qui conterne les Cananéens, on ignore la raifon pour la quelle ils portoient ce nom, plûtôt que ces au tres peuples qui defcendoient du même Chef, à favoir de Canaan. Peut-être que ce mot ne márque pas leur origine, mais leur profeffion. Cananéen en Hebreu veut dire Marchand, & comme ce peuple, dont nous parlons, habitoit fur les rivages du Jourdain, & fur les côtes de la Mer

[ocr errors]

4 ADRICHOMIUS Theatrum T. S. Præfat. pag. 1. BRO CARD. Itiner. 7.

BOCHART ubi supra cap. 36. pag. 3071

Nomh

Mer Mediterranée, ils avoient plus de facilité. Ce font des x, 18: que les autres pour le commerce. conjectures des Bochart. Peut être auffi por Deuter. toient-ils le nom de Cananéens, parce qu'ils foû- I. 7. x1. tenoient avec plus d'éclat la gloire de Canaan 30. leur Chef. Quoi qu'il en foit fur l'origine de leur nom, il eft certain que ces Cananéens étoient des Familles des Héviens. Lorsque le mot de Canaan fe prend pour le païs de ces peuples, c'eft la fignification la plus reftreinte qu'on puiffe donner à ce terme.

IV. Voici une quatriéme remarque. Il faut diftinguer avec foin le païs, dont les Ifraëlites devoient faire la conquête fous la conduite de Jofué, d'avec celui que Dieu avoit promis de donner à Abraham & à fa poftérité celui-là n'étoit qu'une partie de l'autre ; je veux dire que Jofué ne devoit pas conquérir tout ce païs, qui avoit été promis à Abraham. Dieu lui avoit dit qu'il donneroit à fa poftérité le païs, qui s'étend depuis le Fleuve d'Egypte, jufqu'au grand Génér Fleuve, qui eft PEufrate: & qu'il foumettroit à fes XV. 18. defcendans les Kéniens, les Kénéfiens, les Kadmoniens, les Héthiens, les Phéréfiens, les Réphains, les Amorrhéens, les Guirgafiens, & les Jebufiens. Ce Fleuve d'Egypte, qui devoit être une des bornes du païs que Dieu promettoit à Abraham étoit le Nil, & nous ne voyons pas que les Ifraëlites du temps de Jofue ayent porté leurs conquêtes de ce côté-là. Nous ne trouvons non plus aucune trace de leurs victoires für les Kéniens, leš Kénéfiens, les Kadmoniens. • II eft

6 Voi. PATRIC fur Généfe 15. 18. pag. 278. Bo CHART ubi fupra pag. 307.

[ocr errors]

Amos

VI. 14.

me cela

fe con

15.

par

eft vrai que quelques Interprétes entendent le Fleuve dans ces paroles, non le Nil proprement, mais une de fes branches, qui eft appellée le torrent du Defert dans les Révélations du * Com Prophéte Amos, &* qui étoit une des bornes de la Palestine du côté de l'Egypte. Il eft vrai clut de encore qu'on a crû que ces Kéniens, ces KéJofué x. néfiens & ces Kadmoniens étoient auffi quelquesVoi Ge- unes des branches des fept nations qui furent nef.x 15. foûmifes par Jofué, & que les Kadmoniens, étoient les mêmes que les Héviens, qu'on appelle Kadmoniens, c'eft-à-dire, Orientaux, parce qu'ils demeuroient dans la partie Orientale de la Judée. En ce cas les conquêtes de Jofué auroient rempli à-peu-près les Oracles touchant la Terre promife. Mais comme ce ne font là tout au plus que des conjectures; comme d'ailleurs nous voyons que les conquêtes des Ifraëlites s'étendirent beaucoup plus loin du tems de David & de Salomon, qu'elles n'avoient fait fous Jofué, nous croyons que la précision 2 Chron. demande qu'on diftingue le pais, dont les IfIX. 26. raëlites devoient faire la conquéte fous Jofué, d'avec ceux, dont Dieu avoit promis de mettre les defcendans d'Abraham en poffeffion.

Voi.

2 Sam.

VILL. 3:

Nous ne fefons plus qu'une réflexion, qui eft une fuite de toutes les autres, c'eft que puisque Jofué ne conquit qu'une partie du païs, que Dieu avoit promis à la poftérité d'Abraham, & que parmi les peuples, qu'il défit, il s'en trouve qui font fubdivifez en plufieurs nations, il n'y a pas lieu de s'étonner, que quand l'Ecriture parle des peuples vaincus par

[ocr errors]

7 BOCHART ibid. pag. 305!

les

« PreviousContinue »