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pris de la circonftance, dans laquelle il lui avoit été impofé: ce nom cft celui de ya, Ferubba- Verf. 32; hal, qui veut dire, que Bahal fe défende. Il cft vrai que nous trouvons dans le fecond Livre de Samuel, que Gédéon eft appellé nav, Fe- 2 Sam. x1, rubbefchet, au licu de ferubbabal, mais c'est 21. que les Juifs marquoient fouvent en faifant quelque changement au nom des Idoles, le mépris qu'ils avoient pour elles. C'est ce qui les porta à dire befcheth, qui fignifie confufion, au lieu de Babal, qui fignific Seigneur, & qui étoit le nom des Dieux mâles parmi plufieurs peuples comme Aftaroth étoit celui des Dieux femelles. C'eft auffi la raifon pour laquelle un fils de Saul, qui eft appellé ras, Efchbahal, dans le premier Livre des Chroniques, eft nommé auffi nɔ w's, Ifch-bofcheth, dans le fe- 1 Chron. cond Livre de Samuel. De même un fils de VIII. 33. 2 Sam. 11. Jonathan, qui eft nommé by, Merib bahal dans le premier Livre des Chroniques, porte communément celui de Mephibofcheth.

Mais Gédéon eft moins connu fous le nom de Jerubbefcheth que fous celui de Jerubbe fcheth que fous celui de Jerubbahal. De favans Hommes ont même avancé, qu'il est à peu près ainfi nommé par des Auteurs Payens. Ils fe fondent fur un paffage 7 d'Eufèbe que nous citerons tout entier: Ces chofes, que nous venons d'avancer, dit-il, ont été auffi publiées par un certain Sanchoniaton, Auteur très ancien, que l'on dit avoir vécu avant les temps de Troye, & qu'on affura avoir écrit avec beaucoup de travail & de fincerité l'Hiftoire des Phéniciens. Philon non pas

pag. 42.

17 SUIDAS au mot Jerob-bahal, tom. 2. pag. 99.

le

I

8.

I Chron.

VIII. 34.

1

le Juif, mais celui qui étoit de Byblos, avoit traduit, ce Livre Phénicien en Grec. Et cet homme, qui à forgé de notre temps cet Ouvrage, dans, lequel il a mis tant de menfonges contre nous, parle de cettè manière: Sanchoniaton de Berithe à écrit très fideltement les chofes qui concernent l'Hiftoire des Juifs: ce qui n'est pas étonnant, puisqu'il les avoit apprifes don certain Hierombalus Prêtre de Dieu. Voilà les paroles d'Eufèbe.

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Mais il feroit à fouhaiter que ceux, qui ont relevé ce fameux paffage, & qui l'ont rangé parmi ces monumens de l'Hiftoire profane, qui fervent à confirmer l'Hiftoire fainte, nous euffent fourni des fecours pour vérifier ce qu'Eufèbe, ou plûtôt ce que Porphyre a debité touchant Sanchoniaton & fon Livre: car c'eft Porphyre, qu'Eulèbe defigne par cet Homme, qui de fon temps avoit forgé un Quvrage, dans lequel il avoit mis tant de menfonges contre les Chrétiens. Non feulement des Savans du premier ordre ont contefté l'époque, qu'on affigne communément à ce Sanchoniaton, & l'ont placé dans des Siècles beaucoup poftéricurs au Siège de Troie, mais ils ont même nié qu'il cût jamais publié P'Ouvrage qui lui eft attribué: ils ont crû qu'il étoit de Porphyre même, qui en a déguisé l'Auteur, afin de pouvoir à la faveur de quelques citations, qui paroiffent avantageufes à la Religion qu'il attaque, en faire paffer un plus grand nombre d'autres qui lui porteroient attein

te.

18 EUSEB. Prapar. Evangelica lib. I. cap. 9. pag. 30. & 31.

19 MARSHAM Chronic. Canon, Egypt. fæcul. 10. pag. 234.

Voi. DoDWEL Difcours concerning Sanchoniat Phanic.

te. Mais nous ne faurions nous engager dans ces difcuffions, fans faire une trop grande diverfion à notre principal deffein, fans nous expofer à l'inconvenient, dans lequel nous ne tombons jamais que malgré nous c'eft de fatiguer notre Lecteur, & l'engager dans des difcuffions, qu'il n'examine, que parce qu'il s'eft impofé la pénible tache de les exa miner, & dont il fè félicite de voir la fin.

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362

Jug. vi. 34.

DISCOURS XIII.

Gédéon défait les Madianites.
JUGES VI. 34. VII. 1. &c.

D

Es que Gédéon eût renversé l'Autel de Bahal, & rétabli le culte du vrai Dieu parmi les Ifraëlites, il alla avec confiance combattre cet ennemi, auquel Dieu ne les avoit livrez que pour les punir de leur idolatrie. Après avoir affemblé fa famille, & lui avoir communiqué le grand deffein qu'il avoit formé, il le déclara aux Tribus de Manaffé, d'Afcher, de Zabulon & de Nephthali, & il les invita à y concourir. Elles répondirent à cette invitation, & clles formèrent avec la famille de Gédéon unc armée de trente-deux mille hommes.

Mais quoique Gédéon cût fuivi dans toutes ces démarches le mouvement de cet Efprit de Dieu, dont l'Hiftoire fainte dit qu'il étoit revêtu, & quoique les fignes, qu'il avoit déjà vûs, lui fuffent des marques infaillibles de la victoire, il en demanda un nouveau, foit pour inspirer à fes foldats la confiance dont il étoit animé, foit pour augmenter la fienne propre. Il pria Dieu qu'une Toifon, qu'il laifferoit pendant toute la nuit dans fon aire, fe trouvât le matin toute pénétrée de rofée, pendant que la terre, auprès de laquelle il l'avoit pofée, fe trouveroit fèche.

Les

Les aires dans ces temps-là n'étoient pas couver tes comme elles le font dans quelques endroits. Ce figne fut accordé à Gédéon, qui prefla la Toifon dès que le matin fùt venu, & qui en exprima affez d'eau pour en remplir une taffe, pendant qu'il ne pouvoit remarquer la moindre humidité dans le lieu où il l'avoit mife.

Quelque grand que fût ce miracle, dans un païs où la rofée étoit fi abondante, il reftoit encore quelque foupçon dans l'ame de Gédéon, du moins il craignit qu'il n'en roulât quelcun dans l'efprit de ceux qui en avoient été témoins. Et nous reconnoiflons que quoique le Phénomène, que nous venons de rapporter, fût fûrnaturel dans fes circonftances, il étoit du nombre de ceux, qui à les confiderer en eux-mêmes peuvent arriver naturellement. Il étoit poffible que la terre fût imbibée de l'eau, qui étoit tombée fur elle, fans que cela parut au dehors: au lieu que celle, qui étoit entrée dans la Toison, devoit fortir par les efforts que Gédéon fit pour l'exprimer.

C'est ce qui porta Gédéon à demander un fecond figne, qui fût d'un genre oppofé à l'autre. Il defira de voir ce qui étoit beaucoup plus contraire aux loix de la Nature, que ce qu'il avoit déja vû, c'est que la terre, fur laquelle la Toifon feroit mife, fut humectée, pendant que là Toifon même feroit fèche. Mais en faifant à Dieu cette requête il le pria d'avoir du support pour la foibleffe qui l'avoit porté à la lui addreffer il promit que s'il étoit exaucé encore cette fois, il banniroit jufqu'à l'ombre de la défiance & de l'incrédulité. Dieu eut la condefcendance de fe proportionner à l'infirmité de fon ferviteur, ou à celle du peuple, en fa

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