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TEXTE.

Verf. 12. 13.

Reveille toi,, reveille toi, Débora: reveille toi, reveille toi, dis le Cantique.

Leve toi, Barac, &amène en capti vité ceux que tu as fait Captifs, toi fils d'Abinobam. L'Eternel a fait alors dominer le réchapé, favoir le peuple, fur les magnifiques. L'E

PARAPHRASE.

aux fons épouvantables des inftrumens belliqueux.

Qu'un enthousiasme divin me faififle, afin que je puiffe parler avec plus de majesté. des perfections de notre Libérateur, & raconter avec plus de pompe les exploits, qu'il a faits en notre faveur. Et toi, Barac, qui as conduit une fi glorieufe expedition, viens étaler tes trophées : produis nous les prifonniers que tu as faits: montre nous les chargez des mêmes chaines, dont ils avoient voulu nous accabler: fais nous voir profternez à nos pieds ces Cananéens, qui dominoient

REMARQUES.

fur

C'est là le paffage le plus difficile de tout ce Cantique, & fur lequel il y a une plus grande diverfité d'opinions parmi les Interprétes. Je me contenterai de rapporter ici les principales. Il y a mot à mot dans l'Original, comme notre Vertion a traduit fcrupuleufement: Leur racine eft depuis Ephraim jufqu'à Hamalek, Benjamin après toi parmi tes peuples: de Makir font defcendus les Gouverneurs. Jofué étoit de la Tribu d'Ephraim, peut-être eft-il désigné ici. Voi. Nomb. XIII.9. Ehud étoit de la Tribu de Benjamin. il est peut-être défigné par ces mots de Benjamin les peuples, mais il faut beaucoup fuppléer pour trouver ce lens. Ceux de la Tribu de Manaffé contribuérent beaucoup à la conquête du païs de Galaad au delà du Jourdain, & peut-être que la famille de Makir, qui étoit de cette Tribu, y contribua plus que les autres

famil

TEXTE.

ternel m'a fait dominer fur les fo

réts.

Verf. 14. Leur racine eft depuis Ephraim jufqu'à Hamalec; & Benjamin, qui eft entre tes peuples, a été après toi: dé Makir font defcendus les Gouverneurs, & de Zabulon ceux qui

PARAPHRASE.

fur nous avec tant d'infolen ce, & qui nous tyrannifoient fi cruellement : anime nous par ces objets, & qu'ils donnent plus d'activité & plus de véhémence à notre ferveur. Ces généreux Guerriers qui viennent de combattre avec tant de courage, & de vaincre avec tant de gloire, ont non feulement illuftre leurs perfonnes, mais ils rendront à jamais mémorables les Tribus dont ils font fortis. Oui, Zabulon, tu vas être auffi cèlèbre pour avoir fourni ces foldats qui ont triomphé du Cananéen, que la Tribu de Benjamin, qui a. donné

REMARQUES.

familles de la même Tribu: cela eft peut-être exprimé par ces mots concis de Makir les Gouverneurs. Le but de toutes ces paroles fera d'égaler la gloire, que la Tribu de Zabulon, celle d'lilachar, & celle de Nephthali venoient d'aquerir dans la victoire qu'elles avoient remportée fous la conduite de Barac, à l'honneur de la Tribu d'Ephraïm, qui avoit donné la naiffance à Jofué, à celui de la Tribu de Benjamin, d'où étoit forti Ehud & à celui de la Tribu de Manasfé, qui avoit conquis le païs de Galaad. Si l'on fuit cette interpretation, il faudra faire quelque changement à notre Verfion, il faudra finir le verfet 14. par ces mots, de Makir font defcendus les Gouverneurs: commencer le 15. par celles qui fuivent, & au lieu de traduire, & de Zabulon font fortis ceux qui manient, ou ceux qui trainent la plume du Scribe, il faudra tra

TEXTE.

PARAPHRASE.

manient la plume donné la naissance au Vaindu Scribe. qucur d'Héglon, que celle de

REMARQUES.

Ma

duire, mais de Zabulon font fortis, &c. Alors l'oppofition fera plus fenfible: La Tribu d'Ephraim a donné la naifance à Jofué, celle de Benjamin à Ehud, celle de Manaffé aux Conquerans de Galaad, mais la Tribu de Zabulon a produit des perfonnes qui manient la plume du Scribe, c'eft-à-dire, des perfonnes émi nentes par leur autorité, ou par leur favoir. Voi 2 Rois XII. 10. 2 Chron. XXIV. 11. Efai. XXXIII. 18. Jer. LII. 25. Dans tous ces paffages les Scribes fignifient les Secretaires des perfonnes accreditées, &c. Voilà l'explication que nous avons fuivie, mais pour laquelle,nous n'avons aucune prédilection: il y en a plufieurs autres, qui ne font peut-être pas mieux prouvées. C'est particuliérement fur ces premiéres paroles du verf. 14. leur racine eft depuis Ephraim jufqu'à Hamalec, que roule la dificulté. 47 Mr. Alix croyoit qu'Hamalec marquoit dans ce paffage une montagne de la Tribu d'Ephraïm, dont il eft parlé dans le Chap. XII. verf. 15. des Juges: en ce cas ces paroles fignifieroient, qué les gens d'Ephraïm font les premiers, qui fe font fignalez dans cette Guerre en levant des troupes & en marchant à l'ennemi. 48 Quelques-uns penfent que c'eft la Tribu de Juda, & celle de Siméon, qui font déliguées par ces mots la racine d'Ephraim:ils alléguent cette raifon de leur conjecture, c'eft qu'il n'eft pas fait mention de ces deux Tribus dans aucun autre endroit de ce Cantique: & il n'eft pas probable, fe lon eux, qu'elles n'ecflent point contribué à la défaite de l'Armée de Sizera. 49 Richardfon prétend que c'eft Débora qui cft appellée la racine d'E phraim,

47. Mr. ALIX cité dans PATRIC fur Juges V. 14. pag. 381.

48 C'est le fentiment de PISCATOR fur Jug. V. 14 rapporté dans la fynopfe, &c. pag. 1093. vol. 2.

TEXTE.

PARAPHRASE, Manaffé, d'où font venus ces Héros qui ont conquis le païs

REMARQUES.

de

phraim, parce qu'elle étoit de cette Tribu, & qu'elle fut la principale motrice de cette guerre. Voici une autre conjecture. Les Hainalékites voulurent peut-être donner du fecours aux Cananéens contre le peuple d'Ifraël, comme ils l'avoient fait en pareil cas aux Moabites, Jug. 111. 13. Mais ceux de la Tribu d'Ephraïm leur coupérent le paffage, & c'eft ce que fignifieront ces paroles, leur racine eft depuis Ephraim jusqu'à Hamalec. 50 Mr. le Clerc croit que tout ce verfet, & quelques-uns de ceux qui le fuivent font prophétiques: que Débora y prédit les exploits de Gédéon fur les Hamalékites. Voi. fur Jug. VI. 13. & VII. 15. Il étoit de la Tribu de Manaffé, le frère d'Ephraïm, & dans le ftyle Poëtique, on a pû dire Ephraïm pour Manaffe. Le meme Auteur attribue à Gédéon ce qui eft ajoûté, Benjamin a été parmi les peuples: il croit que Gédéon, qui étoit de la Tribu de Manaffé, pouvoit être compté parmi les Benjamites, parce que Benjamin & Manaffé étoient d'une même inère, & parce que réellement Gédéon habitoit parmi les Benjamites, favoir à Hophra. Voi. Jug. VI. 11. qui étoit une ville de la Tribu de Benjamin, comme cela paroit par le Chap. XVIII. de Jofué verf. 23. 51 Mr. le Clerc prend auffi dans un fens prophétique ce qui eft dit, de Makir font defcendus les Gouverneurs ; & il croit que ces Gouverneurs font Jaïr, qui étoit Galaadite. Voi. Jug. X. 3. & Jephté qui étoit de Tob. Voi. Jug. XI. 3. un lieu du païs de Galaad. Voi. 2 Sam. X. 6. 8.

49 RICHARDSON choice obfervations upon old Teft, Jug. V. 14. pag. 60.

50 Jo. CLER. in Jud. V. 14. pag. 88.

51 Idem ibid,

Tom. III.

Y

4

TEXTE.

.

Verf. 15. 16. Et les principaux d'Iffachar ont été avec Débora,& Iffachar auffi bien que Barac, il a été envoyé avec fa fuite dans la Vallée dans les féparations de Ruben ils ont fait de grandes refolutious dans. leur cœur. Pourquoi t'es-tu tenu entre les barres des étables pour entendre le fifflement des troupeaux ? Dans les féparations de Ruben ils

PARAPHRASE.

de Galaad, même que celle d'Ephraïm, qui a eu la gloire de produire le Triomphateur d'Hamalek.

Mais les autres Tribus

d'Ifraël, qui ne font pas venues au fecours de leurs frères, lorsqu'ils étoient aux prifes avec l'ennemi, fe font couvertes d'une honte éternelle. Etoit-il temps, ô vous de la Tribu de Ruben, d'écouter le beellement de vos troupeaux, tandis que nous étions au milieu du tumulte des armées, & fuffifoitil d'obferver pour quel parti fe déclareroit la victoire, fans contribuer vous-mêmes à la faire pancher de notre côté?

REMARQUES.

Et

1 Il y a dans le texte, aux séparations de Ruben de grandes confultations dans leur cœur, ce qui peut fignifier que les Rubenites furent partagez, quand ils confultérent s'ils iroient au fecours de leurs Frères, ou s'ils ne les affifteroient pas dans cette guerre. 52 Un Docteur Juif leur attribue des fentimens plus odieux encore: il dit qu'ils obfervoient quel des deux peuples feroit le vainqueur, afin de fe ranger du côté du plus fort.

m Gad

52 C'est le Paraphrafte Chaldaïque fur Jug. V. 14.

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