Le second Monument fut une pierre qu'il éa Vers.26. rigea fous un chêne , qui est appellé le Sanctuaire de PÉternel. Après qu'il l'eût dressée, il dit à touc Verf. 27. le Peuple: Cette pierre a entendu toutes les paroles que PEternel nous a dites : elle servira de témoignage contre vous, de peur que vous ne mentiez contre l'Eternel. J'ai rapporté les propres expressions de l'Histoire fainte afin que mon Lecteur puisse mieux juger des diverses significations qu'elles peuvent avoir. Nous avons déjà remarqué 20 ailleurs, que Diens 9 Dieux & des hommes, dont vous avez lachement violé les droits. Mais les interprétes ont agité des questions plus difficiles à résoudre, dont la solution aufli est moins nécessaire, au fujet de l'arbre, sous lequel ce Monument fut érigé. Est-il bien prouvé que cet arbre fût un chéne? N'étoit-ce point un térébinthe, comme l'ont crû les Septante, & comme porte la VerGion Syriaque ? N'étoit-ce point un chatagnier, ou un sapin, comme l'ont estimé d'autres Interprétes? Etoit-ce un arbre seulement, ou fi c'étoit une forêt, comme on l'a conclu de la maniére, dont les LXX. ont traduit le terme de l'Original dans le Chap. IX. des Juges ? E- Jug, Ix, 6 toit-ce le même , sous lequel on prétend que trois Anges étoient apparus à Abraham, ou si Genes. c'étoit celui , dont il est fait mention dans le XVIII. 8. Livre des Juges, & sous lequel les Sichemites conférérent la Royauté à Abimelech, comme Jug. IX.6 l'a crû "Joseph Méde , & comme l'avoient :2 enseigné plusieurs Docteurs Juifs avant lui? Etoit-ce le même, que l'on prétend montrer aujourd'hui à ceux qui font le Voyage de la Terre faiņte? Il suffit de faire la liste de ces questions, pour justifier le peu de foin que nous prenons de les éclaircir. 23 Mais le célébre Joseph Méde a fait des conjectures si ingénieuses sur ces paroles, Jofué éleva une grande pierre fous un chêne, au Sanctuaire de l'Eternel, que nous croyons devoir les rapporter. Ceux-là même , qui n'adopteront pas le sentiment de ce savant homme, verront peut être 22 JOSEPH MIDE Disc. 18. pag. 65: S être avec plaisir les raisons, sur letquelles il a voulu l'érablir. Il pole d'abord pour principe, que ce ne fut point la prélence de l'Arche, qui fit donner au licu, où Josué érigea un Monument, le nom de Sanctuaire de l'Eternel:* car outre qu'il n'est pas prouvé qu'on eût transporté l'Arche dans cet endroit-là, comment la présence de cet auguste Vaisseau auroit-elle fait appeller tout le licu, où il étoit placé, Sanctuaire de PEternel? + On n'auroit même pû felon lui transporter l'Arche sous un chêne, sans pécher contre cette loi du Chap. XVI du Deuteronome : Vous ne planterez point de bocage, de quelque arbre que ce foit , auprès de l'Autel de l'Eternel votre Dieu. D'ailleurs quel que fût ce Sanctuaire, il devoit être tixe , & non pas une chole ambulante, puisque le chêne, dont il est ici parlé, est nommé comme la marque du lieu, où la pierre é toit érigée. Notre savant Auteur conclut de ces réflexions, que le licu, où o ué érigea son Monument, avoit été consacré au cuite de Dieu par ceux de la Tribu d’Ephraïm, auxquels Sichem étoit échu en partage: il croit, que c'étoit un de ces lieux sacrez, que l'on appelle Priéres, ou meosuges, parce que c'étoit là; où les fidelles s'assemblaient pour faire leurs priéres publiques: il juge que ceux d’Ephraïm avoient choisi cet endroit * On pourroit peut-être répondre , que les paroles de l'Origin al ne fignifient pas que tout ce lieu étoit appellé Sanctuaire de l'Eternel, mais que le chêne étoit près du Sanctuaire de l'Eternel , c'est-à-dire, près du Tabernacle. On pourroit répondre, que cette défense étoit deitinée à faire éviter aux Juifs les pensées supersti endroit-là, préférablement à tout autre, pour en faire le lieu de leurs dévotions, parce que c'é. toit celui-là même, dans lequel Dieu avoit apa paru à Abraham, & lui avoit promis de donner la Terre de Canaan à fa postérité a3 Joseph Mède porte ses spéculations beaucoup plus loin encore: il prétend, qu'outre le Tabernacle, & le Temple , dans lesquels seuls il étoit permis de sacrifier, les Juifs avoient deux sortes d'Edifices consacrez à la dévotion : les uns s'appelloient Synagogues ; les autres s'appelloient Prières. Il y avoit cette difference, selon lui, entre ces deux sortes d'Edifices, c'est que les premiers, je veux dire les Synagogues, étoient dans l'enceinte des villes : c'étoient des Bâtimens reguliers, qui avoient des toits, au lieu que ce qu'il appelle des Prières, étoient de simples enclos découverts , & placez hors de la porte des villes. Il se fonde sur divers passages des Anciens. 24 St. Epiphane, après avoir dit que certains Hérétiques, qu'on appelloit Massaliens, n'étoient ni Juifs, ni Chrétiens, ni Samaritains, mais Payens, que lors même qu'ils fesoient profession de n'adorer qu'un seul Dieu , ils croioient qu'il y en avoit un grand nombre, assure qu'ils avoient des lieux destinez à fon culte, semblables à des aires, ou des marchez, & qu'ils les appelloient des Prières , megreuges. Ce Père ajoûte, que les Juifs & les Samaritains avoient hors des villes certains lieux de dévotion appellez du même nom : il le prouve par le Chap. XVI. des Actes : ce qu'il y a de plus remarquable, c'est qu'il dit qu'à deux Pierres de la ville, qui portoit autrefois le nom de Sichem, & qui du temps de St. Epiphane avoit celui de Neapolis, il y avoit une weggeumni, une Prière: c'est-à-dire, comme il l'explique lui-même, un Oratoire, en forme de théatre, fans toit, & situé dans une plaine, &c. ajoûte, tieuses des Payens , qui croioient que Dieu habitoit dans les forêts : & qu'elle ne regardoit que les lieux, où l'Arche fesoit une demeure fixe , non ceux, où elle ne seroit que pour un temps court. 24 EPIPH. lib. I. tom. 3. Hæref. 08. sive 80. pag. 1067. &c. as Juvenal en parlant d'un homme errant, & qui n'avoit point de maison pour loger , fait peutêtre allusion à l'état des Juifs, que Domitien avoit bannis de la ville de Rome : & il dit, Ede, ubi consistas , in qua te quæro Profeucha? 26 Philon relève la clemence de César Auguste en ce que quoi qu'il eut sû que la nation Juive avoit des Prières, gooeugesi's, quelle fesoit ses assemblées particuliérement le jour du Sabbat, cependant il ne s'y étoit pas opposé, comme te fèfoit Cajus. 27 Jofephe parle aussi d'une Prière, goreugen', de Tiberias. On trouve le même terme avec le même sens dans les Livres du Nouveau Testament. Notre savant Auteur croit, que c'est la fignification qu'il faut lui donner dans le Chap. Vers. 13. XVI. du Livre des Actes. Les Versions ordi naires portent: N019s fortimes hors de la ville: 0 nous allâmes de la riviére, vil l'on avoit accoûtume de 25 JUVEN. Sat. III. vers. 296. : 26 Philo de Legat. ad Ca;um pag. tor4 27 JOSEPH, tom. II, dans la vie, sect. 54. pag. 26, |