Page images
PDF
EPUB

4.

Baptifte. C'eft fa charité qui nous preffe. C'est du fein de fes miféricordes éternelles que partent les invitations, qui nous font faites de fa Oféexi. part. C'eft fon amour qui a formé les cordages, dont il fe fert pour nous attirer. Encore une fois, nous fommes libres, nous fommes fouverainement libres. Il nous eft permis de peser mûrement nos interêts. Si nous trouvons un moyen plus efficace que ceux qui nous font fournis dans la Religion pour éclaircir nos doutes, pour fixer nos penfées flotantes, pour calmer nos remors, pour adoucir les amertumes de notre vie, pour combattre les horreurs de la mort, pour appaiser cette foif de félicité qui nous ronge & qui nous devore, il nous eft permis de les employer. S'il vous déplait de fervir PEternel, choififfez qui vous voulez fervir, ou des Dieux que vos Pères ont fervis au-delà du fleuve ou des Dieux des Amorrhéens dans le païs defquels vous habitez.

[ocr errors]

Mais fi Jofué laiffe les Ifraëlites dans la liberté de fe ranger à la Religion du vrai Dieu, ou à celle des Idoles, il ne laiffe pas à leur choix de prendre fucceffivement l'une & l'autre de ces Religions; du moins il leur ôte les chimériques espérances de participer aux avantages de toutes les deux. C'est pour cela que nous avons remarqué dans le Difcours, qu'il leur adreffe, la néceffité du choix qu'il leur impofe.

La Divinité ufe envers nous d'une condescendance que nous ne faurions trop admirer, & pour laquelle nous ne faurions avoir de reconnoiffance trop vive. Elle nous donne tout le temps, dont nous avons befoin, pour étudier les caractéres de vérité qui brillent dans la Religion, & pour fentir toute la force des motifs

qui

qui doivent nous attacher à la vertu. Elle accepte même pendant quelque temps notre dévotion, quelque imparfaite qu'elle puiffe être : & comme après nos égaremens nous revenons quelquefois à nous-mêmes, elle attend que nos retours feront fincères, & que nous nous dévouerons enfin tout entiers à fes volontez. Nous avons trop longtemps abufé de ce fupport, & trop longtemps changé cette grace en diffolution. Judef 4. Perfuadez que Dieu feroit toûjours fatisfait de ce mélange confus de vice & de vertu, de Religion & d'Irreligion, d'amour pour l'erreur & d'amour pour la vérité, nous avons pris fa patience pour approbation, & nous nous fommes réfolus à fuivre toûjours le même genre de

vie.

Mais il y a des jours, dans lefquels la Divinité nous déclare, qu'elle ne fouffrira plus de partage. Elle veut que nous nous déterminions. Elle nous laiffe une entiére liberté sur le parti que nous voudrons prendre: mais elle veut que nous en prenions un. Elle nous affure qu'elle regardera le refus, que nous pourrons faire de nous déterminer, comme un attentat contre fa Majefté, & elle nous dit Choififfez qui vous voulez fervir. La néceffité du choix : c'est la troifiéme chofe, qui doit être obfervée dans notre renouvellement d'Alliance avec Dieu.

La quatriéme eft l'étendue de la condition. Cette condition eft marquée dans le Difcours de Jofué: Craignez l'Eternel, fervez le en vérité &en intégrité. La premiére de ces expreffions renferme une idée générale de la Religion, Craignez l'Eternel. Les deux expreffions, qui fuivent, marquent les deux parties de la Religion, fervez le en vérité & en intégrité. Vérité

par

par oppofition à cette détestable Idolatrie, pour laquelle les Juifs eurent toûjours un fi criminel panchant: Intégrité par rapport à ces vices abominables, qu'on leur vit fi fouvent commettre. Double condition, à laquelle doivent fe foûmettre tous ceux qui veulent entrer en Alliance avec Dieu.

res,

1. Ils s'engagent de fervir Dieu en vérité. Ils promettent de dérober aux diftractions du Sićcle une partie du temps qu'ils leur avoient donné, & de l'employer à augmenter leurs lumié à fonder les Ecritures, à envisager le Syftéme de la Religion, autant qu'ils en font capables, fous toutes fes faces: à le comparer avec la voix de la Confcience avec les defirs de leur cœur: avec ce concert unanime de créa tures, qui publient une partie des vérités de la Religion. Ils promettent de profeffer la véri té, non feulement dans des temps de paix & de calme, lorsque l'Eglife triomphe, mais même dans les temps de troubles & de perfécutions, & lorsque les ennemis de la Religion femblent parvenus au but qu'ils fe propofent de l'extirper.

2. Ils s'engagent de fervir Dieu en intégrité. L'intégrité eft cette difpofition d'efprit, qui porte celui qui la poffède à ne pas fe contenter d'un Systéme de Morale tronqué, mais à com1 prendre toutes les vertus dans la fphére de leurs devoirs

La plupart des hommes ont une Religion pour la jeuneffe, & une Religion pour l'âge mûr. Ils fe croyent difpenfez, dans la fougue de leurs jeunes ans, d'une partie des vertus qui font prefcrites aux vieillards. Ce n'est pas là fervir Dieu en intégrité. C'est un Systéme tronqué.

Servir

Servir Dieu en intégrité, c'eft lui confacrer tous les âges de la vie.

La plupart des hommes ont une Religion de lieu, de temps, de circonftances. Ils croyent ne devoir s'occuper de Dieu & de fes loix que dans les lieux vouez à fon culte, ou dans les jours qui lui font particuliérement confacrez. Ce n'eft pas là fervir Dieu en intégrité,c'est un Systême tronqué. Servir Dieu en intégrité, c'est avoir toûjours préfentes devant les yeux ces auguftes loix, qu'il nous a prefcrites: c'eft les appliquer à chacune des circonftances qui y ont quelque rapport.

La plupart des hommes fe bornent à s'abstenir du vice: ils ne s'impofent pas la loi de pra tiquer les vertus: contens de ne point faire du mal, ils ne penfent pas à faire le bien. Ce n'eft pas là fervir Dieu en intégrité: c'est un Systême tronqué. Servir Dieu en intégrité, c'eft fuir le mal, & faire le bien.

Un préjugé de même genre leur perfuade qu'ils font difpenfez de certaines vertus, quand ils s'attachent à d'autres vertus. Mais pour fervir Dieu en intégrité, il faut avoir autant d'at tachement pour la charité que pour l'humilité, pour la patience que pour la droiture, & ainfi du refte: il faut être fortement convaincu, qu'il n'y a aucune vertu dans le Syftême de la Religion, qui ne contribue à la perfection de notre Etre, & à l'avancement de notre bonheur : en forte que quand Dieu nous dispenseroit d'en pratiquer quelcune, nous ne devrions pas regarder cette difpenfe comme un privilège, dont il feroit avantageux de fe prévaloir.

Combien voit-on auffi de prétendus gens de bien s'arrêter à un point fixe dans la carrière Tom. 111.

R

des

[merged small][ocr errors]

Jofué

XXIV.

22.

des vertus.

Ils n'ont pas la noble ambition de les porter au plus haut degré, où ils font capables d'atteindre: plus occup z de ce qu'ils ont déja fait que de ce qu'il leur refte encore à faire, ils croyent avoir épuité leurs devoirs, lorsqu'ils ont à peine commencé de les pratiquer. L'intégrité demande qu'on fe propose la perfection pour but, l'Etre parfait pour modèle. Voilà l'étendue de la condition prefcrite aux Ifraëlites, & à tous ceux qui comme eux prétendent renouveller leur Alliance avec Dieu.

Sans doute que, vû la difpofition ordinaire des hommes, contracter de pareils engagemens, c'est s'exposer à les rompre: fe foûmettre à une condition fi étendue, c'eft rifquer de la violer: faire de pareils fermens, c'eft le mettre dans la tentation de les faufler, & rifquer d'encourir la peine que Dicu referve aux parjures. Jofué ne diffimule point ce péril, & c'est notre cinquiéme confideration: Vous ne pourrez pas fervir PEternel, dit-il aux Ifraëlites, c'est un Dieu faint, fort, jaloux. Il ne pardonnera point vos pęchés, ni zos rebellions. S'il vous arrive de l'abandonner, de fervir d'autres Dieux, il changera à votre égard, & il vous fera du mal jusques à vous consumer après vous avoir comblé de bien.

من

Le fens de ces paroles eft clair. Les Ifraëlites alloient renouveller leur Alliance avec Dieu, & ce qu'il y a de plus remarquable ils alloient s'engager par ferment d'en remplir les clauses: c'eft ce qu'emporte cette déclaration de Jofué au Peuple: Vous êtes témoins contre vous-mêmes que vous avez choisi l'Eternel pour en faire l'objet de votre culte: c'est ce qu'emporte cette réponse du Peuple a jofué: Nous en fommes témoins. Un homme, qui viole ces claufes après avoir pro

mis

« PreviousContinue »