fentérent, que fi la précaution, qu'ils avoient prife, n'étoit pas néceffaire pour ceux qui vivoient alors, elle l'étoit pour leur Poftérité: que fi les enfans de ceux, qui habitoient en Canaan, venoient jamais à difputer à ceux, qui feroient dans le païs de Galaad, leurs titres & leur origine, la vûe de cet Autel termineroit la controverfe, & que les Galaadites diroient pour juftifier leur origine: Voyez la forme de l'Autel Jofué conftruit par nos Pères. XXII. 28. Sur-tout les quarante mille hommes diffipérent, non feulement le foupçon d'idolatrie formé contre eux, mais même celui d'avoir eu la moindre pensée de violer la Loi, qui défendoit d'offrir à Dieu des facrifices fur d'autres Autels, que celui qui avoit été conftruit par fes ordres: Le Fort, le Dieu, l'Eternel, le Fort, le Dieu, Verf. 12; PEternel le fait lui-même, & tout Ifraël le connoi- &c. tra, dirent-ils, fi nous avons agi par un esprit de rebellion, fi nous nous fommes bâti un Autel pour nous détourner de l'Eternel, & pour y offrir quelque holocaufte, ou quelques facrifices de profpéritez. Oui fi nous fommes coupables de ce crime, que Eternel lui-même nous en demande compte. Cette mention réiterée, que les quarante mille hommes firent du nom de l'Eternel dans leur ferment, marque fans doute la fermeté avec laquelle ils le prêtoient, & la droiture de confcience dont il étoit accompagné. 23 L'Auteur du vieux Nizachon n'a peut-être pas été deftitué de raison, lorsqu'il s'eft recrié contre les Chrétiens, de ce qu'ils fefoient de ces fortes d'expreffions, dans lesquelles le nom de Dieu eft répété, des preuves pour établir le Dogme 23 Vetus Nizachon pag. 59, de de la Trinité. Mais 4 les Juifs font tombez eux-mêmes dans une faute femblable à celle qu'ils nous reprochent : ils ont crû que ces fortes de répétitions renfermoient des mysteres, & que ces trois noms donnez confecutivement deux fois à Dieu dans l'endroit que nous expliquons, le Fort, le Dieu, l'Eternel, le Fort, le Dieu, PEternel, marquoient que Dieu avoit créé le Monde & qu'il avoit donné la Loi. 25 Salomon Jarchi rend une autre raifon de cette répétition elle marque felon lui, que l'Eternel eft Dieu dans le Siècle préfent, & qu'il le fera dans le Siècle à venir. L'Apologie des quarante mille hommes fatisfit pleinement les Députez. Ils reconnurent la véritable deftination de l'Autel, qu'ils voyoient devant leurs yeux: ils furent convaincus qu'elle n'avoit rien de contraire aux loix divines : que c'étoit un monument, qui devoit fervir pour la vérité de P'Hiftoire, non pour aucune Cérémonie de Religion. 6 Les Critiques font mention à cette occafion des Autels, qu'ils croyent avoir été érigez dans de femblables vûes par 27 Hercule, par 28 Bacchus , par 29 Sémiramis, par 3 Cyrus, par 31 Alexandre le Grand; mais il n'eft pas prouvé que ceux, qui 30 avoient 24 Midrasch Tehillim in Pfalm. XV Voi. MARTIN. RAYMOND. Pugio fidei part. III. difc. 1. cap. 4. pag. 494. 25 SALM. JARCHI in Jofuam XXII. v. 22. pag. 45. 26 Voi. CALMET fur Jofué XXI. 11 pag 311. 27 PLIN. Hift. lib VI. cap. 18 pag. 314. tom. 1. felon la divifion du P. HARDOUIN 28 Id. ibid. Voi auffi FESTUS AVIENUS defeript. Orbis pag. 35 dans la note du Père HARDOUIN fur ce paflage de PLINE. 29 POLIAN. Stratag, lib, VIII, pag. 598. avoient conftruit ces Autels, n'y ayent point offert de facrifices. Les quarante mille hommes voulurent que celui, qu'ils venoient d'ériger, eût un nom qui témoignât l'intention qui les avoit portez à le conftruire ils l'appellérent gned, c'est-àdire, témoignage, car dirent-ils, nous le regarderons comme un témoin, que l'Eternel eft le vrai Dieu, & que nous ne voulons adorer que lui. Ainfi ce qui avoit parû d'abord porter une fi violente atteinte à la Religion, fut regardé comme une preuve du refpect qui lui étoit dû: & ce qui avoit mis les Juifs, qui habitoient dans le païs de Canaan, & ceux qui habitoient dans le païs de Galaad, fur le point de fe faire une guerre fanglante, ne fervit qu'à leur fournir une occafion de fe donner des preuves mutuelles de tendreffe, & à ferrer plus étroitement les noeuds qui les unifföient. 30 PLIN. ubi fuprà. 31 PLIN. Tom. I. lib. VI. cap. 16. pag. 304. Voi. auffi DUPIN Biblioth. des Hiftoriens Profanes Chap. 3. pag. 5. Je ne crois pourtant pas qu'on puiffe prouver, que ces Autels n'aient été que de fimples monumens, & qu'on n'y ait point offert de facrifices. Tom. III. DIS 242 Tofué XXIV. I. DISCOURS IX. Jofué renouvelle l'Alliance entre Dieu &les Ifraëlites. JOSUE XXIV. Ous l'avons dit dans la Préface, que nous avons mise à la tête de cet Ouvrage, quoique nous raportions toutes nos études au grand but de la Religion, qui eft d'inspirer aux hommes l'amour de Dieu & l'attachement à la vertu, ce n'eft pas proprement ici un Livre de dévotion. Il n'eft pas destiné à fournir des réflexions à notre Lecteur, dans ces temps précieux, où il voudra s'élever à Dieu par des élans de zèle, fe préparer au Sacrement de l'Euchariftie, ou fe difpofer à bien mourir. Nous exceptons pourtant de cette règle générale certains fujets, qui ne refpirent que la pieté & que la ferveur. Celui, dont nous devons traiter dans ce Dif cours, eft de cet ordre. jofué à la veille de mourir renouvelle l'Alliance de Dieu avec les Ifraëlites, à Sichem où ils fe préfentérent devant l'Eternel: ce font les ex 1 JOSEPH. Antiquit. lib. V. cap. 1. fect. 8. pag. 192. 2 & 3 EUSA. & HIERON. Onomast. in voce Sile & Sichem, pag. 143. 149. 1 2 expreffions de l'Original. Ces paroles, en là a C XXIV. 327 avec Jug. ix. Hébal, qui étoit que près de Guéri 4 Voi. EPIPH. lib. III. advers. Haref. pag. 1055. voi. zim, tou les différens fentimens des Géographes fur ce fujet dans choit à RELAND. Palaft. S. lib. III. pag. 1004. Sichem, |