Page images
PDF
EPUB

exécuté. Elle entre enfuite dans un plus grand détail. Elle dit que le partage de la Tribu de Juda, celui de la Tribu d'Ephraïm, & celui Jofué de la demi-Tribu de Manaffé furent d'abord XVIII. z. &c. réglez par le fort, qu'après cela il reftoit encore fept Tribus à pourvoir: que Jofué leur fit des reproches de ce qu'elles ne portoient pas plus avant leurs conquêtes: qu'il prit trois hommes de chaque Tribu: qu'il leur ordonna de pénétrer jufques dans le païs ennemi: de le parcourir, d'en faire une Carte, de la divifer en fept portions, afin qu'on décidât enfuite par le fort la portion, qui écherroit à chacune de ces fept Tribus, ce qui fut exé

cuté.

fur

Ce qu'il y a de plus important dans cet article, ce n'eft pas de déterminer quel genre de fort fut employé dans cette occafion. Comme perfonne ne peut rien démontrer fur ce fujet, il doit être permis à chacun d'y faire fes conjec tures. 9 Les Rabbins à leur ordinaire ont pris le parti le plus conforme à leur goût pour le merveilleux. Ils ont dit que l'on mettoit deux fortes de billets dans une même Urne: que les uns étoient écrites les diverfes portions de la Terre, telles que les Meffagers de Jofué les avoient faites que fur les autres étoient les noms des Tribus: qu'Eleazar, revétu de l'Urim & du Thummim, tiroit de cette Urne les billets deux à deux, & que par une difpenfation miraculeufe, un des billets portoit le nom d'une Tribu, & l'autre la portion qui devoit lui échoir; & que le fort difoit, je fuis monté pour

On doit fe fouvenir ici que deux Tribus & demi avoient déjà eu leur partagé au-delà du Jourdain.

Tom. III.

,על פי הגורל

pour telle Tribu. C'eft ainfi 1° qu'ils expliquent ce qui eft dit dans l'Hiftoire fainte, que la Terre fut partagée any, ce qui fignific, felon la décifion du fort, mais qui, pris mot pour mot, veut dire, felon la bouche du fort. Mais en fuppofant deux Urnes différentes, dans l'une desquelles étoient les noms des Tribus, dans l'autre ceux des portions, on évite de multiplier ici les miracles fans néceffité.

Il y dans les paffages, que nous avons citez, deux difficultez, qu'il eft plus important d'éclaircir. Voici la prémiére. Nous lifons dans le Chapitre XXVI. du Livre des Nombres, qu'après la plaie, qui fut envoyée aux Ifraëlites, pour les punir de leur fornication avec les femmes de Moab & de Madian, Dieu ordonnaà Moyfe de faire le dénombrement du Peuple, depuis vingt ans & au-deffus. Moyse obéit, aVerf. 53. près quoi Dieu lui donna cet ordre: Le païs Jera partagé à ceux-ci par héritage, felon le nombre des noms. A ceux qui font en plus grand nombre, tu donneras plus d'héritage ; & à ceux qui font en plus petit nombre tu donneras moins d'héritage: on donnera à chacun fon héritage, felon le dénombrement qui a été fait. C'est ce qui a donné lieu à ce mot des Juifs: que la Terre promife étoit posfedée par les Ifraëlites, avant qu'ils y entraffent. Le dénombrement, dont il eft parlé dans ce même Chapitre, tombe fur la fin de la quarantiéme année depuis la fortie d'Egypte. Depuis ce temps-là jufques au partage de la Terre promife, il s'écoula fept années entiéres, pendant lefquelles il mourut fans doute un grand nombre de ceux qui avoient alors vingt ans.

N

10 Ibida

De

même

même un grand nombre de ceux qui n'avoient pas encore alors cet âge, l'eurent atteint quand Jofué exécuta l'ordre donné à Moyfe. Comment fe peut-il donc que le partage fût proportionné au nombre des gens, qui avoient vingt ans & au-deffus, lorsqu'on le fit, s'il dut l'être au nombre de ceux qui avoient cet âge, fept années auparavant?

Voici la feconde difficulté. Il femble qu'il y a de la contradiction dans l'ordre touchant le partage. D'un côté Dieu ordonne que la Terre foit partagée felon que le fort en décidera: & d'un autre côté il veut qu'en faifant ce partage, on ait égard à la diverfité du nombre de ceux qui compofent chaque Tribu & chaque Famille. Il veut qu'à ceux qui font en plus grand nombre on donne plus d'héritage; & qu'on en donne moins à ceux qui font en plus petit nombre. Ces deux difficultez nous font entrer naturellement dans l'examen de la quatrième question que nous avons propofée, qui roule fur la propor tion qu'on obferya dans le partage.

4. Je ne marquerai point ici toutes les folutions, que les Interprètes ont apportées à ces deux difficultez. Un même principe me fervira pour l'éclairciffement de l'une & de l'autre. A quelque Hypothéfe qu'on ait recours pour les éclaircir, on eft obligé de fuppofer que les décifions d'Eleazar, celles de Jofué & des Chefs des Tribus, eurent une grande influence dans le partage 11 femble même qu'il n'auroit pas été néceffaire d'y faire intervenir tant d'auguftes perfonnes, fi le fort en avoit entiérement décidé. Leur ministère étoit fans doute deftiné à fuppléer à tout ce que le fort ne pouvoit déterminer. Avec ce principe on peut

O 2

fatis

fatisfaire, ce me femble, du moins en partie, aux deux difficultez que nous nous fommes faites.

Le nombre des Ifraëlites, qui avoient vingt ans, & de ceux qui étoient au-deffus de cet âge, lorfque Moyfe fit le dénombrement, ne pouvoit pas être le même lorfqu'on fit le partage. Pluficurs de ceux qui avoient cet âge moururent dans les combats, qui fe livrérent pendant les fept années, qui s'écoulérent depuis le prémier de ces deux périodes jufques au fecond. D'ail leurs un grand nombre de ceux qui avoient depuis treize ans jufqu'à dix-neuf, quand Moyfe dénombra les Ifraëlites, avoient atteint ou paffé cet âge quand Jofué les mit en poffeffion du païs, qui leur étoit échû; il n'eft pas vraifemblable qu'étant en état de porter les armes, ils n'euffent aucune portion dans la Terre promife. Je fuppofe que la prudence de tous ces illuftres perfonnages, dont j'ai parlé, pourvut aux inconveniens que ces différences devoient naturellement produire. Ils firent une exacte compenfation des morts avec les vivans. Ceux qui avoient atteint l'âge de vingt ans depuis le dénombrement, prirent la place de ceux qui que l'avoient lorsqu'on les dénombra, mais mort empêcha de prendre poffeffion des païs, que Moyfe leur avoit affignez.

la

Le principe, qui fert à éclaircir la prémiére difficulté, peut fervir à l'éclairciffement de la feconde. La prudence des perfonnes, commifes fur le partage, fuppléa à ce que le fort ne put déci

II JOSEPH. Antiquit. V. 21. pag. 187. Il dit dans le même endroit, que Jofué leur commanda de faire

décider. Les Meffagers, envoyez dans la Terre promise, l'avoient divifée en portions égales. Le fort décida laquelle de ces portions devoit être donnée à chaque Tribu. Chaque Tribu étoit donc d'abord partagée également mais comme elles n'étoient pas toutes également nombreuses, il arrivoit que celle dont le nombre étoit plus grand, n'avoit pas plus d'étendue de païs, que celle dont le nombre étoit moindre. De même à l'égard de chaque famille. De plus une portion de terre, qui avoit la même étendue, n'avoit pas la même fertilité. Il étoit jufte qu'on eût égard à cette différence; que P'on compenfat l'étendue par la fertilité, ou la fertilité par l'étendue, ou, comme s'exprime

[ocr errors]

Jofephe, que les portions fuffent plûtôt eftimées que mefurées; Τιμητὲς μᾶλλον ἢ μετρητὲς τις aanpous. Il n'y avoit qu'Eleazar, Jofué, les Chefs des Tribus, qui puflent faire cette compenfation. Les Meffagers ne pouvoient pas l'avoir obfervée dans la divifion, qu'ils avoient faite de la terre. Comment au milieu de tant d'ennemis, dont la vigilance devoit fans doute avoir été réveillée par l'approche, & pår les conquêtes des Ifraëlites, auroient-ils pu faire des obfervations fort exactes fur la nature des terroirs qu'ils avoient recontrez, quand mêmê ils auroient mis, ainfi que le veut Jofephe, fept mois à leur commiffion? On auroit même de la peine à expliquer comment, fans un concours de miracles qu'on ne doit pas multiplier inutilement, ils purent furmonter toutes les

12

diffi

l'eftimation des meilleures terres, & de celles qui va

loient moins, 12 Ibid.

« PreviousContinue »