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en fortant de ce Lac.fait encore divers détours & à deux lieues de là est grossi par * les eaux * Et pat de la riviére, ou comme parle Moyse, du tor- celles de rent de Fabboc , & prend le nom de Jourdain le diverses grand: puis il fépare la Perée de la Samarie, & autres ti

viéres. la Judée de la Moabitide: il partage en deux cette vallée qui s'étend de Genelareth jusques à la Mer Morte, où il va se jetter après une infinité de détours, qui ont fait dire à Plinė

31 qu'il n'y arrive que malgré lui; il traverse cette Mer & fe perd , comme parle” Adrichomius, dans un gouffre voisin, ou comme dit 3: Paufanias, dans les Marais même de l’Asphaltite. 14. La longueur du Jourdain est d'environ çent milles, & la largeur est presque par-tout de foixante pas. Mais lorsque les Ifraëlites le pafférent, il étoit beaucoup plus large : c'étoit dans la faison de la moisson des orges : & c'est a

& lors que les neiges du Mont Liban , au raport is des Historiens facrez & de celui des 36 profa pes, ont accoûtumé de fe fondre, & grofliflent les eaux de ce fleuve. Il est vrai que la diver, sité des témoignages des Historiens & des Voya. geurs modernes ne nous permet pas de déterminer , fi ce débordement se fait encore aujourd'hui, comme du temps de Josué. " Maundiel,

qui STRABON Lib. XVI. pag., 1095.

31. PLIN. ibidem, velut invitus.
3ADRÍCHOM. ubi supra.
33. PAUS A N. Eliac. Cap. VII. pag. 391.

34.: A BULENSIS in Genes. 13. quæft. 69. ADR Cho M. in tit. Nephthali

. num. 59. pag. 109. col. 2.
35. Voi. Jof. III. 15.
36. TACIT. Lib. V. pag. 425,
37. MAUNDRUEL Journei from Alep, &c. pag. 36

Voi auffi WELS Geograf. of the new Testament, patrí
I. pag. 38.
Tom. III.

B

qui étoit dans ce pais le 30. de Mars, c'est-à-dire, dans la même faison que les Ifraëlites pasférent le Jourdain , assure non seulement qu'il n'y vit aucune marque d'inondation, mais que fes eaux étoient fort au-dessous de leur rivage ordinaire. 38 Doupdan au contraire raporte, que lorsqu'il s'y trouva , (c'étoit aussi dans la même saison) ses eaux étoient jaunes & bourbeuses, comme celles de la Seine en hyver : qu'il étoit extremément profond & rapide, tout prêc à se déborder par les neiges fondues du Mont Liban. Cette raison du débordement du Jourdain, pour le dire en paflant , est bien plas naturelle

que celle qu'en rendent quelques 39 Auteurs, qui la raportent à une prétendue communication de ce fleuve avec celui du Nil, auquel 90 on attribue aussi cette particularité, que fes eaux croiflent en été, au lieu que le débordement des autres riviéres arrive principalement en hyver. · Tél étoit le Jourdain, dont le passage miraculeux devoit, ainsi que nous l'avons dit, confirmer la vocation de Josué. Voici l'ordre que

ce Général observa dans cette marche. Jofué 1.

I. Il somma la Tribu de Ruben , celle de 13. 15. Gad, & la moitié de celle de Manassé, de la Nomb. XXXHI. parole qu'elles avoient donnée à Moyse, par la20.

quelle, quoique mises en possession du pais fie tué en deça du Jourdain , elles s'étoient enga

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gées 38. DOUBDAN voyages , &c. Cap. XXXI. pag. 291. 39. Voi. RELAND. Paldst

. Lib. I. Chap. XLIII. pag. 274. Quelques-uns disent qu'il communique avec le Paradis. Terrestre, & que c'est le fleuve dont parle Moyfe Génése XXV. 10. voi. sur ce passage FRANCIS, Qu'AR ES MIUS Terra Sancta elucidatio Tom. II.lib. 6, C. 4. pag. 738.

.

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gées de passer ce fleuve avec leurs Fréres, de
leur prêter main forte , pour faire la conquête
du païs de Canaan , & de ne les abandonner
que lorsqu'ils s'en feroient rendus les maitres.
Josué fut obéi.. Ces Tribus formérent un
corps de quarante mille hommes, qui furent
commandez pour marcher sous les ordres de ce
Général. Il est vrai que dans le dénombrement
de ces Tribus, qui avoit été fait durant la vie Nomb.
de Moyse, il s'y étoit trouvé plus de cent mil- XXVI;
le hommes propres à porter les armes. Il n'est
pas probable que ce nombre fut diminué depuis
ce temps-là, Mais Jofué se contenta d'un fe-
cours de quarante mille hommes. La pruden-
ce ne lui permit pas d'abandonner, en deça du
Jourdain, à la fureur & au ressentiment des
Ammonites, des Moabites & de plusieurs au-
tres nations ennemies, le reste des Tribus qui
lui fournissoient ce secours.

II. Josué fit publier dans tout le Camp aux
Ifraëlites l'ordre qu'ils devoient suivre dans leur
Marche, & les préparatifs qu'ils devoient faire
pour le disposer au Miracle, que Dieu alloit
opérer en leur faveur. Les Sacrificateurs de
voient marcher les premiers , porter l'Arche
devant tout le peuple, s'arrêter sur le rivage du
Jourdain, jusqu'à ce que ses eaux ý laisiaflent
un passage libre: entrer ensuite jusques au mi-
lieu du lit de ce fleuve, & y demeurer, jusqu'à

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40. GLÝCAS Annal. Part. I. pag. 10. Voiez une extravagante pensée sur le debordement du Nil dans le Traité de MUR TADY, sur les merveilles d'Egypte. Il dit qu'il y a 80. ftatues de bronze faites par les Démons, de la gorge desquelles sortent des eaux qui font deborder ce fleuve , &c. Journal des Savan's Tom. 1. Avril 1666, pag, 357.

ce que tout le peuple fût arrivé à l'autre bord. C'est ainsi que nous concilions deux paflages qui paroislent opposez. Le premier est dans le Chapitre III. de Josué au verset 8. Là nous trouvons ces paroles de Dieu à ce St. Homme: Tu commanderas aux Sacrificateurs qui portent PArche, que dès qu'ils seront arrivez sur le bord des eaux du Jourdain , ils s'y arrétent. Et dans le verset 17. du même Chapitre, nous lisons que les Sacrificateurs s'arrétérent au milieu du Jourdain, jusqu'à ce que tout le Peuple fût passé. Comment les Sacrificateurs s’arrétérent-ils

sur les bords du Jourdain, s'ils s'arrétérent au milieu de son lit? Cette question se resout sans peine par la suposition que nous avons faite; les Sacrificateurs devoient s'arrêter sur les rives du Jourdain, jusqu'à ce que les eaux retirées y laislas

. sent un passage libre: ils devoient s'arrêter ensuite au milieu de son lit, jusqu'à ce que tout le peuple fût paflé.

il est à remarquer, que dans cette marche des Enfans d'Israël, il y eut trois circonstances particuliéres à l'égard du transport de l'Arche. Dans les marches ordinaires c'étoient les Lévites qui la portoient; ici ce furent les Sacrifica

teurs : on les en chargea aussi dans trois autres a Josué óccasions, favoir à quand on fit le tour des muVI. 4: 5. railles de Jérico; b quand David fuyoit devant

b b 2

Absalon ; quand on la plaça dans le Temple. c I. Rois Dans les marches ordinaires l'Arche étoit d au VIII 6milieu du Camp, ici elle devoit marcher à la tête d Nomb.

de l'Armée: probablement parce que dans les marches ordinaires la colomne de nuée fervoit de guide aux Ifraelites , au lieu qu'il étoit question ici de les rassurer contre la crainte d'être submergez: & rien n'étoit plus propre à inspi

rer

XV. 25.

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dans le pas

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rer de la fermeté, que de voir ce vaisseau précieux arrêté dans le lieu le plus périlleux. Dans les marches ordinaires il y avoit peu de distance entre l'Arche & le corps de l'Armée : ici il devoit y avoir deux mille coudées : sans doute parce Josué qu'elle étoit envelopée de plusieurs voiles dans III. 4. les marches ordinaires, au lieu que fage du Jourdain elle étoit à découvert. Ce fût la raison pour laquelle Dieu ôta aux Ifraëlites tous les prétextes, dont ils auroient pû se servir pour satisfaire la curiosité de voir de près ce mystérieux vaisseau. Le prétexte le plus spécieux, qu'ils auroient pû imaginer pour cela, c'étoit de connoitre en s'aprochant de l'Arche, quel étoit précisément le chemin qu'ils devoient fuivre dans le lit du Jourdain. Dieu prévint ce prétexte. C'est le sens que nous donnons au verset 3. du Chapitre III. de Josué, qui est é quivoque dans les versions ordinaires : voici comment nous le traduisons : Qu'il y ait entre vous & P Arche une distance d'environ deux mille coudées : ne l'aprochez pas pour connoitre le chemin que vous devez fuivre , quoique vous n?) ayez jamais palle jusques ici: c'est-à-dire, ne prétextez point, pour porter des regards profanes sur l’Arche, qu'elle doit vous servir de guide dans une voie qui vous eft inconnue , & que vous ne vîtes jamais.

* Les Juifs ont conclu de cette distance de deux mille coudées , c'est-à-dire, de six cens pas, qu'il n'étoit pas permis de faire le jour du Sabat un plus long chemin. C'est ainsi qu'ils expliquent le vers. 29. du Chap. XVI. de l'Exode. Et c'est cet espace de deux mille coudées

qu1 41. J AL CUT Part. II. fol. 3. col. I,

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