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Multaque præterea facris in poftibus arme
Captivi pendent currus, curoæque fecures.

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Pf. xx. 8.

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Quelque redoutable que dût paroitre à Jofué l'Armée des Rois liguez, il n'en fut point épouvanté. Il eut toûjours dans le cœur ces fentimens, que le Prophéte exprima d'une maniére fi noble quelques fiécles après lui: Les uns Je glorifient de leurs chariots, & les autres de leurs chevaux: mais nous nous glorifions de la protection de l'Eternel notre Dieu. Elle lui fut promife de nouveau Dieu l'en aflûra dans une Vifion, & il lui dit, que le lendemain du jour, qu'il lui parloit, toute cette Armée feroit défaite, & tous ces chevaux feroient reduits dans un état à ne pouvoir plus infpirer de terreur. L'événement répondit à la promeffe. 3 Probablement Jofué étoit en marche, quand cete voix lui fut adreffée. Quelque rapidité qu'ait pû lui donner l'idée d'une victoire, il n'eft pas vraisemblable

32 Difcours VI. ci-deffus pag. 98.

33 Voi. SALIAN. Annal. tom. II. ad ann. 2585. pag. 344. col. 2.

34 HIERON. Onomaftic, in voce Cana pag. 48. Le

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ble qu'il ait pû dans un feul jour aller de Guilgal à Mérom, du moins fi nous nous en rapportons à Eufébe, qui met vingt lieues de diftance d'un de ces deux lieux à l'autre.

Se mettre en marche, arriver, combattre & vaincre ne fut prefque qu'une même chose. L'Hiftorien dit, que l'Eternel livra les ennemis entre les mains d'Ifraël: que les Ifraëlites les battirent & les pourfuivirent jufques à Sidon la grande, & jufqu'aux eaux de Mifrephoth, & jufqu'à la campagne de Mitfpa vers P'Orient & qu'ils remportérent fur eux une victoire fi complete, qu'il n'en échapa aucun. Nous verrons dans la fuite de nos Difcours, qu'il y a quelque hyperbole dans cette narration. Nous avons déjà marqué où étoit Mitfpa, 32 que nous avons placé au pied du Mont Liban, où ce fleuve prend fa fource: de là vient que le lieu, qui eft appellé ici la campagne de Mitfpa, eft appellé ailleurs la campagne du Liban Il nous refte à examiner fur les paroles, que nous venons de citer, quelle eft cette Sidon la grande, & quelles font ces eaux de Mifrephoth, dont il y eft fait mention.

Sidon, nommée aujourd'hui Sai, eft placée fur la côte Occidentale de la Phénicie en Syrie, à dix-huit lieues de Damas. Elle est appellée la grande pour la diftinguer, difent quelques 33 Géographes, d'une autre ville qu'on appelloit Sidon la petite. Mais comme il n'eft fait mention dans aucun Auteur de cette Sidon la petite, il se peut qu'elle n'a jamais exifté que dans la conjecture de St.34 Jérome, qui la imaginée pour

ex

paffage de ST. JEROME eft équivoque. On ne voit pas bien fi c'eft de Sidon, ou de Cana, qu'il y en avoit une grande & une petite. Voi. la note de BONFRERIUS ibid. pag. 48.

x. 15. Efai.

expliquer cette épithète de grande, qui eft donnée à celle dont nous parlons. Il n'étoit pourtant pas néceflaire de fuppofer une Sidon petite pour expliquer la raifon, qui a fait dire Sidon la grande : il fuffit que celle-ci ait été d'une grandeur excef five, ou qu'elle ait été la plus grande, ou même une des plus grandes villes du temps de Genef. Jofué, pour qu'on l'ait nommée la grande. Or toute l'Hiftoire ancienne nous en donne cette idée. Sidon étoit fameufe par fon antiquité, & par fon étendue. Elle a pris fon nom du premier fils de Canaan: 35 quoique quelques-uns le dérivent d'ailleurs. Elle étoit plus ancienne que Tyr: c'eft ce qu'on prouve par les Auteurs facrez & par les profanes. 36 Pomponius Mela dit, qu'avant qu'elle fut prife par les Perses, elle étoit la plus grande des villes maritimes: 37 Pline, que fon circuit étoit de dix-neuf mille pas: 38 Diodore de Sicile en donne à-peu près la même idée.

XXIII. 7.

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Nous n'avons pas les mêmes fecours pour déterminer la fituation des eaux de Mifrephoth, ou, comme lifent quelques uns, Mafrephoth, que celle de Sidon. Il y a une grande diverfité d'opinions fur la fignification de ce mot. Ceux mêmes, qui conviennent qu'il dérive d'un terme qui fignifie bruler, ne s'accordent pas fur la fignification, qui doit lui être donnée dans cet endroit. Peut

être

35 Voi. BOCHAR T. Phaleg. lib. IV. cap. 35. pag.

302.

36 POMPONIUS de Situ Orbis lib. I. cap. 12. Antequam à Perfis caperetur maritimarum Urbium maxima, pag. 19.

37 PLIN. lib. V. cap. 19. pag. 264.

38 DIODORUS SICUL. lib. XVI. pag. 439.

39 AMMIAN. MARCELLIN. lib. XIV. cap. 9. pag. 34. In locis (nempe Judea) plurimis aque fuapte naturà

être que Mifrephoth fignifie icides Foffes d'eau :c'eft le fens que lui donne le Paraphrafte Chaldaïque. Qu'un Géographe eft à plaindre lorsqu'il eft obligé de chercher la fituation d'une ville fans être bien für fi elle a jamais été ! En cas qu'il faille traduire ici des Foffes d'eau, l'Hiftorien auroit vou lu dire, que Jofué pourfuivit les ennemis jufques à cet endroit des côtes de la Mer Meditorrannée, où l'on détournoit les eaux, que l'on renfermoit dans des fofles, où la chaleur du Soleil les cuifoit & formoit du fel: & il feroit bien difficile de déterminer dans quel endroit précisément elles étoient.

Quelques autres croyent que Mifrephoth fignifie des fources d'eaux chaudes, & cette opinion eft très vraisemblable. On ne doit pas objecter, que l'Hiftoire ne fait mention d'aucune fource d'eaux chaudes, qui ayent été proche de Sidon; car il n'est pas dit ici, que Sidon & Mitrephoth fuffent dans le même lieu: mais que Jofué poursuivit les Cananéens jufqu'à Sidon, & juf qu'à Mifrephoth. Or il eft certain qu'il y avoit plufieurs endroits dans la.Palestine, & dans la Phénicie, célébres par leurs fources d'eaux chaudes. 39 Ammien Marcellin le dit expreflément. 4° Les Talmudiftes, 41 Joféphe, 4 St. Jérome, 43 Eufébe s'accordent avec lui fur cet article. D'ailleurs on prouve par des paffages de Pline

calentes emergunt, ad ufus apte multiplicium medelarum. 40 Medrafch Coheleth fol. 116. 2.

41 JOSEPH, de Bello lib. IV. cap. 1. pag. 116c. Antiq. lib. XVII. cap. 2. pag. 795.

42 HIERON in voce ailan, ubi legendum miμar; pag. 9.

43 EUSEB. & HIERON. in Onomast. in voce Maf rephot maim pag. 110.

44 Pline & de 45 Diofcoride, qu'il y avoit dans le terroir de Sidon des Mines de bitume, ce qui au rapport de Strabon, rendoit cette ville fujette aux tremblemens de terre: & c'est dans ces fortes de lieux particulierement qu'il fe trouve des fources d'eaux chaudes, comme cela paroit par l'exemple de la Sicile, qui abonde en bitume, & en fources d'eaux chaudes, ainfi que l'affûre le même 46 Strabon, & comme nous le favons par d'autres que par lui.

Les LXX. font un nom de lieu de tous ces mots, que nous, traduifons eaux chaudes, ou eaux brulées, & ils difent, que Jofué pourfuivit les Cananéens jufqu'à Marpet μasiu, Mafrephoth maeim. 47 Mafius croit que Mafrephoth macins défigne les lieux, où étoient les Laboratoires, dans lesquels on feloit le verre. Il prétend que le terroir de Sidon avoit beaucoup de ce fable, que l'on fondoit à force de feu, & dont le verre étoit compofé. 11 eft certain 48 qu'on a attribué l'invention de cet art à Sidon. Cette grande diverfité d'opinions toutes vraisemblables, mais non fuffifamment prouvées, nous difpenfe de déterminer où étoient les eaux chaudes, ou le lieu nommé Mifrephoth, dont il eft ici question.

Mais nous devons remarquer que quand il est dit, que Jofué battit les Cananéens jufques à Sidon, & jufques à Mifrephoth, cela ne fignifie

44 PLIN. lib. XXXV. cap. 15. pag. 715. 45 DIOSCORID. lib. I. cap. 83. pag. 89. 46 STRABO lib. I. pag. 100.

pas

47 MASIJs in Jofuam XI. 8. pag. 1738. dans le 2. vol. des gr. Critiq.

48 Voi. BOCHAR T. Phaleg. lib. IV. cap. 35. pag. 303. PLIN. V. 19. Sidon Artifex vitri pag. 264 STRABo lib. XVI. pag. 1099.

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