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XXXI.

Voi. auffi

vaux, on peut en apporter quelques autres. La multitude des chevaux, qu'auroient entretenu les Rois, auroit été onereufe aux peuples. Surtout elle auroit pû inspirer aux Juifs une trop grande confiance en leurs forces. C'eft ce qu'allègue 20 un docteur Juif, & qui femble infinué dans divers paflages: en particulier dans ces paroles du Prophète Efaie: Malheur à ceux qui Elaï, defcendent en Egypte pour y avoir du fecours, & qui xxxI. 1. s'appuyent fur leurs chevaux: qui mettent leur con- Pf. xx. 8. fiance en leurs chariots, lorsqu'ils font en grand Prov xxi. nombre; & en leur Cavalerie, lorsqu'elle eft bien for- 31. Of. 1. 7. te; & qui n'ont point regardé au Saint d'Ifraël, & n'ont pas eu leur recours à Dieu. Auffi les Juifs ont-ils tellement outré la défenfe, qui étoit faite au Roi d'entretenir des chevaux, qu'ils ont prétendu qu'il ne lui étoit permis d'en avoir que deux pour mettre devant fon chariot, & qu'il n'en pouvoit avoir un feul au delà, fans transgreffer la loi que nous avons citée. C'est la penfée de Maimonides, & celle de quelques Talmudiftes.

21

2. Les chariots de l'Armée ennemie étoient encore ce qui dévoit la rendre redoutable à Jofué. C'étoient probablement de ces chariots armez de faulx, dont nous verrons des exemples dans PHiftoire fainte. Ils font connus auffi dans la profane. 22 Quelques Auteurs en ont attribué Pinvention & le premier ufage à Cyrus. Mais il fuffit d'un paffage des Juges pour réfuter cet

te

21 MAIMONIDES Tractatus de Regibus cap. III. fect. 3. Voi. auffi la Paraphrafe Chald. fur Deuter. XVII. 16.

22 BRISSONIUS de regno Perf.lib. III. pag. 309. & quelques autres Auteurs refutez dans SCHEFFER, de re vehiculari lib. II. cap. 15, pag. 186. &c,

te pensée: il eft dit, que Sifera Général de l'Armée du Roi de Canaan avoit neuf cens chariots de fer, ou, comme la plupart des Interprètes l'entendent, neuf cens chariots armez de faulx. Si le fens de ce paffage eft douteux, nous trou verons dans 23 Diodore de Sicile une preuve, que ces fortes de chariots étoient connus avant Cyrus, puifque Ninus en avoit plus de dix mille, quand il combattit contre les Bactriens. Ils font appellez par les Hiftoriens profanes currus falciferi, covini falciferi, quadrige falcata, agματα δρεπανηφόρα. lls fefoient d'abord d'afreux ravages dans les Armées: mais 24 Alexandre le Grand apprit aux Macédoniens à les éviter: 25 les foldats de Sylla ne fefoient qu'en rire en combattant contre Archelaus: ils fe ferroient fur les côtés: ils laiffoient un paffage libre aux. chariots, & quand il en étoit paffe quelquesuns, ils crioient, à Pautre.

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Voici la defcription qu'en fait 26 Quinte-Curce en décrivant une des expéditions d'Alexandre contre Darius. Il dit que ce dernier avoit deux cens chariots armez de faulx, qui étoient comme le croyoit ce Prince, ce qui devoit donner plus de terreur à l'ennemi: du bout du timon fortoient comme deux javelines, qui, présentoient leurs pointes, & de chaque côté il y avoit trois lames tranchantes & fichées dans le joug des limoniéres. Enfin les rais des roues, tout étoit garni de langues de fer, qui avançoient en dehors: & aux côtés des jantes il y avoit encore des faulx, les unes tournées en haut, les autres en bas, qui lorsqu'on venoit à pouffer les chevaux, tailloient

23 DIODOR, SICUL. lib. II. Tom. I. pag. 93.
24 Q. CURT. lib. IV. cap. 15. pag. 269.
25 PLUTARCH in Lucul. pag. 461. 463.
26 QUINT. CURT. lib. IV. cap. 9. pag. 207.

en

en piéces tous ceux qu'elles recontroient. C'est ainfi que Quinte-Curce dépeint les chariots armes de faulx. Mais cette defcription a été critiquée par 27 Scheffer, qui accufe cet Hiftorien d'être tombé dans l'inconvenient inévitable aux Auteurs, qui font engagez par le principal fujet, qu'ils traitent, à parler de certaines chofes, qui leur font inconnues, c'eft de n'entendre pas eux-mêmes ce qu'ils écrivent.

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Pour ne pas tomber dans le même inconve nient nous ne prendrons point de part à cette Critique, & nous nous contenterons, après a voir rapporté un paffage de Lucrece, d'indiquer de riches fources, dans lefquelles on puifera des fecours pour fe former une idée exacte des chariots armez de faulx. 18 Lucrece en traitant auffi un fujet, qu'il n'entendoit point, & dont il avoit des idées plus confufes que ne pouvoient être celles de Quinte-Curce fur les chariots de Darius, je veux dire la nature de P'Ame, combat par cet argument ceux qui la croyent immortelle: C'est une réalité, dont nous Jommes perfuadez, dit-il, que le fentiment eft dif perfé par tout le corps, & que les moindres parties recoivent les impulfions de l'Ame: de forte que fi par la violence & par la vitesse d'un feul coup on les coupoit par le milieu, & que chaque partie parut après fa feparation: il n'y a pas de doute que la puissance de l'Ame ne fut divifée, & qu'elle ne fut détruite de la même maniére que le corps: or il eft certain que la fection & diverfion d'une chofe combat & dé truit fon immortalité. Pour donner du poids à

cet

27 SCHEFFER de re vehiculari lib. II. cap. 15. pag. 192. &c.

28 LUCRET. lib. III. vers 635. &c. & 641 jufqu'à 656. inclufivement. Voi. auffi idem lib. VI. verf. 1300.

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cet argument Lucrece ajoûte: On rapporte que la fureur de la guerre a donné l'invention de certains chariots armez de faulx: qui parmi la chaleur du carnage coupent fouvent les membres d'une maniére hi précipitée, que leur féparation ne les prive pas du mouvement on les voit palpitans par terre, tandis que la promptitude du mal rend Pefprit & le corps infenfibles à la douleur, & que quelquefois les fens font tellement fufpendus par l'ardeur du combat, que celui, qui n'a plus qu'un corps mutilé, retourne au plus fort des coups, oubliant qu'il n'a plus de bouclier par la perte de fon bras gauche, que les faulx tranchantes ont abatu fous les roues, & fous les pieds des chevaux; l'autre và à l'escalade, ou atta que fiérement fon ennemi, fans qu'il n'a plus de main droite: par la même impetuofité celui-là va fe Jervir d'une jambe, qui vient de lui être ôtée dans la mêlée, pendant que proche de lui les fens fe retirant peu à-peu de fon pied lui font voir encore le mouvement de fes doigts. Ce font là les paroles de ce Poëte: & il faut reconnoitre que s'il a été auffi mauvais Méchanifte que Métaphyficien, nous ne pouvons pas faire beaucoup de fonds fur l'idée qu'il nous donne des chariots armez de faulx.

J'ai été faché de ne pas trouver parmi les belles figures de l'Antiquité, que Montfaucon nous a données, celles de ces chariots. Voici comment 29 Scheffer les a représentez.

Je joindrai à cette figure 3 une Médaille de Jules-Céfar, dans le revers de laquelle on voit une partie d'un Chariot armé de faulx. Il

29 SCHEFFER ubi fuprà.

pa

roit

30 Voj. HUBERT. GOLTZIUS; Juh Cafaris

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roit par un paflage de 3 Virgile, que l'on pen-
doit quelquefois aux murailles des temples ces
fortes de pièces de chariots, qu'on avoit pris
fur les ennemis,

Augufli

Tiber. Numifm. Tab. 8. Numifm. 10. 31 VIRGIL. Æneid. lib. VII. verf. 183.

Tum. III.

N

Mul

Fig:1

pag: 192.

Fig:2.

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