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déjà ce nom-là, & peut-être y avoit il-dans le • même lieu une ville ainfi nommée. Nous en

Jofué trouvons une appellée Schimron Méron dans le *11.20 Livre de Jofué. C'eft ce qui nous fait con

jecturer que Semeron étoit une ville fituée àpeu-près dans le même lieu, où fut enfuite la capitale du Royaume d'Ifraël. Il nous fuffit de rapporter ces deux différentes opinions, qui ne nous paroiffent pas affez bien prouvées, pour nous déterminer en faveur de l'une, où de l'autre.

Le troifiéme Roi, dont il eft fait mention, c'est celui d'Acfchaph. Les LXX. liIls li- fent Ago, que 7 St. * Jérome & Eufébe fent Ax difent être la ville d'Ecdippe, à neuf milles de 31 au Ptolémaïde, qui échût à la Tribu d'Afer. Mais lieu de ces deux mêmes Pères diftinguent Achziph de Acfchaph, qu'ils placent aux pieds du Mont Thabor, à neuf milles de Diocéfarée.

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Voici de quelle manière l'Hiftoire fainte comprend dans des expreffions générales ce qu'elle rapporte de la députation, que Jofué fit aux autres Rois de Canaan. Elle dit, qu'il envoya aux Rois, qui habitoient vers le Septentrion aux montagnes, dans la campagne, vers le Midi de Kinnaroth; & dans la plaine & à Naphoth-Dor vers POccident; au Cananéen à l'Orient & à l'Occident; à l'Amorrhéen; & à PHétbien, & au Phérefien &au Fébufien aux montagnes, & à l'Hévien fur Hermon au pais de Mitfpa. L'arrangement & l'équivoque de quelques-uns des termes de ce paffage y repandent des difficultez. En effet ces paroles, vers le Midi de Kinnaroth dans la plaine,

7 & 8 EUSEB. HIERON. Onomaft. in voce Achzif pag. 6. Dans le texte de ST. JEROME il y a Dippa,

plaine, peuvent être traduites vers le Couchant: les Septante ont retenu le mot Araba qui eft dant l'Original, & en ont fait un nom propre: ils ont lû neged au lieu de negeb; ils ont

entendu ainfi toutes ces paroles: Fofué envoya dans l'Araba vis-à-vis de Keneroth: ce qui fait un fens tout différent de celui de nos Verfions. Ce mot de Naphoth- Dor, qui eft dans notre Verfion, peut auffi être traduit les Contrées de Dor, car le mot Naphoth, qui peut être le nom d'une ville, que St. Jérome & Eufebe placent à neuf milles de Céfarée quand on va à Ptolémaïde, ce mot, dis-je, peut auffi fignifier Contrées: c'eft le fens que lui donnent plufieurs Interprètes. Ces termes, qui fuivent immédiatement, vers l'Occident, peuvent être encore rendus par ceux-ci, vers la Mer. C'est le fens que lui donne la Vulgate & divers Interprètes, le terme Hebreu jam fignifiant également l'Occident & la Mer.

Il feroit aifé de multipler ces difficultez. Je ne les propofe que pour faire fentir à mon Lecteur, quelle doit être la circonfpection de ceux qui travaillent fur l'ancienne Géographie, quel fupport on doit avoir pour ceux qui fe trompent, & combien eft excufable un Auteur, que la timidité, ou la prudence, engagent à fufpendre fon jugement au milieu d'un nombre infini d'opinions diverses, la plûpart fouvent auffi incertaines les unes que les autres. Nous nous contenterons ici de paraphrafer les paroles, que nous avons citées, & nous le ferons moins pour expliquer le Texte de Jofué, qui nous paroit

au lieu d'Ecdippa, qui eft dans celui d'E U SEBE. 9 & 10 Idem ibid. in voce Nephet Dor, pag. 119.

Jofué

XI. 4.

paroit très difficile, que pour donner quelqué liaifon à nos narrations, & voici notre paraphrafe: Jofué députa 1. aux Rois de Septention, foit à ceux qui habitoient dans les montagnes du Liban, dans celles de l'Antiliban, dans celles de Hermon; foit à ceux qui habitoient dans. la plaine, & qui avoient à leur Midi la ville & le Lac de Kinnereth, ou la Mer de Tiberiade; foit à ceux qui habitoient dans les campagnes de la bafle & de la haute Galilée, fur la Méditerranée, depuis Dor, ville de la Tribu de Manafié, à neuf milles de Céfarée; dont St. Jérome prétend que fainte Paule avoit encore vû les ruines, jufqu'aux extrémitez de la Phénicie. 2. Jofué députa vers des Rois de l'Orient, à favoir ceux qui habitoient le long du Jourdain au Midi du Lac de Généfareth, & vers ceux de l'Occident qui étoient fur les côtes de la Mediterranée. 3. Vers ceux qui étoient les plus proches du Mont Liban, & du Mont Hermon aux fources du Jourdain, où il y avoit une de ces villes, qui portoient le nom de Mitspa.

Tous ces Princes entrerent en campagne,
&
formérent une Armée: que l'Ecriture dit, par
une hyperbole familiére aux Orientaux, avoir
été auffi nombreuse que le fable qui eft fur le rivage
de la mer. 12
Jofephe a déterminé, fans avoir
plus de fecours que nous pour le faire, cette
expreffion vague; il dit que l'Armée des Rois
liguez étoient compofée de trois cens mille

II HIERON. tom. IV. Epift. 86. pag. 673.
12 JOSEPH. Antiquit. lib. V. cap. I. pag. 186.
13 JOSEPH. Antiquit. ibid.

hom

14 & 15 EUSE B. & HIERON. Onomast. in voce Merthom, pag. 123.

16 MASIUS in Jof XI. 5. dans le 2. vol. des gr. Critiques pag. 1735. Voiez auffi la note de Joн. HUD

hommes d'Infanterie, de dix mille de Cavalerie, & de vingt mille chevaux.

Leur quartier général fut auprès des caux de Mérom. Une difcuffion fur la fignification. de ce terme, & fur la pofition de ce lieu, feroit une nouvelle digreffion au principal événement, que nous devons raconter. Deux opinions partagent les Interprétes fur ce fujet. Les uns penfent que Mérom eft le nom du lieu où campa l'Armée ennemie, les autres qu'il en marque la fituation. 13 Jofephe, 14 Eufebe, 15 St. Jérome font dans la premiére de ces opinions ces deux derniers Interprétes placent Mérom à douze milles de Sébaste, ou de Samarie, proche de Dothaim, & ils difent qu'il y avoit là de leur temps un village nommé Merrus. Les exemplaires de Jofephe portent Bérothon au lieu de Mérom: 6 Mafius croit qu'il faut lire Mérothon. La feconde opinion est de ceux qui croyent, que le mot Mérom eft ici un mot adjectif, qui fignifie élevé. Ils disent que le Lac de Semochon, proche lequel on convient affez généralement que Jabin affembla fes troupes, a été appellé merom, c'est-à-dire, élevé, ou fuperieur, pour diftinguer la partie fupérieure du Jourdain, dans laquelle il étoit, d'avec la partie inférieure de ce fleuve où étoit l'Afphaltite. On trouvera de pius amples difcuffions fur cette matiére dans les 17 Auteurs que nous citons.

SON fur l'endroit de JOSEPHE pag. 186.

Cette

17 Voi la note de BoNFRERIUS fur l'endroit d'EUSEBE & de ST. JEROME cité ci-deffus, nombre 14. 15. Voi auffi CALMET far Jofué XI. 5. qui allégue des raifons folides en faveur de l'opinion d'EuSEBE. Item RELAND. Palestina S. lib. 1. cap. 40. pag. 261. MASIUS ubi fupra num. 16.

Cette Armée pouvoit être redoutable à Jofué, non feulement parce qu'elle étoit nombreuse, mais par deux autres raisons: 1. à caufe de fa Cavalerie; 2. à caufe de fes Chariots.

1. Les Juifs n'avoient point de Cavalerie. Il y avoit même une loi, qui défendoit à leurs *Deut. Rois de faire amas de cheveaux. La raifon en est alléguée dans le même lieu, où la défenfe en eft faite; c'eft que les cheveaux auroient

XVII.

16.

leur être une occafion de retourner en Egypte, ou en leur rendant le voyage commode, ou parce que c'étoit d'Egypte particulierément que les Juifs tiroient leurs cheveaux; comme 1 Rois x. cela paroit par l'exemple de Salomon, qui ti28 & 29. roit un péage confidérable des chevaux que fon peuple fefoit venir d'Egypte, & par diverfes autres autoritez, que 8 Bochart a épuifées. Le prétexte de faire commerce de chevaux en Egypte auroit pû former une trop grande liaifon entre les Juifs & les Egyptiens, & introduire l'idolatrie dans la Judée. Auffi 19 les Rabins prétendent-ils que ce trafic fut un des plus grands péchez, dont Salomon fe rendit coupable, & que c'étoit une coûtume des Rois, lorsqu'ils parvenoient au Throne, d'énerver tous les chevaux qu'ils trouvoient dans les Ecuries de leurs prédeceffeurs.

Outre la raifon alléguée dans le Deuteronome pour défendre aux Juifs d'avoir des chevaux,

18 BOCHART Hieroz. lib. II. cap. 9. pag. 1713. 19 Voi. R. MOSES Filius Nachman in Deuter. XVII. 16. JARCHI in II. Chron. IX. 25. pag. 559. & KIMCHI fur I. Rois IV. 26. Item SCHICKAR D. Theorem. 10. us Regium cap. 3. pag. 192

20 MOSES BEN-NACHMAN in Deuter. XVII. 16.

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