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l'effort que je fais: il en eft de même à l'égard de l'Aim n,qui eft pouffé vers le fer, tout de même que le fer eft pouffé vers l'Aiman.

On pourroit objecter qu'un corps. qui eft jetté vers un autre, en approche fans que l'effort foit réciproque. Ce cas eft différent de ceux, dont je viens de parler Pour faire mouvoir le corps, qu'on jette vers un autre, la préfence de ce dernier n'eft pas néceffaire, & on peut l'ôter fans rien changer au mouvement. Je dis que l'effort eft réciproque, quand la préfence du corps, vers lequel un autre eft porté, eft néceffaire pour mettre celui-ci en mouvement, comme dans les exemples que je viens de donner. Pour faire mouvoir un morceau de fer, qui n'eft pas pouflé d'ailleurs, vers l'endroit où fe trouve un Aiman, la présence de l'Aiman eft néceflaire.

On conclud de ce même raifonnement, que la gravité eft réciproque entre Saturne & fes fatellites, entre Jupiter & fes fatellites, entre le Soleil & les Planetes, entre la Lune & la Terre. Elle l'eft auffi entre le Soleil & la Terre, car quelque hypothéle qu'on fuive, on déduit des obfervations du mouvement, foit apparent, foit véritable, du Soleil, que ces deux corps font pouffez l'un vers l'autre.

Il y a même des obfervations, qui prouvent directement la gravité des fatellites de Jupiter vers Saturne, comme auffi la gravité de Saturne vers Jupiter.

En ramaflant tout ce qu'on vient de dire on en conclud, que la loi de la gravité eft générale dans notre Systéme Planétaire, c'est-à-dire, que tous les corps, qui le compofent, font pouffez les uns vers les autres, de maniére, que fi les

diffé

différens mouvemens, dont ces corps font agitez, ne les empêchoient de s'approcher, tous s'amafferoient pour ne former qu'un feul corps. C'est ce qui eft hors de tout doute, quand on examine le détail des preuves, fur lesquelles eft fondé tout ce que j'ai dit jufques à présent de la gravité. Mais le détail de ces preuves eft long, & demande quelque connoiffance des parties difficiles des Mathematiques.

Par le détail de ces preuves on voit, que la avité a lieu entre tous les corps, fur lesquels on peut faire des obfervations à cet égard, & elles ne font pas en petit nombre à proportion de celui des corps qui compofent tout le Syftéme; de forte qu'on a les memes raifons de conclurre que la loi de la gravité eft géné rale dans le Systéme, qu'on en a de conclurre que tous les corps dans le voifimage de la Terre font péfans.

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On peut ajoûter à tout ceci pour confirmer cette loi de la gravité, que fi une fois elle eft pofée, on rend raifon de tous les mouvemens des corps dans notre Systéme; il n'y a pas la moindre irrégularité dans aucun de ces mouve mens, qui ne foit une fuite de cette loi, &, dont elle ne détermine la grandeur. Il y a plus, la connoiffance de cette loi a fait faire attention à de petites irrégularités, qui étoient échapées aux obfervateurs les plus exacts. Les explications des mouvemens par cette loi font telles, qu'elles en font autant de preuves.

Une fuite néceflaire de cette même loi eft que dans notre Systéme Planétaire aucun corps, à proprement parler, n'eft en repos; le Soleil même eft continuellement agité par les forces, qui le pouffent continuellement vers tous les

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corps

corps du Systéme. Mais fans faire attention aux autres, examinons la Terre & le Soleil.

C'eft une loi qui n'a point d'exception, que deux efforts réciproques font égaux, le fer attire l'Aiman exactement avec la même force que l'Aiman attire le fer.

Si nous appliquons cette loi à la Terre & au Soleil, il s'enfuivra que par loi de la péfanteur ces deux corps font pouffez également l'un vers l'autre. Mais quand deux corps inégaux ont des quantités de mouvement égales, leurs viteflès différent, & le plus petit va d'autant plus vite, que la maffe du plus grand excéde la fienne. D'où il fuit que la Terre, qu'on ne fauroit comparer au Soleil pour la maffe, defcend vers le Soleil avec une vîteffe extraordinaire, tandis que le Soleil s'en approche lentement. Ce qui empêche ces corps de fe joindre ne peut être qu'un mouvement en rond, ou en ovale: car on démontre Mathematiquement, que fi deux corps, pouffez continuellement l'un vers l'autre, s'approchent & s'éloignent l'un de l'autre alternativement, fans jamais paffer certaines limites, foit en s'approchant, foit en s'éloignant, il faut néceffairement qu'ils tournent en temps égaux autour d'un point entre ces deux corps, & dont la diftance au plus petit furpaffe la diftance au plus grand, comme la mafle de celui ci furpaffe la maffe du petit.

C'eft là exactement le cas du mouvement du Soleil & de la Terre, dont la diftance change. continuellement; alternativement ils s'approchent & s'éloignent l'un de l'autre : ce qui prouve qu'ils décrivent chacun en temps égaux des ovales femblables autour d'un point, qui fe trouve très proche du Soleil, à caufe de fa gran

deur

deur en comparaison de celle de la Terre. Pour leur faire fuivre ce mouvement, on démontre qu'il fuffit qu'ils aient une fois été pouffez l'un & l'autre en ligne droite avec de certaines vîtesfes. Si ces corps ne tournent pás en temps égaux autour du point, dont nous avons déjà parlé, il eft démontré qu'avec le temps ils s'éloigneront à l'infini, ou fe joindront par leur gravité mutuelle.

Le Soleil dans le mouvement, dont on vient de parler, décrit une ovale fi petite en compa raifon de celle que décrit la Terre, qu'on le regarde comme en repos.

Tout ce que j'ai avancé jusques ici eft fondé fur les obfervations Aftronomiques les plus exactes, & fur des démonftrations de Mathema tique, de forte que ceux qui défendent le repos de la Terre perdent leur grand & unique argument Philofophique, fondé fur la poffibilité.

.

La Terre ne fauroit refter en repos, fi elle eft gouvernée par les loix générales, auxquel les tous les corps, qui compofent le Systéme Planétaire, font foûmis; il faut que quoique pouffée continuellement vers le Soleil, elle ne céde point. Où eft le corps qui ne céder point à la moindre impreffion, à moins qu'il ne foit arrêté par quelque obftacle, & comment peut on concevoir rien de femblable de la Terre, que Dieu a fufpendue fur le néant? Elle eft fphé Job. rique, rien ne la touche de toutes parts que l'air, & il faut qu'elle refifte à un effort des plus grands fans fortir du lieu qu'elle occupe, pendant que le même effort agitéra le Soleil, qui la furpafie en grandeur de près d'un mil lion de fois. Il faudroit pour arrêter la Terre un miracle continuel; car quelle autre idée peut

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XXVI. 7

peut-on fe former d'un miracle, fi ce n'eft la fufpenfion de quelque loi générale à l'égard d'un corps particulier? Et ce miracle feul ne fuffiroit pas.

Je paffe à l'argument tiré de l'Ecriture fainte, dont les défenfeurs du repos de la Terre font leur fort C'est le feul, dont fe fervent les plus habiles d'entre eux, très convaincus que P'examen de l'Univers, dont néantmoins il s'agit, ne leur eft pas favorable. Ils foûtiennent que l'Ecriture fainte aiant décidé, il ne faut plus examiner. Ils fuppofent ce qui eft en queftion: l'examen de l'Univers nous prouve, que l'Ecriture ne peut pas avoir décidé la question en leur faveur : les Auteurs facrez ne nous enfeignent pas une chofe, qu'on trouve être fauffe quand on l'examine de près.

L'Ecriture fainte, comme mille Auteurs l'ont prouvé, n'a pas pour but, dans les pasfages qu'on nous cite, de nous enfeigner ce qui eft; il s'agit des apparences, & les Auteurs les expriment. C'eft ainfi que le Soleil & la Gen. 1. Lune font appellez deux grands luminaires: cé £6. nom convient au Soleil, mais la Lune n'eft qu'un très petit corps, qui paroit lumineux par quelque peu de rayons réfléchis d'entre ceux que le Soleil lui envoie ; & à la lettre, il n'y a point de corps, de tous ceux que nous pouvons découvrir dans le Ciel, à qui le nom de grand luminaire convienne moins qu'à la Lune. Mais elle eft plus proche de nous que les autres corps, voilà pourquoi elle nous paroit plus grande que les autres luminaires, & c'eft de cette apparence que l'Ecriture fainte parle. C'est par là que la Lune eft mife en paralléle avec le Soleil, quelque difparité qu'il y ait entre ces

deux

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