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tie de la distance de Saturne: ces nombres ne font pas tout-à-fait exacts, mais le rapport, dont il s'agit, eft exactement obfervé. Ce rapport a lieu avec une précifion étonnante à l'égard des cinq Planétes qui tournent autour du Soleil; à l'égard des quatre fatellites Lunes, de Jupiter, & à l'égard des cinq, qui tournent autour de Saturne.

ou

Si la Terre tourne autour du Soleil, fa vîtefle, comparée à celle des autres Planétes, est exactement celle qui lui convient fuivant cette régle: hazard bien particulier, fi elle est véritablement en repos.

Comparons à préfent les deux Syftémes : dans l'un le plus grand de tous les corps, 'dont tous les autres reçoivent leur lumiére, eft en repos; autour de celui-ci tournent, à des diftances inégales, fix corps, Mercure, Venus, la Terre, Mars, Jupiter & Saturne: autour de quelques-uns d'entre ceux-ci tournent d'autres qu'ils entrainent avec eux autour du Soleil. Par-tout le corps, autour duquel d'autres tournent, les furpaffe de beaucoup en grandeur. Partout où il y en a plufieurs, qui tournent autour d'un même centre, leurs vîteffes ont des rapports fixes, que les diftances au centre déterminent. La Terre, femblable aux autres Planétes, eft fujette aux mêmes loix, & fa vîteffe, qui eft exactement celle qui lui convient par le rang qu'elle occupe, femble mettre la vérité de ce Systéme hors de tout doute.

Ce Systéme fi régulier eft bien différent de celui, dans lequel la Terre eft en repos; le Soleil, le plus grand de tous les corps qui éclaire tout le Systéme, dans fon mouvement entraine tout le Systéme, à l'exception de deux corps

des

des plus petits, la Lune, & la Terre; les régles générales, dont nous avons parlé, y ont des exceptions; au lieu du mouvement de la Terre, qui fuit les loix qui ont lieu à l'égard de tous les autres corps, on attribue au Soleil un mouvement, qu'on trouve tout-à-fait irrégulier, quand on fait attention aux autres mouvemens qu'on obferve dans notre Systéme Planétaire. Ces irrégularitez ne fervent qu'à déranger le Systéme, n'aiant aucun ufage dans l'explication des Phénoménes, dont on rend raifon beaucoup plus naturellement, fi on pose que le Soleil eft en repos.

Je ne donne pas ces preuves comme entiérement convaincantes, mais il me femble qu'an ne fauroit nier, qu'elles donnent au fentiment que je défens un grand degré de probabilité : je croi avoir befoin de preuves plus fortes, pour mettre ce fentiment hors de tout doute; je me perfuade, Monfieur, que vous trouverez telles celles que je vais expofer.

Perfonne ne doute, du moins ne fauroit douter raisonnablement, que l'Univers ne foit gouverné par des loix, que le Créateur a établies pour y conferver Pordre. On ne fauroit découvrir celles, qui ont lieu dans notre Systéme, que par l'examen des mouvemens des corps qui le compofent.

Si en examinant un. mouvement particulier on vient à découvrir une loi, dont il dépend; fi de plus on trouve occafion de faire des examens femblables fur plufieurs mouvemens; & enfin fi tous ceux qu'on peut examiner font des fuites de la même loi, on conclurra que cette loi eft générale. C'eft de cette maniére qu'on a conclu, qu'un corps en mouvement continue à fc

à le mouvoir fans fe détourner de la ligne droite, fi quelque force étrangère ne l'y oblige. Par un raifonnement femblable on conclut, que les pierres ont de la péfanteur dans des lieux, où aucun homme n'a jamais mis le pied pour en faire l'épreuve. Il n'y a perfonne qui n'aquiefce à ces fortes de preuves, & leur force peut fe déduire de la néceffité, dans laquelle le Créateur nous a mis d'y acquiefcer.

De l'examen du mouvement de la Lune autour de la Terre on déduit, par une démonftration de Mathematique, que ce qui l'empêche de s'éloigner de la Terre, en s'échapant de côté par un mouvement en ligne droite, fuivant la loí générale, c'eft une force, qui la poufle dans tous les inftans vers le centre de la Terre.

Cette force, quelle quelle foit qui pouffe la Lune vers la Terre, eft femblable à celle, que nous nommons péfanteur à l'égard des corps voifins de la Terre. Nom qu'on peut appliquer auffi à la force, qui pouffe la Lune; d'autant plus qu'on fait voir, que cette force eft la même que celle de la péfanteur, qui s'étend jufques à la Lune, & même bien au delà, comme nous le dirons dans la fuite.

Pour faire voir que la force, qui pouffe la Lune, eft la même que la péfanteur, il faut remarquer que fur la furface de la Terre la péfanteur eft la même à l'égard de tous les corps, dont chaque petite partie eft pouffée avec la même force; la plume la plus légére tombe ausfi vîte qu'un morceau d'or,fi on ôte la réfiftance de l'air: & c'eft par l'efpace, que les corps parcourent dans un certain temps, qu'on peut déterminer la force qui les pouffe.

L'examen du mouvement de la Lune fait Tom: III:

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voir que la force, qui la pouffe vers la Terre, eft inégale dans les diftances différentes de la Lune au centre de la Terre. Quand la Lune s'approche, fon poids augmente fuivant une régle fixe, par laquelle on peut déterminer la force avec laquelle la Lune tomberoit, fi elle étoit approchée jufques à la fuperficie de la Terre; & on trouve que cette force feroit très exactement la même, que celle que nous ob fervons dans tous les corps voifins de la Terre. D'où nous concluons; 1. Que la force, qui retient la Lune, eft la même que celle qui rend péfans les corps voifins de la Terre : & 2. Que la péfanteur diminue fuivant une règle conftante, quand on s'éloigne de la Terre. Sur quoi il faut remarquer, que la hauteur de la montagne la plus élevée n'eft pas un éloignement asfez confidérable, pour donner la moindre différence fenfible de péfanteur.

Les Lunes de Jupiter devroient s'échaper de côté par la loi du mouvement, qui fait parcourir aux corps des lignes droites, fi quelque force ne les retenoit. Si on examine leurs mouvemens, on trouve que cette force les pouffe continuellement vers le centre de Jupiter: en quoi cette force reflemble à la péfanteur, qui pouffe lés corps vers la Terre; elle lui reffemble encore en ce qu'elle eft inégale dans les diftances différentes à ce centre; quand cette distance s'augmente, elle décroit exactement fuivant la même régle, qui a lieu à l'égard de la péfanteur, c'est ce qu'on trouve en comparant enfemble les mouvemens des differens fatellites.

Les mouvemens des fatellites de Saturne prouvent que la même loi a lieu pour cette, Planéte: les corps, qui tournent autour d'elle,

font

font continuellement pouffez vers fon centre, & la force, qui les pouffe, eft moindre pour les plus éloignez: la diminution fuit exactement la même régle, dont on a parlé à l'égard de Jupiter & de la Terre.

Une temblable force a lieu autour du Soleil; & elle eft diminuée fuivant la même règle, quand les corps font plus éloignez: ce qu'on déduit démonftrativement des obfervations Astronomiques, qui prouvent que les Planétes & les fatellites de Jupiter & de Saturne font pousfez vers le Soleil, fuivant la loi dont nous parlons.

Je nommerai dans la fuite péfanteur, l'effort, dont il s'agit partout ici, avec lequel les corps pouffez vers un autre tâchent de s'en approcher, parce que cet effort eft tout-à-fait femblable à celui qu'on nomme ainfi, quand on parle des corps, qui font pouffez vers la Terre.

Faisons maintenant attention au mouvement de Jupiter & de Saturne, & nous verrons que les fatellites de ces Planétes ne font pas pouficz vers un point déterminé, mais vers ces Planétes mêmes en quelque endroit qu'elles puiflent fe trouver, de maniére que la caufe de ce mouvement, quelle quelle foit, eft inhérente à ces Planétes; d'où je tire cette conclufion, que la même force, qui poufle les fatellites vers Jupiter, pouffe auffi Jupiter vers fes fatellites, ces fortes de mouvemens étant toûjours réciproques dans la Nature. L'effort que je fais pour attirer à moi une colomne, me fait approcher d'elle fi elle eft ferme. Si me trouvant dans un bateau j'en attire à moi un autre par le moyen d'une corde, ils s'approcheront l'un & l'autre : fi l'un eft arrêté, l'autre s'en approchera par l'effort

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