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examiner, la premiére regarde le mouvement de la Terre fur fon axe & la feconde fon mouvement autour du Soleil.

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1. Il eft conftant, que le mouvement journalier d'Orient en Occident, que nous obfervons dans tous les corps céleftes, s'explique également, quelque fentiment qu'on embraffe: foit que la Terre tourne fur fon axe; foit que tous les corps céleftes tournent en un jour autour de la Terre, nous devons voir les mêmes apparences. Les difficultés fe tirent des conféquences de ces fentimens: ceux qui défendent le fecond difent, que fi la Terre tournoit, les corps, qui n'y font pas attachez, feroient jettez de côté. On répond, que ces corps étant mûs avec la Terre font en repos à fon égard, tout de même que les corps reftent en repos fur un bateau, quelque vîte qu'il aille; qu'à la vérité les corps doivent tacher de s'éloigner de la Terre à caufe de leur mouvement en rond ; mais qu'ils en font empêchez par leur poids, qui furpaffe de beaucoup la force qui les repouffe, dont le feul effet eft de diminuer un peu ce poids. On ajoûte à cette réponse, que puifque les corps fur la Terre décrivent des cercles plus grands, ou plus petits, fuivant les points de la furface de la Terre auxquels ils répondent, la force, qui diminue leur péfanteur, eft différente; & que par conféquent un corps devient plus léger, s'il eft tranfporté dans un lieu, où il décrit un plus grand cercle. C'est ce que l'expérience prouve; par où on confirme le fentiment du mouvement de la Terre fur fon axe.

Ceux, qui défendent ce dernier fentiment, attaquent leurs Adverfaires avec plus d'avanta

ge.

ge. Ils difent, qu'il n'eft pas concevable, que des corps à des diftances auffi différentes de la Terre que font celles des corps céleftes, que des corps qu'aucun lien n'attache ensemble, & qui font différemment agitez, puiffent tous tourner dans un même temps autour de la Terre. On ajoûte, que la vîtefle des corps les plus éloignez eft bien moins concevable. Le diamêtre du cercle, que décrivent en moins de vingt quatre heures les étoiles fixes, furpafle tout ce que nous pouvons nous imaginer; dans le moindre instant perceptible elles doivent parcourir des milliers de lieues. On répond, que ces mouvemens ne font pas impoffibles, & que la viteffe peut s'augmenter à l'infini; qu'à la vérité ce fentiment à plus de difficultés que celui du mouvement de la Terre; mais que PEcriture fainte aiant décidé, ces fortes d'objections n'ont plus de force. La queftion eft donc reduite à l'examen des argumens tirez de l'E

criture.

II. La feconde queftion regarde le mouvement annuel du Soleil, ou de la Terre, il s'agit de favoir lequel de ces deux corps tourne autour de l'autre.

Sur ce point on eft d'accord, que quelque fentiment qu'on fuive il n'y a point de différence dans les apparences, les difficultés fe trouvent dans les conféquences, qu'on tire d'un examen exact des mouvemens des corps céles

tes.

Les défenfeurs du mouvement du Soleil fe fervent des argumens que nous avons déjà vûs; ils difent que ce mouvement n'eft pas impoffible, & que l'Ecriture fainte a décidé la question. Examinons fi la conftitutioa de l'Univers

n'ex

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n'exclut point le mouvement du Soleil; & nous examinerons enfuite s'il eft vrai que l'Ecriture fainte ait décidé la queftion.

Il n'eft pas néceffaire de confiderer l'Univers entier, il fuffit d'examiner cette partie de l'Univers, à laquelle le Soleil & la Terre appartiennent proprement. Je nommerai dans la suite cette partie de l'Univers notre Systéme Planetaire. Il eft composé d'un petit nombre de corps, qui font fort éloignez les uns des autres, fi on compare leurs distances avec les plus grandes que nous connoiffons fur la Terre, mais qui font très voifins en comparaifon de l'éloignement des autres corps céleftes, qui font trop éloignez pour que nous puiffions obferver rien de particulier à leur égard, ils femblent en quelque forte appartenir à d'autres Mondes.

Je rapporterai à deux claffes les argumens, que j'emploierai pour prouver le mouvement de la Terre autour du Soleil. Les premiers fe tirent de l'uniformité qu'on observe par-tout dans la Nature, quand on en confidére les phénoménes. Les feconds fe tirent de l'examen des loix, par lesquelles Dieu gouverne le Soleil & les Planétes. Ce font ces derniéres

preuqui, à ce qui me paroit, mettent la chofe hors de doute.

Je commence par établir quelques propofitions, qui ne font conteftées par perfonne.

Cinq Planétes, Mercure, Venus, Mars, Jupiter & Saturne, tournent autour du Soleil: ces Planétes font de grands corps fphériques, qui n'ont de lumiére que celles qu'elles reçoivent du Soleil, & qui, en tout ce que nous pouvons obferver, reflemblent extrémement à notre Terre. Le Soleil les furpafle toutes en

gran

grandeur, il eft plus de mille fois plus grand que Jupiter, dont la Terre furpaffe à peine la milliéme partie.

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Autour de Jupiter tournent quatre Planétes toutes très petites, fi on les compare à Jupiter: dont on les nomme les fatellites, ou les Lunes, étant à l'égard de cette Planéte, ce que la Lune eft par rapport à la Terre

Cinq fatellites femblables roulent autour de Saturne, qui les furpaffe de beaucoup; il faut de très grands Telescopes pour les découvrir.

Enfin la Lune beaucoup plus petite que la Terre en eft le fatellite & tourne autour d'elle.

De dix-fept corps, qui compofent notre Syftéme, il y en a un en repos, le Soleil, ou la Terre, les feize autres font en mouvement. Nous venons de voir à l'égard de quinze, que les plus petits tournent autour des plus gros, règle qui a lieu à l'égard du feifiéme, fi la Terre tourne; mais qui a une exception, fi c'eft le Soleil, & une exception, à l'égard du plus grand de tous, qu'on fait tourner autour d'un des plus petits. Cette exception eft d'autant moins probable, que des dix-fept corps, dont nous venons de parler, il y en a un feul de lumineux, qui eft en même temps le plus grand de tous, auquel par conféquent il femble qu'il faille plûtôt attribuer quelque chofe de particulier, qu'à la Terre, qui reflemble fi fort aux autres Planétes.

Ceux, qui font accoûtumez d'examiner la Nature de près, favent combien ces fortes d'exceptions aux régles générales font rares: l'exception, que nous venons d'indiquer, n'est ni la feule, ni la plus confidérable que doivent

ad

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admettre ceux qui foûtiennent le repos de la Terre.

Les cinq Planétes, dont le mouvement autour du Soleil eft hors de tout doute, font foûmifes à cette loi, que le mouvement des plus éloignées est le plus lent: les fatellites de Jupiter & de Saturne fuivent la même régle, leur mouvement eft d'autant plus lent, qu'ils font plus éloignez du corps autour duquel ils tournent. Si la Terre tourne autour du Soleil, cette régle n'a point d'exception, fa vîteffe eft moyenne entre celle de Venus & de Mars, entre lesquels elle eft placée; plus éloignée du Soleil que Venus, la Terre a un mouvement plus lent, qui eft plus rapide que celui de Mars, dont la diftance au Soleil eft plus gran

de.

"

Si au contraire la Terre eft en repos, le Soleil beaucoup plus éloigné que la Lune a un mouvement incomparablement plus rapide.

Ce qu'il y a de plus remarquable, c'est que les viteffes qui diminuent, comme nous venons de le marquer, diminuent fuivant une loi conftante: fi deux corps tournent autour d'un même corps à des diftances, dont l'une eft quadruple de l'autre, le plus éloigné n'aura que la moitié de la vîteffe du plus proche. En géné ral, fi deux nombres expriment le rapport, qu'ont entre elles les vîteffes de deux corps, en multipliant chacun de ces nombres par lui-même, on trouve deux nombres, qui ont entre eux le rapport qu'il y a entre les diftances de ces corps à celui autour duquel ils tournent. C'eft ainfi que Venus, dont le mouvement est quatre fois plus rapide que celui de Saturne, n'eft éloignée du Soleil que de la feiziéme par

tie

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